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Mourier des Gayets, licencié ès sciences, à Saint-Germain- Lespinasse (Loire). Nesme (Joseph), directeur d’école publique, place Commandant - Arnaud. Noailly, pharmacien, à More? (Jura). Oppermann (Daniel), capitaine d’artillerie, à Toulon (Var). M lle Page (Marie), pharmacie Saint-Nizier, place d’Albon, 3, MM. Pax-Salvat (D r ), directeur de l’Institut Pasteur, à Tananarive. P11É lip (D r ), .rue des Remparls-d’Ainay, 16. Pinard, pharmacien, avenue de Saxe, 3 ia. Pitrat (Amédée), horticulteur, chemin de Saint-Simon, 26. Poiizet (Eugène), pharmacien, à Saint-Germain-Laval (Loire). Protitière (Eugène), pharmacien, Tarare (Rhône). Prudent (Paul), chimiste, Saint-Rambert-l’Tle-Barhe, chemin Vauché, 3 . Radice (Charles), étudiant en pharmacie, cours Lafayette, 8. « Ray (Julien), maître de conférences à la Faculté des sciences. Regaud (D r ), professeur agrégé à la Faculté de médecine, place Ollier, C>. M 1Ies Renard (Joséphine), institutrice, rue du Parfait-Silence, 17. Renard (Marie), professeur au Lycée de jeunes filles, 90, rue Boileau. M. Rérolle (Louis), directeur du Musée d’histoire naturelle, Gre¬ noble (Isère). M mo Revetria-Erard, quai Pierre-Scize, 87. MM. Revol, instituteur à Saint-Jean-de-Muzols (Ardèche). Rey, imprimeur, rue Gentil, Richard, pharmacien, domaine de Lalla-Aouda, près Orléans- ville (Algérie). Riel (D r Philibert), boulevard de la Croix-Rousse, 122, Rochelandet (Félix), professeur d’Ecole primaire supérieure, rue Lanterne, 18. II [)E LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON MM. Roux (Claudius), docteur ès sciences, rue Tramassac, 2. Roux (Nisius), chemin de la Sœur-Vialy, 5 . Saintot (l’Abbé Emile), curé de Neuve]le-les-Voisev, par Voisey (Haute-Marne). Saulces-Larivière (De), capitaine en retraite, à Nyons (Drôme). Sogno, rue Villeneuve, t3. Terrin (A.), rue Bugeaud, 79-81. M mc Tracq (Jeanne), rue d’Egypte, 5. MM. Trapier, boulevard du Nord, 92. Vachon (Albert), pharmacien, rue Vendôme, 90. Vial (Ernest), pharmacien, grande rue de Vaise, 4 i- Viviand-Morel (Victor), secrétaire général de l’Association hor¬ ticole lyonnaise, cours Lafayette prolongé, 53 , Villeur¬ banne. Voraz (Louis), place Bellecour, 8 (maison Molin). Membre honoraire M. Pélocieux (Mathieu), instituteur en retraite à Saint-Thurin, par Noirétable (Loire). X LISTE DES MEMBRES Membres correspondants MM. Arvet-Touvet, à Gières, près Grenoble. Aubouy, adjoint au maire, rue de la Gendarmerie, 12, Mont¬ pellier (Hérault). Battandier, professeur de pharmacie à l’Ecole de médecine d’Alger. Bonnet (D r Edm.), rue Claude-Bernard, 78, à Paris. Boudier (Emile), rue Grétry, 22, à Montmorency (Seine-et- Oise). Bouvet (Georges), pharmacien, rue Lenepveu, 2, à Angers. Fabre, docteur ès sciences, à Orange (Vaucluse). Husnot, directeur de la Revue bryologique, à Cahan (Orne). Malinvaud (Ernest), rue Linné, 8, Paris. Perrier de la Bathie, à Conflans, près Albertville (Savoie). Reverchon, botaniste-collectionneur, rue des Macchabées, 53 , à Lyon. Reynier (Alfred), 204, route de la Valette, à Toulon (Var). Rolland, à Neuilly-sur-Seine. Saccardo, professeur à l’Université de Padova (Italie). Seynes (de), rue de Chanaleilles, i 5 , à Paris. Toni (G.-B. de), directeur de la Nuovn Notarisia, à Modena (Italie). Trabut (D r ), professeur d’histoire naturelle à l’Ecole de méde¬ cine d’Alger. Vendryes, rue de Vaugirard, 90, à Paris. DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON xi Sociétés correspondantes Société botanique de France, 84 , rue de Grenelle, à Paris. — mycologique de France, 84 , rue de Grenelle, à Paris. — nationale d’horticulture de France, 84 , rue de Grenelle, à Paris. — des sciences naturelles, à Cherbourg (Manche). — botanique et horticole de Provence, à Marseille. *— d’études scientifiques, à Angers (Maine-et-Loire). •— d’études scientifiques, à Béziers (Hérault). — d’études des sciences naturelles de Nîmes (Gard). — florimontane, à Annecy (Haute-Savoie). — d’agriculture, sciences et arts, à Yesoul (Haute-Saône). — régionale de botanique des Deux-Sèvres, à Pamproux. — d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault, à Mont¬ pellier. — d’histoire naturelle, à Toulouse (Haute-Garonne). — Linnéenne, à Bordeaux (Gironde). — Linnéenne, à Lyon. — des sciences et arts agricoles et horticoles, le Havre. — scientifique et littéraire des Basses-Alpes, à Digne. — des sciences naturelles de Saône-et-Loire, à Chalon. — d’histoire naturelle, à Autun (Saône-et-Loire). — des sciences, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). — d’études scientifiques de l’Aude, à Carcassonne. — d’étude des sciences naturelles, à Beims (Marne). — des sciences naturelles, à Tarare (Bhône). — belfortaine d’émulation, à Belfort. — d’histoire naturelle des Ardennes, à Charleville. XII LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France, à Nantes (Loire-Inférieure). — botanique du Limousin, à Limoges (Haute-Vienne). — des Amis des sciences et des arts, à Rochechouart (Haute- Vienne). . — des Naturalistes de l’Ain, à Bourg. Académie des sciences et lettres d’Aix (Bouches-du-Rhône). — des sciences et lettres de Savoie, à Chambéry (Savoie). Annales de l’Université de Grenoble. Institut botanico-géologique colonial de Marseille. — botanique de Besançon. Société des sciences naturelles, à Bremen (Allemagne). — botanique de Brandebourg, à Berlin (Allemagne), — botanique de Thuringe, à Weimar (Allemagne). — de zoologie et de botanique de Vienne (Autriche), — d’histoire naturelle de Graz (Styrie). — royale de botanique de Belgique, à Bruxelles. — botanique néerlandaise, à Wageningen (Pays-Bas). — botanique, à Luxembourg. Institut grand-ducal, à Luxembourg. Société impériale des Naturalistes, à Moscou (Russie), — des Naturalistes, à Kiev (Russie). Societas pro Fauna et Flora fennica, à Helsingfors (Finlande). Société murithienne du Valais, à Sion (Suisse). — botanique, à Genève. — botanique suisse, à Zurich. — fribourgeoise des sciences naturelles, à Fribourg (Suisse). — botanique d’Edimbourg (Ecosse). Sociedad espanola de Historia naturel, paseo de Recoletps, 20, à Madrid (Espagne), Sociedad aragonesa de ciencias naturales, Zuragoza (Espagne). Sociedade Broteriana, à Goimbra (Portugal). Société botanica italiana, Florence. Académie des science;; de Californie, à San-Francisco. New-York Academy of sciences, New-York (Etats-Unis). DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON xnt Missouri botanical Garden, Saint-Louis (Etats-Unis). Wisconsin Academy of sciences, arts and letters, Madison (Etats- Unis) . Botanical laboratory of University of Pennsylvania, Philadelphia (Etats-Unis.) Sociedad cientifica Antonio Alzate, à Mexico. Comité Régional del Estado fe Durango (Mexique). Société scientifique, à Santiago (Chili). — des études indo-chinoises, Saigon (Cochinchine). — Linnean Society of New South Wales, Sydney (Australie). — royale d’Edimbourg (Ecosse). — des sciences naturelles, à Zurich (Suisse). Publications échangées Revue bryologique, dirigée par M. Husnot, à Cahan, par Athis (Orne). Feuille des Jeunes naturalistes , dirigée par M. Dollfus, rue Fres- nel, 3 , à Paris. Revue scientifique du Bourbonnais, dirigée par M. Olivier, à Moulins (Allier). Journal de botanique, dirigé par M. Morot, rue du Regard, 9, Paris. Annalen des h. k. naturhistorischen Hofmuseums, Burgring, 1, Vienne (Autriche). Revue d’Histoire naturelle du Muséum de Budapesth (Hongrie). Bulletin of the Torrey botanical Club, New-York (Etats-Unis). XIV LISTE DES PUBLICATIONS ÉCHANGÉES Annuario del R. Istituto botanico di Roma, rédigé par le professeur R. Pirotta. Malpighia, dirigé par M. Penzig, à Gênes (Italie). Bolletino delVOrto botanico , Palerino (Sicile). Nuova Notarisia, dirigée par M. G. B. de Toni, Modena. Actes du Jardin impérial de botanique, à Saint-Pétersbourg (Russie). Archives du Musée Teyler, à Harlem (Hollande). Atti delVIstituto botanico delVUniversità di Pavia. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES Séance du 12 Janvier 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Beauverie. M. Beauverie, président sortant, fait un exposé détaillé des travaux exécutés pendant l’année écoulée, et constate qu’au point de vue moral et matériel, l’état de notre Société est satis¬ faisant. Il insiste sur l’importance de l’œuvre de la Société, considérée dans son ensemble, œuvre qui constitue une explo¬ ration méthodique de la géographie botanique de la région lyonnaise, et même du bassin du Rhône. L’orientation générale de cette œuvre et les résultats obtenus marquent notre Société d’une personnalité bien distincte et lui créent une histoire propre que nous avons la tâche de continuer et le devoir de ne pas laisser annihiler ou reléguer dans le passé, en écartant tout projet qui tendrait à l’absorber dans quelque autre organi¬ sation scientifique. M. Beauverie regrette que peu de nos collè¬ gues connaissent cette œuvre et émet le vœu qu’une collection complète des Annales soit placée dans la salle des séances afin que chacun puisse en apprécier la valeur et en utiliser les res¬ sources. XVI EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Il est ensuite procédé à l’installation du Bureau pour 1912, ainsi composé : MM. Prudent, président ; Viviand-Morel, vice-président ; Laurent (A.), secrétaire général ; Arrive, secrétaire des séances ; Du val, trésorier ; Meyran, bibliothécaire. M. Prudent prend la présidence. Il remercie ses collègues de l’honneur qu’ils lui ont fait en l'appelant à diriger, cette année, les travaux de la Société. M. et Mme Lepage, présentés à la séance précédente par MM. Beauverie et Bay, sont admis comme membres de la Société. M. Beauverie présente une étude biographique sur Sir Joseph, Dation Hooker, dont voici le résumé : Le 10 décembre dernier, mourait, à quatre-vingt-quatorze ans, dans sa résidence de The Camp, près de Suniiingdale, l’illustre botaniste anglais Joseph Dalton Hooker : botaniste voyageur, puis directeur des jardins royaux de Kew. Il s’est acquis une universelle renommée par ses livres de botanique systématique, et notamment par sa classification du Généra, publiée en collaboration avec G. Bentham. Fils de sir William Jackson Hooker, qui fut lui-même un botaniste célèbre, professeur à l’Université de Glascow, puis directeur du Jardin botanique de Kew, de 18/1 î à i 865 , il naquit à Halesworth, dans le Norfolk, en 1817, et conquit ses grades à l’Université de Glascow. Il entra ensuite, en qualité de chirurgien assistant, dans la Marine royale. Il fut bientôt attaché comme botaniste à la fameuse expédition antarctique conduite par le navigateur sir James Clark Ross. A ce titre, il parcourut pendant trois ans (i 83 q, 1 843 ) les mers du Sud, visi¬ tant la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Tasmanie, Kerguelen, XVII DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON la Terre-de-Feu et les îles Falkland, amassant d’importantes collections et acquérant une vaste documentation botanique. Rentré en Angleterre, il repart bientôt pour compléter ses connaissances des régions subarctiques et tempérées, par l’explo¬ ration des régions tropicales. Il atteint l’Inde en janvier i848, passe quelques mois dans les plaines du Gange et le Behar et se dirige vers l’Himalaya. Pendant plus de deux années, il se consacre à l’exploration botanique de l’Etat de l’Himalaya de Sikkim et jusque dans le Thibet et l’Est du Népal. Il arrange ses vastes collections à Darjeeling, d’où, rejoint par son ami Thom¬ son, en ï 85 o, il repart pour continuer ses investigations bota¬ niques dans l’Est du Bengale, Chittagong, Silhet et les monts Khasia. De retour en Angleterre, en i85i, Hooker travaille à la publi¬ cation des résultats de ses voyages antarctiques et commence, en collaboration avec Thomson, la publication de Flora Indica, dont un volume paraît en i855, travail interrompu par le nou¬ veau départ de Thomson aux Indes. Hooker est nommé direc¬ teur assistant à Kew, sous les ordres de son père, il peut achever la publication de son grand travail, Botany of the Antarctic voyage ( 1847 - 60 ), qui comprend les flores des îles antarctiques, de la Nouvelle-Zélande et de la Tasmanie. Il prend part alors ( 1860 ) à une expédition scientifique en Syrie et Palestine, explore le Liban et étudie particulièrement les Cèdres, qui avaient rendu familier le nom de ces montagnes, mais dont on ne connaissait rien encore d’une façon certaine. A la mort de son père (i865), il lui succède comme directeur des Jardins royaux de Kew. Les importantes fonctions admi¬ nistratives dont il dut assumer les responsabilités ne l’empê¬ chèrent pas d’entreprendre de nouveaux voyages : au Maroc et dans la chaîne Atlas (1871) ; l’année 1877 le retrouve avec Asa Gray et Hayden en Amérique : au Colorado, Wyoming, Utah, les Montagnes Rocheuses, la Sierra Nevada et la Californie. Pendant toute cette période, il poursuit de vastes publications et apporte son patronage et son efficace collaboration à la publi¬ cation de nombreux ouvrages concernant la flore de diverses colonies anglaises, édités par ordre du Gouvernement ; mais le plus important travail auquel il se consacre est sou monu- Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. c. r. 2 XVIII EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES mental ouvrage, un des plus considérables élevés à la Botanique au xix 6 siècle, le Généra plantarum, publié en collaboration avec Georges Bentham, comprenant trois volumes dont les dates d’apparition sont respectivement : i 865 , 1876 et i 883 . Ce livre de botanique descriptive marque, en outre, une date dans l’histoire des classifications botaniques ; celle qui y est adoptée reproduit l’ordre de l’herbier de Kew ; elle constitue une modification de celle de de Candolle et concerne seulement les Phanérogames. Au moment de sa retraite, en i 885 , il se retire, à The Camp, dans une confortable résidence enrichie d’une très remarquable collection de plantes. Là, Hooker, loin de s’adonner à un repos bien gagné, poursuit la publication de ses vastes travaux restés inachevés et entreprend de nouvelles œuvres considérables. L’ouvrage qui lui a demandé le plus de temps et de travail est sa Flora of the British India (i 855 , puis 1892-1897), qui, ache¬ vée, comporte sept volumes. Il entreprend encore, à la demande que Darwin — dont il était l’intime ami — lui avait faite peu de temps avant sa mort, la publication de l'Index Kewensis. Ce travail, fait avec la collaboration de B.-D. Jackson, est l’énu¬ mération de tous les genres et espèces de plantes connus (1892- 1895). Il continue le Handbook of the Flora of Ceylon après la mort de Trimen, qui avait fait paraître trois volumes de 1893 à 1895 ; il en ajouta deux à ce nombre (1898-1900). A côté des grands travaux que nous venons d’énumérer, il faudrait en ajouter beaucoup d’autres de moindre importance ; nous nous contenterons de signaler les suivants : De 1849 à i 85 i, il donne un magnifique in-folio illustré sur The rhododendrons of the Sikkim-Himalaya ; en i 855 , un autre in-folio, Illustrations of Himalayan Plants . Il raconte ses explo¬ rations dans l’Inde dans son Himalayan Tournais, considéré par les Anglais comme un des plus attrayants récits de voyage de leur littérature. Citons encore ses travaux sur la structure et les affinités des Balanophoreae (i 856 ), sur l’origine et le déve¬ loppement des urnes de Nepenthes (1859), sur le Welwitschia (i 863 ), sur les Cèdres du Liban, Taurus, Algérie et Inde (1862) ; son adresse à la British Association, en 1874, constitue une lumineuse revue de problèmes que pose la question des plantes XIX DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON carnivores ; en 190/1, il travaille à une monographie minutieuse des Balsaminaea, lui qui avait embrassé le monde végétal, mais la multiplicité des formes qu’il avait observées dans cette inté¬ ressante famille avait retenu son attention. Il a continué la publication du Botanical Magazine (jusqu’en 1902) et des Icônes Plantarum (jusqu’en 1889), édités par son père. Dans les Annals of Botany , que W. Hooker avait égale¬ ment fondées, Joseph Hooker écrivit une importante biographie de son père. Il accomplit encore un devoir filial en mettant à jour British Flora , de celui-ci, par son propre Studient’s Flora, ouvrage qui eut quatre éditions. Hooker était membre de la Société Royale de Londres depuis 1847, ^ en fut président de 1873 à 1879. Membre correspondant de l’Académie des Sciences de Paris dès 1866, puis associé étranger, il était membre de la plupart des grandes Académies d’Europe. Il a été inhumé, près de son père, dans le vieux cimetière de Kew, et cette localité, toute proche de Londres, devient, plus encore qu’auparavant, chère aux pèlerins botanistes du monde entier. M. Viviand-Morel présente un rameau fleuri et fructifié de Cissus capensis Harv. et Soud. (= Vitis capensis Thunb.), reçu de M. Montel, horticulteur à Marseille, et provenant du La- vandou. Cette plante fleurit rarement en Europe. M. André a signalé le fait dans la Revue Horticole, en 1887. Mais, ni dans sa des¬ cription, ni dans la figure qui l’accompagne, il n’est fait men¬ tion des vrilles, qui sont cependant bien nettes dans l’échan¬ tillon présent. D’ailleurs, si on compare ce dernier à celui de fa figure, on constate qu’il a des feuilles plus profondément lobées et des fruits beaucoup moins rouges que ceux de l’exem¬ plaire représenté. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 23 Janvier 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. G ltart, professeur à la Faculté de médecine de Lyon, présenté par MM. Beauverie et Ray, et M. Bugnon, professeur à l’Ecole primaire supérieure, 20, rue Neyret, présenté par MM. Beauverie et Laurent, sont admis comme membres de la Société. M. Abrial donne lecture d’une notice intitulée : Recherche d'an albumen résiduel chez les graines d’Amandier, et dont voici le texte : M. Pechoutre, en 1902, a étudié les graines d’un grand nom¬ bre de genres de la famille des Rosacées, chez lesquelles il a trouvé, suivant les espèces, une plus ou moins grande abon¬ dance d’un albumen résiduel ; les unes avaient encore plusieurs assises et, dans d’autres, l’albumen était réduit à une seule assise ; c’est le cas des graines d’Amandier. Yan Tieghem a trouvé, chez toutes les graines dites exalbu¬ minées, dont l’albumen s’est constitué en tissu, la persistance d’une assise de cellules qu’il a appelée assise digestive. Les graines exalbuminées ne possédant pas cette assise diges¬ tive sont assez rares, M. Guignard signale les graines d’Onothé- racées et de Lythracées, dans lesquelles le noyau secondaire du sac embryonnaire, après la double fécondation, se divise en un certain nombre de noyaux, qui se disposent contre la paroi, mais il ne se forme pas autour d’eux de membrane cellulaire, il n’y a pas de tissu organisé. M. Guignard a retrouvé à maturité, dans les graines de ces deux familles, contre les parois du nucelle digéré, les noyaux libres de l’albumen. Dans la thèse de Pechoutre, nous trouvons une étude très détaillée des téguments de l’amande des graines d’Amandier. XXI DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON M. Pechoutre signale dans ces graines Une seule assise d’albu¬ men résiduel appuyé contre un reste de nuceîle, réduit à des membranes écrasées. Cependant, quand l’on fait tremper pendant vingt-quatre heures une graine d’amandier dans l’eau, pour séparer plus facilement les téguments de l’amande, les téguments se sépa¬ rent de l’amande en emportant avec eux une gaine conique, nacrée, qui entourait !a radicule dans la graine. Une coupe de cette gaine nous montre un albumen résiduel formé, dans sa plus grande épaisseur, de quinze à vingt assises ; le nombre va en diminuant à mesure que l’on s’éloigne du centre, il se continue assez loin par deux ou trois assises, et, enfin, se réduit à une seule, qui entoure complètement l’amande. Cette gaine conique très visible n’a pas été signalée par Pechoutre dans sa thèse. Ce reste d’albumen ainsi localisé autour de la radicule n’a pas de fonctions connues. M. Viviand-Morel présente des plantes fleuries provenant de son jardin à Villeurbanne : i° Nardosmia jragrans Presî. Il fait remarquer que cette plante, commune dans l’Europe méridionale, a été signalée au Pilât (Villars), au Mézenc et dans le Dauphiné : elle n’est qu’adventice dans ces stations, et probablement échappée des jardins, où on la cultive pour ses fleurs à odeur de vanille et à épanouissement hivernal. M. Laurent indique qu’il a trouvé récemment cette plante, également en fleurs, le long d’un mur qui borde le chemin de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or au mont Cindre, près de la sortie du village. Il a récolté fréquemment celte espèce autour de Caen (Calvados), spécialement sur les bords du canal de l’Orne, dans la ville même, en 1909 et 1910. 2 0 Plusieurs espèces fleuries du genre Helleborus. M. Viviand- Morel rappelle que ce genre a été divisé par Spach en trois sec¬ tions : Chionorhodon, Helleborastrurn, Griphopus. La première section 11e comprend qu’une espèce : H. niger. À Paris et en Angleterre, on cultive cette belle plante sous châssis, pour en hâter la floraison, et surtout faciliter l’allon¬ gement des tiges. Cette espèces a produit dans les cultures xjftr EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES plusieurs races, qui ont reçu des horticulteurs des noms dis¬ tincts, et qui diffèrent, soit par l’époque de floraison, soit par l’abondance des fleurs. Les formes les plus précoces présentent un nombre de carpelles plus considérable, mais ne donnent pas de graines. La deuxième section présente des espèces à sépales verts et d’autres à sépales violâtres. Au premier type appartiennent . H. viridis, H. dumetorum , H. pallidus, H. laxus , H. Bocconi, H. multifidus, H. angustifolius , H. graveolens. Les espèces à sépales violâtres sont : H. atrorubens, H. pur- purascens , IL atropurpureus, H. cupreus, H. intermedius, H , orientolis. Un certain nombre de ces espèces ont produit, par croisement et hybridation, des variétés horticoles très appré¬ ciées. La troisième section renferme H. fætidus et H. lividus (H. trifolius ). H. viridis et H. fætidus sont les deux espèces que l’on ren¬ contre sûrement en France (toutefois, certains auteurs signa¬ lent câ et là H. niger). H. viridis, qui se rencontre dans un assez grand nombre de localités en France, a été signalée à tort à Saint-Chef (Isère). Elle a dû y être introduite, et elle a été ensuite remise à Jordan comme originaire de cette localité. M. Viviand-Morel présente ensuite les plantes suivantes : i° Daphné Philippi, forme réduite du D. Laureola, plus ramifiée et traçante. Les rameaux présentés portent des fleurs hermaphrodites ; mais il existe souvent des individus à fleurs unisexuées, par avortement des pièces de l’un ou l’autre sexe. a 0 Sabina Villarsii. Cette plante, nommée d’abord Juniper us Sabina arborea par Villars, puis Juniperus thurifera alpestris, a été aussi appelée, dans des ouvrages récents, Juniperus thu¬ rifera var. Gallica. Cet arbre semble localisé, en France, dans deux ou trois stations des Hautes-Alpes. Les rameaux feuillés sont employés pour falsifier la Sabine (Juniperus Sabina) dont ils semblent posséder les propriétés emménagogues. Dans les contrées où croît cette plante, on prétend que la liqueur obte¬ nue en faisant macérer ses rameaux feuillés dans le vin amène la stérilité. xxin DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON 3 ° Chimonanthus jraçjrans Lindl. ( = Calycanthus prœcox L.). Cette arbrisseau porte souvent, en plein hiver, des fleurs à odeur agréable, d’un blanc gris lavé de rouge en dedans. 4 ° Eranthis hiemalis, type d’un genre voisin des Hellébores, dont il diffère principalement par son calice hexamère. Cette plante fleurit parfois sous la neige. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 6 Février 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. Mlle Renard présente le travail suivant sur les Champignons à, acide cyanhydrique : Dans le Bulletin de la Société mycologique de France ( 3 e fas¬ cicule de 1911), M. Offner communique le résultat de ses recherches sur la présence de l’acide cyanhydrique chez les Champignons. Il décèle la présence de cet acide au moyen du pao.ier picro-sodé. C’est un réactif indiqué par M. Guignard en 1936 et qu’on obtient facilement en plongeant du papier buvard blanc dans une solution aqueuse d’acide picrique au i/ioo e , puis, après séchage, dans une solution de carbonate de soude au i/io e . Ce papier jaune soufre a la propriété de se colorer en rouge brique en présence des vapeurs d’acide cyanhydrique. I: suffit de suspendre un fragment de ce réactif dans un vase où sont enfermés quelques échantillons de Champignons à acide cyanhydrique pour voir, après un temps plus ou moins long, le papier passer au rouge brique. La coloration rouge brique s’accentue peu à peu. On savait depuis déjà longtemps que Marasmus oreades Bolf. contient de l’acide cyanhydrique. M. Offner a pu le vérifier avec le réactif picro-sodé. Une seule des autres espèces de Champignons examinées par XXIV EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES M. Offner a donné un résultat positif : c’est le Clitorcybe infun- dibuliforrais Quél. Quélet, dans sa Flore mycologique, attribue à cette espèce l’odeur de flouve odorante. Il l’attribue également à un autre Clitocybe, le Clitocybe cyathiformis Bull. J’ai récolté bien souvent ces deux espèces, qui sont assez communes aux environs de Lyon. Elles sont d’ailleurs bien distinctes, et par la couleur du péridium, ocre ou chamois pâle chef infundibuliformis, brun foncé chez cyathiformis, et par la couleur des lamelles, blanche chez la première, gris cendré chez la deuxième. J’ai toujours observé qu’elles avaient presque exactement la même odeur, autant qu’on en peut juger à dis¬ tance, l’une étant une espèce d’été, l’autre d’arrière-automne. Cette similitude d’odeur m’a conduite à rechercher si C. cya¬ thiformis ne produisait pas aussi de l’acide cyanhydrique. J’ai pu en récolter, à la fin de décembre 1911, un assez grand nombre d’échantillons en parfait état, que j’ai soumis au réactif picro-sodé. Le résultat a été très concluant. Au bout de quelques heures, la coloration rouge brique commençait à paraître ; elle devint très nette après vingt-quatre heures. Le dégagement djura plusieurs jours ; j’ai pu m’en assurer en remplaçant le papier coloré en rouge par du réactif non altéré. Après quatre ou cinq jours, la production d’acide cyanjiy- drique cessa ; d’ailleurs, à ce moment, les Champignons, qui étaient restés dans une pièce à température assez élevée, étaiént en mauvais état. On peut donc ajouter Clitocybe cyathiforrais Bull, à la liste des Champignons présentant de l’acide cyanhy¬ drique. Il est probable que cette liste s’augmentera et que, en parti¬ culier, Clitocybe geotropa Bull., pour lequel Quélet dit ausfi qu’il a l’odeur de flouve odorante, en fera probablement partie, car son odeur est tout à fait analogue à celle d’infundibulA for mis. 11 sera intéressant de s’en assurer la saison prochaine. M. Arrive fait le compte rendu d’une herborisation au mont Cenis. La séance est levée à 9 h. 1/2. DE LA SOCIÉTÉ BOTANIOUE DE LYON XXV Séance du 27 Février 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence do M. Prudent. A propos d’une discussion sur une question d’ordre intérieur, M. Laurent propose que les procès-verbaux soient relevés inté¬ gralement sur un registre spécial, mais qu’il en soit imprimé seulement ce qui est relatif à la Botanique, sauf exceptions dont la Société décidera. Cette proposition est adoptée à l’unanimité r * M. Laurent présente à la Société les tirages à part de cinq notes de M. le D r Bonnet, assistant au Muséum d’Histoire natu¬ relle de Paris, et dont notre savant collègue fait gracieusement hommage à la Société. Il est décidé que M. le Secrétaire général adressera à M. le D r Bonnet les remerciements de la Société. M. Beauverie présente un volume renfermant un ensemble remarquable des œuvres de Clusius (Ch. de l’Ecluse, i526-i6oq). Ce sont : Exoticorum libri decern, i 6 o 5 , avec l’histoire des aro¬ mates de Garcia et des notes intéressantes sur la nomenclature arabe, le livre des aromates de Ch. a Costa, un Auctarium ad exoticos libros, composé par Clusius lui-même, et enfin l’his¬ toire des simples de Nicolas Monardes. On trouve dans ce livre des appendices au Rariorum plan- tarum liistoriam, qu’avait publié l’auteur antérieurement. Vient ensuite une traduction du célèbre ouvrage de Pierre Beîlon sur les Singularités des choses mémorables observées en Grèce, Asie, Egypte, Judée, Arabie (i 6 o 5 ). Viennent ensuite les Curæ posteriores, sorte de supplément aux publications de l’auteur, notamment aux Rariorum planta- rum et à l 'Exoticorum. L’ouvrage se termine par l’oraison funèbre de C. Clusius, prononcée par Everard Voorst (1611). M. Beauverie retrace la vie mouvementée de ce naturaliste remarquable, qui fut surtout un vulgarisateur de la science et XXVI EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES l’éditeur de plusieurs botanistes, ses contemporains, grâce à la connaissance approfondie qu’il possédait de plusieurs langues vivantes et aux relations qu’il s’était faites, au cours de ses voyages, avec de nombreux botanistes et explorateurs. Après avoir attiré l’attention sur la manière dont est disposé l’ouvrage — grandes divisions basées sur l’utilité des plantes, avec cependant la préoccupation de rapprocher ensuite celles-ci d’après des affinités naturelles, importance plus grande atta¬ chée dans les descriptions à l’appareil végétatif de la plante qu’à la fleur elle-même — M. Beauverie fait remarquer la beauté des nombreuses figures qui illustrent l’in-folio pré¬ senté. Ayant eu l’occasion de voir les nombreux Herbarium exposés dans divers musées de Londres, et notamment au British Muséum, il constate que ceux qui ont été écrits à une époque voisine de la vie d’Albert Dürer (1/171-1528) sont les plus remarquables pour la beauté de leurs bois. On peut citer, par exemple, à ce titre, les œuvres de Brunfels (i5oo-i534) ; celles de Glusius, quoique plus éloignées de cette époque, se ressentent encore de cette heureuse influence ; mais bientôt les figures ne seront plus que des images méconnaissables de la réalité, tandis que l’art des descriptions ira en se perfection¬ nant. M. Duval observe que les travaux de Garcia d’Acosta et de Monard, qui se trouvent à la tête de ce volume, ont été traduits en français par un apothicaire lyonnais, Antoine Colin. La bibliothèque municipale de Lyon possède un exemplaire de cette traduction. M. Lavenir présente un exemplaire, en pleine floraison, de Morisia hypogea. Cette plante, récoltée l’année dernière en Corse, par M. Nisius Roux, est cultivée dans les jardins de notre collègue, M. Francisque Morel. La séance est levée à 9 h. 3 //|. DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON XXVII Séance du 13 Mars 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. Meyran présente la photographie d’un portrait de Clusius. M. Viviand-Morel dit que le portrait de Clusius a été donné dans la Belgique horticole. La Société traite ensuite diverses questions d’ordre intérieur. M. Bretin fait la communication suivante : Origine botanique d'une « poudre à priser ». — Il s’est récemment vendu à Lyon, soit pulvérisée, soit entière, une prétendue racine destinée à être râpée pour préparer ainsi une poudre à priser dont l’usage laissait persister assez longtemps une odeur aromatique. La description qui m’en avait été faite m’avait fait songer aux rhizomes du petit Galanga, et, lorsque j’en ai eu entre les mains, cette identification a apparu comme certaine. Vous pouvez voir que ces échantillons ressemblent tout à fait au type emprunté au droguier de la Faculté de médecine ; ce sont les uns et les autres des fragments cylindriques, de dia¬ mètre un peu irrégulier, variant de i à a centimètres ; ces fragments, ordinairement ramifiés, ont une longueur de 5 à 8 centimètres et une coloration brun rougeâtre. La surface présente des stries longitudinales et montre, de distance en distance, des sortes de crêtes circulaires, d’un jaune fauve, qui sont les restes de l’insertion des feuilles écail¬ leuses. La coupe transversale des deux échantillons qui vous sont présentés montre une structure identique, qui est, dans ses grandes lignes, celle de tous ces rhizomes aromatiques de Zin- XXVIII EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES gibéracées ; elle montre un parenchyme cortical volumineux riche en gros grains d’amidon qui ont une forme particulière, comparée ordinairement à une massue ou à une bouteille ; ce parenchyme contient des faisceaux foliaires espacés, formés d’un gaine de sclérenchyme long entourant le bois (cinq ou six vaisseaux) et le liber qui sont juxtaposés. Le cylindre central contient des faisceaux analogues, très abondants et plus rapprochés que dans le parenchyme cortical, la couche la plus externe forme un anneau presque continu. Entre les faisceaux se trouve encore du parenchyme à ami¬ don. Dans toute la préparation, on voit des cellules à tannin, isolées, et de nombreusse glandes unicellulaires, isolées, plus petites que les cellules amylifères, et dont le contenu brun est une oléo-résine. Ce rhizome contient, en effet, une résine et o, 5 o à i ,5 pour ioo d’une huile essentielle légèrement lévogyre et à odeur de cinéol, dont elle contient d’ailleurs une forte proportion. Il est un autre Galanga, dit Grand Galanga, produit par YAlpinia Galanga Swartz. de Java. Beaucoup plus volumineux, il est moins actif, moins aromatique et plus âcre que le Petit Galanga, Galanga officinal, Galanga de la Chine, dû à YAlpinia officinaram Hance, cultivé dans l’île de Hainan et dans quel¬ ques-unes des provinces méridionales de la Chine. Cette plante appartient à la tribu des Zingibérées, caractérisée par ses fleurs zygomorphes, les deux loges fertiles de l’anthère, une graine à albumen double (un périsperme farineux et un albumen corné) et enfin par ses feuilles ligulées. Dans le genre Alpinia, il n’y a pas d’axes florifères spéciaux ; les grappes terminent les rameaux feuillés, le labelle est très développé, les staminodes latéraux sont nuis ou dentiformes et le connectif n’a pas d’appendice. Le fruit est indéhiscent et baccien. Alpinia officinarum Hance est une belle plante vivace de i mètre à i m. 5 o de haut, dont les fleurs ont un périanthe blanc et un labelle blanc veiné de rouge. A. Galanga a également un labelle blanc veiné de rouge, mais le périanthe est verdâtre. DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON xxix Ces rhizomes ont une saveur âcre et brûlante et une odeur aromatique et épicée. Les propriétés aromatiques stimulantes les rapprochent du gingembre. Ils ne sont utilisés chez nous que pour la préparation du (( baume de Fioravanti », dont la formule remonte à un iné decin italien du nom de Leonardo Fioravanti. On les emploie aussi en médecine vétérinaire ; en somme, ils iront que des usages restreints. En revanche, dans la Livonie, l’Esthonic et la Russie Cen¬ trale, c’est un remède populaire et un condiment très apprécié. M. Laurent présente : i° Des échantillons d’une forme de Primevère hybride entre Primula officinalis et Primula grandiflora, recueillis dans un pré non loin de Sainte-Foy, près de la lisière d’un bois, et mé¬ langés avec les parents ; 2° Des fleurs anormales de Prunus spinosa, recueillies sur un même pied, dans une haie, près de Sainte-Foy. Ces fleurs pré¬ sentaient une augmentation parfois considérable du nombre des pièces dans les différents verticilles, notamment des carpelles (parfois jusqu’à cinq 1 ). Ces carpelles étaient toujours disposés dans un même plan, suivant lequel, d’ailleurs, la fleur était plus ou moins aplatie. 11 s’agit là d’un cas de fasciation de fleurs. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 26 Mars 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. A. Laurent présente des fleurs de Pervenche (Vinca minor) et fait les remarques suivantes sur la forme de leur corolle : XXX EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Chacun sait que les Pervenches, comme toutes les Apocy- nées, ont des pétales fortement dissymétriques. Le sens de cette dissymétrie est réglé par celui de la préfloraison tordue de la corolle. Contrairement à ce qui a été écrit par Eichler dans son Blii- thendiagranime, j’ai observé que c’est toujours le côté du pétale recouvert dans la préfloraison tordue qui se trouve le plus développé. J’ai déjà montré ailleurs qu’il en était de même dans une autre famille, présentant une particularité semblable (Hypéri- cacées). Pour expliquer ce fait, je ne vois pas d’autre hypothèse que celle de l’intervention de la lumière, exerçant une influence retardatrice sur la croissance de la partie des pétales qui lui est exposée, dans le bouton floral non encore épanoui. Cette explication me semble d’autant plus plausible que, dans les Apocynées, la corolle est beaucoup plus grande que le calice et reste longtemps exposée directement à la lumière avant de s’épanouir. Il serait sans doute intéressant de vérifier cette hypothèse à l’aide d’expériences appropriées. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 16 Avril 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. A propos du procès-verbal, M. Bugnon remarque qu’il a ob¬ servé, dans les pétales d ’Oxalis floribunda, la même dissymétrie que celle signalée par M. Laurent chez les Pervenches. M. Abrial annonce qu’il a récolté le Doronicum Pardalian- ches L. (vulg. <( Etrangle-panthère »), en fleurs, le 12 avril, à Montluel, sur le flanc ouest du vallon de Montluel à Sainte- XXXI DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE*DEjLYON Croix. D’après M. Viviand-Morel, la station classique de cette plante à Montluel est sur le flanc est du même vallon. Cette espèce, assez rare, se rencontre çà et là dans un grand nombre de départements. La station actuellement la plus rap¬ prochée de Lyon est celle de Montluel. Autrefois, on pouvait récolter cette plante à Rochecardon ; mais on ne peut plus l’y trouver, des habitations ont été construites sur remplacement de la station. M. Meyran indique que Doronicum Pardalianches se trouve sur plusieurs points du territoire de Montluel, et particulière¬ ment dans les bois situés entre la route de Chalamont et celle de Sainte-Croix. M. Bugnon fait une communication — dont suit le résumé — sur la structure de la moelle de Daphné Laureola : En général, la chlorophylle qui existe dans le parenchyme médullaire des régions jeunes de la tige disparaît assez rapide¬ ment. Dans Daphné Laureola , la chlorophylle persiste dans la moelle de la tige durant plusieurs années — jusqu’à dix ans environ. Cependant, les chloroleucites médullaires paraissent être sur¬ tout des supports d’amidon ; l’eau iodée les colore complète¬ ment en bleu, alors que, sous l’influence du même réactif, les chloroleucites du parenchyme cortical restent verts. M. D uval lit une notice sur Wegel, botaniste poméranien. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 30 Avril 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. Bugnon ajoute un renseignement à la communication xxxn EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES <| U il a faite à la séance précédente sur la dissymétrie des pétales dOxalis floribundü. Les pétales sont déjà dissymétri¬ ques dans le bouton très jeune, enfermé dans le calice ; il semble donc qu’on ne peut appliquer à ce cas l’explication proposée par M. Laurent pour les Pervenches. M. Abrial présente, de la part de M. Colleur, un rameau fleuri d ’Asclepias curassavica L., provenant des serres du Parc de la Tête-d’Or. Cette espèce, originaire des Antilles, est une des plus belles du genre. M. Abrial présente des échantillons de Daphné Caucasica P ail. et donne lecture d’une note sur cette espèce assez mal définie par les auteurs. Il signale l’existence, au Parc de la Tête-d’Or, d’une station de Calepina Corvini , découverte l’année dernière par notre collègue, M. Goujon, et fait à ce sujet la communication suivante : Calepina Corvini Desv. — Plante méridionale, rare dans le Centre et le Nord de la France, où elle est ordinairement sub¬ spontanée. Nous avons rencontré une seule fois un seul indi¬ vidu de cette espèce, le long de l’Izeron, à Oullins. L’année dernière, M, Goujon avait signalé quelques indi¬ vidus dans la grande pelouse du Parc de la Tête-d’Or, devant le Conservatoire de Botanique. Les graines avaient dû probablement être apportées avec les semences de la pelouse. Cette année, la station, composée de quelques pieds l’année dernière, s’est agrandie, et c’est par milliers d’individus qu’on peut la récolter. Il semble bien, d’après ce que nous disait M. Goujon, que le grand développement de cette plante est dû à l’hiver doux dont nous avons été favorisés cette année. Les graines germent à l’automne. Si la température hivernale est élevée, les plants sont épargnés par le froid. Si elle est rigoureuse, les jeunes plants développés à l’automne sont dé¬ truits. Seuls peuvent se développer les plants dont les graines n’au¬ ront pas germé à l’automne, mais au printemps. xxxm DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON M. Yiviand-Morel présente des échantillons en fleurs des plantes suivantes, récoltées dans son jardin, à Villeurbanne : i° Barbarea brevicaulis Jord. (hab. : Monte Goscione). Cette plante a été décrite dans les Observations sur plusieurs plantes nouvelles, etc..., fragment VÏI (Société Linnéenne de Lyon, to décembre 18/19)• Elle est indiquée comme forme B de Barbarea rupicola Moris dans la Flore de France de Rouy et Foucault. Cette plante est bisannuelle. Elle se resème d’elle-mème dans les cultures. Les auteurs indiquent B. rupicola comme étant une plante gazonnante et vivace. Si l’indication est exacte, ce caractère est suffisant pour distinguer les deux espèces. q° Capsella grandiflora Boissier (Provenance : Athènes). L’échantillon présenté porte quelques silicules stériles ana¬ logues à celles du Capsella gracilis Gr., qui n’est qu’une forme pathologique de C. Bursa-pastoris. 3 ° Pêeonia corsica Jord. et P. Russi Bw. (Provenant de Serra, Corse). Ces deux espèces appartiennent au groupe de Pæonia corallina Retz. 4 ° Poteniilla pygmæa Jord., plante de Corse, appartient au groupe de P. rupestris. 5 ° Achillea santolinoides Lay, originaire d’Espagne. Cette jolie plante rappelle, par son feuillage blanchâtre, le Santolina chamæcyparissüs . 6° Alyssum spinosum L. (Provenance : Montpellier). 7 0 Centaurea lugdunensis Jord. à fleurs souvent bleues, par¬ fois roses. Voisine du C. niontaha, elle en diffère par les feuilles plus étroites, très décurrentes, et par son rhizome non traçant. Elle avait été décrite, avant Jordan, sous le nom de C. angusti - folia. 8° Thapsia garganica. Espèce de la Grèce, résiste assez bien à nos hivers quand ils ne sont pas trop rigoureux. Une autre espèce de ce genre, le Th. villosa, se rencontre dans le Midi de la France. M. Viviand-Morel fait ensuite une communication sur Bras- Soc . Lot. Lyon, t. XXXVII, 19,2. c. n. 3 XXXIV EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES sica insularis Mo ri s (Br. corsica Jordan), espèce qu’il a cultivée pendant longtemps dans le jardin de Jordan. Au point de vue horticole, il a essayé, par la méthode inten¬ sive, de cultiver le Br. insularis à la manière des choux potagers qui passent habituellement l’hiver en pleine terre à Lyon, tels, par exemple, les choux d’York. Ses essais n’ont pas réussi à modifier cette espèce sauvage. Au point de vue botanique, il dit que Jordan avait reçu d’un de ses correspondants, M. Reveillière, des échantillons secs pro¬ venant du rocher de Caporalino, parmi lesquels se trouvaient plusieurs formes, entre autres une à fleurs d’un jaune pâle. Un autre des correspondants de Jordan, M. Burnouf, directeur de l’Ecole Paoli, à Corte, lui envoya des boutures et des jeunes sujets vivants qui furent cultivés depuis 1878 jusqu’à 1902 — sauf la forme à fleurs jaunes, qu’il ne reçut pas vivante. Jordan a figuré dans les Icônes , t. III, 1903, un certain nom¬ bre de variations de ce Brassica, sous les noms de Brassica am- blyphylla, B. calcarea, B. conferta, B. erigens, B. flexicaulis , B. hololeuca, B. præruptorum, B. recurva, B. Revelieri. Celles de ces formes qui ont été cultivées ne se sont pas repro¬ duites par le semis ; elles se croisaient entre elles. Soustraites à la fécondation croisée, elles restèrent stériles. M. Cl. Roux présente et distribue des exemplaires du Tableau de classification du règne végétal en embranchements et sous- embranchements , par M. R. Gérard. M. Viviand-Morel offre gracieusement de donner des plantes de l’herbier Borel à ceux de nos collègues qui voudront bien venir en choisir à son domicile. La séance est levée à 9 h. 1/2. c DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON XXXV Séance du 14 Mai 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. Laurent annonce que l’herbier Arnaud est en vente pour la somme de 5 o francs. M. Duval présente un spécimen d’un Atlas des arbres, ar¬ bustes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux croissant spontanément ou naturalisés en France et dans les régions limitrophes, par M. Ph. Guinier, professeur à l’Ecole Nationale Forestière de Nancy. M. Nisius Roux annonce que la Société Botanique de France tiendra sa session annuelle de 1912 dans le Vercors ; il ajoute que les membres de la Société Botanique y seront accueillis bien volontiers ; il les engage à assister à cette session. M. Meyran signale un article de journal mentionnant un prétendu voyage de Linné à Lyon et au mont Pilât. MM. CL Roux et Nisius Roux rappellent que cette assertion a été réfutée et qu’il est établi que jamais Linné n’est venu à Lyon. M. Nisius Roux présente des remarques sur le Chou de Caporalino, qui a été l’objet, à la séance précédente, d’une intéressante communication de M. Viviand-Morel. Il s’étonne que Jordan ait élevé au rang d’espèces les formes de cette plante. La station de cette plante, telle qu’il l’a vue récemment, est très limitée et s’étend sur un rocher difficile¬ ment accessible. Il y a remarqué quelques variations dans le feuillage, mais elles tiennent visiblement au plus ou moins de fertilité du sol où croît la plante* Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. c. h. 3* XXXVI EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES M. Viviand-Morel dit que cette plante a cependant donné des variations bien nettes, par exemple dans la coloration des fleurs (blanches ou jaune pâle). M. Viviand-Morel fait une communication sur la plante décrite par Jordan sous le nom de Typha gracilis. Cette forme, minutieusement décrite par Jordan, n’est qu’un <( lusus )> de Typha minima. Elle se reproduit toutes les fois que cette espèce reste submergée au printemps ; la floraison est retardée et la structure de diverses parties de la plante se trouve modifiée. Cependant, on trouve encore ce « lusus » mentionné dans beaucoup de flores sous le nom de Typha gracilis Jord. M. le D r Ant. Magnin, à l’occasion de la publication d’une notice biographique sur Claude Martin (Ann. cle la Soc. Bot. de Lyon, t. XXIV, p. i 3 à iA), avait déjà appelé l’attention des botanistes sur le polymorphisme que présente cette espèce, sui¬ vant la profondeur plus ou moins grande de l’eau au moment de la floraison de la plante. M. Abri al présente une description détaillée du Daphné Cneorum récolté au « Mont », au-dessus du lac de Nantua, par M. Peillod, pharmacien à la Cluze. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 4 Juin 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. Viviand-Morel ajoute un renseignement à la communi¬ cation qu’il a faite à la séance précédente sur le Typha gracilis de Jordan. Cette plante a été cultivée en baquets pendant plus XXXVII DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON de vingt ans dans le jardin de Jordan. C’est ainsi qu’il a constaté que cette forme n’est qu’un « lusus » de T. minima. M. Nisius Roux donne lecture d’une lettre personnelle que lui a adressée M. Lutz, secrétaire général de la Société Bota¬ nique de France, et dans laquelle celui-ci lui fait connaître que les membres de la Société Botanique de Lyon sont invités à prendre part à la session extraordinaire que la Société Bota¬ nique de France tiendra dans le Vercors, à la fin de juillet et au commencement d’août. Ils bénéficieront des mêmes avan¬ tages et réductions que les membres de la Société Botanique de France. M. Nisius Roux signale que le Bulletin de VAssociation Pyré - néenne considère le Narcissus Bernardi Hénon comme un hybride de Narcissus sylvestris x Narcissus radiiflorus, et non comme un hybride de N. poeticus x N. pseudo-Narcissus. M. N. Roux présente un joli plant d ’Alyssum corsicum, cultivé par M. Lavenir, à qui il l’a envoyé de Corse. Alors que, dans son pays d’origine, la plante a ses feuilles couvertes de poils blanchâtres, le spécimen présenté en est dépourvu. M. Lavenir fait remarquer que, dans les cultures, les jeunes plantes sont couvertes d’un tomentum qui disparaît au fur et à mesure que les tiges s’allongent. M. Nisius Roux présente un grand nombre d’échantillons, en herbier, d’espèces qu’il a récoltées en Corse. Plusieurs de ces plantes sont particulières à ce pays. Voici la liste de ces plantes ; Solarium sodomeum L. — Commun autour de Bastia. Asplénium marinum L. — Sous la citadelle de Bastia. Pteris cretica L. — Rochers ombragés sur les bords des ruisseaux du cap Corse depuis Pietranera. Helleborus corsicus Willd. — Commun entre Pietranera et San-Marlino. Anemone stellata G. G. — Tout le cap Corse dès février. Fraxinus Ornus L. — Bois entre Pietranera et San-Martino ; commun en Corse. Pœonia Russi D. C. — Maquis à Tralunca où elle est très commune. Bellium bellioides L. — Rochers humides entre Pietranera et San-Martino. XXXVIII EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Brassica insularis Moris. — Localité classique de Caporalino. Alnus ellipüca Req. — Pentes humides du cap Corse. Alnus suaveolens Req. Pentes du Rotondo. Seriola ætnensis L. — Champs à Pielranera. Arum muscivorum L. — Rochers près de la gare d’Omessa. Scilla peruviana L. — Sables maritimes à Porto-Vecchio. Ceratonia siliqua L. — Cultivé et sur les rochers maritimes du cap. Arabis verna R. et Br. — Commun sur les talus entre Pietranera et San- Martino. PhylUrea angustifolia. — Espèce très polymorphe ; les feuilles varient même sur le même individu. Suœda fruticosa Forsk. — Marécages du port de Saint-Florent. Trifolium nigrescens Vir. — Champs de Pietranera Asterolinum stellatum Link. — Maquis à Porto-Vecchio et Pietranera. Hymenocarpus circinatus Savi. — Talus à Pietranera. Briza minor. — Champs à Pietranera. Briza moxima. — Champs à Pietranera. Géranium lucidum . — Commun sur les rochers humides près Bastia. Trifolium stellatum. — Talus à Pietranera. Ficaria calthœfolia G. G. — Tous les lieux humides autour de Bastia. Lotus ornithopodioides L. — Champs à Pietranera. Orobus variegatus Ten. — Maquis humides du cap Corse. Orchis papillonaceus L. — Tout le maquis du cap Corse. Crépis bulbosa Cas. — Sables maritimes à Porto-Vecchio. XJrtica pilulifera L. — Talus à Porto-Vecchio. Lupinus angiistifolius Ait. — Commun dans les friches du cap Corse. Allium triquetrum L. — Tout le cap Corse au premier printemps. Allium neapolitanum Cyril. — Talus au-dessus de Bastia. Narcissus Tazetta L. — Lieux humides autour de Bastia. Evax pymœa. — Sables maritimes sous Porto-Vecchio. M. àbrial présente des tiges d'Urtica diœca, portant des feuilles à stipules concrescentes deux à deux, offrant ainsi, à titre d’anomalie, la disposition qui est normale chez le Hou¬ blon (Humulus Lupulus). M. àbrial présente ensuite un jeune pied de Quercus pedan- culata, à trois cotylédons. Les exemples de cette sorte étaient nombreux auprès d’un même arbre, tandis que les jeunes indi¬ vidus développés sous les arbres du voisinage n’avaient que le nombre typique de deux cotylédons. DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON XXXIX Séance du 18 Juin 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. le Président fait part à l’Assemblée du décès de M. de Boissieu, botaniste. Il appartenait depuis seize ans à notre Société. Il assistait rarement à nos séances, mais il nous avait fait part de ses obser¬ vations sur les plantes subspontanées des environs de Pont- d’Ain. Notre collègue, M. Nisius Roux, a assisté à ses obsèques et a pris la parole sur sa tombe, au nom de la Société Botanique de France et de la Société Botanique de Lyon. M. Nisius Roux rappelle l’origine des plantes subspontanées que M. de Boissieu avait signalées autour de Pont-d’Ain. Les graines qui les ont produites provenaient d’un moulin qui rece¬ vait des grains de divers pays. M. Viviand-Morel fait connaître que M. de Boissieu, en ces derniers temps, s’occupait de rédiger un catalogue général des plantes du département de l’Ain. Il le sait par une lettre que M. de Boissieu lui avait récemment écrite, pour lui demander des renseignements et des échantillons. M. Claudius Roux présente les remarques suivantes sur deux notes contenues dans les Comptes rendus du Congrès des So¬ ciétés savantes de 1911 : i° Sur l’indigénat du Sapin pectiné en Normandie (v. aux Notes et Mémoires) ; 2 0 Après ces remarques sur l’origine du Sapin de Normandie, auxquelles s’associe M. Denizot, M. Cl. Roux appelle l’attention de la Société sur l’originalité et l’importance de la conclusion d’une note de M, Dode, Sur la production, par hybridation des XL EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES deux sexes, d’une espèce dioïque exotique dont un seul sexe a été introduit, note parue également dans les Comptes rendus du Congrès des Sociétés savantes. Cette conclusion est la sui¬ vante : « Une espèce végétale ligneuse dioïque introduite et multipliée par bouturage d’un seul sexe, est suceptible de se naturaliser par l’hybridation avec une ou plusieurs espèces affines représentées par l’autre sexe ou leurs deux sexes ; et elle peut acquérir de cette façon celui des sexes qui lui manquait et n’avait jamais été introduit. » L’auteur, qui est un dendro¬ logue très distingué, spécialiste en particulier pour les genres Populus et Salix, n’appuie malheureusement pas cette impor¬ tante conclusion sur des faites assez clairs et assez précis. C’est également le regret qu’exprime M. Laurent, et il est entendu que M. Cl. Roux écrira à M. Dode pour lui demander des expli¬ cations complémentaires. M. Denizot présente la note suivante : Observations sur les Asplensium Halleri du Lyonnais. — Les botanistes lyonnais ont signalé Y Asplénium Halleri dans un certain nombre de localités situées, les unes dans le Lyon¬ nais granitique, les autres dans la région calcaire de l’Est. En réalité, VA. Halleri (jontanum auct.) est une plante caractéris¬ tique des rochers calcaires ; j’ai constaté que les exemplaires des vallées du Lyonnais et des pentes du Pilât, tant ceux que j’ai récoltés que ceux que j’ai vus dans les herbiers, appartien¬ nent à VA. foreciacum, espèce des rochers granitiques ou schis¬ teux du Massif central. L’A. foresiacum a été établi par Le Grand, en 1869, comme une variété de VA. Halleri ; Lachmann, dans la Flore de Cariot et Saint-Lager, décrit cette variété sous le nom de macrophyl- lum, mais sans préciser sa répartition. Il se distingue de VA. Halleri par ses frondes plus grandes, surtout le pétiole, ses seg¬ ments inférieurs presque aussi longs que les médians et déflé¬ chis, ses lobes plus grands avec quelques dents peu profondes. Il se rapproche beaucoup de VA. lanceolatum, mais celui-ci est lancéolé, les segments inférieurs étant plus courts que les moyens et étalés ; ses lobes sont plus grands, à dents bien plus XLI DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON nombreuses et aiguës, quelques-unes très profondes découpent le lobe en un petit nombre de lobules ; il se trouve dans des stations analogues à celles de VA. foresiacum, rochers siliceux plus ou moins exposés au sud, mais vit dans des régions diffé¬ rentes, et principalement en Bretagne. Dans les flores et les herbiers, VA. foresiacum est appelé généralement tantôt Halleri ou fontanum (i), tantôt lanceola- tum ; tous les exemplaires que j’ai vus sous ces noms provenant des rochers siliceux du Massif central (Lyonnais, Pilât, Forez, Vivarais, Cantal, Limousin, Audabre-Rosis, le Yigan, etc.) sont des A. foresiacum. M. Laurent lit une note de M. Chifflot, renfermant des observations sur le chimiotropisme des Champignons. M. Duval présente des rameaux feuillés de Fusain du Japon, parasités par un Champignon. M. Lavenir présente un remarquable spécimen fleuri de Dra- curtculus vulgaris , provenant des cultures de notre collègue, M. Francisque Morel. La séance est levée à 9 h. 1/2. (1) Le nom A. fontanum L. désigne une plante mal caractérisée et a prêté à de nombreuses confusions ; la diagnose de Linné et d’autres auteurs à sa suite ne répond pas bien à notre A. Halleri D. C., ni même à sa var. angustatum Koch. Il me paraît préférable de l’abandonner. P. S. — Depuis la communication de ma note sur VAsplénium foresia¬ cum, il m’a été donné de constater la présence de VA. lanceolatum dans la Haute-Vienne (Bessines et le Vigen, herb. Boreau) ; VA foresia¬ cum se trouve dans le même département à d’autres localités. La Haute- Vienne paraît donc être la limite commune de l’extension des deux espèces, répandues la première en Bretagne, la seconde dans le Massif central. XLII EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Séance du 2 Juillet 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. Abrial donne lecture des notes suivantes : i° Note sur les caractères distinctifs entre Salvia officinalis et Salvia cretica. 2° Déformation des fleurs du Trifolium repens. 3 ° Station nouvelle de YAlthaea hirsuta. Il fait sur cette der¬ nière plante la communication suivante : Althaea hirsuta L. (Guimauve hérissée, Guimauve poilue). — Cette plante se rencontre un peu partout en France, sur les coteaux et dans les champs ensoleillés. La Flore lyonnaise de Cariot ne la signale dans le Rhône que dans trois localités : au mont Cindre, à Couzon et à Villeur¬ banne. Nous l’avons rencontrée cette année pour la première fois au voisinage de l’usine à gaz de la Mouche. La construction de cette usine a nécessité dans son voisinage un affouillement assez étendu afin de permettre l’extraction du sous-sol du gravier nécessaire aux travaux de maçonnerie. La terre végétale de la surface a été rejetée sur les côtés et forme un talus artificiel sur lequel se développe Y Althaea hir- suta. Cette plante ne se présentait pas avec son allure habituelle. Elle était presque méconnaissable, car ses rameaux rampaient sur le sol comme ceux de certaines mauves, au lieu d’être dressés. Un examen rapide nous permit cependant d’identifier Y Al¬ thaea hirsuta, reconnaissable à son calicule de huit pièces con- crescentes et à son calice dont les pièces égalent celles de la corolle. Il semble bien que le faciès particulier aux quelques sujets de cette station soit le résultat de la germination des graines XLIII DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON lors du précédent automne (ign), pendant lequel la plante atteignit un certain développement sans accomplir tout son cycle biologique. L’hiver particulièrement doux de cette année (1911-1912) a permis aux jeunes plantes de le traverser impu¬ nément pour continuer leur développement au printemps sui¬ vant. Chaque rosette, au lieu de donner une seule tige, a donné un certain nombre de rameaux latéraux qui se sont étalés sur le sol. M. Lavenir présente et offre aux membres de la Société des échantillons du Genista horrida, en fleurs. Cette plante, qui provient de la station bien connue de Couzon, est cultivée dans le jardin de M. Fancisque Morel. M. Nisius Roux présente un rameau fascié d’un rosier hybride de R. Wiehuriana x R. multiflora. M. Cl. Roux observe, à propos de cette anomalie, que les botanistes se sont surtout occupés de la description de l’exté¬ rieur des plantes fasciées ; il serait intéressant d’étudier com¬ ment le point végétatif se dédouble et quelle est la cause ori¬ ginelle de cette division anormale. M. Denizot croit que des études dans ce sens ont déjà été faites. M. Nisius Roux présente plusieurs plantes intéressantes qui lui ont été adressées par la Société Pyrénéenne d’échanges : Aster trinervls. — parviflorus. Aspidium Oreopteris. Lunaria hepaticæfolia. Lilium pyrenaicum. Impatiens Roylei. Géranium palustre. Astragalus Glaux. Lathyrus Clymenum. Atriplex hastata. Scorzonera austriaca. Lathyrus latifolius. Ceraslium siculum. Brassica insularis. Carex microcarpa. — intricata. Laurentia tenella. Lappa Bracliæti. Statice globularifolia. Serratula heterophylla. Centaurea Reuteri. — Pagesii. Hieracium Schmidtii. — Lautardi. Convolvulus hisutus. Fumaria Burnati. Armeria Mulleri. Ervum gracile. Medicago fruticosa. Lupinus cryptanthus. Silene inaperta. Utricularia minor. XLIV EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES M. Meyran signale l'envahissement des abords du tunnel du funiculaire de la Croix-Rousse par Impatiens parviflora, qui chasse peu à peu les autres plantes. M. Abrial dit qu’il a fait la même observation dans un vallon à Beynost. M. Viviand-Morel est allé récemment quai des Etroits, pour se rendre compte si l’on peut avoir accès dans la grotte de Jean-Jacques Rousseau, où se trouvait autrefois Adianthum Capillus-Veneris ; mais elle est actuellement enfermée dans une propriété. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 16 Juillet 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. Rochelandet, rapporteur du Comité des Finances, rend compte de l’état de la caisse de la Société. Ce compte rendu est approuvé à runanimité. L’Assemblée vote des remercie¬ ments aux membres du Comité des Finances, ainsi qu’à notre dévoué trésorier, M. Duval. M. le Président félicite, au nom de la Société, notre collègue, M. Rochelandet, pour sa nomination au grade d’officier de l’Instruction publique. M. Laurent demande qu’on rétablisse les réunions du Co¬ mité de publication, qui sont supprimées en fait. M. Duval propose que ce Comité se réunisse après toute séance dans laquelle un mémoire sera déposé ; les membres du Comité XLV DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON seraient prévenus par la carte des séances. Cette proposition est mise aux voix et adoptée. M. Abrial communique une observation qu’il a faite sur une particularité de la distribution géographique du Nymphæa alba au cours d’un voyage à Belfort. Il a remarqué l’absence de cette plante dans le Doubs avant Besançon ; puis, entre Besan¬ çon et Belfort, il n’a pas vu une seule fleur de Nymphæa, afors que le Nuphar luteum était très commun. M. le D r Ant. Magnin, consulté sur ce point par M. Abrial, lui a répondu qu’en effet, le Nymphæa alba n’existe pas dans la rivière le Doubs (il y a deux ans, on y en a constaté un pied unique, apporté acciden¬ tellement). Selon M. Magnin, le Nymphæa alba se rencontre¬ rait plus volontiers dans les eaux tranquilles et plus ou moins décalcifiées, tandis que le Nuphar luteum s’accommode des eaux courantes et contenant du calcaire. M. Cl. Boux présente les notes suivantes (v. aux Notes et Mémoires) : i° Sur la superposition concordante des deux cartes botanico- forestière et agronomique d’une même région. Application à la région Bhône-Loire- Puy-de-Dôme. M. Cl. Roux offre de fournir gratuitement les exemplaires de la carte agronomique et bota¬ nique coloriée à joindre à ce travail. 2° A propos des projets d’unification de la nomenclature botanique. 3 ° Bouille du Blé et Epine-Vinette. Curieuses observations du Lyonnais Claude Imbert (1769). 4 ° L’abbé Prost de Grange-Blanche, agronome et botaniste lyonnais du xvm e siècle. La séance est levée à 9 h. 1/2. XLVI EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Séance du 8 Octobre 1912, La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. Après l’examen de questions d’ordre intérieur, M. le D r Ant. Magnin fait une communication sur des taxies blanches d’Ono- nis vulgaris var. campesiris et de Calamintha Nepeta , avec pré¬ sentation d’échantillons recueillis aux environs de Bevnost. i/ M. Magnin fait une intéressante et minutieuse description des différences que les plantes à fleurs blanches présentent, dans leurs diverses parties, par rapport aux individus normaux de même espèce. On peut les distinguer facilement, au milieu des autres, à la seule coloration de leurs tiges et de leurs feuilles. C’est notre collègue, M. Coutagne, qui a imaginé le mot de iaxie, fort bien choisi, pour désigner ces variations qui se pro¬ duisent brusquement et qu’on ne peut considérer comme des mutations. On ne connaît pas la cause de leur production. M. Magnin a toutefois remarqué qu’elles semblent beaucoup plus fréquentes le long des routes et chemins. M. Viviand-Morel fait remarquer que, depuis longtemps, les horticulteurs savent distinguer, dans leurs semis, les individus à fleurs blanches d’après la coloration de leurs feuilles, par exemple dans les Primevères de Chine. Il a remarqué autrefois un cas semblable de taxie sur un Ballota fœticla à Villeurbanne, le long d’un mur du jardin de Jordan. Ce pied ayant donné des graines, il s’est formé une véritable colonie de cette forme à fleurs blanches. M. Laurent cite une observations qu’il a faite, il y a deux ans, à Caen, sur une taxie blanche de Bourrache ; plusieurs indi¬ vidus de cette sorte se trouvaient mélangés à des pieds nor¬ maux, dans les décombres d’une maison démolie. Comme dans les cas décrits par M. Magnin, plusieurs régions de ces plantes XLVII DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON présentaient, par rapport au type normal, des différences de coloration qui faisaient remarquer d’assez loin les pieds albi- niques au milieu des autres. M. Magnin donne ensuite un court résumé des notices qu’il a rédigées sur deux familles de botanistes lyonnais : les familles Hénon et Lortet. Il se propose de développer ce travail à la séance prochaine. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 22 Octobre 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. A propos du procès-verbal, M. Viviand-Morel ajoute à sa communication sur la taxie blanche de Ballota fœtida que cette forme est connue depuis longtemps et même a été décrite comme une espèce distincte. Après examen de questions d’ordre intérieur, M. Magnin pré¬ sente une taxie blanche d ’Origanum vulgare , récoltée récem¬ ment par M. Laurent dans le Mont-d’Or lyonnais. • M. Laurent indique qu’il existait quatre ou cinq pieds de cette taxie, voisins les uns des autres, au milieu d’un grand nombre d’individus normaux de même espèce. M. Magnin fait une très intéressante communication sur la famille Lortet (trois générations de naturalistes). Il présente, en outre, de curieux documents inédits sur la famille Hénon : différents spécimens d’écriture ; dessins à la plume, d’une grande finesse d’exécution ; puis le premier échantillon de Genista horrida, récolté à Couzon, étiqueté Ge- nista erinacea , et accompagné d’une intéressante note de la main d’Hénon. XLVIII EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES M. le D r Bretin présente une grappe de raisin blanc qui porte une curieuse anomalie : les ovaires de trois fleurs voisines, disposées en cyme unipare, sont concrescents, en une seule baie, disposition analogue à celle que l’on trouve normalement chez certains Chèvrefeuilles. M. Laurent présente les plantes suivantes : i° Des rameaux de Spartium junceum en pleine floraison, récoltés par lui, Lavant-veille, à Limonest ; 2° De nombreux échantillons, à fleurs virescentes, de Diplo- taxis tenuifolia, provenant de terrains vagues près du parc de la Tête-d’Or. Depuis deux ans, il en a observé un grand nombre de cas sur divers points des environs de Lyon. Il croit qu’on peut attribuer ces anomalies à la présence d’un Champignon parasite. MM. Abrial et Viviand-Morel ont observé fréquemment de semblables anomalies sur la même plante. M. Viviand-Morel pense que la production de cette anomalie est sous la dépendance des saisons. On l’observe surtout à l’au¬ tomne. M. Laurent fait remarquer que les deux explications peuvent fort bien aller ensemble : si l’anomalie est due à la présence d’un parasite, il est permis de croire que le développement de celui-ci peut être en rapport avec l’état de la saison. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 5 Novembre 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Viviand-Morel, vice-président. M. le Secrétaire général présente les excuses de M. Pru- XLIX DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON dent, président, et de M. Abrial, secrétaire des séances, qui ne peuvent assister à la séance de ce jour. M. Duval lit une notice sur Philippe-Sylvestre Dufour. Le reste de la séance est consacré à des questions d’ordre inté¬ rieur. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 19 Novembre 1912. La séance est ouverte à 8 heurse, sous la présidence de M. Prudent. M. Queney, professeur à l’Ecole Normale d’instituteurs de Lyon, et présenté à la séance précédente par MM. Bugnon et Laurent, est admis comme membre de la Société Botanique. M. Nisius Boux avertit les membres de la Société qu’on vient de créer une station artificielle de Cyclamen europœum dans les montagnes entre Salins et Moutiers. On y a transplanté une centaine de bulbes de cette espèce, provenant d’Aix-les-Bains. M. Duval donne lecture d’une note sur un genêt récolté en 1798 par le D r Bravais, d’Annonay, et nommé par ce botaniste Genista réfracta. Il croit pouvoir rapporter cette espèce au Ge- nista delphinensis Verlot. M. Nisius Boux et M. Cl. Roux font quelques réserves au sujet de la station exacte de cette plante. M. Laurent donne l’analyse d’un travail de notre savant col¬ lègue, le D r Magnin, paru dans les Mémoires de la Société d'tiis- l EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES toire naturelle du Doubs (1912) et traitant principalement de la fréquence des deux formes de fleurs hétérostyles, tant dans les Primevères de nos pays que chez l’hybride Primula officinalis x Pr. vulgaris. Il étudie, en outre, les conditions de produc¬ tion de cet hybride, si fréquent dans notre région lyonnaise. M. Laurent signale, dans le Lyon Horticole du i 5 novembre 1912, un article de la Chronique Horticole, toujours si vivante et instructive, que notre collègue, M. Yiviand-Morel, rédige dans cette publication. Il y relate la récolte, aux environs d’Estressin et de Vienne (Isère), de Y Asplénium germanicum, hybride de A. septentrionale x A. Trichomanes ; cette plante était au voisinage d’individus des deux espèces dont elle pro¬ vient. M. Laurent mentionne, à cette occasion, qu’il a trouvé deux pieds de cet A. germanicum, au mois d’août dernier, dans les fentes d’un mur en pierres sèches, non loin d’Yzeron (Rhône) ; là aussi, cette plante était mélangée avec les deux parents. M. Laurent donne lecture d’un travail de M. Chifflot sur une inflorescense bulbillifère de Bromelia fastuosa ; ce travail est accompagné d’une fort belle photographie de la plante nor¬ male. La séance est levée à 9 h. 1/2. Séance du 17 Décembre 1912. La séance est ouverte à 8 heures, sous la présidence de M. Prudent. M. le Secrétaire general propose un tableau des séances pour 1913. Après échange de vues, ce tableau est adopté en DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON u principe. M. le Secrétaire est chargé de le publier, en y faisant, s'il y a lieu, les corrections conformes aux usages de la Société. M. Nisius Roux annonce que la Société Botanique de France tiendra sa session extraordinaire de 1913 dans le Massif central. Etant donné la proximité de cette région, le renseignement peut être intéressant pour nos collègues. M. Cl. Roux communique une note sur les nouvelles contri- * < butions du D r Gola au problème de l’édaphisme (v. aux Notes et Mémoires). Elections. — Il est procédé au vote pour le renouvellement du Bureau. Les résultats sont les suivants : Président .... Vice-président Secrétaire général . Secrétaire des séances Trésorier .... Bibliothécaire M. Viviand-Moreu. M. le D r Bretin. Mlle M. Renard (1). M. Abrial. M. Duval. M. Meyran. Nomination des Comités. — Le résultat du vote est le suivant : i° Comité des finances : MM. Lavenir, Rochelandet, Nis. Roux. 2 0 Comité d'herborisations : MM. Lavenir, Meyran, Nis. Roux. 3° Comité de publication : Mlle Renard, MM. Prudent, Cl. Roux. La séance est levée à 9 b. 1/2. (1) Sur les instances réitérées de ses collègues, M. Laurent a consenti depuis à reprendre son poste de secrétaire général, que Mlle Renard n’avait accepté qu’à titre provisoire (note ajoutée pendant l’impression.) NOTES ET MEMOIRES CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DU CHIMIOTROPISME DES CHAMPIGNONS PAR J. CHIFPLOT Nos connaissances sur le chimiotropisme des hyphes de champignons datent à peine d une vingtaine d’années. Reinhardt, en 1892 (1), a montré la déviation accentuée (attraction) que prennent les hyphes provenant de la germi¬ nation des ascosposes de Peziza, en présence de gélatine sucrée, par rapport aux cultures sur gélatine ordinaire. Plus tard, en 1894 (2), Miyoshi décrit le chimiotropisme des hyphes de plusieurs champignons : Mucor mucedo, Mucor stlonifer, Phy- comyces nitens, Pénicillium glaucum, Aspergillus niger, Saprolegnia ferax, en faisant germer les spores de ces cham¬ pignons sur plaques de mica perforées, reposant sur une couche de gélatine dans laquelle il avait incorporé, soit des substances minérales, sels ammoniacaux et phosphates, soit des substances organiques, telles que saccharose, glucose, dextrine, peptone, etc. Ces hyphes sont douées de chimiotropisme, positif pour ces substances, négatif pour les acides* alcools et certains sels comme les chlorures de potassium et de sodium. La répulsion des hyphes vis-à-vis de ces derniers sels doit plutôt être consi¬ dérée comme une réaction osmotropique. Miyoshi, dans un deuxième mémoire ( 3 ), complète ses pre¬ mières expériences, en semant des spores de Botrytis cinerea et de Pénicillium glaucum sur de minces pellicules de cellu- (1) Ext. Ubaldo Ricca, Movimenti d’irritazione delle plante, 1910, p. i 3 o. (2) Ueber Chemotropismus der Pilze (Bot. Zeit., 1894, p. 1). ( 3 ) Die Durchbohrung von Membranem darch Pilzfâden (Jahrb. /. Wiss. Bot., 1895, t. XXVIII, p. 269). Soc. Bot., t. XXXVII, 1912 i 2 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE lose, de collodion, de sucre, placées au-dessus de substances nutritives et remarque que les hyphes perforent ces pellicules. Ces expériences concourent à expliquer l’entrée de parasites dans les plantes hospitalières. Massee (i), en injectant dans des feuilles des solutions de saccharose et de glucose et en semant sur ces feuilles des spores de champignons, tels que Botrytis cinerea, Pénicillium glaucum, Mucor racernosus , Torula herbarum , etc., montre que la pénétration des hyphes est bien due à un chimiotro¬ pisme positif. Des décoctions de feuilles de Tomate sont chi- miotropiques pour les hyphes de Macrosporium, parasite de cette plante. Il en est de même des décoctions de feuilles de Blé, pour la forme Uredo du Puccinia graminis, des décoc¬ tions de feuilles de Melon pour le Cercospora melonis , etc. Massee conclut que la pénétration des parasites dans les plantes hospitalières est bien le fait d’un chimiotropisme positif. Ful- ton (2), en modifiant les expériences de Miyoshi, arrive aux mêmes résultats que Massee. Si, laissant de côté le chimiotropisme des champignons, dû¬ ment établi par les observateurs qui précèdent, nous exami¬ nons le chimiotropisme des grains de pollen, on relève de nombreuses expériences : d’abord celles de Molisch ( 3 ), qui, en faisant germer des grains de pollen d’un grand nombre de plantes dans des gouttes de gélatine sucrée, et plaçant à proximité des stigmates fraîchement coupés de plantes corres¬ pondantes, montre que les tubes polliniques se dirigent, sans exception, vers le stigmate et que le stimulus se fait sentir à 1 mm. 5 de distance. Il est curieux de constater, avec lui, que les tubes polliniques de Viola odorata et V. hirta, ainsi qu’Oro- bus vernus, se montrent indifférents en présence du stigmate de ces plantes. Molisch ne recherche pas quelle est la substance active, attractive des stigmates. (1) On the Chimiotropism of parasitism in fungi (Ph. Trans . 0/ ihe R. Soc. of London, 1904, série B, t. CXGVII, p. 9). (2) Ghimiotropism of Fungi (Bot. Gaz., t. XLI, p. 81). ( 3 ) Zur Physiologie des Pollen mit besonderer Rücksicht auf die Ghemo- tropischen Bewegungen der Pollnenschlaüche (Sitz. d. Akad. d. Wissench. in Wien., 1893, Cil, Âbt. I, p. 42S). DU CHIMIOTROPISME DES CHAMPIGNONS 3 Miyoshi (i), en employant les mêmes méthodes signalées à propos du chimiotropisme chez les champignons, montre que les tubes polliniques sont attirés par le sucre de canne et que les hydrates de carbone constitueraient les corps chimiotro- piques qui guideraient les tubes polliniques vers les ovules. Et, il est connu que les hydrates de carbone se montrent dans le style et le stigmate, dans les parois de l’ovaire, dans les placentas, dans les ovules et au voisinage du micropyle (2). Mais les hydrates de carbone constituent-ils seuls les corps chimiotropiques P Non, dit Lidforss ( 3 ), qui montre que, si l’on sème quelques granules de substances protéiques, comme l’amylase, dans une culture de pollen, les tubes polliniques dévient rapidement vers ces granules de diastase. Lidforss a reconnu effectivement la présence de diastases dans le style et le stigmate de Narcissus Tazetta et chez d’autres Monocoty- lédones. Il est prouvé aussi, d’après Miyoshi (loc. cit., p. 77), que le chimiotropisme positif diminue à partir du stigmate avec l’allongement du style, pour s’accroître à nouveau à proximité de l’ovaire. Ces quelques détails sur le chimiotropisme des champignons et des grains de pollen étaient nécessaires pour l’explication des faits suivants. Il y a quelques années, étudiant les actions réciproques de divers liquides stigmatiques recueillis chez des espèces de Nymphaea de serre chaude, sur la germination des grains de pollen, j’avais placé en gouttes suspendues et en cellules Van Tieghem, préalablement stérilisées à la flamme, une petite quantité de liquide stigmatique de Nymphaea zanzibariensis Casp., puisé aseptiquement dès les premières heures de l’ou¬ verture de la fleur, alors que ce liquide existe en quantité suffisante (4). (1) Ueber Reizbewegungen der Pollenschlaüche Flora, i 8 q 4 , LXXVIII, p. 76. (2) Alquati, Studi anatomici e morfologici sull” olivo (Atti d. Soc. Ligust. d. Sc< nat. e geog., 1906, p. 2i5). ( 3 ) Lidforss, Ueber den Chemotropismus der Pollenschlaüche (Berichte d. deutsch. bot. Gesellsch., 1899, p. 238 ). j ( 4 ) J. Chifflot, les Glandes septales chez les Nymphaea de la section Lytopleura Casp. (Ass. fr. p. VAvanc. des Sc., Lyon, 1906, pp. 383 - 385 ). 4 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Dans ce liquide, j’avais ensemencé quelques grains de pollen mûr, pris sur des etamines à peine déhiscentes de Nuphar luteum. L’action de ce liquide sur ces grains n’a eu pour effet que de les gonfler et de décoller l’exine de l’intine, sous forme de deux calottes, dont la scission s’opère dans le plan du pli que possèdent les grains de pollen de cette plante commune. D’ailleurs, ce décollement de l’exine est général chez les diverses espèces du genre Nymphaea. Mais le gonflement des grains n’a pas été jusqu’à l’éclate¬ ment, quoique le liquide stigmatique employé soit très aqueux par rapport à celui du Nuphar luteum, d’ailleurs de faible quantité et visqueux. Il y a là une question de pression osmo¬ tique bien connue. Dans le liquide de Nymphaea zanzibarien- sis Casp. se sont trouvées des spores d’un champignon dont la forme, les dimensions nous ont rappelé celles de Botrytis cinerea, d’ailleurs très commun dans les serres chaudes sur les feuilles en voie de putréfaction. Ces spores, mêlées aux grains de pollen, dans le liquide stigmatique odorant et sucré de N. zanzibariensis Casp., ger¬ mèrent rapidement en donnant naissance à des filaments cloi¬ sonnés et à ramifications nombreuses. Les unes se fixèrent par leurs extrémités, devenues spatulées, sur l’intine des grains de pollen, d’autres étaient renflées dans leurs parties moyennes, d’autres, enfin, s’allongèrent démesurément et leurs directions, aux unes et aux autres, aboutissaient à des grains de pollen. Il y a donc ici un chimiotropisme positif très net des hyphes du champignon yis-à-vis des grains de pollen. Et ceci rappelle l’expérience deXidforss (loc. cit.), mais presque en sens in¬ verse, car, ici, ce ne sont plus les grains de pollen qui ger¬ ment, mais bien les spores de champignon, et les granulations de diastase sont remplacées par des grains de pollen. Ceux-ci, dépouillés de leur exine, à la suite de leur gonflement et à contenu à la fois hydrocarboné (amidon! et albuminoïde, émet¬ tent vraisemblablement par exosmose dans le liquide stigma¬ tique, les diastases attractives pour les hyphes du champignon. Quoi qu’il en soit, l’ensemble des phénomènes observés offrait une analogie morphologique complète à celle qne montre une synthèse de Lichen, grâce à ces fîlaments-cram- DU CHIMIOTROPISME DES CHAMPIGNONS 5 pons fixés aux grains de pollen, aux filaments renflés et aux filaments chercheurs. Il ne manquait aux grains de pollen de Nuphar luteum que la couleur verte ! Mais, malgré ces apparences, il n’y a pas eu symbiose. Tout au plus saprophytisme, compliqué parfois de parasitisme, car j’ai trouvé des grains de pollen enserrés fortement par les filaments-crampons et dépourvus complètement de leur con¬ tenu. Il est possible que l’intine ait été digérée aux points de contact des extrémités spatulées des filaments-crampons avec les grains de pollen. Et ce passage du saprophytisme au parasitisme n’a rien qui doive surprendre, le Botrytis cinerea, pour ne citer que ce champignon commun (parmi un grand nombre d’exemples connus), pouvant être saprophyte et parasite, et Ray (i) n’a-t-il pas montré cet état intermédiaire entre le saprophytisme et le parasitisme, en étudiant la flore microbienne des tumeurs can¬ céreuses. J. Ghifflot. (0 Sur le passage du saprophytisme au parasitisme (Ass. /r. p. VAvanc. des Sc., Lyon, 1906, pp. 445-447). NOTE SUR LES DIVERSES ÉDITIONS DU TRAITÉ DE PHILIPPE■ SYLVESTRE DUFOUR DE l’usage DU CAFÉ, DU THÉ ET DU CHOCOLAT PAR M. H. DUVAL Philippe-Sylvestre Dufour est né à Manosque (Basses-Alpes) vers 1622. Après de sérieuses études littéraires, qui semblaient devoir l’engager dans une tout autre voie que celle du com¬ merce, il vint s’installer à Lyon et fonda, dans notre ville, une importante maison de droguerie. « Cette profession, dit Nicéron, lui donna occasion d’avoir des correspondances dans le Levant, qui l’instruisirent mieux sur plusieurs choses naturelles, que n’auraient fait l’étude et la méditation (1). » Son cabinet de curiosités, « proche le pont de bois, en rue de Flandres », était célèbre. On y trouvait « raretés du Levant, pièces de tour, médailles antiques d’or et d’argent (2) ». Spon (3) parle « d’une belle momie que Monsieur Dufour avait reçue d’Egypte, et qui a mérité d’être mise au cabinet du roi ». Le même Spon ( 4 ), décrivant les caméléons d’Orient, (1) Mém. pour servir à l'hist... de la république des lettres, t. XVI, p. 061. (2) Jacob Spon, Recherches des antiquités... éd. Monfalcon, p. 25 o, ( 3 ) Voyage d'Italie , etc., I, p. 26. ( 4 ) Idem , I, 38 o. Soc. Bot,, t. XXXVII, 191a 2 8 NOTE SUR LES DIVERSES ÉDITIONS dit encore : « Cet animal craint extrêmement le froid, et M. Du¬ four en ayant fait venir cinq ou six d’Egypte, ils se trouvèrent en chemin pendant l’hiver de l’année dernière, qui fut fort rude. Ces pauvres animaux, qui étaient dans une caisse de son, s’étaient tellement repliés en forme de peloton, les jambes en croix, et la queue nouée autour du col, pour se garantir du froid en se concentrant de cette manière,- qu’il les reçut tous morts en cette triste posture. » Dufour entretenait des relations avec les principaux anti¬ quaires de l’époque, notamment avec le célèbre numismate Vaillant (i). « Il sait les langues et les belles-lettres, dit Bayle, il écrit bien et il a toujours entretenu commerce d’esprit avec des personnes de qualité et de mérite, comme avec M. le pre¬ mier président de Lamoignon, M. du Gué, intendant du Lyon¬ nais, M. Charpentier, de l’Académie française, Mlle de Scu- déry, M. Justel, M. le chevalier Chardin, M. Tavernier, M. de Guilleragues, ambassadeur à Constantinople, M. le che¬ valier d’ERviEUx, consul d’Alep, M. de Bonacorse, consul du Caire, M. Ciiorier, historiographe du Dauphiné, M. le cheva¬ lier Valon... (2) » Mais son plus intime ami était Jacob Spon. « Il y avait entre eux un commerce qui n’est pas des plus ordinaires. Spon com¬ muniquait ses lumières à Dufour et lui prêtait sa plume en le dirigeant dans ses ouvrages, et Dufour, de son côté, le soula¬ geait dans l’état d’indigence où il se trouvait, et lui fournissait d’assez grands secours d’argent ( 3 ). » v On sait que l’importation du café en Europe au xvn e siècle ( 4 ) (1) Jeân-Foy Vaillant, de l’Acad. des inscriptions et belles-lettres, 1682- 1706. Vôy. l’anecdote contée par Spon (Voyage d'halie, etc., t. I, p. i5-22). (2) Nouvelles de la république des lettres, mai i 685 , p. 498. ( 3 ) Nicéron, loc. cit. ( 4 ) « En i 6 i 5 les premiers grains arrivèrent à Venise, en 1616 en Hol¬ lande, peu après à Londres; en i 644 à Marseille, en 1657 à Paris, en 1687 à Leipzig. On en but pour la première fois à la Cour de Louis XIV en 1664. » P. de Janville, Plantes utiles des pays chauds, p. 1. Suivant A. Richard (Dict. class. hist. nat., III, p. 8), l’usage du café commença à se répandre à Paris vers 1669. DU TRAITÉ DE PHILIPPE-SYLVESTRE DUFOUR 9 fut l’oocasion d’une multitude de publications. Dufour ayant eu entre les mains un manuscrit latin anonyme (i) sur un sujet si fort à la mode, le traduisit et le publia en 1671 . L’ouvrage eut quelque succès, puisqu’il fut épuisé en peu de mois. « L’empressement que l’on eut pour cette première édition, écrit Dufour, me persuada que je devais cesser d’être traducteur et que je pouvais aspirer à quelque chose de plus grand. Je me mis donc en tête de chercher des mémoires assez précis et assez fidèles pour faire un traité qui, n’ayant rien de commun que le titre avec celui que j’avais traduit, pût se ren¬ dre considérable par lui-même ( 2 ). » La seconde édition parut en i684 et fut suivie de plusieurs réimpressions, contrefaçons et traductions (3). Nous venons de voir que Dufour avait puisé la matière de son Traité du Café dans un manuscrit anonyme. Le Traité du Thé est une compilation des quatre ouvrages suivants : J. Nieu- whof, Legatio batava... (Hall, Bibl. bot . ,* I, 538 ; Réguler, i3o) ; De Bourges, Voyage de Vévêque de Béryte , etc. (Hall., I, 533) ; Alex, de Rhodes, Tunchinensis historiae Lib. II (Hall., II, 684), et Tulpius, Obser. medic., i 64 i (Hall., I, 462 ). Le Traité du Chocolat est tiré de la traduction publiée en i643, par René Moreau, d’un discours de Colmenero et d’un dialogue de Marradon (Seguier, 241 , 277 , 282 ; Hall., I, 421). Le Traité de Vusage du café, du thé et du chocolat est un ouvrage de diététique et même de thérapeutique, plutôt que de botanique pure. Les descriptions et les figures sont insuffi- (1) Le traité du café est la traduction d’un manuscrit latin « composé depuis peu, dit Dufour, par un savant médecin de l’Empire qui n’a pas voulu se nommer ». Haller s’est donc trompé en avançant que ce traité était la traduction d’un discours de Naironi. L’ouvrage de Naironi, publié à Rome en 1671, ne pouvait pas encore être parvenu à Dufour, qui ne le citera et ne l’utilisera que dans l’édition de 1684. En voici le titre: Fausti Naironii Banesii (religieux maronite, mort en 1711). De saluberrima potione cahue seu café nuncupata discursus; Romæ, 1671, in-12. (2) Préface de la 2 e édition. ( 3 ) Voy. plus loin la Bibliographie de ces diverses éditions. 10 NOTE SUR LES DIVERSES ÉDITIONS santés, même pour l’époque (i). Cependant, Linné et Adànson n’ont pas dédaigné de citer ce petit livre, le premier dans la thèse Potus Coffeac des Aménités académiques (2) ; le second dans ses Familles des plantes ( 3 ). Nous pouvons donc donner à son auteur une place parmi nos botanistes lyonnais, mais une place fort modeste, car sa botanique est rudimentaire. On va en juger : L’arbre qui porte le café « ressemble fort à l’Evonyme ou Fusain, qui produit cette graine que nous appe¬ lons Bonnet-de-prêtre..., il ressemble fort à nos cerisiers moyens, soit pour les feuilles et les branches, soit pour la J* grandeur ; car ce n’est qu’un arbrisseau, ses branches sont fort déliées, sa feuille petite, unie, épaisse, toujours verte, et qui tombe tôt ; le fruit restant à découvert sur l’arbre jusqu’à une parfaite maturité (4) ». Quant au thé, sa feuille est petite « et toute semblable à celle que produit le Sumac des corroyeurs ; je crois presque que c’en est même une espèce. Toutefois, elle n’est pas sauvage, mais domestique et cultivée. Ce n’est pas aussi un arbre, mais un arbrisseau qui s’étend en diverses petites branches et jolis rameaux. Sa fleur approche fort de celle de Sumac, hormis que celle de Cha (Thé) tire davantage sur le jaune. Elle pousse en été sa première fleur, qui ne sent pas beaucoup, et sa baie de verte devient noirâtre. Ses branches sont vêtues de fleurs blanches et jaunes, dentelées et pointues depuis le bas jusqu’au haut (5) ». « L’arbre qui porte le cacao... est de la grandeur de nos oran¬ gers et a ses feuilles assez semblables aux siennes, mais plus grandes. Herrera les compare à celles du châtaignier... Le fruit du cacao ne vient pas aussi tout nu, mais couvert et enve¬ loppé dans une grande gousse cannelée et rayée à peu près comme un de nos melons... Cette gousse renferme quantité de noix de cacao, qui sont comme des grosses amandes, mais plus (1) C’est à Antoine de Jussieu que nous devons la première description botanique du café. Cf. Mém. Acad, sc., 1713, p. 291. (2) Ed. Gilibert, p. 373. ( 3 ) Tome II, p. 19. ( 4 ) Page 6. ( 5 ) Page 227. Dll TRAITÉ DE PHILIPPE-SYLVESTRE DUFOUR 11 compactes et de meilleur goût. Il s’y en trouve jusqua vingt ou trente, et même quelquefois jusqu’à quarante, etc. (i). » Nous devons encore à Dufour deux ouvrages : i° Une lettre latine, datée de Lyon, 16 juin 1676, adressée au P. Kircher, sur les caractères hiéroglyphiques d’une mo¬ mie. On trouve cette lettre, avec la réponse du P. Kircher (Rome, 24 août 1676) dans l’ouvrage du savant jésuite intitulé : Sphynx mystagoga, sive Diatribe hieroglyphica de mumiis ; Amstelodami, 1676, in-fol. 2 0 Instruction d'un père à son fils, qui part pour un long voyage, et manière aisée de former un jeune homme à toutes sortes de vertus ; Lyon, 1677, in-12. « Cet ouvrage, dit Nieé- ron, a eu un succès extraordinaire et on l’a imprimé plusieurs fois en France et en Hollande. Il a même été traduit en latin, en allemand et en flamand. Son fils, pour qui il le composa, était prêt à aller dans le Levant. On ne sait quand il est mort ; il est du moins sûr qu’il ne vivait plus lorsque son père mou¬ rut (2). » Lors de la révocation de l’édit de Nantes, Dufour et son ami Spon, fuyant les persécutions dirigées contre les protestants, quittèrent Lyon en septembre i 685 . Ils avaient l’intention de se fixer à Vevey, en Suisse ; mais, à peine étaient-ils arrivés dans cette ville que Dufour mourut, le 3 décembre, âgé d’en¬ viron soixante-trois ans ( 3 ). (1) Page 3i2. (2) Nicéron, loc. cil. Dufour avait aussi une fille, mariée avec un riche négociant de Genève. ( 3 ) Cf. D r Ant. Mollière, Une famille médicale lyonnaise au XVII* siècle : Charles et Jacob Spon, 1905, p. G 3 . 1 2 NOTE SUR LES DIVERSES ÉDITIONS BIBLIOGRAPHIE 1671. De Vusage du cnphé, du thé el du chocolaté. A Lyon, chez Jean Girin et Barthélemy Rivière, en rue Mercière, à la Prudence; 1671, in-i2 (24)- i 88 p. et 1 pi. Journ. des sav., 28 janv. 1675. Haller, Bibli. bol., I, 564 . Cat. Danty d’Isnard, n° 1907. Barbier, Dict. des ouvr. anon. et pseud., III. 1809, p. 299, n° 10960. Chardon de la Rochette, Magas. encycl., IV, 1810, p. 206, et Mélanges de critique et de philologie, 1812, t. III, p. 299-302. Biblioth. du Lycée, à Lyon, 802207. Biblioth. Palais des Arts, à Lyon, 26, 346 . Edition originale, faussement attribuée par divers auteurs, notamment par Barbier (loc. cit.), à Jacob Spon. Le D r Ant. Mollière (loc. cit., p. 58 ) prétend que l’édition de 1671 est la traduction d’un ouvrage original latin de Jacob Spon, qui n’aurait été publié qu’en 1674. Il avance également qu’une 2 e édition française aurait paru en 1673. Ces deux assertions ne sont pas établies sur de sérieuses références. La traduction latine de Spon 11e parut qu’en i 6 S 5 , et le titre Bevanda asiatica hoc est physiologia potus caffei, que le D r Ant. Mollière date de 1674, doit être reporté à 1705. Bayle (I\ouv., mai i 685 , p. 499 ), en citant l’extrait donné par le Journal des Savants du 28 janvier 1675, semble dater la première édition française de 1674; mais cette indication erro¬ née provient d’une faute typographique. Il faut lire 1671 et non 1674. 1684. Traitez nouveaux et curieux du café, du thé et du chocolaté, ouvrage également nécessaire aux médecins et à tous ceux qui aiment leur santé; par Philippe-Sylvestre Dufour. A Lyon, chez Jean Girin et Barthélemy Rivière, rue Mercière, à la Prudence, i 684 (a 4 )- 445 -( 5 ) p., frontispice et 3 pi. Bayle, Noiiv., février 1 685 , p. 208 et mai i 685 , p. 499. Linné, Amœn. Acad., Potus Coffeæ, éd. Gilibert, p. 273. Chardon de la Rochette, loc. cit. 1684. Edition allemande: Beschreibung des coffee, thees, chocolatés und tabaks. Hamburg, anno i 684 , in-12. Hall., Bibl. bot., I, 564 . Biblioth. Rivin., n° 6797. 1 685 . Lyon, J. Girin et B. Rivière. Seguier, Bibl. bot., 246. Cat. Danty d’Isnard, n° 1908. Bibl. Palais des Arts à Lyon, 1, 2, 67. C’est l’édition de Lyon, i 684 (n° 2), dont quelques exemplaires portent la date de i 685 (Chardon de la Rochette). 1 685 . Traitez nouveaux et curieux, etc., à quoy on a adjouté dans cette édition la meilleure de toutes les méthodes pour composer l’ex¬ cellent chocolaté. La Haye, Adrien Mœtjens, in-12. DU TRAITÉ PHILIPPE-SYLVESTRE DUFOUR 13 Bayle, Nouv., mai i 685 , p. 497-5o<). Haller, Seguier, loc. cit. Chardon de la Rochette, loc. cil. Cat. Biblioth. F.-V. Ras- pail, p. 91, n° 766. Camus, in Rev. bot. Lucante, III, p. i 3 o. Contrefaçon hollandaise de l’édition de Lyon, 1 684 -1 685 . 1 685 . Jac. Sponii, Traclatus novi de potu caphe, de chinensium the et cho- col.ata. Parisiis, apud Petr. Muguet. Biblioth. Rivin., n° 6798. Pernetti, Lyonnais dignes de mé¬ moire, II, 116. Chaud, et Deland., Dict. hist., XVI, 367. Char¬ don de la Rochette, loc. cit. D r Ant. Mollière, loc. cit., p. 72. Première édition latine, par les soins de Jacob Spon. 1 685 . « Latine, Genevæ, anno i 685 , 12 0 , vertente Jacobo Sponio ». Hall., loc. cit. Contrefaçon de l’édition de Paris (n° 6). 1686. « T. P. M. C. Ubersetze tr. von caffee, thee und chocolaté; Budissen, 1686, 8° ». Hall., loc. cit. Nicéron, Mém., p. 365 . Le D r Mollière, loc. cit, p. 5 g, cite sous cette date une édition posthume a enrichie d’une importante bibliographie » et dont je lui laisse la responsabilité. 1688. Traitez nouveaux et curieux, etc. Seconde édition. A Lyon, chez Jean-Baptiste Deville, rue Mercière, à la Science, 1688, in-12 (i 8 )- 444 -( 8 ) p., front, et 3 pl. Hall., loc. cit. Bibl. Lycée, Lyon, 818282. Bibl. H. Duval. 1693. La Haye. Troisième édition, 4 oS p., front, et 3 pl. (sec. Cat. Junk, XLIII, n° 160). Hall., Seguier, loc. cit. Bibl. Palais des Arts, i 48 , 5 , 1 4844 • Réimpression du n° 5 , par le meme éditeur. (Paris, 1693, in-12, sec. A. Mollière, loc. cit., p. 72). 1699. Novi tractatus de potu caphe, de chinensium tlie et de chocolata, à D. M. notis illustrati. Genevæ, apud Cramer et Perachon, 1699, in-12 ( 4 )-i 88 p., front, et 3 pl. Chaud, et Del., Dict., XVI, 367. Biogr. Didot, verbo Spon. Monfalcon, Etude sur Spon, p. cxxn. D r A. Mollière, loc. cit., p. 72. Cat. Junk, XXXVIII, n° 669. Biblioth. H. Duval. 1705. Jac. Sponii, Bevanda asiatica, hic est Physiologia potus café à D. Man- get, notis et seorsim a Constantinopoli plantæ iconismis recens illustrata. Lipsiæ, 1705, in- 4 . « Eadem libellus de coffea solus cum titulo : Bevanda asiatica, philosophia potus caffe, cum titulo Jacobi Sponii et notis D. Man- get iconibusque fabæ et arboris, anno 1705, 4°, récusa est absque loci mentione ». Hall., loc. cit. Bibl. Rivin., 6799. Linné, Amœn. Monfalcon, Etude sur Spon, p. cxxn. Camus, Rev. bot. Lucante, III, p. 129. D r A. Mollière (p. 72) sub anno 1704. Adanson, Fam. des pl., II, p. 19, sub loco Constantinopoli. lari ~i i iAin‘ ir SUR UNE INFLORESCENCE BULBILLIFÈRE CHEZ « BROMELIA FASTUOSA » LDL. PAR J. GHIFFLOT Docteur ès Sciences Chef des Travaux de Botanique à la Faculté des Sciences de Lyon. Parmi les 45 genres qui, actuellement, composent la famille des Broméliacées (i), huit ont présenté quelques cas tératologi¬ ques ( 2 ). C’est assez dire que la famille est peu riche en ano¬ malies, malgré l’intensité culturale donnée à certains genres, dont l’attrait pittoresque et la valeur horticole sont bien con¬ nus. Le genre Bromelia, qui comporte 23 espèces, n’a jamais, jusqu’à ce jour, présenté d’anomalies. La présence de bulbilles à l’extrémité de l’inflorescence d’un Bromelia fastuosa Ldi, dont nous possédons (plusieurs beaux exemplaires, fleurissant, dans nos serres tempérées, au Parc de la Tête-d’Or, me permet de vous présenter et de vous décrire ce cas tératologique, jus¬ qu’alors inconnu. Le Bromelia fastuosa Ldi, originaire du Brésil central, est une plante ornementale. Ses longues feuilles engainantes, mais à gaine courte, et portées par une très courte tige, peuvent at¬ teindre 2 mètres de longueur et sont retombantes. Leur largeur est faible : 3 à 4 centimètres environ. (1) C. Mez, Broméliacées (Monograpliiae phanerogamarum Prodromi , 1896. Int., p. ix). (2) O. Penzig, Pflanzenteratologie, 1894, Bd. II, p. 377-379. Soc. Bot., t. XXXVII, 1912 3 16 SUR UNE INFLORESCENCE BULBILL1FÈRE Gcs feuilles rubanées, sont fortement armées d’épines ascen¬ dantes vers la partie supérieure du limbe, descendantes vers sa partie inférieure. Ce changement dans la direction des épines, est d’ailleurs assez général chez la plupart des Broméliacées, et cette disposi¬ tion a pour but, selon Mez (op. cit., p. xvi), de protéger le point végétatif de la tige, est placé au centre de la rosette des feuilles. Quand la plante doit fleurir, les feuilles les plus internes de la rosette, prennent une couleur rouge sanguin dans leur por¬ tion inférieure, comme le font d’ailleurs bien d’autres genres, Nidularium, Aechmea, Billbergia, etc. Du centre de la rosette des feuilles, s’élève une inflorescence indéfinie, en grappe com¬ posée, qui porte à sa base de longues bractées primaires, sca- rieuses et colorées de rouge vif et ne conservant des épines qu’à leur extrémité supérieure. Ces bractées, réduisent leurs di¬ mensions au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la base de l’axe très tomenteux de rinflorescence, qui s’élève parfois à une hau¬ teur de plus de i mètre, avec une largeur de 60 centimètres. Les panieules portent des fleurs sessiles, à calice formé de trois sépales blancs, légèrement tomenteux, et à corolle consti¬ tuée par trois pétales rouge violacé. L’ovaire est infère et le fruit est une baie pubescente ovoïde, qui devient jaunâtre à la maturité (i). La floraison du .spécimen qui nous intéresse a eu lieu à la fin du mois de février 1912, et cette floraison s’effectua en di¬ rection basifuge, aussi bien par rapport à l’axe de l’inflores¬ cence qu’à celui des axes secondaires de chaque grappe secon¬ daire. La plante a donc fleuri normalement dans sa partie infé¬ rieure, comme le témoignent les nombreux fruits / portés par la base de rinflorescence, lesquels, à l’heure actuelle, ne sont pas encore mûrs. La partie supérieure a donné naissance à de nombreux bul- billes b à Faisselle de bractées scarieuses à peine colorées. Ces (1) C. Mez,op. cit., p. 33 . — Baker, Hcindbook of Bromeliaceae, 1889, p. 26-27. — Regel, Gartenflora, 1866, t. 493. B r o m elia fa s lu osa Ldi. i fr, fruits ; Jb, bulbilles (la flèche indique la région qu'ils occupent). CHEZ « BROMELIA FASTUOSA » LÜL 17 bulbilles, formées de nombreuses petites feuilles scarieuses, très épineuses du haut en bas, de couleur rouge sang, ajoutaient encore au pittoresque de la plante. Comme le Bromelia fastuosa Ldt, donne rarement des dra¬ geons, nous avons essayé de multiplier la plante à l’aide de ces bulbilles. Leur nature scarieuse, la faible quantité de chlo¬ rophylle, le peu de matières de réserve que contiennent les feuilles qui constituent ces bulbilles, ont empêché la formation de tout bourrelet, par suite, de toute racine. Il nous a donc été impossible, jusqu’à présent, d’obtenir une reprise de ces bul¬ billes. La présence de celles-ci vers l’extrémité de l’axe de l’inflo¬ rescence de cet exemplaire de Bromelia fastuosa Ldi, pour in¬ solite quelle soit, peut s’expliquer. L’axe de l’inflorescence n’a pas atteint ses dimensions normales, et il nous a semblé que sa partie supérieure avait été détruite pour une cause que nous ignorons. Au moment de la floraison, une grande activité cir¬ culatoire règne dans l’axe et dans ses ramifications et une grande partie des réserves de la plante passe dans les fleurs et trouve son utilisation dans la formation des fruits. Quoi d’éton¬ nant à ce que les bourgeons latents, qui devaient donner des axes secondaires, recevant, du fait de l’avortement de l’extré¬ mité de l’axe principal, une nourriture plus abondante, par con¬ séquent anormale, ne se soient pas transformés en bulbilles. Le fait est connu dans bien d’autres familles, et nous avons de nombreuses observations inédites sur ce sujet (i). Nous les publierons d’ailleurs très prochainement. D’ailleurs, nous pourrons facilement, dans le courant de l’année 1913, nous assurer si l’hypothèse que nous émettons est vraie. Nous vous ferons part des résultats obtenus. La présence de bulbilles sur les axes d’inflorescences chez les Broméliacées est connue chez une plante de culture cou¬ rante, dans les grandes collections botaniques, chez Nidula- rium princeps Lem., var. magnificum Kit. (2). On a également (1) M. Colleur, notre collègue, a bien voulu me signaler la production de bulbilles sur l’axe de l’inflorescence d’un Phalænopsis (Orchéacée) après sectionnement de son extrémité. Je l’en remercie. (2) Regel, Gartenfloro, 1890, p. 289. 18 SUR UNE INFLORESCENCE BULBILLIFÈRE signalé, chez Puya flava Kunth (i) et chez quelques Deutero- cohnia (2), des axes florifères ligneux (chez les Broméliacées, en général, ces axes sont herbacés et meurent vite) qui, pen¬ dant plusieurs années, donnent naissance à de nouveaux axes produits par des bourgeons latents, et qui produisent de nou¬ velles inflorescences. Il n’est pas impossible que ces bourgeons latents, placés dans certaines conditions, puissent donner nais¬ sance, non pas à des inflorescences, mais à des bulbilles ! L’expérimentation seule pourra nous montrer si cette pro¬ duction de bulbilles est liée à la destruction du sommet de l’axe principal de l’inflorescence. (1) Beer, Bonplandia, i 856 , IV, p. 383 . (2) C. Mez, op. cit. Int., p. ix. OBSERVATIONS RELATIVES A UN GROUPE D’ANOMALIES PRESENTEES PAR DEUX ESPÈCES DE LOL1ÜM PAR . P. BUGNON Les épis de Loliurn perenne L. sont fréquemment affectés d’anomalies diverses : la littérature tératologique en témoigne. Les plus frappantes, celles qui consistent en une ramification supplémentaire se traduisant par la substitution d’épis à des épillets et modifiant ainsi complètement l’aspect de l’inflores¬ cence, ont été remarquées depuis longtemps. Elles sont signalées par Moquin-Tandon dans ses Eléments de tératologie végétale (i 84 i) pour les Lolium en général. Masters, dans sa Vegetable Teratology (1869), les signale à nouveau et indique, en outre, L. perenne parmi les plantes vivipares. Les L. Perenne anormaux sont même classés sous des noms de variétés dans la Pflanzen-teratologie de Penzig (1894). Les individus à inflorescence ramifiée forment les variétés compo- situm, ramosissimum ou paniculatum ; une variété cristatum est caractérisée par le racourcissement de l’axe de l’épi et le resserrement des épillets ; une variété tenue a, au contraire, le rachis de l’inflorescence très allongé et les épillets, d’ailleurs petits, sont éloignés l’un de l’autre ; une variété geminatum présente des épillets doubles, etc. Les anomalies les plus fré¬ quentes de Lolium italicum Braun sont, d’après le même ou¬ vrage, la ramification de l'inflorescence et la présence d’épil- lets doubles. Soc. Bot., t. XXXVII, 1912 4 20 OBSERVATIONS RELATIVES A UN GROUPE D’ANOMALIES * 1 '* * Les quelques recherches que j’ai faites dans le courant de novembre aux environs de Lyon, à Montessuy particulière¬ ment, m’ont permis de rencontrer des épis anormaux dans les deux espèces : L. perenne L. et L. italicum Braun. Parmi les nombreuses monstruosités que j’ai recueillies, il en est peut-être d’inobservées jusqu’ici ; mais ce qui constitue, je crois, la particularité principale de mon travail, c’est que j’ai étudié les anomalies variées qui font l’objet de cette commu¬ nication, non pas en envisageant surtout ce qui les distingue les unes des autres, pour les cataloguer ensuite sous des noms différents (en utilisant à cet effet le cadre des classifications qu’ont imaginées les tératologistes descripteurs, tels que Moquin-Tandon et Masters, ou bien, pour imiter Peuzig, en multipliant à plaisir les noms de variétés), mais en considé¬ rant de préférence leurs caractères communs, et je pense avoir réussi à réunir la plupart d’entre elles en un seul groupe de modifications, traduisant d’une manière plus ou moins avan¬ cée une même tendance transformatrice. La première méthode peut entraîner à séparer, et par suite à désigner par des noms spéciaux, des cas cependant très voi¬ sins. Elle a conduit Moquin-Tandon, par exemple, à citer la même anomalie, — celle qui consiste en un remplacement d’épillets par des épis, — isous deux rubriques différentes ; il la classe d’abord dans les prolifications latérales floripares, en considérant l’épi en fleurs (ouvrage cité, p. 38 o) ; puis, considé¬ rant l’épi fructifié, il la range dans les fruits prolifères (même ouvrage, p. 387). D’autre part, les cas intermédiaires, nom¬ breux ici, sont gênants dans l’application de cette méthode. Ils fournissent, au contraire, de précieux arguments dans l’application de la deuxième ; aussi, en ai-je rassemblé le plus grand nombre possible. De plus, cette deuxième conception, quand les groupements qu’elle conduit à établir ne sont pas factices, incite à penser à une communauté de cause là où l’on a cru voir un certaine communauté dans les effets ; le pro¬ blème de la recherche du déterminisme peut en être rendu plus facile à résoudre. PRÉSENTÉES PAR DEUX ESPÈCES DE LOLIUM 21 Je me propose donc de vous indiquer, en premier lieu, les considérations par lesquelles j’ai été amené à reconnaître un même caractère essentiel aux anomalies dont j’ai fait un seul groupe, puis d’essayer de mettre en évidence, à l’aide d’échan¬ tillons choisis, le développement progressif de ce caractère ; je vous présenterai ensuite les monstruosités qui restent en dehors du lot précédent ; je vous ferai part des quelques don¬ nées statistiques que j’ai pu recueillir dans mes trop courtes recherches ; et, enfin, j’énoncerai quelques-uns des nombreux problèmes qui restent posés sur le sujet, et je me permettrai de donner mon impression sur le déterminisme probable de ces anomalies. : * i * * I. — La région de fructification, dans la plante normale, diffère de la région de végétation en particulier par les carac¬ tères suivants : i° Par une tendance au racourcissement des axes (brièveté des entre-nœuds, réduction du nombre des nœuds), tendance d’autant plus marquée qu’on envisage des axes d’ordre plus élevé ; 2° Par un affaiblissement dans la puissance de ramification (ramif. à deux degrés seulement dans la région de fructif., alors qu’elle est indéfinie dans la région de végét.) ; 3 ° Par un changement dans le mode de ramification et par l’avortement des feuilles mères d’axes secondaires et des pré- feuilles des mêmes axes (voir les diagrammes comparés du mode de ramification dans la région de végét., fig. i, et dans la région de fructif., fig. 2) ; 4 ° Par la perte des propriétés géotropiques au niveau des nœuds) ; 5 ° Par la substitution aux feuilles ordinaires des bractées stériles ou fertiles ; 6 ° Par une mort précoce, concordant avec la maturation des fruits, et se traduisant par un dessèchement général accom¬ pagné d’une régression de la chlorophylle. On peut traduire le caractère essentiel des anomalies dont Soc. Bot. t. XXXVII, 1912. 4 * 22 OBSERVATIONS RELATIVES A UN GROUPE D’ANOMALIES il s'agit en disant qu'elles sont la manifestation plus ou moins accusée d'une tendance à la végétation dans la région de fruc¬ tification. II. — Divers stades dans la réalisation de cette tendance. a Chez Lolium perenne L. A. Elongation et ramification d'axes : i° Elongation sans ramification anormale : a) Due à l’allongement d’entre-nœuds. Ce phénomène est particulièrement frappant quand ce sont des axes secondaires qui le présentent ; les entre-nœuds s’allongent à partir de celui qui surmonte la première fleur, insérée à la base de l’axe (ex. fig. 3 ) ; b) Due à l’accroissement du nombre des nœuds. J’ai recueilli à cet égard quelques épis portant un nombre d’épillets sensi¬ blement double du nombre normal, qui est de l’ordre de deux dizaines. Les mêmes épis avaient d’ailleurs quelques-uns de leurs épillets anormalement ramifiés ; 2° Elongation et ramification anormales d'axes tertiaires, accompagnées ou non de l’élongation des axes secondaires intéressés et de l’axe primaire dans la région affectée. Les axes quaternaires qui apparaissent sont semblables aux axes ter¬ tiaires normaux ; une fleur normale se trouve remplacée par un épillet plus ou moins riche en fleurs. Les nouveaux épil¬ lets sont disposés par rapport à l’axe secondaire qui les porte comme les épillets normaux par rapport à l’axe primaire, et ils ont même constitution qu’eux ; l’épillet terminal en parti¬ culier a deux bractées stériles inférieures (voir le diagramme que représente la fig. 4) ; a) Dans certains cas, la ramification des axes tertiaires paraît s’opérer à partir du sommet de l’axe secondaire, — les épillets nouveaux sont d’autant plus pauciflores qu’ils sont plus éloi¬ gnés du sommet de cet axe (fig. 5 ) ; b) Dans d’autres cas, le même phénomène paraît s’effec¬ tuer à partir de la base de l’axe secondaire. Le premier épillet surnuméraire qui se forme alors occupe la place de la glume primitive de l’épillet normal (fig. 6), ou même émane d’un nœud nouveau de l’axe secondaire, immédiatement inférieur à 24 OBSERVATIONS RELATIVES A UN GROUPE D’ANOMALIES celui de la glume (fig. 7). Dans ces deux cas, si l’élongation n’a pas marché de pair avec la ramification, on voit deux épillets s’insérer apparemment au même nœud de l’axe pri¬ maire ; chacun étant placé comme s’il était normal, l’un d’eux est donc compris dans l’angle formé par l’autre et l’axe pri¬ maire ; il déborde souvent de cet angle et se trouve déjeté latéralement. Mais la comparaison avec les autres épillets anor¬ maux souvent portés par le même épi permet de rattacher tous les cas examinés à une ramification d’axes tertiaires. Quand l’élongation accompagne la ramification, — ce qui est le cas général, — elle peut n’affecter que les entre-nœuds surmontant l’épillet E i substitué à la fleur inférieure de l’épil- let normal (fig. 8). Elle peut se manifester, en outre, sur l’en- tre-nœuds séparant l’épillet E i de l’épillet E g substitué à la glume primitive (fig. 9). Elle peut atteindre fentre-nœuds immédiatement inférieur à l’épillet E g (fig. 10). Enfin, elle peut se traduire par la formation sur l’axe secondaire, en dessous du nœud de l’épillet E g, d’un nœud nouveau, au niveau duquel se forme un épillet supplémentaire E s, du côté de l’axe primaire, et par l’allongement plus ou moins consi¬ dérable de l’entre-nœuds qui le surmonte (fig. 11 et 12). Les épis d’axes secondaires peuvent ainsi acquérir jusqu’à une dizaine d’épillets et une longueur d’une dizaine de centimètres. Les entre-nœuds de l’axe primaire dans la région anormale peuvent également atteindre cette dimension ; c) Dans quelques cas, enfin, assez rarement rencontrés, la ramification et l’allongement sont irréguliers (ex. fig. i 3 et i 4 ). B. Apparition du mode de ramification caractérisant la région de végétation. Deux pièces bractéiformes (b et b’, fig. i 5 ) se montrent à la base de l’axe secondaire, latéralement, comme le représente \e diagramme (fig. i 5 ), et seulement dans des épillets anormalement ramifiés ; G. Apparition de propriétés géotropiques au niveau des nœuds, surtout dans les nœuds des axes secondaires (ceux-ci étant d’ailleurs ramifiés anormalement). L’axe primaire occu¬ pant une position très oblique par rapport à la verticale, les axes secondaires anormaux sont redressés grâce à la courbure géotropique de leurs nœuds inférieurs (fig. 16) ; PRÉSENTÉES PAR DEUX ESPÈCES DE L0L1UM 25 D. Phyllodie. Les bractées des épillets tendent à prendre les caractères des feuilles ordinaires, tandis que les bourgeons floraux situés à leur aisselle s’atrophient. La glumelle infé¬ rieure peut devenir une vraie feuille avec gaine ; la glumelle supérieure persiste en gardant ses caractères de préfeuille (fig- 17) ; Ce phénomène se rencontre fréquemment dans un même épi, avec les anomalies précédentes ; E. Prolongation de la vie dans la région anormale. Dans certains épis, où la région anormale est basilaire, la portion qui la surmonte est complètement desséchée, alors que les quelques épillets affectés sont restés frais et verts. /3 Chez Lolium italicum Braun. Des épis anormaux, présentant les monstruosités étudiées dans les paragraphes A et B du chapitre relatif à L. perenne, ont pu être récoltés. III. — Anomalies spéciales : i° Deux épis de L. perenne, ayant d’ailleurs des épillets anormalement ramifiés, ont présenté, en outre, dans la moitié supérieure de l’inflorescence, dans chaque intervalle entre deux épillets placés d’un même côté de l’axe, et à peu près à mi- distance entre eux, deux organes en forme d’arêtes, émanés des bords de la gouttière que présente le rachis principal en cette région (fig, 18 et 19) ; 2 0 L’axe primaire et les axes secondaires d’épis anormalement ramifiés se sont assez souvent montrés pourvus d’une série de genoux, formés dans le même plan, et alternativement ren¬ trants et saillants pour un même côté de l’axe ; les entre-nœuds participent à ces courbures comme les nœuds (fig. 20). IV. — Données statistiques: A. Localisation des anomalies sur un même épi. Quand les altérations sont peu accentuées, elles paraissent de préférence dans les épillets inférieurs ; quelquefois, les premiers épillets sont plus ou moins atrophiés, et les suivants manifestent une élongation et une ramification anormale ; mais on peut très bien observer jusqu’à une dizaine d’épillets inférieurs nor- 26 OBSERVATIONS RELATIVES A UN GROUPE D’ANOMALIES maux, alors que, vers le milieu de l'inflorescence seulement, les anomalies apparaissent. L’épi ne s’est montré tout entier anormal que dans des cas où la phyllodie s’était déclarée. Gomme on l’a pu voir antérieurement, les différentes ano¬ malies observées peuvent se rencontrer sur un même épi. B. Localisation des épis anormaux sur une même plante. Dans une même touffe, j’ai toujours trouvé, en plus ou moins grand nombre, des épis normaux à côté des anormaux. C. Période pendant laquelle les anomalies se déclarent. J’ai rencontré beaucoup plus d’exemplaires anormaux parmi les épis jeunes de la saison que parmi les épis desséchés ; pour¬ tant, j’ai rassemblé quelques-uns de ceux-ci. D. Stations particulières des plantes anormales. Les plan¬ tes anormales existaient en grande abondance à Montessuy, le long des chemins, sur les pelouses. J’en ai trouvé également à profusion le long du chemin de Rillieux, un exemplaire dans la montée de la Rochette (Cuire), et quelques-uns sur le quai de la Saône, rive gauche, un peu en aval de l’Ile-Barbe. Les anomalies me paraissent se rencontrer de préférence aux endroits piétinés. Vo — En définitive, sur beaucoup de points, je n’ai pu recueillir jusqu’à ce jour que des données fort incomplètes. Des recherches nouvelles demandent à être faites, particuliè¬ rement : a) Au point de vue morphologique, pour élucider la signi¬ fication des organes ambigus, pour établir les relations entre les bractées florales des épillets normaux et les bractées des épillets anormaux remplaçant les fleurs, etc. ; b) Au point de vue statistique, pour découvrir les lois de la localisation des anomalies sur une plante à un moment donné, et celles du développement de ces anomalies durant l’évolution complète de la plante (époques d’apparition, ordre de succession, relation entre les périodes anormales et les périodes d’invasion de la plante par des parasites, etc.). Enfin, la question du déterminisme se pose, et elle résume presque toutes les autres. PRESENTEES PAR DEUX ESPÈCES DE L0L1UM 27 A ce sujet, j’ai l’impression que toutes ces anomalies sont l’effet d’une même cause : l’attaque de la plante par un para¬ site, et le parasite que j’incrimine plus spécialement serait une urédinée. En voici quelques raisons : Et, d’abord, les manifestations extérieures de la rouille sont fréquentes sur les pieds anormaux. De plus, dans un assez grand nombre de cas, les taches de rouille sont précisément sur les régions anormales ; j’en ai réuni des échantillons très typiques à cet égard. Le fait que les exemplaires anormaux se rencontrent surtout aux endroits piétinés se concilie facile¬ ment avec cette hypothèse : les plantes foulées et plus ou moins endommagées ont certainement une réceptivité plus grande vis-à-vis des affections parasitaires. Il est vrai que beaucoup d’épis anormaux sont apparem¬ ment sains. Mais j’ai observé, pendant les mois d’août et de septembre derniers, des anomalies tout à fait analogues aux précédentes sur Trifolium repens ; j’ai pu suivre l’évolution des touffes anormales, et j’ai vu finalement sur toutes apparaî¬ tre les marques extérieures d’une rouille, et souvent avec une profusion remarquable. Peut-être en serait-il de même dans le cas actuel. Quoi qu’il en soit, c’est encore une question posée, capable cependant d’orienter les recherches dans un sens déterminé. Roffavier Clémence Lortet Pierre Lortet Louis Lortet LES LORTET BOTANISTES LYONNAIS PARTICULIÈREMENT CLÉMENCE, PIERRE ET LOUIS LORTET ET LE BOTANISTE ROFFAVIER PAR Ant. MAGNIN Ancien Chargé de cours à PUniversité de Lyon. Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Besançon. En parcourant le Prodrome d'une Histoire des botanistes lyonnais et ses deux séries d’ Additions (i), le lecteur a pu re¬ marquer les tableaux généalogiques de diverses familles où la botanique a été en honneur pendant plusieurs générations : les De Jussieu (2), les Bravais ( 3 ), les De Boissieu ( 4 ), les Hé- non ( 5 ), les Lortet (6), en sont les exemples les plus caracté¬ ristiques, et la vie de ceux de leurs membres qui se sont adon¬ nés à la botanique est particulièrement instructive. L’histoire de ces familles de savants, ou de simples observa¬ teurs, est, du reste, intéressante à divers titres : le botaniste y trouve des renseignements sur les plantes de la région, les particularités de leur dispersion, sur les progrès de la phytosta- (1) Soc. Bot. de Lyon, 1906, t. XXXI, p. 1-72; 1907, t. XXXII, p. 1-C8; tir. à part, vol. in-8, 1906, i 4 o p. — Additions (i re série), id., 1907, t. XXXII, p. io 3 -i 4 i ; tir. à part, vol. in-8, 1907, 39 p. — Add. (2 e série), id., 1910, t. XXXV, p. i 3 ; tir. à part, vol. in-8, 1911, 68 p. (2) Id., n° 60 (Prodr ., i res et 2 es add., n os 5 g bis à 62 ter). ( 3 ) Id., n° g 4 , (2 e8 add., ri os 94, 161). ( 4 ) Id-, n os 89, io 5 , ( 5 ) Id., n° 86 (Prodr., add., i re série et 2 e série, n 08 86, 161, 1 5 1 bis). (6) Id., n 08 i 36 , i 5 o, 278 (Add., 2 e série). Soc. Bot. Lyon, t. XXXVI, 1912. 5 30 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS tique locale et quelquefois des observations plus importantes sur la morphologie ou la physiologie végétales ; Yhistorien peut y puiser les éléments d’un chapitre ordinairement négligé ou insuffisamment développé des institutions scientifiques de la cité ou de la province ; le biologiste, enfin, trouvera, dans les rapports généalogiques des divers membres de ces familles, dans l’étude des circonstances qui paraissent avoir déterminé leur vocation scientifique, des faits souvent d’une grande im¬ portance pour résoudre les problèmes encore obscurs de cette partie « inquiétante » de la science des êtres vivants, Y hérédité. Parmi les familles lyonnaises citées plus haut, trois retien¬ dront particulièrement notre attention : les De Jussieu, les Hénon et les Lortet ; elles ont ce mérite spécial qu’on peut y étudier, en même temps que le rôle certain de l’hérédité et du milieu familial, l’influence plus discutable de l’ambiance de la cité ou de la province. Mais l’histoire des De Jussieu a été déjà l’objet de nombreuses publications : notre étude particulière peut donc attendre ; au contraire, pour les lfénon, ainsi que pour les deux derniers naturalistes de la famille Lortet, leurs vies et leurs recherches botaniques n’ont pas encore été décrites avec le soin qu’elles méritent. C’est donc par eux qu’il convient de commencer, et d’abord par le dernier en date, le D r Louis Lortet. * * * Si l’ancien doyen de la Faculté de médecine de Lyon s’est fait une réputation scientifique surtout dans le monde médical et zoologique, le goût très vif qu’il a eu pour la botanique dans sa jeunesse et au commencement de sa carrière, quelques ob¬ servations intéressantes, notamment ses recherches sur la fécon¬ dation des Marchantiées, l’intérêt qu’il a pris à la fondation de la Société botanique de Lyon, toutes ces circonstances nous permettent de le comprendre dans notre étude ; mais, pour bien connaître l’origine et les conditions du développement de ses aptitudes scientifiques, origine et conditions très remar¬ quables au point de vue de l’hérédité, il est nécessaire de dé¬ crire auparavant la vie et les travaux scientifiques de son père, le D r Pierre Lortet (-}- 1868), surtout géologue et minéralo- 31 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS giste, et de sa grand’mère, Clémence (f i 835 ), qui fut surtout botaniste ; on y ajoutera quelques mots sur le frère du D r Louis Lortet, Leberecht (f 1901), et sa sœur, Clémentine (-j- 1898), qui, sans être des naturalistes au sens ordinaire du mot, s’inté¬ ressèrent cependant aux études de leur frère et de leur père ; et enfin une notice sur un ami de la famille, Roffavier (1775- 1866), botaniste fervent et expérimenté, qui herborisa avec les trois générations de nos naturalistes et dont on n’a pas encore décrit la vie et les recherches ! Famille LORTET TABLEAU GÉNÉALOGIQUE • Pierre Richard, négociant à Lyon : j 181 5 ; épouse, en 1770, j J. Gondret f 1826. *0» Clémence Richard, botaniste : 1772-1835 ; épouse, en 1791, Jean-Pierre s Lortet f 1823. • Pierre Lortet, Docteur en médecine, naturaliste: 1792-1868; ép., en 1827, à Darmstadt, Nettchen Muller : 1802-1837. Leberecht Lortet, I artiste peintre 1828-1901 T ❖ Clémentine Lortet 1830-1898 1 m Louis-Charles Lortet, docteur en médecine, ès sciences, naturaliste. 1836-1909 # Pierre Lortet. <> Inez (M me Oberkampf.) ^ Allys (M me Rigottier.) 32 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Chapitre Premier Clémence LORTET (1773-1835) Cette femme remarquable par le caractère et l’intelligence, bien digne de figurer parmi les Lyonnaises illustres, est née à Lyon le 17 septembre 1772. Son père, Pierre Richard, ancien grenadier au régiment de Normandie, pendant la guerre de Sept Ans (1757), vint créer à Lyon, sa patrie, en 1767, un important atelier de chinage pour la soie ; homme énergique et tenace, très doué pour les mathématiques, qu’il avait apprises et professées au régiment, il fut l’instituteur et l’éducateur de sa fille, Clémence, à qui il apprit toutes les connaissances qu’il possédait, même les scien¬ ces les plus difficiles, comme les mathématiques pures, et il fit de cette adolescente, suivant l’expression d’un de ses biogra¬ phes, A. Yingtrinier, « une femme virile comme une Romaine, une érudite comme un membre de l’Institut » (1). En 1791, Clémence Richard épouse le trésorier-payeur du Rhône, Pierre Lortet ; de ce mariage naquit, l’année suivante, un fils, qui s’appela Pierre, comme son père et son grand-père, et dont la vie fait l’objet du deuxième chapitre de cette étude. Pendant cette période, durant la tourmente révolutionnaire, Clémence Lortet montra déjà les qualités de coeur et de courage qui la caractérisaient ; au péril de sa vie, utilisant les retraites mystérieuses de sa demeure (la maison Pilata, au bas de la mon¬ tée Saint-Rarthélemy) (2), elle donne asile, tour à tour, aux royalistes traqués par les agents de la Convention et, après (1) Aimé Vingtrinier, Femmes de lettres lyonnaises; Mme Lortet bota¬ niste, Lyon, Georg, 1896, in-8, 20 p. (2) La maison Pilata a été achetée par la famille Lortet le n janvier 1760 et vendue aux Maristes le 9 mai 1837. Sur la Soc. philosoph. des sciences et des arts, qui y tenait ses réunions (1785-1798), voy. notre Prodrome, n° 96, et les références bibliographiques des Add., i re et 2 e séries. 33 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Thermidor, aux patriotes républicains poursuivis par les bandes des assommeurs royalistes. Mais les émotions éprouvées par celle femme courageuse al¬ térèrent bien vite sa santé ; pour aider à la rétablir, le I) r Gili- bert (i), consulté, conseilla les promenades, les herborisations, une distraction sérieuse et agréable à la fois, comme T étude de la botanique ; et c’est là l’origine de la passion véritable avec laquelle Clémence Lortet s’occupa de l’étude des fleurs, doréna¬ vant, pendant toute sa vie (2). Elève de Gilibert, à partir de i 8 o 3 , elle étudie et herborise non seulement pour son compte, mais encore, en disciple re¬ connaissant, pour le maître aimé ; c’est Clémence Lortet qui, pendant de nombreuses années, fournit, trois fois par semaine, toutes les plantes nécessaires aux leçons et aux démonstrations du professeur ; en 1808, déjà, Gilibert le reconnaît expressé¬ ment ; après avoir indiqué combien l’établissement d’un Calen¬ drier de Flore exige de recherches, d’herborisations, que les occupations professionnelles ne permettent pas toujours d’en¬ treprendre, il ajoute : Nous aurions été dans la même impossibilité, par les mêmes cau¬ ses, sans le zèle d’une dame passionnée pour la botanique, Mme Lortet. Depuis cinq années, elle n’a presque pas laissé échapper une seule semaine sans herboriser, deux ou trois fois, jusqu’à 3 lieues autour de Lyon ; ses courses sur nos hautes montagnes, éloignées de la ville de 5 à 8 lieues, ont été assez fréquentes pour offrir, chaque année, ce très grand nombre d’espèces de plantes lyonnaises ; on peut même ajouter qu’elle seule, pendant cinq années, a fourni pour nos leçons, trois fois par semaine, toutes les plantes indigènes que nous avons démontrées ; et, ce qui est plus extraordinaire, comme la langue et les principes de Linné lui sont très familiers, en nous remettant, pour chaque leçon, les fruits de ses herborisations, le très grand nom¬ bre des espèces se trouvait bien dénommé et déterminé suivant la rigueur des méthodes. (1) Gilibert (Jean-Emmanuel), né à Lyon en 1741, -f* en i 8 i 4 , a été pro¬ fesseur de botanique et directeur du Jardin botanique de Lyon, de 1792 à 1808; voy. notre Prodrome, cité plus haut, n° 98. (2) Voy. la belle page que Michelet lui consacre dans La Femme (1860), livre III, paragr. V, et que nous reproduisons plus loin, p. 99 - 34 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Ayant concerté ensemble le plan de notre Calendrier de Flore, nous avons fait, chacun de notre côté, nos annotations sur le pre¬ mier moment de la lloraison, pour chaque espèce ; moi, autour de ma campagne (la Carrette), située sur le coteau oriental du Rhône, à demi-lieue de la ville ; elle, autour de celle de son père (la Cadière), située sur la rive gauche de la rivière d’Oullins. En outre, plusieurs herborisations ont été dirigées dans les diffé¬ rents cantons plus éloignés, où nous connaissions les stations pré¬ cises des plantes moins connues ou rares (i). L’abbé Ludovic Chirat, l’auteur de YEtude des fleurs, en donne le même témoignage : « Une amie aussi savante que modeste, Mme Lortet, l’un des plus anciens membres et des plus distingués de la Société Linnéenne, partagea ses travaux (de Gilibert), fut la compagne infatigable de ses courses et re¬ cueillit souvent elle-même les matériaux de ses leçons » (2). La vérité est que Gilibert, alors affaibli par Page et retenu par ses nombreuses occupations, n’herborisait plus guère, et c’est bien CL Lortet qui, à elle seule, comme le reconnaît Gili¬ bert lui-même, alimentait ses leçons et a fait la plupart des observations phénologiques (sauf celles de Lithuanie et des en¬ virons de la Carette), qui ont servi à rédiger le Calendrier de Flore. Cet opuscule est le seul travail de Cl. Lortet qui ait été im¬ primé, et encore sous un anonymat trop modeste ; on peut y ajouter cependant une de ses Promenades botaniques, insérée dans la notice de Roffavier. Le Calendrier de Flore a paru sous le titre exact de : (1) Le Calendrier de Flore..., Lyon, 1809, Introduction, p. vi. Nous avons corrigé les inexactitudes du texte donné par Vingtrinier dans son étude sur Mme Lortet. — On pouvait voir encore, en 1880, dans la bibliothèque de M. Ad. Méhu, pharmacien et botaniste distingué de Villefranche (Rhône), un exemplaire de cet ouvrage, interfolié et annoté par Cl. Lortet, avec son portrait au crayon et ce mot écrit de sa propre main : « Semper ilia mortem amici sui mærebit. » Voy. Soc. Bot. de France, 1876, session de Lyon, p. CXCVIII. (2) Etude des fleurs, par l’abbé L. Chirat, i re éd., Lyon, t. II, p. 58 i [1842]. — L’abbé Ludovic Chirat, né à Lyon en i 8 o 5 , -f- à Rochefort (Puy- de-Dôme) en i 856 , a été professeur au Séminaire de l’Argentière (Rhône), de 1828 à i 846 , puis aux Chartreux de Lyon, de i 846 à i 856 ; voy. notre Pro¬ drome, n° i64. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 35 Le Calendrier | de Flore | pour l’année 1778, autour de Grodno ' et ! pour l’année 1808, autour de Lyon ; | publié par M. J.-E. Gili- bert, professeur de botanique | ... Lyon, Leroy, 1809. Il contient, en effet, deux séries d’observations botaniques : celle concernant les époques de floraison des plantes de la Flore lyonnaise, qui est l’œuvre presque entière de Cl. Lortet ; un travail semblable exécuté par Gilibert, en 1778, pendant qu’il était professeur de botanique, en Lithuanie ; ce Calendrier in¬ dique encore plusieurs plantes rares trouvées, la plupart par Mme Lortet, dans des localités voisines de Lyon et qui ne sont pas indiquées dans le premier volume de la première édition des Plantes d’Europe , de Gilibert (1). Si Gilibert reconnaît, dans la préface du Calendrier, la parti¬ cipation importante de Cl. Lortet à sa rédaction, on constate, non sans surprise, que le procès-verbal de la séance de la Société d’Agriculture de Lyon, qui relate la présentation de cet ouvrage par Gilibert, ne mentionne pas le nom de sa collaboratrice (2) ; cependant, le compte rendu de VAcadémie de Lyon, de la même année, rappelle les recherches, les herborisations de Mme Lor¬ tet et la part qu’elle a prise au Calendrier de Flore ( 3 ). Herborisations. — CL Lortet herborisa donc d’abord dans les environs de Lyon, principalement autour de la campagne de son père, à la Cadière, dans le gracieux vallon qui s’étend d’Oullins à Beaunant ; fréquemment aussi sur les riches coteaux du Rhône, au voisinage de l’habitation de Gilibert, dans le val¬ lon de la Garette, puis de plus en plus loin, sur les coteaux et dans les monts du Lyonnais ; le résultat de ces nombreuses excursions, déjà utilisé, comme on l’a vu plus haut, est l’objet de descriptions détaillées, intéressantes par leurs indications précises, dans un manuscrit ayant pour titre : Promenades bo¬ taniques autour de Lyon. (1) Histoire des plantes d'Europe... Lyon, Leroy, 1798, 2 vol. in-12: I, xxxii -446 p. (= flore des environs de Lyon) ; 2 e éd., Lyon, 1806, 3 vol. ; voy. notre Prodrome , n° 98. (2) Société d'Agriculture de Lyon, 1808-1809, p. 46 . ( 3 ) Académie de Lyon, 1809, p. 32 . 36 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Ce manuscrit paraît être, en effet, la mise au net des notes prises au jour le jour par Cl. Lortet, au retour de ses herbo¬ risations, de i8o4 à 1809. Elle y donne le compte rendu de 17 excursions botaniques, les i5 premières faites dans Lyon même, dans ses environs immédiats ou dans les localités clas¬ siques du Garon, du Mont d’Or, des Echets, de la Pape ; la 16 e décrit une herborisation à Saint-Bonnet-le-Froid ; la 17 e , le voyage botanique que Mme Lortet fit au Pilât, en juin i8o5,'avec son fils, âgé de douze ans, et un ami (Gilibert probablement). Nous avons eu entre les mains ce manuscrit, libéralement communiqué par le petit-fils de l’auteur, le D r L. Lortet, pour en préparer une reproduction annotée ; rendu, avant sa mort, avec d’autres documents concernant son père, le D r P. Lortet, et l’ami de la famille, Roffavier (notices inédites), ce manuscrit 11’a pas encore été retrouvé par les héritiers ; je n’en possède que des notes assez nombreuses mais prises à un point de vue tout à fait spécial, notes documentaires pour l’histoire des plan¬ tes de la flore ; elles ne peuvent donc pas donner une idée de la précision des indications botaniques et surtout du charme de ces descriptions exposées « brièvement et avec une rare sim¬ plicité de style » (1) ; c’est dans ses autres productions ma¬ nuscrites, surtout dans sa correspondance, que se manifestent ses qualités de penseur et d’écrivain, qui faisaient dire à Vingtri- nier « que l’usage des classifications n’avait desséché ni son coeur ni son imagination » ; malgré l’insuffisance de nos ex¬ traits, nous les reproduirons quand même, en appendice, en attendant mieux. Le lecteur pourra, du reste, se rendre compte des qualités « de sobriété et de clarté » des Promenades bota¬ niques, grâce à la reproduction que Roffavier a donnée de l’une d’elles, la 16 e , à Saint-Bonnet-le-Froid, dans la notice qu’il a consacrée à Cl. Lortet, et que nous reproduisons à notre tour. Mais ces recherches ne suffisaient pas à son incroyable ac¬ tivité ; on la voit, en effet, suivre, pendant les années 1806- 1810, les cours de chimie de Reymond et les cours d’astrono- (1) Roffavier, Notice sur Mme Lortet (Société Linnêenne de Lyon, i 836 ). Roffavier (Georges), Lyon (1775-1866) ; voy. notre Prodrome, n° i 4 o, et Ja notice que nous lui consacrons plus loin, p. 66. 37 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS mie et de physique de Mollet. Entre temps, elle s’occupe de l’éducation et de l’instruction de son fils ; elle est son véritable professeur ; elle l’emmène, dès 1 âge de dix ans, dans ses her¬ borisations et l’initie ainsi aux sciences naturelles. Sa santé rétablie lui permet alors de faire des excursions dans des contrées de plus en plus éloignées. Elle retourne d’abord au Pilât et refait avec son fils l’herbo¬ risation de i 8 o 5 ; puis en 1810, avec son fils, l’abbé Dejean, alors directeur du jardin botanique (i), et une amie (Caroline Chirat, probablement), elle explore les Alpes dauphinoises, la Grande-Chartreuse et les montagnes de l’Oisans. Ces courses enchanteresses à travers les vallées et les mon¬ tagnes furent interrompues, en 1811, par le départ de son fils pour Paris, où il allait suivre les cours de l’Ecole de médecine ; CI. Lortet l’accompagne et en profite pour entrer en relations avec les botanistes parisiens, De Jussieu, Bonpland, Thouin, etc. A son retour, elle reprend ses herborisations dans le Lyon¬ nais, le Bugey et les Alpes ; son herbier pourrait nous rensei¬ gner sur les dates de toutes ces excursions ; la notice de Bof¬ favier nous a conservé les dates des principales. En 1817, le Grand-Colombier, avec Dejean et Boffavier ; En 1820, le Pilât avec Aunier (2), Boffavier et Balbis, qui venait d’arriver à Lyon ( 3 ). En 1826, Cl. Lortet et Boffavier passent près d’un mois, du 3 au 29 août, à explorer le Mont-Cenis ; ils en rapportent un herbier de 226 espèces, qu’ils donnent à la Société Lin- néenne ( 4 ). Cl. Lortet a laissé un compte rendu manuscrit extrêmement intéressant de cette exploration, écrit jour par (1) Dejean de Saint-Marcel (Gaspard), né à Vienne (Isère) en 1763, à Septème (Isère) en 184 a, a été directeur du Jardin des plantes de Lyon, de 1808 à 1819; voy. notre Prodrome, n° 100, et notre notice dans Soc. Botan. de Lyon, 29 octobre 1889, p. 93, et t. XVII, 1890, p. 1-26. (2) Aunier (J.-J.-N.-Antoine), né à Lyon en 1781, -f- en 1869, négociant lyonnais, fut un botaniste distingué, en relations avec la plupart des savants de l’époque. Voy. notre Prodrome, n° i 3 q. ( 3 ) Balbis (Jean-Baptiste), né à Moretta (Piémont) en 1765, à Turin en i 83 i, a été directeur du Jardin des plantes de Lyon, de 1819 à i 83 o ; voy. Prodrome, n° 137. ( 4 ) , La relation manuscrite de cette exploration donne un chiffre de 281 espèces récoltées ou observées. 38 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS jour, avec une sobriété qui n’exclut pas les observations judi¬ cieuses ou les remarques parfois piquantes sur les pays par¬ courus et leurs habitants ; nous le reproduisons en appendice. Et c’est en 1827, à l’occasion du mariage de son fils, à Darm¬ stadt, cette étoYinante randonnée scientifique, à pied, à travers une partie de l’Allemagne, la Forêt-Noire, la Suisse, jusqu’à Chamounix, avec son fils, sa belle-fille, Roffavier, voyage dont il faut lire le récit pittoresque dans l’attachante étude d’A. Ving- t ri nier. Ajoutons que Mme Lortet profita de ce voyage pour herbo¬ riser avec les botanistes de Darmstadt et de Heidelberg dans les environs de ces villes ; il était intéressant de rechercher quels étaient les botanistes qui y vivaient en 1827 : M. le pro- fessur Schenck, de Darmstadt, a eu l’obligeance de me donner les renseignements suivants. A Heidelberg, c’était Johann-Heinricli Dierbacii (23 mars 1788, f 9 mai i 845 ), professeur de botanique à l’Université, auteur de la Flora Heidelbergensis (1819-1820) et de plusieurs autres ouvrages de botanique (vov. Pritzel, Thésaurus , 2 e éd., n os 2280 à 2241) (1). A Darmstadt, l’agronome Johannes Hess (1787, -J* 1 83 7), fondateur du Jardin botanique qu’il dirigea depuis i 8 i 4 jus¬ qu’à sa mort ; son successeur, Georg.-F. Schnittspahn (1810- i 865 ), qui avait alors dix-sept ans, a bien pu aussi accom¬ pagner les deux botanistes français et hessois dans leurs excursions. Cl. Lortet visite, encore avec Roffavier, en 1828, l’Auvergne, puis, du 6 au 8 août i 83 o, les environs de Genève, notamment le Salève, lors des pourparlers engagés avec Seringe pour le décider à venir à Lvon. D’après les notes de M. L. Lortet, elle aurait aussi fait des voyages en Normandie et en Provence. Enfin, une excursion dans les environs d’Aix-les-Bains, en i 833 , termine la série de ses grandes herborisations. (1) M. le professeur Klebs, de Heidelberg, m’indique aussi comme bota¬ nistes, professeurs à l’Université de cette ville, à cette époque : Théodore- Ludwig Bischoff, privat-docent de i 8?,5 à i 833 , et Heinrich-Georg Bronis, professeur de 1822 à 1862 (lettre de décembre 1912). LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 39 Herbiers. — Des nombreuses plantes récoltées dans le cours de ses herborisations, Cl. Lortet a fait plusieurs collections. i° Un herbier des plantes de la Flore lyonnaise, d’après la Flore de Balbis (i), herbier établi avec beaucoup de soin et dont les étiquettes ont toutes été revues par ce botaniste ; 2° Un herbier général, renfermant 6.000 espèces (L. Lortet), 7.000 (Roffavier), provenant de ses récoltes personnelles et d’échanges avec divers correspondants ; 3 ° Un herbier des plantes du Mont-Cenis, contenant 226 es¬ pèces récoltées pendant l’exploration d’août 1826 ; (Ces trois collections ont été données à la Société Linnéenne de Lyon.) 4 ° L’herbier primitif du Séminaire de YArgentière (Rhône), qui, d’après son organisateur, l’abbé L. Chirat, ancien profes¬ seur de cet établissement, « est en grande partie l’ouvrage de CL Lortet » (Op. cit., II, p. 58 1) ; 5 ° Un petit herbier pour les élèves de Ylnstitul des Sourds et Muets de Lyon, dont une partie est aujourd’hui chez notre col¬ lègue, M. H. Duval (2). Et probablement d’autres collections semblables, que son désir de répandre le goût de la botanique et d’en faciliter l’étude lui faisait établir et distribuer aux personnes et aux institutions qui pouvaient le mieux les utiliser. Autres recherches botaniques. — Cl. Lortet ne s’est pas bor née à herboriser, à déterminer des plantes, à en confectionner des herbiers ; nous avons déjà vu qu’elle avait fait des obser¬ vations sur les époques de floraison, la nature du sol et des stations botaniques ; mais, naturaliste dans le sens véritable du mot, elle étudiait avec soin l’organisation des appareils les plus délicats ; témoin sa découverte de l’embryon monocotylédone des Corydales, qu’elle soumet, du reste, à l’examen de I)e Jus¬ sieu (3), comme l’indique l’extrait suivant d’une lettre qu’elle adressait à son fils, alors étudiant en médecine à Paris, en 1812. (1) Flore lyonnaise ou Description des plantes qui croissent dans les envi¬ rons de Lyon et au mont Pilât, Lyon, 2 vol. in-8, 1827-1828. (2) Voy. Prodr., add., 2 e série, p. 21. ( 3 ) Antoine-Laurent de Jussieu, né à Lyon en 1748, -{- à Paris le 17 sep- 40 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Je t’envoie dans ce petit papier des échantillons de Cotylédons pro¬ duits par le développement de la graine du fumaria bulbosa de Lin. ; tu les donneras à M. de Jussieu. Il est, constant que cette espèce est monocotylédone, ce qui, d’après la méthode naturelle, divise le genre des fumaria, qui sont dicotylédones ; ayant consulté là-dessus le Gé¬ néra plantarum de M. Jussieu, j’ai vu qu’il n’avait pas indiqué cette aberration de sa méthode et j’ai pensé qu’il serait bien aise de vérifier cette observation. Le cotylédon du fumaria bulbosa est d’abord plié comme les folioles des trèfles avant leur développement, il y en a qui sont encore dans ce premier état et d’autres développés. Tu pré¬ senteras mes respects à M. de Jussieu ; tu peux lui communiquer cet article de ma lettre (i). Ses mérites, comme botaniste, ont du reste été reconnus par les dédicaces suivantes : i° Le genre Lortétie, LORTETIÀ, établi par Seringe pour des Passifloracées américaines, quelques-unes cultivées dans les jardins, voisines des Passiflores ordinaires ; elles constituent, du reste, la section 11 , Polyanthea DC. de l’ancien genre Passi- flora. Seringe en a donné la diagnose et décrit 5 espèces dans sa Flore des Jardins, 1847, Il, p. i 47 ~i 48 ; il accompagne sa dédicace de la note suivante : Ce genre est établi en mémoire de Mme Clémence Lortet, née Richard, qui naquit à Lyon le 17 septembre 1772 et mourut le i5 avril i835. A une grande aménité, Mme Lortet joignait de nom¬ breuses connaissances, surtout en botanique. Elle fut l’un des fonda¬ teurs de la Société Linnéenne de Lyon et correspondant de celle de Paris. Ce fut elle qui rédigea, en 1808, le Calendrier de Flore, que publia, l’année suivante, le D r Gilibert. 2 0 L’Hieracium Lortetiæ, créé par Balbis dans la Flore lyon¬ naise (1827, t. I, p. 45 o), pour une Epervière du groupe des Sylvatiques, trouvée par CL Lortet au Pilât : elle diffère de toutes les autres formes du H. silvaticum par ses feuilles cau- linaires sessiles ou demi-amplexicaules. tembre r 836 ; il avait succédé, en 1777, à son oncle Bernard, comme pro¬ fesseur de botanique au Jardin des plantes. (1) Communications de M. L. Lortet. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 41 Hieracium Lortetiæ Bal bis. A ^ -— -y^~ •?»«•'»’■ C) 4 * S / .. __ J*4/»+*-* t ^«yw? i 4 > ^ ~. t^TzrXz f*. frwlt, •**~ n -' / 1t~* r**T’•**&** 6~- *— “- i-f%^ w ^ / - 4 a£* ~ c^t y ^ *• •*' 5 ?>v ^*^ J3 ~~~ fiy 9— Sÿ~** ?- e~c*-/J‘/~6> r~- “ ^ _ r~<~ f<- ~~ ~* 5 e — „ _^.y-,. __ r* ^ 4 .. ^-- _x— **'»*'-— Réduction de 1/2 d'un dessin de M. Adrien de Massas, daté de mai i 836 , avec description et observations originales. 42 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS La description de Balbis est brève, mais suffisamment carac¬ téristique. H. caule erecto simplici piloso, foliis inferioribus oblongo-lanceo- latis rariter dentatis, caulinis brevioribus semi-amplexicaulibus sub- dentatis, involucris villosiusculis. Tige de 3 décimètres, très velue à la base ainsi que les pétioles ; feuilles entièrement glabres ; fleurs terminales peu nombreuses. St. Je décris cette plante d’après un échantillon communiqué par Mme Lortet, qui l’a trouvé à Pilât. ¥. Fleurit en juillet. Epervière de Lortet. Ghirat ne mentionne pas cette Epervière dans la première édition de son Etude des fleurs (i 84 i, t. I, p. 363) ; mais la deuxième édition, revue par Cariot (i854, t. II, p. 283), en donne une description très détaillée, sous le titre : H. Lortetiæ (Balbis Fl. lyonn.), E. de M me Lortet, avec l’indication : a Le mont Pilât, au Pré Lager et aux environs. R. » Dans la troisième édition (1860, t. II, p. 365), VH. Lortetiæ est placée, parmi les formes voisines établies par Jordan, dans le groupe H. silvaticum, avec une description un peu plus dé¬ taillée encore et présentant quelques légères modifications ; elle est suivie de la note suivante : « Ma description représente fidè¬ lement un dessin fait en i836 par M. de Massas, sur un exem¬ plaire cueilli par Mme Lortet elle-même. » Grâce à l’obligeance de notre ami Nizius Roux, qui a eu l’heu¬ reuse chance de retrouver l’original de ce dessin, nous pou¬ vons le reproduire comme illustration de la description de cette forme intéressante. A partir de la quatrième édition de Y Etude des fleurs , les espèces critiques et jordaniennes ne sont plus données qu’en tableaux dichotomiques et sans description ; dans le tableau des formes de VH. silvaticum , 1 ’ H. Lortetiæ y est séparé, de suite, par ses feuilles caulinaires sessiles ou demi-amplexicaules (4 e éd., i865, t. II, p. 347 ; 5 e éd., 1872, II, 377 ; 6 e éd., 1879, II, 476 ; etc.). Boreaij, dans sa Flore du Centre (1857, II, 4oi), admet VH. Lortetiæ Balbis avec la synonymie H. nemorale Jord. VH. Lortetiæ a été retrouvé dans le Tarn par M. Sudre, qui le considère comme une variété de son H. deductum. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 43 Enfin, plus récemment, dans la Flore de France (iqo 5 , t. IX, p. 35 p), M. Rouy en fail une var. vv Lortetiæ, du H. vulgatum Fr. (silvaticum Lamk.). Cl. Lortet s’intéressait aussi aux applications de la botanique à l’agriculture et à l’industrie ; en 1821, la Société d’Agriculture de Lyon lui décerna une médaille pour la récompenser de ses expériences de culture du Pavot (1821-22, p. 294). Créations et collaborations. — La notoriété de notre natura¬ liste était devenue assez grande, en 1822, pour que la Société Linnéenne de Paris l’admette parmi ses membres correspon¬ dants. C’est alors que Cl. Lortet eut l’idée de fonder à Lyon une association semblable et que, sous son inspiration et avec l’ap¬ pui de Balbis, la Société Linnéenne de Lyon fut créée, avec Aunier, Roffavier, Champagneux, Poudras, Grognier, Pagès, Dériard, P. Lortet, Cap, etc., comme membres fondateurs (1). Elle collabore, du reste, activement aux travaux de cette So¬ ciété, notamment à la Flore lyonnaise de Balbis, qui est un peu l’œuvre collective des botanistes lyonnais de l’époque, du moins pour la statistique des plantes de la région, la découverte des espèces nouvelles ou de localités nouvelles pour les espèces rares. Balbis le reconnaît, en termes formels, dans îa préface de la Flore lyonnaise : après avoir rappelé que « c’est surtout grâce à l’amitié et aux lumières des amateurs, dont s’honore aujour¬ d’hui la ville de Lyon, que j’ai pu me livrer à une entreprise qu’il m’eût été impossible de tenter sans leur secours », il men¬ tionne particulièrement « Mme Lortet, qu’un zèle infatigable a placée au premier rang des botanistes de la province ». Grognier, dans sa Notice sur Balbis, dit aussi que l’auteur de la Flore lyonnaise a été « secondé par quelques zélateurs éclairés de l’aimable science, MM. Aunier, Roffavier, Champa¬ gneux et Mme Lortet » et, un peu plus loin, à propos « d’autres secours peut-être plus puissants que Balbis trouva dans les (1) Voy. Ann. de la Société Linnéenne de Lyon , t. I, i 836 ; — notre Prodr ., livre III, ehap. x, § 1 ; p. 74 (tir. à part). 44 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS connaissances locales des botanistes lyonnais », il ajoute : « Au¬ cun de ces botanistes ne fut plus utile à M. Balbis que Mme Lor- tet, qui avait fourni à Gilibert les éléments de son Calendrier de Flore. » (i) Les plantes intéressantes dont on doit à Cl. Lortet la décou¬ verte ou l’indication de localités nouvelles dans la région lyon¬ naise sont les suivantes, d’après la Flore de Balbis, tome I er : Erysimum perfoliatum, au mont Cindre [p. 64 ] (2). Elatine hexandra, E. alsinastrum, à Saint-André-de-Corcy [p. 11 3 ]. Arenaria macronata, à Perrache, 1816 [p. 122]. Medicago apiculata, à la Croix-Rousse [p. 180]. Lotus diffusus, aux Brotteaux [p. 197]. Ervum Ervilia, aux Iles du Rhône [p. 21 5 ]. Hieracium Lortetiæ Balbis, au Pilât [p. 45 o]. H. succisæfolium, Pilât [avec Roffavier, p. 45 1 ]. Plantago minima, à Perrache [p. 594]. Orchis moîiorchis, à la Mulatière [avec Dejean, p. 697]. Chara capillacea, Eau de la Grande-Digue [p. 848 ] ( 3 ). Ch. bairachosperma, marais de Jeneyrias [p. 848 ] ( 4 ). Et dans le Supplément, par Roffavier : Veronica montana, vallons du Pont-d’Alaï, de Roche-Cardon [p. 35 ]. On peut lui attribuer aussi une collaboration indirecte aux recherches botaniques de l’abbé Ludovic Chirat, le premier auteur de YEtade des fleurs, dont tout botaniste lyonnais se sert encore aujourd’hui ( 5 ) ; sa sœur, Caroline Chirat, de Souzy près l’Argentière, était une amie d’enfance de Clémence Lortet, qu’elle accompagnait fréquemment dans ses herborisa¬ tions et qui l’avait initiée à la botanique ; or, Ludovic Chirat (1) Voy. Balbis, Flore lyonnaise, 1827, préface, p. xii. — Grognier, Notice sur Balbis (Soc. d’Agric. de Lyon, 1828-1831, p. i36, 142, 143 (note). — Roffavier, Notice sur Cl. Lortet (Soc. Linn. de Lyon, i836). — Soc. Linn., i836, I, p. 27. — Arch. du Rhône, t. XIV, p. i35. (2) Cette espèce s’y rencontre encore de temps en temps ; voy. Soc. Bot. Lyon, passim ; Cariot, Etude des fleurs, etc. (3) C’est le Chara fragilis var. lenuifolia; voy. notre note dans Soc. Bot. Lyon, 23 janvier 1894, p. 10. (4) C’est le très intéressant Chara Braunii Gmel ; voy. même note ci-dessus. (5) Voy. plus haut, p. 34. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 45 a été élevé par sa sœur, dont il fut ainsi l’élève, en même temps que l’élève de Mme Lortet (i) ; il est donc justifié de faire remonter à celle-ci un peu de la paternité de l’ouvrage rédigé plus tard (i84o) en collaboration anonyme avec sa sœur (2). Le nom de Caroline Chirat revient souvent dans la correspon¬ dance de Clémence Lortet et de son fils, le D r P. Lortet ( 3 ). Mais le service le plus considérable assurément que notre na¬ turaliste ait rendu à la botanique a été la nomination de Seringe à la direction du Jardin des plantes de Lyon, nomination qui est entièrement son œuvre. Préoccupée de l’avenir de l’enseignement de la botanique à Lyon après le départ de Balbis (juin i 83 o), et constatant la pénurie ou l’insuffisance des candidats, Clémence Lortet s’adresse à Seringe, professeur à Genève, mais d’origine fran¬ çaise (4), botaniste de grande valeur, ayant déjà produit d’im¬ portants travaux scientifiques. Elle le propose au maire Pru¬ nelle et commence les négociations par lettres ; puis elle se décide à entreprendre, avec son fils et Roffavier, le voyage de Genève pour obtenir le consentement du professeur genevois ; mais Seringe paraît ne se décider qu’avec peine ; après le dé¬ part de Mme Lortet et de son fils, les pourparlers par corres¬ pondance durèrent encore quelques jours ; enfin, une nouvelle lettre de Mme Lortet enlève les dernières hésitations de Seringe, (1) « Sa sœur, Mlle Caroline Chirat, esprit viril et distingué, lui avait communiqué son goût pour les sciences de la nature. » Abbé Tisseur, repro¬ duit dans Leistenschneider (chanoine André), L'Argentière, Lyon, Vitte, 1905, p. 212-2i 3 . (2) « Qui n’a connu Mlle Caroline Chirat, de Souzy, dont le frère, l’abbé L. Chirat, a publié un petit traité de botanique... P Mlle Caroline était une intrépide botaniste, et on lui attribue même la plus grande part dans l’ou¬ vrage de son frère. Vêtue en homme, les cheveux courts et la boîte de bota¬ nique en sautoir, elle accompagnait souvent le D r Lortet dans ses excur¬ sions. » (Courrier de Lyon , 22 février 1881) : elle accompagnait plus souvent encore sa mère. — Jeanne-Caroline Chirat, née à Lyon en 1797, -j- à Souzy le 16 juillet 1847 • Les Chirat du Vernay, noble et ancienne famille de Bour¬ gogne, ont donné, pendant plusieurs siècles, des membres distingués dans l’armée, la magistrature et le clergé; voy. Notices de Cariot, Tisseur, Leis- teinschneider et Audin Iconogr. lyonn. ( 3 ) Voy. plus loin, p. 5 o. ( 4 ) Seringe (Nicolas-Charles), né à Lonjumeau (Seine) en 1776, -J- à Lyon en i 858 , professeur à Genève, de 1820 à i 83 o; à Lyon, de i 83 o à i 858 ; voy. Prodr., n° 159. Soc. Bot., t. XXXVII, 1912. G 46 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS et, le 23 août i 83 o, il prend, avec Roffavier, la route de Lyon, où ils arrivent le 24 (1). Dans la relation inédite de ce voyage, que nous publions, du reste, en appendice, Roffavier ne donne pas de détails bien circonstanciés sur la nature de ces négociations ; mais il n’est pas téméraire de penser que le charme de la femme, sa vive intelligence, son enthousiasme pour la botanique, l’aide qu’elle dut lui promettre pour lui faciliter son installation à Lyon, con¬ tribuèrent beaucoup à décider Seringe à venir y commencer une nouvelle carrière scientifique. CL Lortet a été en relations avec la plupart des botanistes de l’époque ; indépendamment des Lyonnais, on peut citer De Jussieu, De Candolle, Richard, Thouin, De Ronpland ; celui-ci, alors attaché à la Malmaison, lui fit faire connaissance avec l’Impératrice Joséphine, qui s’intéressait beaucoup aux plantes rares et aux belles fleurs. Aussi, notre botaniste lyonnaise recevait-elle la visite de la plupart des naturalistes qui passaient dans cette ville. Ap rès sa dernière grande herborisation dans les environs d’Aix-les-Rains, en i 833 , sa santé déclina et ne lui permit plus que des promenades autour d’Oullins ; le i 5 avril i 835 , elle mourait brusquement, à la Cadière, d’une tympanite aiguë (iléus), avec une grande force d’âme, ne témoignant qu’un re¬ gret, c’est que son fils, qui était en voyage en ce moment, ne fût pas là pour recevoir ses derniers embrassements. En résumé, Clémence Lortet a rendu des services d’une grande importance à la botanique lyonnaise ; celle-ci lui est (1) Quelques détails complémentaires sur ce voyage, épisode important de l’histoire de la botanique à Lyon. Mme Lortet et Roffavier partent de Lyon le 2 août, arrivent à Genève le 3 ; ils voient Seringe, le 4 et les jours sui¬ vants, en même temps qu’ils herborisent dans les environs et au Salève ; le 9, Mme Lortet et son fds, qui l’avait rejoint en revenant d’Allemagne, rentrent à Lyon, mais Roffavier part pour Chamonix, le Brévent, le col de Balme, Salvan, Vallorcine, etc., où il herborise du 10 au 19; le 20, de retour à Genève, Roffavier voit de nouveau Seringe et lui communique une lettre de Mme Lortet; le 21, il assiste à son cours; le 22, une nouvelle lettre de Mme Lortet décide Seringe à venir à Lyon, et le 20, Seringe et Roffavier quittent ensemble Genève pour Lyon, où ils arrivent le 24 (Renseigne¬ ments inédits communiqués par le D r Louis Lortet) ; voy. plus loin Notice Roffavier, p. 67 et p. 94, 97. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 47 redevable d’une connaissance plus parfaite de la flore ; de la collaboration qu’elle a donnée aux trois plus distingués bota¬ nistes lyonnais de l'époque, Gilibert, Balbis, Chirat ; des élèves qu’elle a formés, des botanistes qu’elle a encouragés ; des col¬ lections importantes quelle a laissées ; de la création de la Société Linnéenne, qui a servi de réunion aux botanistes lyon¬ nais jusqu’à la fondation de notre Société Botanique ; elle lui est redevable surtout de la nomination, à Lyon, de Seringe, dont l'influence sur l’étude et les progrès de la botanique dans notre ville et dans la région a été si considérable et se fait en¬ core sentir (i) ; enfin, d’avoir donné à la science et à Lyon deux générations de naturalistes distingués, son fils et son petit-fils. Mais Clémence Lortet a eu encore d’autres mérites que d’avoir été une femme très instruite, très savante, une botaniste en¬ thousiaste et remarquablement douée ; nous avons vu, au début de cette étude, les qualités de cœur et de courage dont elle a fait preuve pendant les deux Terreurs ; une autre des carac¬ téristiques de cette belle intelligence fut une grande indépen¬ dance d’esprit ; bien que son père et sa mère fussent très reli¬ gieux et qu’elle-même eût toujours les sentiments les plus éle¬ vés, elle était devenue d’une très grande largeur d’idées et de pensée, fortement empreinte de voltairianisme, comme on di¬ sait alors. Ses lettres, écrites dans une langue sobre et claire, * renferment des appréciations extrêmement piquantes sur les hommes et sur les choses ; mais son exquise bonté, sa large tolérance, la faisaient estimer et aimer de tous, même de ceux qui n’avaient pas ses opinions philosophiques ; le témoignage suivant d’affectueuse gratitude que lui rend l’abbé Chirat en est la meilleure preuve : « Un tribut de reconnaissance, dit-il, lui est trop justement dû par l’auteur, pour qu’il ne jette pas, en passant, une fleur sur sa tombe, n’en pouvant ajouter à sa couronne. » Aussi Roffavier, ce compagnon fidèle de vingt années d’her¬ borisation, dans la notice émue qu’il lui a consacrée, a-t-il pu (i) On trouvera des renseignements sur l’enseignement de Seringe et son rôle dans le développement des études botaniques à Lyon, dans les Notices sui' Seringe, par Levrat et Bouilleux (1859) et l’ouvrage de M. le professeur Gérard, la Botanique à Lyon, 189G, p. 45 à 66. 48 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS la caractériser dans ces termes heureux, qui résument toutes les qualités du cœur et de l’esprit : <( La meilleure des filles, des mères, des femmes, des amies, Clémence Lortet unissait l’amabilité de la femme, aux connais¬ sances, à la raison et au courage de l’homme. » AUTOGRAPHE (Etiquettes de l’Herbier de la Société Linnéenne.) LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 49 Chapitre II Le Docteur Pierre LORTET (1793-1868) Le D r Pierre Lortet, doué de connaissances très étendues dans les diverses branches des sciences naturelles, s’occupa surtout de géologie, de minéralogie, de géographie physique, d’agro¬ nomie et d’autres applications de ces sciences ; aussi, dans cette étude, consacrée particulièrement aux botanistes, décrira-t-on plus brièvement sa vie et son œuvre (1). Rappelons d’abord que P. Lortet est né à Lyon le 4 juin 1792, en pleine Terreur révolutionnaire ; que sa mère fut son profes¬ seur et son répétiteur et quelle l’initia de bonne heure aux sciences naturelles, notamment à la botanique ; son fils, comme on l’a vu, l’accompagnait, dès son enfance, dans ses herbori¬ sations, même dans les excursions éloignées, comme le mont Pilât, qu’il fit à l’âge de douze ans ; et plus tard, en 1810 (P. Lortet avait alors dix-huit ans), dans le Dauphiné, à la Grande-Chartreuse et dans les Alpes. Ces herborisations furent interrompues par son départ, en 1812, pour Paris, où il allait étudier la médecine. Reçu docteur en médecine le 6 août 1819 (2), il continue ses observations et ses recherches scienti¬ fiques dans de nombreux voyages, en France et à l’étranger ; c’est dans un de ces voyages, en Allemagne, en 1827, qu’il épouse, à Darmstadt, Mlle Nettchen Müller et fit, avec sa jeune femme, sa mère et Roffavier, cette curieuse promenade scien¬ tifique à travers P Allemagne, la Suisse, les Alpes de Savoie, dont il a été question dans le chapitre précédent. (1) On a cru cependant devoir énumérer les recherches faites par P. Lortet en dehors du domaine de la botanique, même ses œuvres littéraires, philan¬ thropiques, etc. ; ces renseignements suppléeront à l’absence qu’on regrette d’une notice biographique digne de cette illustration lyonnaise. Voy. toute¬ fois l’intéressante notice que M. Westphal vient de publier dans Lettres inédites d'Ed. Quinet [1907], p. xv-xxxv. (2) Thèse : Dissertation sur les métastases eu général. 50 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Spécialisé dans la géologie et la minéralogie, P. Lortet faisait de nombreuses excursions scientifiques, à pied, le sac au dos, le marteau de géologue à la main, d’abord avec sa mère, puis avec l’amie de sa mère, Caroline Chiral (i), enfin avec ses enfants, notamment sa fille Clémentine , dont nous parlerons plus loin. C’est l’origine des Mémoires très intéressants qu’il publia sur les questions suivantes : Pu Rhin et de la Syrie, 1 841 . — De l’importance du Rhône, 1842. — Documents pour servir à la géographie physique du bassin du Rhône (Soc. cTAgric., i 843 , t. VI, p. 65 ). — Des fleuves et de leur influence (Discours de réception à VAcadémie de Lyon, 1847, Mém. [Sciences], i re série, t. II). — Comparaison graphique et mathéma¬ tique des continents de l’ancien monde (Mém. Acad, de Lyon, i 85 i, Séances, nouv. série, t. I). (1) Sur Caroline Chirat, voy. plus haut, p. 45 , et la lettre ci-dessous au D r P. Lortet. « Souzy, 6 mai i 843 . « Hé bien, mon cher savant, vous êtes cependant bien aimable de savoir ainsi écrire à Souzy tout au travers de vos armées de chiffres et de vos montagnes de mémoires et de paperasses. Pendant que vos profonds calculs embrassent si bien l’air, la terre et Ponde, nous autres, enfants des champs vivant parmi les fleurs, ne savons écrire que sur elles, ne nous occuper que d’elles, et, tout en nous amusant à en ramasser par ci par là pour nous et nos amis, nous pensons sans trop d’amertume qu’eux et nous passerons comme elles. Certes, mon cher Arabe, pas plus que vous, je pense, je ne voudrais être immortelle ; je suis un peu trop curieuse de voir, comme vous le disiez un jour, les grands chalets de Vautre monde et de descendre le mont de Vétoile, ou plutôt courir les champs étoilés. Je compte encore sur vous pour me donner le bras, faites-v attention, à moins que d’ici là nous ayons perdu bras et jambes à cette époque ; mais, si on nous les change en ailes, ce sera encore bien mieux, 11’est-ce pas ? Nous laisserons faire le grand faiseur qui fait si bien toute chose, sans pourtant que nous en soyons la preuve, vous l’Arabe à barbe grise et moi la fille aux blancs cheveux. Y a-t-il rien de moins poétique, je vous le demande, rien de plus triste, rien de plus laid qu’une pauvre tête quasi chauve comme une montagne pelée? Qu’en faire et qu’en dire de bon ? Rien, sinon qu’il faut souffrir gaîment ce qu’on ne peut empêcher. « Toute à vous, votre amie, « C. » « Monsieur le docteur Lortet. » A. Rousset, Trouvailles d'un chiffonnier littéraire (Lyon, 1880), in-8, cah. 6 ( 3 o 65 oo). Communication de M. H. Duval. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 51 Fournet (i), dans la brève notice qu’il a consacrée à P. Lortet, quelques jours après sa mort (2), reconnaît dans la Géographie physique du bassin du Rhône « une vigueur d’observation et de précision dont le style tout entier est empreint ; une gran¬ deur des idées qui y apparaît à chaque instant ». P. Lortet y avait adopté la méthode nouvelle du géographe allemand Ch. Ritter. , * 1 * * On doit cependant à P. Lortet quelques notes sur des Obser¬ vations botaniques ou sur des sujets touchant par quelque côté à la botanique, comme les communications suivantes, la plu¬ part agronomiques ou industrielles : i° Note sur un phénomène qui accompagne la végétation de la Sol- danelle (Soc. d’Agric., 1 844 , t. VII, p. 385 ) ; il s’agit de la fusion de la neige et de la glace au voisinage de la Solda- nelle en pleine floraison ; P. Lortet.en donne l’explication. 2. Sur la quantité d’eau absorbée par les plantes (Id., i 853 , t. V, pr. verb., p. li). 3 . Sur des tubercules de pomme de terre traversés par des tiges de chiendent (Id. i 854 , t. V., pr. v., p. xlix). 4 . Note sur le Triticum glaucum (Id., i 855 , t. VII, pr. v., p. lxvii). 5 . Note sur la Matricaire insecticide (Id., i 855 , t. VII, pr. v., p. vm). 6. Sur une excursion dans les Alpes françaises et la nécessité de les reboiser (Id., 1 846 , t. IX, p. 446 ). — Remarques sur le reboisement (Id., 1849, L R P r - v -> P- xx > XXI )- — Rapport sur un mémoire de M. Marchant sur le déboisement des montagnes (Id., i 85 o, t. II, pr. v., p. 1, vu). 7. Propagation de la culture du mûrier et du ver à soie (Id., 1842, t. V, p. 211). — Sur l’extension de la culture des céréales (Id., 1847, L X, p. 1 45 ). — Sur la culture des betteraves (Id., i 852 , t. IV, pr. v., p. lxxxiv). — Sur la culture du Mélilot blanc (Id.). — Sur la culture du Blé noir en Sar¬ daigne (Id., i 856 , t. VIII, pr. v., p. xxxix). 8. Notice historique sur le sucre de canne (Académie, 1869, Sciences, nouv. sér., t. IX). (1) Fournet, né à Strasbourg en 1801, -J- à Lyon en 1869, a été professeur de géologie à la Faculté des sciences de Lyon, de 1 83 /i à 1869.4 (2) Courrier de Lyon du mercredi i er avril 1868. 52 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 9. Origine et extension de la vigne (Soc. d’Agric., 1 840 , t. IX, p. 548 ; Actes du Congrès viticole de Lyon, 1846-1847). — Sur les plants du Pineau de Bourgogne cultivés dans le Lyonnais (Id., i85i, t. III, pr. v., p. xliii). — Sur la taille de la vigne (Id., 1 853 , 2 0 série, t. V, p. 66, avec pL). — Sur la maladie de la vigne (Id., i852, t. IV, pr. v., p. lxxiii; i853, t. V, pr. v., p. xii, xli, lu, lxxv). 10. Sur une maladie de la pomme de terre, observée en Allemagne (Id., 1 844 , t. VII, p. 122). — De la constitution atmosphé¬ rique des mois d’avril-septembre 1 845 , considérée comme cause déterminante de la maladie des pommes de terre (Id., i 845 , t. VIII, p. 473 ). 11. Sur un prunier à pruneaux (Id., i 85 i, 2 e sér., t. III, *p. 1). — Sur les cerisiers provenant de la Forêt-Noire (Id., i 85 i, t. III, pr. v., p. xliii). 12. Notice sur les Comices agricoles du duché de Bade (Id., 1 844 , t. VII, p. 97). Comme 011 le voit, ce sont surtout les applications de la science qui font l’objet de ses nombreuses communications à la Société d’Agriculture, depuis son entrée en i 843 , et à YAca- démie de Lyon, depuis sa réception en 1847 (O* Nous trouvons encore de P. Lortet des notes de zoologie, sur le Muscardin, sur le Moineau. * * * Les connaissances de P. Lortet étaient extraordinairement étendues et variées, non seulement en sciences naturelles, mais encore en linguistique et en philosophie. Possédant admirablement la langue allemande, il traduisit en français plusieurs ouvrages scientifiques et philosophiques, par exemple les trois leçons de Fichte sur ce sujet : De Vidée d’une guerre légitime (t83i) ; il collabora à la Bibliothèque (1) Je dois plusieurs de ces indications bibliographiques à l'obligeance de notre collègue, M. Cl. Roux, qui a pris la peine de compulser les tables des Sociétés mentionnées et de compléter ainsi mes premières recherches per¬ sonnelles. M. H. Duval m’a communiqué aussi plusieurs renseignements intéressants. 53 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS allemande, Dos Ausland (1828), au Journal de Minéralogie de Heidelberg, elc. (1). En philosophie, P. Lortet était déiste, rationaliste, un disciple de Rousseau : c’est l’explication de sa traduction du traité de Kant, la Religion dans les limites de la j-aison (1842), avec une préface de Fr. Bouiller (2), de la publication des Lettres du curé Rouge sur la profession de foi de VEglise néocatholique aile- mande ( 1 845 ), puis des articles sur les Jésuites, sur la loi Sal- vandy, etc., parus dans le journal le Censeur ( 3 ). Ses opinions philosophiques se manifestent aussi dans ses communications à l’Académie de Lyon sur VHomme dans ses rapports avec la nature ; la Superstition dans les sciences (i 853 ) ; la Foi dans la science (i 853 ). P. Lortet s’occupa aussi de linguistique et d’anthropologie, notamment dans les mémoires suivants : Applications de la lithographie aux publications de langues orien¬ tales (ex. pris dans l’arabe) ( 4 ). — Le Calendrier cophte (Acad, de Lyon, i 852 ). — Unité de Vespèce et de la langue dans l’humanité. — De la Chine et de l’opium. 11 a laissé, en manuscrit, un coup d’œil comparatif sur les langues allemande et française. On pourrait relever encore dans les journaux et les revues de la région, notamment dans la Revue du Lyonnais, un cer¬ tain nombre d’articles scientifiques ou littéraires, de critique, de biographie, comme les notices sur Ch. Ritter, le sculpteur Vietty, etc. P. Lortet non seulement augmentait ses collections parti¬ culières du produit de ses excursions, mais il en faisait béné¬ ficier encore les collections publiques ou privées ; on voit son nom inscrit parmi les donateurs qui ont aidé à former et à (1) Sur le séjour de près de trois ans que P. Lortet fit, avec Edg. Quinet, à rUniversité de Heidelberg, voy. YVestphal, op. cil., p. xvih. (2) Professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Lyon, alors d’opi¬ nions très libérales. Cette traduction n’est pas citée dans celle que M. Trc- mezaygues vient de publier (Paris, Alcan, 1913). ( 3 ) Voy. Westphal, op. cit., p. xxv, xxvi-xxix. ( 4 ) Cf. Lettre de Caroline Chirat, p. 5 o. 54 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS enrichir le cabinet d’histoire naturelle du séminaire de l’Ar- gentière, commencé en i 836 , « sous les auspices de Mgr Gaston de Pins » (i). 11 contribua beaucoup au développement des institutions scientifiques de Lyon, notamment à la création de la Faculté des Sciences, en convertissant le maire Prunelle à ses idées sur l’utilité de celte création (2) ; il aide Ampère, avec Tabareau, dans ses premières recherches sur Y électro-magnétisme ; il s’oc¬ cupe d’améliorer le pavage des rues, en recherchant des car¬ rières de grès au Mont d’Or ; de prévenir les conséquences des inondations, en établissant un service d’avertissement des crues et en créant la Commission hydrométrique , qu’il présida pen¬ dant longtemps ( 3 ). P. Lortet fut enfin un homme politique : ses opinions philo¬ sophiques, ses idées généreuses, — de tradition dans la famille, — en faisaient un libéral, un républicain ; aussi collabora-t-il assidûment aux journaux de l’opposition, VIndépendant de Lyon, le Précurseur, le Censeur ; en 1847, ^ prend part aux banquets réformistes, dont il donne le compte rendu ; en i848, la faveur populaire le nomme Commandant de la garde natio¬ nale, puis Député à VAssemblée nationale, fonctions dont il se démet, du reste, presque immédiatement. Après les troubles de 18A8, P. Lortet se retira dans sa pro¬ priété de la Cadière, à Oullins, où « le maréchal de Gastellane eut le bon goût de respecter son repos » (Fournet), et se consa¬ cra entièrement à la littérature, à la science, aux œuvres phi¬ lanthropiques, auxquelles il donnait tout son temps et sa grande activité. Médecin des pauvres, administrateur des Hospices depuis 1S 36 , sa bonté s’étendait jusqu’aux animaux ; il fonde, en effet, la Société protectrice, dont il fut longtemps le président. P. Lortet a été en relations avec de nombreux savants, litté¬ rateurs, hommes politiques de France et de. l’étranger ; on a (1) Leistenschneicler, L’Argentière, 1905, p. 201. (2) Voy. le même rôle rempli par sa mère auprès du maire Prunelle pour la nomination de Seringe à la direction du Jardin botanique. ( 3 ) Rapports au Maire sur les observations recueillies par la Commisssion, i 844 , i 845 , etc. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 55 public récemment sa correspondance inédite avec Edgar Qui¬ net (i). C’était une ligure bien lyonnaise, populaire, vénérée de tous ; on trouvera sur le père Lortet, comme on l’appelait familière¬ ment, des renseignements intimes fort intéressants dans un article de Ixe, publié par le Courrier de Lyon du 22 février 1881, et dans la notice de Wesphal (p. xxv, xxxi-xxxii) à laquelle nous avons déjà renvoyé. Yingtrinier, dans la notice déjà citée (2), nous a conservé la physionomie, si originale et si attachante à la fois, du savant lyonnais : Ce fut au cours de zoologie de M. Jourdan, et peu après i 83 o, que pour la première fois j’eus l’honneur de voir M. Lortet. Tout frappe dans la jeunesse et tout reste gravé dans l’esprit, jus¬ qu’aux moindres événements. La salle était pleine, la leçon était com¬ mencée et nous étions attentifs, quand l’illustre écrivain entra. Deux choses m’étonnèrent avec une égale intensité : le costume campagnard du nouvel arrivant ; chapeau commun aux vastes bords, cheveux flottants sur les épaules, veste et pantalon de gros drap, souliers de montagne, bâton ferré à la main ; et en même temps les hommages que lui rendit le professeur, les honneurs et les applau¬ dissements de la foule. Ce fut pour moi un indélébile souvenir. Et nous ne pouvons mieux terminer ces quelques pages qu’en reproduisant l’éloge que Fournet, le professeur de géologie bien connu de la Faculté des Sciences, consacra à ce savant, qui fut en même temps un homme de bien. « L’homme disparaît, mais le bien qu’il a fait, les services qu’il a rendus restent dans le souvenir des masses. Lortet ne connaissait que le bien, pour lequel il avait à se laisser aller aux inspirations de son cœur ; sa vie entière fourmille de ces actes qui révèlent une de ces natures d’élite qui ont pour guide -x _ la charité sans ostentation, mais sans limites. Tout ce qui était grand et généreux trouvait de l’écho en lui », et, après avoir rappelé « son besoin d’expansion, son activité incessante, (1) Alfred Westphal, Lettres inédites d'Edgar Quinet, Paris, Stock [1907], in-18, xxxv-70 pages. (2) Voy. plus haut, p. 32 . 56 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS sa vaste érudition, son jugement droit, sa science profonde d’observation », Fournet termine en disant : « Chez lui, l'in¬ telligence était au niveau du coeur. » Le D r P. Lortet est mort à Oullins, le 22 mars 1868. * * * Ses enfants héritèrent des aptitudes paternelles et ancestrales pour l’étude de la nature ; P. Lortet « leur avait donné une éducation virile dans le genre de celle de Y Emile » ; il les em¬ menait, dès leur jeune âge, avec lui, dans ses excursions et ses voyages scientifiques ; mais ces aptitudes se manifestèrent à des degrés divers et différents chez Leberecht, Clémentine et Louis. Leberecht (Heidelberg, 3 o avril 1828, -}- Oullins, 6 novem¬ bre 1901) fut un remarquable paysagiste, « le peintre des Alpes, des sommets neigeux, des prairies vertes entourées de sapins noirs, des lacs dans l’ombre » ; l’influence de ses ancêtres natu¬ ralistes et de son éducation scientifique se fait sentir dans le réalisme de ses œuvres ; mais, en représentant la nature dans son exacte et minutieuse vérité, il sut, en disciple de Rousseau, en pénétrer le sentiment intime. Clémentine (Zürich, 7 juin i 83 o, f Oullins, 8 novem¬ bre 1898), surtout, a été longtemps la compagne habituelle, « l’Antigone » de son père ; « on la voyait vêtue de pantalons et d’une blouse grise, portant vaillamment en bandoulière un sac de cuir rempli de ces pierres cassées que les géologues quali¬ fient du nom d’échantillons » ; elle a laissé le souvenir d’une femme remarquable, très intelligente et très instruite. Quant au plus jeune, le D r Louis Lortet, il reçut de son père et de sa grand’mère une prédisposition héréditaire certaine pour les sciences naturelles et trouva dans le milieu familial l’exemple et des facilités exceptionnelles pour les étudier ; mais, de même que l’hérédité s’était manifestée chez Pierre Lortet par une aptitude générale, très remarquable du reste, pour les sciences d’observation, sans spécialisation pour la botanique, de même, chez Louis Lortet, les facultés qu’on peut mettre sur le compte de l’hérédité l’entraînèrent surtout vers d’autres LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 57 sciences biologiques, la zoologie et la médecine particulière¬ ment ; cependant, la botanique fut d’abord, comme chez sa grand’ mère, par une sorte de saut atavique, son étude de pré¬ dilection ; il est vrai qu’on doit faire intervenir ici, pour expli¬ quer le changement d’orientation de ses recherches scienti¬ fiques, l’influence prépondérante du milieu et des circonstances extérieures, qui l’obligèrent à entrer dans l’enseignement su¬ périeur par les chaires de zoologie de l’Ecole de médecine et de la Faculté des sciences, seules vacantes à ce moment. Au surplus, suivant la remarque très juste d’A. de Candolle (His¬ toire des sciences et des savants, 2 e éd., i 885 , p. 292, 297, 3 o 5 , 524 ), l’hérédité se manifeste, en général, par une transmission des facultés utiles dans les sciences, plutôt que par la trans¬ mission d’aptitudes spéciales pour telle ou telle science. Le chapitre suivant est, du reste, consacré à la vie et aux œuvres de Louis Lortet. SIGNATURE AUTOGRAPHE DE PIERRE LORTET (Archives de V Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon.) 58 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Chapitre III Le D r Louis LORTET (1836-1909) Louis Lortet, le dernier des naturalistes de la famille, est né dans la demeure patrimoniale de la Gadière, à Oullins (Rhône), Je 22 août i 836 ; c’était, comme le montre le tableau généalo¬ gique de la page 3 i, le troisième enfant de Pierre Lortet. 11 fut, de bonne heure, initié aux sciences naturelles par son père, qu’il accompagnait, tout jeune encore, dans ses courses géologiques, avec son frère Leberecht et sa sœur Clémentine. Mais c’est Roffavier, l’ami, le compagnon d’herborisation de sa grand-mère, qui l’intéressa à la botanique ; très bon, très af¬ fable, il l’accueillait avec la plus grande indulgence, le prit en affection et, finalement, peu de temps avant sa mort, survenue en 1866, lui légua sa riche bibliothèque botanique et son bel et important herbier (1). Aussi le jeune Lortet s’occupa-t-il, surtout et très activement, de botanique pendant sa jeunesse, dans le cours de ses études classiques et de ses années d’étudiant à l’Ecole de médecine et à la Faculté des Sciences. Non seulement il fut aidé par Roffavier, mais il herborisa aussi avec d’autres botanistes lyonnais, Hénon, par exemple. Je vois, en effet, dans l’herbier de ce botaniste, que, le 22 avril i 854 (L. Lortet avait alors dix-huit ans), les deux fils Lortet accompagnent Hénon et ses trois enfants dans une her¬ borisation à la montagne des Voirons, en Haute-Savoie. En avril i 863 , de son voyage aux îles Glénans, où, sur l’in¬ dication de Gav, il était allé chercher le rarissime Narcissus reflexus , Hénon avait rapporté une espèce critique de Vicia, qu’il confia à notre jeune botaniste ; une étiquette accompa¬ gnant cette plante porte la note suivante : « M. Louis Lortet » (1) Voy. plus loin, p. 66, une notice sur Roffavier. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 59 pense que c’est le Vicia hybrida ; cependant. » (suit une lon¬ gue discussion). En i 858 , L. Lortet, encore étudiant en médecine à Lyon, s’était fait recevoir membre de la Société Botanique de France , sur la présentation de Moquin-Tandon et Montagne (séance du 8 janvier) (i). Et, à la iséance du 8 avril de l’année suivante, il communiquait une note Sur une anomalie de V « Erica multi- flora » et une nouvelle localité du « Trifolium Savianum » (2). L. Lortet fournissait aussi quelques localités nouvelles pour des raretés de la flore lyonnaise à l’abbé Cariot, en vue de la quatrième édition de son Etude des fleurs ; voyez, par exemple, le Ranunculus peltatus cité, sur son indication, dans une mare à Ghaponost ( 3 ). Lortet s’est intéressé surtout à l’étude des Cryptogames, par¬ ticulièrement des Muscinées : de ses nombreuses herborisations dans les monts du Lyonnais, les Alpes dauphinoises, suisses et savoisiennes, il rapportait des Mousses intéressantes, qu’il soumettait à W.-P. Schimper, l’illustre bryologue de Stras¬ bourg (4) ; je me rappelle avoir assisté à un dîner donné en son honneur, par M. et Mme Lortet, quelques années après la guerre de 1870 (en 1877), et mon admiration pour la sûreté avec laquelle il nomma plusieurs mousses critiques que je lui avais soumises. Schimper avait une mémoire prodigieuse et pouvait déterminer, à première vue, un nombre incroyable de végétaux vivants ou fossiles, cryptogames ou phanérogames. C’est aussi chez Lortet que je fis connaissansce avec le phyto- paléontologiste de Saporta, que je revis plusieurs fois, depuis lors, chez le géologue Faisan ou aux Congrès de l’Afas ( 5 ) ; comme sa grand’mère, comme son père, Lortet recevait sou- (1) Bail, de la Soc. Bot. de France, i 858 , t. V, p. 1. (2) Id., i 85 g, t. VI, p. 268-269. ( 3 ) Etude des fleurs, 4 e édit., i 865 , t. II, p. 4 . ( 4 ) Wilhelm-Philip Schimper (1808 -J- 20 mars 1880), professeur de géolo¬ gie à Strasbourg, bryologue et paléontologiste: cf. Bryologia europæa, 6 vol., i 836- i 855; Traité de paléontologie végétale, 3 vol., atlas, 1869-1874; voy. Notice par M. Ch. Grad, 1880. ( 5 ) Marquis Gaston de Saporta, -j- à Aix-en-Provence, le 26 janvier 1895, à soixante-douze ans; voy. Afas, Congrès de Grenoble, i 885 , 1904, — de Mar¬ seille, 1891, etc., et l’autographe à la fin de la notice, p. 65 . 60 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS vent, les naturalistes de passage à Lyon : c’était aussi une tra¬ dition de famille. Par ses récoltes et ses échanges avec divers correspondants, Lortet avait notablement augmenté les collections botaniques de Roffavier ; j’ai eu l’occasion d’en étudier quelques parties, notamment les Chara et les Potamogeton, qui m’ont fourni des matériaux intéressants utilisés dans plusieurs notes pu¬ bliées par les Sociétés botaniques de France et de Lyon (i). Interne des hôpitaux de Lyon (i 856 ), docteur en médecine (Paris, 1861) avec une thèse sur le Cancroïde labial, L. Lortet devient, en 1867, docteur ès sciences naturelles, avec deux thèses, l’une de physiologie animale, la deuxième sur un sujet de cryptogamie, la Fécondation chez le Pressia commutata. C’est le dernier travail de botanique que nous pouvons relever dans la longue énumération de ses publications scientifiques. Cependant, L. Lortet ne se désintéressa pas complètement de la science qui avait charmé sa jeunesse et la première partie de sa carrière. En 1872, il s’empresse, sur ma demande, de s’inscrire parmi les fondateurs de notre Société Botanique. En 1876, à l’occasion de la session extraordinaire de la So¬ ciété Botanique de France , le directeur du Muséum d’histoire naturelle faisait, avec la plus grande amabilité, les honneurs des belles collection rassemblées par ses soins, particulièrement des séries de végétaux fossiles ; et, dans la soirée du 27 juin, il réunissait, dans une réception charmante, au Chalet du Parc, les membres de la Société Botanique de France et le bureau de la Société Botanique de Lyon (2). Mais ses fonctions et la nature trop spéciale de son enseigne¬ ment comme professeur de zoologie à la Faculté des Sciences (1) Notamment Soc. Bot. de Lyon, i 8 g 4 > 23 janvier, p. i 4 ; Soc. Bot. Fr., 1896, t. XLIII, p. 434 - 449 - (2) H£jLb ÛL fcAdbz -ÛLO.jI J S- ,KiÛ ■ . . cÂAuJiA - LALCüU Ut. . ( t JJ JL h> t Lh. J?) (J. AfinUi .. -M.t 10 ----- ^Aù. — hb-- ~tà-< ÛLa ljU 2. -ut uh. JeJl. t'cLiJtasf LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 73 APPENDICE Clémence LORTET 1 . — PROMENADES BOTANIQUES AUX ENVIRONS DE LYON(i) Première Promenade: Dans la vide et autour des murs depuis Pierre-Seize jusqu’à Saint-Just. Senebiera coronopus, dans le chemin des Carmes, derrière Pierre-Scize ; Rubia peregrina, haies derrière Loyasse ; vignes remplies d’Aristolochia clematitis ; murs à Linaria cymbalaria. Pendant l’année 1809, on a récolté 220 espèces dans la ville et autour de ses murs, non compris les Mousses et les Gra¬ minées. 2 e . — De Serin à Saint Glair par les Chartreux et les Tapis. Gypsophila saxifraga, G. muralis , Centaurea paniculata , Po- lycarpon tetraphyllum, Carthamus lanatus ; Ammi majus, che¬ min près des Chartreux. 3*. — Pont-Morand, la Tête d'Or et ses Iles, la Part-Dieu, le Pont-de-la Guillotière. Cyperus Monti, Triglochin palustre, Sideritis hyssopifolia , Hieracium staticifolium. Grange de la Tête-d’Or : Symphytum tuberosum , Lithosper- mum purpureo-cœruleum. Terre à blé : Adonis æstivalis, Anchusa italica, Caucalis gran- diflora, Stellera passerina, Stachys palustris. Part-Dieu : Hydrocharis Morsus-Ranæ ; puis, Hottonia palus- tris, Samolus Valerandi. (1) Ce n’est qu’un résumé très sommaire de ces Promenades, relatant surtout les plantes les plus intéressantes qui y sont signalées. — Dériard (Biogr., 1890, p. 3 14) les qualifie de « charmant petit volume », comme si elles avaient été publiées. 74 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 4*. — Perrache, la Mulatière, les Etroits. Nombreuses espèces intéressantes disparues : Hydrocharis, Villarsia, Limosella, Riccia fluitam, Senecio paludosus, Œnan- the sp., etc., etc. Grotte des Etroits : Adiantum Capillus-Veneris. 5 *. — Mulatiere, Pierre-Bénite, Yvours, Irigny, Vernaison. Butomus, Marsilia, Gratiola?., Hydrodictyon, Isnardia. Pierre-Bénite ; débris de la verrerie : Tribulus terrestris, Sal- sola Kali. Bords du Bhône : Limosella, Lindernia, Riccia cristallina. Source de la Mouche : Ophrys æstivalis, Serapias longifolia, Pedicularis palustris, Ranunculus sceleratus, Symphytum offi¬ cinale, etc. Balmes arides de Vernaison : Cistus salicifolius, Polycnemon arvense, Salsola Kali. — Clos de M. Vitet : Trigonella mons- peliaca. 6 e . — Oullins, Beaunant, Francheville, Craponne. La maison paternelle de la Cadière ; Balmes au Midi : Orni- thogalum nutans, Thlaspi perfoliatum, Lathyrus latifolius, An- thericum Liliago, Globularia communis. Bois tournés au Nord : Scilla bifolia, Isopyrum, Adoxa, Oxa- lis acetosella, Sanicula, Aster Amellus, Circæa, Daphné Lau- reola, Convallaria majalis, etc. ; Tamus, Coronilla Emerus. — Terre à blé..., etc. Bord de la rivière : Crucianella angustifolia, Corrigiola, Cis¬ tus guttatus, Hypevicum humifusum ; Spergula, Sagina sp. ; Riccia minima, R. ciliaris. Aqueducs de Beaunant : Coronilla minima, Cistus fumana, Linum tenuifolium, Anemone pratensis, Ophrys spiralis . Bords de l’Yzeron, au-dessus de Francheville ; moulin de M. Jambon, etc. : Chærophyllum hirsutum, Polygonum Bis- torta. — Bois : Andryala, Marchantia hemisphœrica, Targiona hypophylla, Buxbaumia foliosa, Cotylédon umbilicus ; — Po- tentilla rupestris. Chemin de Francheville à Saint-Just, derrière la maison de M. La Cène : Trifolium subterraneum. 75 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 7*. — Brignais, le Garon. Beaunant : Asplénium septentrionale ; Anarrhinurn ; Ané¬ mone pratensis GC. ; Anthoceros punctatus ; Centunculus mi¬ ni mus, Montia, etc. Terres : Hypochœris glabra, Ornithopus, Teesdalia, Linaria peliceriana, Lichens ; Scorzonera humilis, Bunium verticil- latum. Marais (Etang du Loup) : Veronica scutellata, Sium inunda- tum, Lindernia, Peplis, Gratiola, Ranunculus flammula, Ga- lium uliginosum, Gnaphalium uliginosum, Gn. luteoalbum. Chemin de Chaponost : Malva alcea, Euphrasia lutea, Scilla autumnalis. Chaponost, marais : Ophioglossum. — Terres : Sagina, Ar- noseris, etc. Le Garon : Fontinalis, Cardamine impatiens, Pulmonaria off., Thlaspi rnontanum, Centaurea montana, C. nigra, Digi- talis purpurea, D. ambigua, Gnaphalium silvaticum ; Bupleu- rum junceum, Silene armeria, Polypodium fontanum ; Li¬ chens ; Plantago subulata. 8 e . — Charbonnières, Tassin, Craponne. Charbonnières : Epilobium antoninum, Stachys arvensis. Tassin, ruisseau : Ranunculus auricomus, Cerasus Padus, Scutellaria minor, Orchis viridis. Pont-d’Alaï : Genista anglica, Statice armeria , Nardus, Ra¬ nunculus Chœrophyllos, Digitalis purpurea (terre graveleuse près du pont d’Alaï). Massues : Ulex europæus, Veronica triphyllos. 9 e . — Gorge-de-Loup, la Duchère. Ophioglossum, Scabiasa succisa, Caltha, Menyanthes, Sym- phytum tuberosum, Ribes rubra, Anemone ranunculoides. Myosotis palustris. Vallon de la Duchère : Scolopendrium, Marchantia conica. Ecully : Conferva gelatinosa, Ribes alpinum, Myosurus mi- nimus ; Targiona sphærocephalos, Ulex nanus, Cerasus Padus, Convallaria bifolia, Peltigera venosa. 76 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 10e. _ Vaise, Rochecardon, Limonçst. Rochers à Cotylédon umbilicus. — Fontaine avec inscription de J.-J. Rousseau : « Vitam impendere vero. » Coteaux : Buxus, Veronica pj'ostrata, Anarrhinum, Thesium linophyllum, Ruscus, Vinca major. Vallons : Luzula maxima, Oxalis acetosella, Scilla, Isopy- rum, Anemone nemorosa , Arum... Ruisseau d’Ecully ; bois : Asperula odorata, Maianthemum, Paris. La Barollière, coteaux : Athamanta Cervaria, Prenanthes purpurea, Gentiana cruciata, Cornus mas. 11 e . — Couzon, Montout, Mont Oindre. « La Fréta, belle maison qui a appartenu autrefois à M. Poi¬ vre ; on va voir le plus beau des Liriodendron tulipifera qui soit dans les environs de Lyon. » Couzon, chemin des Carrières : Campanula Medium, Lathy- rus latifolius ; Lavandula, Genista erinacea, Limodorum, Sera- pias grandiflora ; Aphyllantes, Leuzea. Mont Thou : Galium saxatile, Bunium bulbocastanum, Gna- phalium dioicum, Chenopodium Bonm-Henricus, Gentiana ci- liata, Carlina acaulis caulescens. Saint-Fortunat : Mercurialis perennis. Sommet du vallon de Saint-Romain, source : Stachys alpina , Lilium Martagon, Serapias rubra, Sorbus Aria, S. torminalis, S. dom&stica, Ophrys, etc. Mont Cindre : Bupleurum rotundifolium, Papaver Arge- mone, Brassica orientalis, Buffonia tenuifolia, Senecio squa- lidus. % 12 e . — Serein, Roi, Neuville, Montribloud, les Echets, Sathonay. Serin : Daphné Laureola. — Fontaines : Paris. — Sommet du vallon de Neuville : Campanula Cervicaria. Montribloud : Bupleurum tenuissimum, Radiola, Damaso- nium, Elatine alsinastrum, E. hexandra, Sagittaria, Lindernia , Pilularia, Scirpus supinus, Sc. ovatus. Boussière (commune de Saint-André) : Littorella, Sisym- 77 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS bryum amphibium, Anthoceros lœvis CG., Jungermannia mi- ni ma, C onium maculatum. Les Echets : Bidens cernua, B. minima, Nymphœa, Riccia fluitans, Radiola, Bupl. tenuiss., Sagina apetala. — Serapias grandiflora. Plaine de Roy : Orchis militaris, Ophrys anihropophora , Se- seli montanum. 13 e . — Saint-Clair, la Carette, la Pape, etc. Vallon de la Carette, séjour de Gilibert : Helleborus fœtidus, Melittis, Teucrium montanum, Serapias latifolia, Vincetoxi- cum, Peltigera mccata ; Lepidium petræurn, Iberis pinnata, Asperula glauca, Convolvulus cantabricus, Ononis natrix, Gé¬ ranium sanguineum, Helianthemum pulverulentum, Phalan- gium Liliago, Uelichrysum stæchas, Silene conica, Cucubalus Otites, Allium sphærocephalum, Cenchrus racemosus. Fumaria, « que M. Vaivolet dit être le parviflora de Willd. ». Vallon de la Sœur-Vialy : haies à Jasminum fruticans, Bu- pleurum falcatum ; Giobularia communis, Medicago poly- morpha. Creux (sous Montessuy ?) : Inula montana, Stipa pennata, Avena pratensis. Vallon des Brosses ; Caluire : Iris fœtidissima, dans les haies. Vallon de Vassieux, bois : Scilla autumnalis, Ophrys insecti- fera, Inula salicina, Ononis minutissima, Potentilla rupestris ; Centaurea Crupina, Trifolium alpestre, T. rubrum, T. monta¬ num, etc. La Pape : Anemone pratensis, Orchis nombreux, « O. rubra, qui ne se trouve que là » ; Rhamtius saxatilis , Cytisus capitatus, Orobus niger, Onosma echioides ; Bupleurum odontites, Ga- lium tenuissimum, Linum gallicum. Marais de Sainte-Croix : Parnassia, Drosera anglica, Galiuni spurium, Epilobium palustre, Schœnus Matiscus, Sch. nigri- cans, Carex sp., Polypodium Thelypteris, Hydrocotyle, Me- nyanthes ; Illecebrum verticillatum. Montluel : Carduus Marianus, Hyoscyamus niger ; — Th il, etc. Iles du Rhône, sous Vassieux : A idem. Absinthium, Hiei a- Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. S 78 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS cium staticifolium, Hippophae, Typha angustifolia, Tamarix germanica, Lotus siliquosus, Saules, etc. ; Epilobium angustis- simurn, Cistes, etc. 14 e . — Pont Morand, Allée des Brotteaux, Villeurbanne. Marais de Vaux, Villeurbanne : Samolus, Hydrocotyle, Utri- cularia, Sium, Dianthus plumarius, Gentiana campestris fl. albo, Teucrium scordium. Terres : Saponaria vaccaria ; — Balmes viennoises : Sdlla au- tumnalis, Ranunculus chœrophyllos , Corydales. Hauteurs, avec bois de Pins : Anchusa tinctoria, Armeria, Veronica spicata , Ammi majus, Centaurea solstitialis. La Ferrandière, élévation : Cistus salicifolius, Cerastium ar- vense, Myagrum, Orchis hirdna, Physalis, Cucubalus ; Althæa hirsuta, Gagea arvensis, Coronilla scorpioides. Route de Bron : Lithospermum tinctorium. 15«. — Pont-de-la Guillotière, Champagneux, Saint-Fons, Saint-Symphorien d’Ozon. Terres près de Champagneux : Adonis æstivalis. — Près la Poste aux Chevaux (Saint-Fons) : Sisymbj'ium Sophia. Prés marécageux, bords du Rhône : Glyceria, Butomus, Sium. Balmes : Ononis pinguis, Salsola Kali, Dianthus Caryophyl- lus ; bois à Psoralen bitummosa. Bords du Rhône, sous Sérézin : Bidens, Gentiana pneumo - nanthe..., etc. 16 e . — Saint-Bonnet-le-Froid (i). Grézieu : Plantago subulata. — Pouillonnay : Monotropa hypopitys ; beaux châtaigniers, Vaccinium Myrtillus. De Saint-Bonnet à Sain-Bel : Sambucus racemosa, Ophrys Nidus-Avis, Lysimachia nemorum , Prenanthes muralis, Sene- cio silvaticus, Digitalis purpurea, D. ambigua ; Chrysosple- (i) Cette promenade a été reproduite entièrement par Roffavier dans la notice qu’il a consacrée à Cl. Lortet (Soc. Linn., i 836 ) ; nous la reproduisons à notre tour, à la suite de ce résumé ; mais c’est la plus courte et la moins intéressante au point de vue botanique. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 79 nium oppositifolium t ; Trifolium spadiceum, Alchemilla vul- garis. 17 e . — Voyage à Pilât, en juin 1805. Avec son fils, âgé de douze ans, et un ami ; description de la région, Saint-Chamond, Saut-du-Gier, la Jasserie, Roche- taillée, Saint-Etienne, etc. ; plantes citées : Aconitum Napellus, Galium hercinum, Alchemilla alpina, Lonicera cærulea, Thesium alpinum, Œthusa Meum, Conval- laria verticillata, Vaccinium Vitis-Idæa, Stellaria nemorum , Lychnis dioica fl. roseo , Geum rivale, Ranunculus aconitifo- lius, Spartium purgans, Cacalia alpina, Arnica montana, Doro- nicum Pardalianches, Viola tricolor var. montana, Orchis sam- bucina, Satyrium albidum, Narcissus Pseudonarcissus, Mœhrim gia muscosa, Gentiana campestris, Osmunda spicant, Melissa grandiflora, Senecio sarracenicus, Rubus idæus, Sorbus Aucu- paria ; Lichen floridus, L. jubatus. 11 . — PROMENADE A SAINT-BONNET-LE-FROID Montagne à quatre lieues ouest de Lyon , dépendante de la commune de \augneray (i). On passe le pont d’Alaï, et l’on suit la route de Montbrison jusque près de Grézieu-la-Varenne, dont on prend le chemin ; passé cette commune, les voitures ne peuvent aller plus loin ; il reste encore, pour atteindre le sommet de la montagne, une heure et demie de marche par un chemin de rochers très ra¬ pide. Toute cette montagne est granitique ; la couche de terre peu épaisse qui recouvre le rocher est souvent entraînée par les pluies d’orage. J’ai vu les moissons emportées avec elle, les prairies enfouies sous les graviers et le granit, mis à nu, s'of¬ frir de toutes parts sur le flanc de la montagne. Ces chemins de granit offrent, lorsqu’ils sont lavés par la pluie, un coup d’œil bien singulier : ils sont veinés de diffé- (i) Extrait de la notice de Roffavier dans Société. Linnéenne de Lyon, t. ï, 1 836 , p. 3 à 5 . 80 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS rentes couleurs et ondulés ; on dirait que la substance qui les compose a été molle comme une pâte et que, dans cet état, elle a éprouvé des mouvements qui ont produit ces ondulations, qu’on distingue aisément par les couches de plusieurs couleurs. J’ai toujours désiré qu’un savant géologiste voulût m’expli¬ quer ce phénomène, ainsi que la cause de ces amas de blocs de granit qu’on remarque sur la crête des montagnes, car je ne puis penser que ce soit des ruines de forts construits par les Romains, n’y ayant rien qui indique que les hommes y aient mis la main. J’aime mieux croire que c’est l’humidité, la gelée et même la foudre qui, avec le temps, ont brisé le granit qui forme la montagne (i). Du côté de Grézieu, la montagne ne présente que des rochers arides et quelques petits coins cultivés ; là où il y a assez de terre pour semer du seigle, on y trouve le Plantago subu- lata. Du côté de Pollionnay, elle est bien boisée et offre beaucoup de sources. Tl y a quelques mouchets de bois de pin, où l’on trouve le Monotvopa hypopitys ; mais, en général, les bois taillis sont de châtaigniers et de hêtres, dont quelques-uns sont fort beaux. J’ai mesuré un hêtre qui avait 8 pieds de cir¬ conférence, et un châtaignier qui en avait 12. La terre, sous ces bois, est garnie de Vaccinum myrtillus. La baie est agréable à manger, et l’on en prépare une boisson en y ajoutant de l’eau et en la faisant fermenter. Sur la hauteur de Saint-Bonnet est située la maison de M. Blanc, propriétaire et cultivateur. Tout auprès, on voit les ruines d’une ancienne chapelle, à côté de laquelle est une source d’eau d’une fraîcheur extraordinaire. En descendant du côté de Sain-Bel, la montagne offre de beaux bois de hêtres, des prés arrosés et des terres cultivées ; on y trouve beaucoup de petits cerisiers produisant ces petites cerises noires de montagne. Ces bois présentent le Sambucus racemosa, Ophiys nidus avis, Lysimachia nemorum, Prenan- thes muralis, Senecio sylvaticus, Digitalis grandiflora, par¬ ti) ".Y?l c-ii effet l’explication que les géologues ont donnée, plus tard, de l’origine des Chirals des monts du Lyonnais ; voy. Fournet, Géol. lyonn., p. 072; Griiner, Descript. de la Loire, p. 107, etc. Ant. M. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS SI purea, etc. Au bord du ruisseau, on trouve le Chrysosplénium oppositifolium et, dans les prés, le Trifolium spadiceum, Al- chemilla vulgaris. De Saint-Bonnet, en descendant dans le vallon où coule le ruisseau qui passe à Vaugneray, on trouve du sulfate de baryte cristallisé. De l’autre côté du ruisseau est une montagne beau¬ coup plus élevée que celle de Saint-Bonnet, et qui se distingue facilement, à l’ouest de Lyon, à cause d’un petit bois de pins qui est presque à son sommet ; cette montagne et celle du mont d’Or sont d’une grande ressource aux botanistes, pour se re¬ connaître et se diriger dans leurs promenades aux environs de Lyon. On peut revenir jusqu’à Francheville, en suivant le ruis¬ seau qui passe à Vaugneray, mais le chemin est très long, et le bord du ruisseau n’est pas toujours praticable. III. — VOYAGE AU MONT GENIS en août 1826 . M. Roffavier, botaniste distingué et très zélé, avec lequel j’ai souvent herborisé dans les environs de Lyon, me dit qu’il avait le projet d’aller passer trois semaines au mont Cenis, pour re¬ cueillir les plantes qui se trouvent sur cette montagne et ses environs. Mon fils étant absent et ma mère jouissant d’une santé qui m’enlevait toute inquiétude, il me prit envie de faire ce voyage avec lui ; j’étais cependant retenue par la crainte de le gêner dans ses courses ; mais la commodité d’une station au centre de ses herborisations, en logeant dans l’hôtel de la Poste, sur le mont Cenis, dissipa cette crainte ; je pensais que si je me trouvais fatiguée des longues courses de montagnes, je laisserais mon compagnon de voyage les gravir et me bor¬ nerais aux promenades que mes forces me permettraient. En conséquence, nous prîmes nos passeports et arrêtâmes nos pla¬ ces à la diligence de Turin pour le 3 août. M. Balbis (i) nous ayant recommandé d’aller jusqu’à Bussolin, plus loin que Suze en Piémont, afin d’aller visiter la montagne des marbres, qui (i) Sur Balbis, voy. plus haut, p. 37. 82 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS offre quelques plantes intéressantes, nous avons suivi ses con¬ seils, et c’est par là que nous avons commencé nos herborisa¬ tions. Je joindrai à la lin l’emploi de notre temps jour par jour. Nous partîmes de Lyon le 3 août, à 7 heures du soir ; j’étais seule de femme, nos compagnons de diligence assez insigni¬ fiants, excepté un Français d’un âge mûr, qui est employé à Parme, dans la Cour de Marie-Louise, et qui est de bonne so¬ ciété. Au pont de Bon voisin, nous eûmes la visite du douanier, qui nous retint longtemps. Vous connaissez, mon amie (1), la route jusqu’à Chambéry, mais je ne sais pas si vous y avez passé depuis que la nouvelle route « des Echelles » est faite. Là, j’ai commencé à admirer les belles montagnes ; nous nom¬ mions toutes les plantes que la vitesse de la voiture nous per¬ mettait de distinguer, et j’étais fière d’entendre dire que c’étaient les Français qui avaient fait cette belle route qui fran¬ chit les vallons et perce les montagnes ; car vous savez peut- être que la route passe sous une montagne qui est percée par une voûte de 3 oo pas de longueur, taillée dans le roc de toute hauteur et où trois voitures peuvent passer de front. Puisque je parle de belle route, je vais vous décrire de suite celle qui traverse le mont Cenis ; autrefois, les voitures ne pouvaient aller du côté de Savoie que jusqu’à Lans-le-Bourg, village au pied du mont ; là, le chemin n’était plus praticable que pour les piétons et les mulets et avec mille dangers, jusqu’au point le plus élevé du passage, qui a conservé le nom de « ramasse », parce qu’en descendant, c’est là que l’on prenait des traîneaux pour descendre jusqu’à Lans-le-Bourg, après avoir traversé la plaine du mont Cenis, qui est en pente douce du côté du Pié¬ mont jusqu’au lieu appelé la Grand-Croix, où l’on trouve la chute rapide du mont, qui n’était aussi praticable que pour les piétons jusqu’à la Novalaise, village à 2 lieues de Suze, pre¬ mière ville du Piémont ; ainsi, depuis Lans-le-Bourg jusqu’à la Novalaise, il fallait aller à pied ou à mulet, et les femmes étaient portées. Maintenant, la route est aussi belle et mieux ..-•■K (1) Cette relation était probablement envoyée ou dédiée à une amie d’en¬ fance de Clémence Lortet, Caroline Chirat, la sœur de l’abbé Chirat, dont il est question p. 45 . LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 83 entretenue que celle qui passe à Montluel et les diligences peu¬ vent aller partout au trot, excepté à la montée, comme dans les autres routes. L’on a paré à tous les dangers, en retenant les rochers qui menaçaient de se détacher et en faisant des parapets dans tous les endroits dangereux ; mais l’on ne peut, empêcher ce qu’on appelle la tourmente ; ce sont des vents impétueux accompagnés de chute de neige fine qui vous enve¬ loppe à tel point qu’il est impossible de voir à se conduire et, d’ailleurs, on risquerait de se précipiter, la neige nivellant tous les précipices. Pour obvier à ces accidents, l’on a établi, à des distances très rapprochées, des maisons de refuge sur les bords de la route, et où tout voyageur trouve, au besoin, abri et feu jusqu’à ce que la tourmente lui permette de suivre sa route ; il y a 32 de ces maisons de Lans-le-Bourg à la Novalaise ; elles sont habitées par des cantonniers qui, toute l’année, réparent la route ; l’été, ils la nivellent sans cesse avec du gravier et, l’hiver, ils débarrassent la neige ou la battent si elle est en trop grande quantité. L’hiver dernier, il y en avait 16 pieds sur la route. Je reviens à mon voyage. Nous ne nous sommes point ar¬ rêtés en traversant le mont Cenis. Nous avons fait une partie de la montée à pied et descendu rapidement à Suze et, de là, à Bussolin, où nous avons couché dans une mauvaise auberge ; il y avait tant de punaises, que j’ai passé la nuit sur une chaise de bois, la seule qui fût dans la chambre ; c’est le seul mauvais gîte que nous ayons eu dans le voyage ; il ne m’a pas donné bonne opinion de la propreté des Piémontais ; sur la grande route de Turin, les villages devraient être mieux tenus ; en général, il me semble que le manque de femmes pour servir dans les auberges et les hôtels ne laisse quelque chose à désirer. 11 y a mille petits détails qu’elles savent mieux que les hom¬ mes ; mais en Italie, dans tous les lieux publics, il n’y a que des hommes pour servir. Nous revînmes coucher à Suze, où l’on est bien. La ville est située au pied du mont Cenis, au commencement d’une vallée qui reçoit toutes les eaux du mont Cenis. La Doire, rivière qui se jette dans le Pô, la traverse ; la ville est petite, mal bâtie ; elle est très ancienne, et l’on y voit un arc de triomphe du temps des Bomains, qui est très 84 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS dégradé ; elle est environnée de raines de forts, qui n’ont pu résister aux Français et qui ont été démolis. La campagne des environs est belle ; la végétation est superbe ; il y a de l’eau partout, et l’on sait bien l’employer pour l’arrosage. C’est là que les habitants des montagnes ont mis toute leur industrie ; non seulement les prés, qu’on coupe trois ou quatre fois, sont arrosés par irrigation, mais tous les légumes, le chanvre, le blé et jusqu’aux vignes ; il y a de l’eau partout et, comme la posi¬ tion est très chaude, toute la végétation est belle et vigoureuse. En partant de Suze, nous commençâmes nos herborisations du mont Cenis et nous vînmes prendre notre logement à l’hô¬ tel de la Poste, qui est au centre du mont Cenis, au bord du lac et peu éloigné du couvent ou hospice ; ce couvent a été rebâti par les Français ; c'est un bâtiment très vaste, avec une fort belle église au milieu ; l’on est agréablement surpris de voir un tel édifice dans un lieu presque inhabité. Napoléon avait donné à ce couvent des biens considérables, en chargeant les moines de secourir les voyageurs et de leur donner l’hos¬ pitalité, comme font les moines du mont Saint-Bernard ; mais, depuis qu’ils sont retournés sous la domination de la Savoie, ils ont gardé les biens et ne s’occupent nullement des voya¬ geurs. Si l’on veut y loger, on paye comme à l’hôtel, et un peu plus chèrement ; aussi, je n’ai pas voulu visiter leur cou¬ vent ; c’était bien assez d’être obligé de les saluer, parce qu’ils m’y forçaient par leur salut, quand nous les rencontrions. Il paraît qu’ils y mènent joyeuse vie, chassant, pêchant et, pure¬ ment, ne buvant pas de l’eau du lac : leurs mines rebondies et rubicondes attestent le contraire. Du reste, ils ne sont point aimés des bons Savoyards, qui tous parlent avec plaisir des Français et de ce que eux et Napoléon ont fait dans leur pays. Le lac du mont Cenis est d’une eau très belle ; vous savez qu’il contient des truites excellentes (c’est encore les moines qui se sont emparés adroitement de la pêche exclusive). Il faut une heure pour en faire le tour ; il est environné de belles prairies ; le tout est entouré de montagnes et de pics très élevés couverts de neige et de glaciers, d’où se précipitent des torrents qui forment des cascades et des chutes d’eau très variées. C’est dans ces prairies et sur ces montagnes que nous avons passé LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 85 très agréablement dix-huit jours à recueillir les belles plantes qui y croissent jusqu’aux bords des glaces perpétuelles. C’est pour gravir à travers les rochers et les torrents que j’avais re¬ trouvé mes jambes et presque ma jeunesse. Je ne brillais pas sur les pentes des neiges et sur la pelouse : j’y éprouvais une crainte de tomber qui rendait ma marche peu sûre, malgré le bâton dont je me servais pour m’aider dans les mauvais che¬ mins. La saison ayant été fort chaude cette année, nous eus¬ sions mieux fait d’aller au mont Cenis huit à quinze jours plus tôt. L’on commence à faucher les prés le 16 août. L’on trouve dans les montagnes qui environnent le mont Cenis plusieurs lacs ; nous en avons vu plusieurs, entre autres deux qui sont appelés dans le pays le lac Clair et le lac Blanc ; l’eau de ce dernier est blanche et, comme il est entouré de neige, il paraît tout à fait blanc. A présent, mon amie, avant de vous parler de mon retour, il faut que je vous dise comment j’ai passé mon temps et que je vous fasse connaître un peu plus mon compagnon de voyage. Il est à peu près de mon âge ; il a de l’instruction, a beaucoup voyagé, mais pour le commerce, par conséquent sans bien observer ; il n’a pas le brillant ni la façon nécessaire pour faire valoir ce qu’il sait ; aussi, hors de l’intimité, on le jugera mal en société, et moi-même, qui le connaît depuis au moins dix ans, j’étais loin d’apprécier son caractère. Nous étions con¬ venus de faire le voyage à frais communs, qu’il serait le tré¬ sorier, commanderait et payerait partout ; je ne voulais me mêler de rien. A la première couchée, il nie dit que si cela ne me gênait pas, il demanderait une chambre à deux lits pour être plus à ma portée si j’avais besoin de quelque chose. Je lui répondis que cela ne me gênerait point, et nous avons continué tout le voyage à faire chambre commune, comme frère et sœur. Ainsi, pendant vingt-six jours, nous ne nous sommes pas quit¬ tés cinq minutes ; pendant tout ce temps, il a eu pour moi les attentions les plus délicates, sans avoir l’air d’y penser et de s’en occuper, ce qui me laissait bien à mon aise. Nous avons été gais et même aimables, parce que nous n’étions pas gênés : ainsi, soit en herborisant, soit en déterminant et préparant les plantes, souvent même en attendant le jour pour nous lever, 8fi LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS la conversation était intéressante et pleine de saillies gaies. 11 est vrai que pour maintenir cette égalité d’humeur, nous avions entre nous la passion pour les plantes et l’exercice extraordi¬ naire que cela nous faisait faire ; quoiqu’il en soit, je puis dire que nous n’avons pas éprouvé une minute d’ennui. D’après cela, mon amie, vous ne serez pas étonnée de l’in limité qu i s’est établie entre nous ; car, dans toutes ces causeries, il y a confidence, épanchement, et l’amitié vient en tiers. Mais il est bon de se rappeler que le bon docteur disait : qu’entre homme et femme (l’amitié ?) ressemblait toujours un peu à son frère (P), et je ne veux pas que la ressemblance soit trop forte (i). Presque toujours, nous nous levions au jour pour déterminer et préparer les plantes que nous avions récoltées la veille. Nous ne faisions pas de grandes courses deux jours de suite, parce que les jours où nous voulions aller sur les sommités des pics, il nous fallait partir matin, que nous reve¬ nions tard, et que, toutes les plantes étant à ranger pour le lendemain, nous n’eussions pas pu faire une course aussi lon¬ gue ; alors, nous allions autour du lac et isur les pentes, jus¬ qu’aux premières neiges. Nous portions les provisions, c’est- à-dire que M. Roffavier s’en chargeait, pour faire un ou deux déjeuners au bord d’un glacier, ordinairement du pain et du fromage, et, pour le premier, je portais du chocolat. Souvent, dans le milieu du jour, nous reposions une heure et nous nous endormions aussi bien que dans un bon lit. Le soir, de retour à l’hôtel, nous faisions bon feu et un bon souper. Quoique bien las, il fallait faire sécher le papier et changer les plantes déjà récoltées et, comme M. Roffavier en ramassait un plus grand nombre d’échantillons, il était presque toujours n heu¬ res quand il se couchait ; mais je dormais profondément. Voilà la vie active que nous avons menée tout le temps de notre sé¬ jour. Nous n’avons pris que quatre fois de guide et, à notre départ, nous eussions pu en servir. De toutes ces courses, nous avons rapporté environ 3oo espèces de plantes des montagnes. Le bois est rare au mont Cenis, c’est trop élevé pour les arbres ; (i) Cette pensée très délicate a été malheureusement bien mal lue par notre copiste; nous avons essayé de la rétablir, regrettant de ne plus avoir le manuscrit pour la reproduire exactement. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 87 il n’y croît que des arbrisseaux ; le plus commun est le Rhodo¬ dendron, qui fait le plus bel effet. Le bas de la montagne, sur¬ tout du côté de Savoie, est garni de grandes forêts de pins, sapins et surtout de mélèzes ; nous avons parcouru la grande forêt de Lans-le-Bourg pendant deux jours. Pour savoir à quel jour de la semaine et du mois nous étions, M. Roffavier avait établi un calendrier du mois d’août à la cheminée et, tous les soirs, il y écrivait notre herborisation. C’est cette note que je joins ci-après (i). Le io, lendemain de notre arrivée au mont Cenis, j’ai eu la visite de M. Colla ( 2 ), avocat de Turin, qui allait, avec sa fille, chercher sa femme à Aix ; il avait su, par M. Balbis, chez qui je l’avais rencontré, que j’étais au mont Cenis, et il vint nous culture. Nous demandions le nom des différents sites que nous par¬ courions, et surtout des pics. Le plus élevé de tous est Roche- Melon ; nous n’y sommes pas allé ; c’est trop aride et il nous eût fallu deux jours. Il y a, tout à fait à la pointe, une petite chapelle en bois où l’on va dire la messe le jour de Notre-Dame- des-Neiges, qui est, je crois, le 4 ou 5 août ; il y monte, ce jour-là, beaucoup de gens du Piémont. En face de la Poste, de l’autre côté du lac, est le vallon de Pata-Creuse [Pattacrouse], où passe le ruisseau de Riverte [Ri- vers] ; de là, on monte à Fruitière-dessous, Fruitière-dessus, Corne-Rousse [Corna Rossa], et enfin au glacier du lac Blanc ; il y a tout auprès trois petits lacs, qui ne sont pas blancs. Derrière l’hospice est la montagne de Ronche [Ronches, Ronce]. Tout au sommet est le glacier du lac Clair et, sur la gauche, la roche de Gondé. Le Lare [L’Haroz], montagne à la tête du lac, presque tou¬ jours couverte de nuages. (1) Comme elle fait double emploi avec l’énumération des localités et des plantes récoltées jour par jour, nous avons cru devoir la supprimer. (2) Luigi Colla (3o avril 1766, -J- 28 décembre i848), jurisconsulte à Tu¬ rin, sénateur, auteur de nombreuses publications botaniques ; voy. Notice par Parlatore, i85o; Pritzel, 2 e éd., p. 65; Soc. Bot. de Fr., i863, p. 670; i 883 , p. cxvi ; notes de M. Mattirolo, professeur de botanique à l’Université de Turin (lettre de novembre 1912). 88 LES LORTET/ BOTANISTES LYONNAIS Le petit mont Genis est une plaine plus élevée que le grand mont Cenis. Après l’avoir traversée, l’on trouve le bec et la combe d’Ambin ; en descendant le ruisseau, l’on irait à Bra- mand [Bramans], dont la forêt joint celle de Lans-le-Bourg ; sur la gauche est le pic de Chianac [Cugné ?], très élevé. Sur la gauche de la Ramasse est la Coupe-d’Or et, à droite, la montagne nommée Ture [Turra]. Le i 4 , nous avons eu un orage ; c’est le seul ; nous étions tout à fait dans le nuage et nous fûmes mouillés jusqu’aux os ; il nous partait du tonnerre de tous les côtés ; si nous nous étions moins pressé de descendre, nous l’eussions eu sous les pieds. Je voulais être de retour à Lyon avant la fin d’août. En con- séquence, nous retînmes nos places dans la diligence qui pas¬ sait au mont Cenis le 27. Les braves gens de l’hôtel nous firent des adieux comme à d’anciennes connaissances ; je donnai mon chapeau de paille à la servante Martine, jeune fille vive et gaie, qui vint m’embrasser à la voiture ainsi que la maîtresse, et nous disons adieu au lac et aux montagnes qui l’entourent : nous voilà sur la route de France. L’on descend d’abord à Lans-le-Bourg, où passe l’Arc, tor¬ rent impétueux qui va grossir l’Isère ; de là, à Termignon, à Vanoise ou Entraigues, parce qu’il est entre deux torrents qui s’y réunissent ; à Bramand et Modane. Le roi de Savoie fait construire un fort pour défendre le passage ; la construction est bien avancée ; on la nomme fort en choix (?) jusqu’à Saint- Michel. Quoique les villages soient entourés de hautes mon¬ tagnes, l’on ne voit point de goitres ni de crétins ; c’est encore l’air sain des hautes montagnes ; mais à mesure que l’on des¬ cend, la vallée est étroite, plus humide ; aussi, à Saint-Jean- de-Maurienne, la Chapelle et Aiguebelle, c’est la population la plus misérable que l’on puisse voir ; presque tous ont des goitres énormes et tout (P); c’est à se fermer les yeux pour ne pas les voir ; de là, on passe à Maltaverne et à Chambéry. Ce n’est qu’aux environs de cette ville que le sol est très fertile ; jusque- là, la terre est aride et ne doit pas produire pour nourrir les habitants. La diligence est arrivée à Chambéry à 7 heures ; on a spupé, et nous sommes partis à 10 heures pour marcher toute la nuit. 89 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Il était environ minuit quand nous sommes arrivés à la grotte où la route perce la montagne ; le passage est éclairé la nuit par des réverbères ; cela ressemble à une féerie. Au pont de Beauvoisin, même ennui pour les douanes ; nous sommes ar¬ rivés. à 5 heures du matin et n’en sommes repartis qu’à 11 heu¬ res, ce qui est cause que nous ne sommes arrivés à Lyon qu’à 9 heures du soir. De Saint-Laurent-de-Mure, j’ai éprouvé du plaisir à voir Fourvière et Sainte-Foy. J’étais encore seule de femme dans la diligence ; nous avions dans l’intérieur quatre voyageurs de commerce pour divers genres, deux Génois, un Florentin et un Turinois ; ils étaient instruits, parlaient fort bien le français et étaient fort gais ; ils parlaient beaucoup des auteurs italiens et en citaient des passages ; le Florentin, sur¬ tout, disait les vers d’une manière admirable ; quoique je ne les comprisse pas, il y avait tant d’harmonie dans son langage, qu’il me faisait l’effet d’une musique suave. M. Roffavier me dit que, dans toute sa conversation, il avait une pureté de lan¬ gage très rare ; comme il sait fort bien l’italien, leur conversa¬ tion l’amusait beaucoup. Le cabriolet contenait deux Français, aussi voyageurs de commerce, et un Anglais, qih est mécani¬ cien du grand-duc de Toscane. Enfin, il fallait se quitter ; M. Roffavier se chargea de faire porter les paquets chez lui, de m’envoyer les miens le lende¬ main et de venir dîner avec moi. Je compte que nous ne ces¬ serons pas de nous voir à Lyon. * * * [Le manuscrit contient ensuite : i° les Ephémérides du voyage ; 2° la liste alphabétique des plantes récoltées, au nom¬ bre de 281 espèces ; 3 ° l’énumération de ces plantes pour cha¬ cune des localités explorées ; nous ne reproduisons que cette dernière partie.] 3 août, jeudi : partis de Lyon à 7 heures du soir ; 4 août, vendredi : coucher à Chambéry ; 5 août, samedi : coucher à Saint-Michel ; 6 août, dimanche : coucher à Bussolin. 90 LES LORTËT, BOTANISTES LYONNAIS Lundi 7 août : A la montagne de Marbre, près de Bussolin, en Piémont. Achillea nobilis, A. tanacetifolia, A. tomentosa, Andropogon Gryl- lus, Galium sylvaticum, Echinops sphærocephalus, Festuca serotina, Hypericum Goris, Linaria supina, Lonicera alpigena, Nepeta nuda, Polygala chamæbuxus, Scabiosa pyrenaica, Sedum anacampseros. Mardi 8 : Environs de Suze. Anemone hepatica, Asperula taurina, Betonica hirsuta, Bupleu- rum carici folium, Cynosurus echinatus, Euphrasia latifolia, Galium purpureum, Hieracium angustifolium, Lavandula yera, Seseli saxi- fragum, Thalictrum fœtidum, Viola mirabilis. Mercredi 9 : De Suze au mont Cenis. Allium foliosum, Arenaria verna, Astranlia minor, Biscutella saxa- Lilis, Gerastium strictum (?), Chenopodium botryoides, Colchicum al- pinum, Dianthus glacialis, Epilobium origanifolium, Erigeron alpi- num, Gentiana glacialis, Hieracium villosum, Juncus filiformis, Oxy- tropis campestris, Pedicularis rostrata, Polygonum vivipara, Saxi- fraga aspera, S. stellaris, Sedum atratum, Silene rupestris, Salix refusa, Spergula subulata, Sisvmbrium acutangulum, S. palustre. Jeudi 10 : Bords du lac. Alyssum montanum, Arenaria mucronata, Arnica montana, Aspe- rugo procumbens, Aster alpinus, Bupleurum ranunculoides, Gam- panula barbata, C. rhomboidalis, G. thyrsoides, Ghærophyllum..., Carduus defloratus, Gentaurea uniflora, Dianthus sylvestris, Dryas octopetala, Festuca spadicea, Galium læve, G. mucronatum, Helian- themum grandiflorum, Hieracium amplexicaule, H. grandiflorum, Juncus alpinus, Laserpitium hirsutum, Plantago graminea, Scutel- laria alpina, Senecio Doronicum, Sisymbryum tanacetifolium, Tri¬ folium badium. Vendredi ii : Vallon à gauche, allant de la Poste à la Ramasse. Arenaria ciliata, Arnica Bellidiastrum, Bartsia alpina, Carex atrata, C. juncifolia, Gentiana acaulis, G. bavarica, Hieracium aurantiacum, H. aureum, H. prealtum, Juncus trifidus, J. triglumis, Lepidium alpinum, Ligusticum Mutellina, Orchis globosa, O. nigra, Oxytropis montana, Pedicularis incarnata, P. verticillata, Phaca astragalina, 9i LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Phyteuma orbiculare, Pinguicula vulgaris, Primula farinosa, Rhodo- dendrum ferrugineum, Salix arbuscula, S. cæsia, S. hastata, S. reti- culata, S. retusa var. serpylifolia, Saxifraga petræa, Sempervivum arachnoideum, Seseli Carvi fl. roseo, Silene acaulis et var., Trifolium alpinum, Veronica alpina, Y. aphylla, Viola billora. Samedi 12 : En face de la Poste, de Vautre côté du lac ; Pata Creuse. Achillea nana, Alchemilla hybrida, A. alpina, A. pentaphylla, An- drosace chamæjasme, A. var. DG., Anemone vernalis, Arbutus Uva- Ursi, Artemisia glacialis, A. rupestris, Azalea procumbens, Carda- mine alpina, Cherleria sedoides, Cirsium heterophyllum DG., Draba aizoides, D. pyrenaica, Empetrum nigrum, Epilobium Dodonæi Vill., Euphrasia nana, Gentiana nivalis, G. verna, Globularia cordi- folia, Gnaphalium leontopodioides, Helianthenuim œlandicum, Lu- zula lutea, Phaca alpina, P. australis, Phalangium serotinum, Phy¬ teuma pauciflora, Ph. scorzonerifolia, Pinguicula alpina, Saponaria lutea, Saxifraga androsacea, S. aspera var. bryoides, S. oppositifolia, S. pubescens, Soldanella alpina, Solidago minuta, Tussilago alpina, Viola calcarata. Dimanche i 3 : Bord du lac, du côté de l'hospice. Astragalus aristatus, Cirsium alpinum, Herniaria alpina, Ophrys alpina, Phyteuma betonicifolium, Rubus saxatilis, Swertia perennis. Lundi i 4 : Patta Creuse. Arabis alpina, Anemone baldensis, Cardamine resedifolia, Cirsium tricephalodes var. DC., Gnaphalium supinum, Pirola rotundifolia, Rosa rubrifolia, Saxifraga aizoon, S. cæsia, Senecio incanus, Son- chus alpinus, Trifolium cæspitosum. Mardi i 5 : Le tour du lac. Arabis bellidifolia, Achillea macrophylla, Biscutella lævigata, Gen¬ tiana asclepiadea, G. punctata, Hypericum dubium, Plantago alpina, P. montana, Phleum alpinum, Saxifraga rotundifolia, Scirpus cæs- pitosus. Mercredi 16 : Montagne de Ronches, jusqu'au lac Clair et la Combe derrière la Poste. Alyssum alpestre, Arabis cærulea, Arnica scorpioides, Artemisia 92 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS spicata, Athamanta cretensis, Campanula Allionii, G. cenisia, Géras tium latifolium, Galium saxatile, Geum reptans, Hieracium alpinum, Laserpitium simplex, Leontodon montanum, Lepidium rotundifo- lium, Paronychia polygonifolia, Pedicularis rosea, P. tuberosa, Pri- mula Vitaliana, Pyrethrum alpinum, Ranunculus glacialis, Salix her- bacea, Saxifraga planifolia, Yeronica Allionii, V. saxatilis, Viola ce¬ nisia. Jeudi 17 : Déterminations. Vendredi 18 : Corne-Rousse et lac Blanc. Carex fœtida, C. nigra, Cerastium alpinum, G. arvense, Draba nivalis, Lychnis alpina, Myosotis nana, Potentilla frigida, Primula crenata, P. viscosa, Ranunculus rutæfolius, Saxifraga retusa, Sedum repens, Sibbaldia procumbens ; Spergula saginoides, Stellaria ceras- tioides DG., Valeriana celtica, Veronica bellidifolia, Agrostis alpina. Samedi 19 : Entrée de la Combe d’Ambin et bord du lac. Gacalia Petasites, Carex pauciflora, Cerinthe minor, Festuca vio- lacea, Laserpitium latifolium, Imperatoria Ostruthium. Dimanche 20 : Au Petit mont Cenis et Combe d'Ambin. Arenaria laricifolia, Cardamine thalictroides, Cirsium spinosissi- mum, Erigeron Villarsii, Hieracium prenanthoides, Lychnis Flos- Jovis, Nepeta nepetella, Pinus Cembra, Poa alpina, P. montana, Saxifraga cuneifolia, Silene vallesiaca, Veratrum album. Lundi 21 : Pluie. Mardi 22 : Forêt de Lans-le-Bourg. Clematis alpina, Melampyrum sylvaticum, Pirola secunda, Rosa pimpinellifolia, Rumex digynus, Salix arenaria yelutina. Mercredi 23 : Montée de Lans-le-Bourg et montagne à gauche de la Ramaskse. Garlina acaulis, Hieracium montanum, Sisymbryum pinnatifidum, Sedum saxatile. Jeudi 24 : Pata Creuse. Juncus Jaoquini, Luzula sudetica, Phleum Gerardi. 93 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Vendredi 25 : Au lac Clair. Anthyllis Allionii Prod., Avena distichophylla, Garex capillaris, C. ferruginea, Kob resia scirpina, Luzula pauciflora, Poa cenisia, Saxi- fraga biflora, Thlaspi arvense. Samedi 26 : La Ramasse, montagne du Lare [VHaroz]. Campanula pusilla, Brassica Erucastrum, Géranium silvaticum, Saxifraga aizoides. Dimanche 27 : Départ ; coucher à Saint-Michel. Lundi 28 : Souper à Chambéry et parti à 10 heures du soir. Mardi 29 : Arrivée à Lyon, à 9 heures du soir. Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 191a. 9 94 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS ROFFAVIER VOYAGE ET HERBORISATIONS EN SUISSE, EN 1830 (i) Je suis parti de Lyon le 2 août, à 8 heures du soir, par la diligence de Genève, où je suis arrivé, avec Mme Lortet, le len¬ demain 3 , à 4 heures du soir. Mercredi U. — Le matin, j’allais chez M. Rosenberg, qui nous dit qu’il avait reçu une lettre de M. Lortet qui lui annon¬ çait qu’il partait de Zurich. Nous nous résolûmes, avec sa mère, de l’attendre. Nous allâmes, le matin, au Jardin de botanique, où M. Seringe faisait un cours ; lorsqu’il eut fini, il vint nous rejoindre ; nous allâmes ensemble chez M. de Candolle, où nous visitâmes les trèfles et quelques ouvrages de cryptogamie. Jeudi 5 . — Nous continuâmes de visiter les ouvrages de cryp¬ togamie et, le soir, nous nous promenâmes sur les remparts. Vendredi 6 . — Après déjeuner, nous descendîmes à Plain palais ; nous allâmes au confluent du Rhône et de l’Arve, que nous remontâmes jusqu’à un pont en pierre qui conduit à Car- rouge ; là, ne pouvant plus suivre le bord de la rivière qui passe dans des clos particuliers, nous gagnâmes la hauteur et ren¬ trâmes dans la ville par le pont de fil de fer. Samedi 7 . — Voyant que M. Lortet n’arrivait pas, nous nous décidâmes à partir pour Lausanne, et j’arrêtai les places ; nous fîmes visite à Mme Seringe ; nous nous promenâmes dans la ville et, après dîner, en allant voir si le bateau à vapeur était arrivé, nous vîmes M. Lortet qui, avec un cocher particulier, était arrivé avec sa femme et ses enfants ; il vint loger avec nous à la Balance. Dimanche 8 . — J’allais avec Mme Lortet visiter la montagne de Salève ; nous montâmes sur le grand Salève, y herbori- (1) Cette relation contient non seulement le récit du séjour de Roffavier et de Mme Lortet à Genève, mais aussi le compte rendu du voyage botanique fait par Roffavier à Ghamonix et ses environs, qui passaient encore pour faire partie de la Suisse. 95 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS sâmes, descendîmes à la plaine qui est dans le col, nous nous y rafraîchîmes et revînmes à Genève à la tombée de la nuit. Nous soupâmes tous ensemble. Lundi 9 . — La famille Lortet fit ses paquets et partit pour Lyon à 9 h. 1/2 ; je restai seul après leur départ ; j’allais me promener le long du lac, en sortant par la porte de Thonon. Mardi 10 . — Je partis le matin, à 6 h. 1/2, par la diligence, pour Sallanches ; on s’arrête pour dîner à Bonneville. J’arrivai le soir à 6 heures. Mercredi il. — Je partis à 8 heures du matin, avec un An¬ glais, pour Chamounix, par un char de poste (le prix est de i 4 francs) ; on se rafraîchit à Cervos [Servoz] ; nous fûmes rendus au Prieuré à midi 3 / 4 , après avoir pris logement à l’hôtel de l’Union. J’allais me promener jusqu’aux sources de l’Ar- veyron et revins pour l’heure du dîner, à 5 heures. Jeudi 12 . — A 7 heures du matin, après avoir bu le café et m’être muni de quelques provisions, je me dirigeais du côté du mont Brevent. Je montais jusqu’au pied des rochers et là, au lieu de prendre le chemin dit « de la cheminée », je tour¬ nais la montagne sur la gauche et arrivai par là à son sommet, j’y vis des voyageurs qui descendaient le pic et je passai avec eux par la cheminée ; je ne les suivis pas, voulant parcourir quelques rochers pour chercher des plantes, mais la saison était trop avancée ; je rentrai au prieuré à 4 heures. La journée fut sans nuage. Vendredi 13 . — Le temps étant toujours beau, je me décidai à faire la course dont M. Lortet m’avait parlé : celle d’une vallée qui descend à la Pisse-Vache ; mon projet était de descendre à Martigny et, de là, de remonter ladite vallée ; je partis donc à 9 heures du matin et pris la route du col de Balme ; j’her¬ borisai sur la montagne et j’arrivai à l’auberge du col à 5 heu¬ res. Peu après, le ciel se couvrit, l’orage s’en suivit et il fit toute la nuit un vent si impétueux que la maison en était ébranlée ; en soupant, je causai avec l’aubergiste. Je lui parlai de mon projet de voyage ; il me proposa de me servir de guide et de me conduire dans cette vallée, qu’il connaissait, sans descendre à Martigny. J’acceptai son offre et, le lendemain, Samedi lb, nous nous mîmes en route à 7 heures. Il y avait 96 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS du brouillard, mais il se dissipa bientôt. Du col, au lieu de descendre à Trient, mon guide me fit prendre de suite à gau¬ che et je descendis toujours en serpentant jusqu’au chemin de la Tête-Noire, que je traversai près de la grotte ; je redes¬ cendis encore et passai, sur un mauvais pont, le Trient. De là, en remontant au travers des bois et des rochers, par des sen¬ tiers difficiles et tracés sur des rochers à pic, j’arrivai à midi à la Crête, mauvais hameau où l’on ne voit que des gens sau¬ vages, qui fuient à votre approche ; je ne pus y avoir ni vin, ni lait. Je continuai ma route en longeant la montagne, sans monter ni descendre, pendant environ une heure, puis je des¬ cendis jusqu’à l’Eau-Noire (torrent qui se jette dans le Trient). Je la traversai sur un pont et me rendis, à i h. 1/2, à Salvent, village qui est à une heure de distance du col qui conduit à la grande route de Martigny, près de Pisse-Vache. Ce passage est fait en escalier. M. Lortet m’en avait parlé ; je ne me décidai pas à y aller, préférant suivre, en la remontant, la vallée de l’Eau-Noire ; après avoir bu un coup à Salvent, je me dirigeai sur le village des Finioz [les Fins-EIaut] ; près de là, est un pont nommé, comme tant d’autres, « pont du Diable ». Celui-ci est très remarquable par le chemin qui y descend. C’est une espèce d’escalier tournant, de la hauteur d’au moins 100 pieds, qui conduit à un pont en pierre d’une seule arche, sous lequel coule un torrent impétueux. Du pont, il faut beaucoup re¬ monter pour gagner le chemin de la Tête-Noire, que l’on re¬ joint à une demi-lieue avant d’arriver à Vallorsine. J’y arrivai à 7 heures et j’y passai la nuit. Mon guide me quitta et alla du côté de l’Argentière. Dimanche 15 . — Je partis de Vallorsine à 7 heures et suivis la route qui conduit à Chamonix, en m’écartant un peu, tant à droite qu’à gauche ; en entrant dans la vallée qui conduit de Vallorsine à l’Argentière, on voit, du côté droit, une aiguille pointue dite Aiguille de l’Eau ; après, une montagne ronde, le Bérard, et la troisième, l’Aiguille rouge ; j’arrivai à ChamoniA à 2 heures. Lundi 16 . — Le temps était couvert et il pleuvait. A midi, le brouillard se dissipa un peu ; je me mis en route pour cueil¬ lir encore quelques pieds du Trifolium saxatile, qui se trouve 97 LES LORTET, ROTANISTES LYONNAIS le long de l’Arveyron ; je revins à 4 heures à Chamonix ; la pluie était très forte. Mardi 17 . — Le temps était incertain, il pleuvait par inter¬ valles, mais c’était peu de chose ; je me mis en route à io heu¬ res et me dirigeai sur les Ouches pour voir la montagne de Mélèses, qui est au-dessus de ce village et dont j’avais vu le bas en 1827, avec Mme Lortet. Cette montagne est assez riche ; je la parcourus pendant quelques heures et revins à Chamonix à 4 heures. Je fus peu mouillé, malgré qu’il plût de temps à autre, mais cette pluie n’était pas forte. Mercredi 18 . — D’après l’avis de M. Carrier, naturaliste à Chamonix, je suis allé visiter la forêt du « Pèlerin », mais la pluie, qui a duré jusqu’à midi, m’a retenu ; je ne suis sorti qu’à 1 heure. Je suis allé, par le bas de la vallée, jusqu’au gla¬ cier des Bossons et suis monté dans la forêt joignant le tor¬ rent qui forme, à moitié de la montagne, une belle cascade. De là, je suis revenu par le milieu de la forêt jusqu’à l’autre ravin, qui est presque en face du Prieuré, où je suis rentré à 4 h. 1/2. Jeudi 19 . — Je suis parti de Chamonix à 9 heures, dans un char de retour (l’on paie 4 francs la place), et suis arrivé à Sal- lanches à 1 h. 1/2. J’avais avec moi deux compagnons de voyage, avec lesquels j’ai fait connaissance ; nous avons dîné ensemble et avons loué un petit char pour nous conduire à Ge¬ nève, moyennant 10 francs chacun (étrennes comprises) ; nous sommes partis de Sallanches à 4 heures et arrivés à Bonneville à 8 heures, où nous avons couché à « la Couronne ». Vendredi 20 . — Le lendemain, nous en sommes repartis à 6 heures et sommes arrivés à Genève à 9 h. 1/2. Le soir, j’allai voir M. Seringe et lui fis part de la lettre de Mme Lortet. Samedi 21 . — Le matin, je fis un tour de promenade hors de la ville et j’assistai à une leçon du cours particulier de bota¬ nique professé par M. Seringe et fis une visite à M. de Candolle. Dimanche 22 . — Je suis allé voir M. Bosenberg et puis M. Se¬ ringe qui, d’après une lettre de Mme Lortet, se décida à venir à Lyon. Le soir, je me promenai dedans et autour de la ville. Lundi 23 . — À 9 h. 1/2 du matin, je partis, avec M. Seringe, par la diligence de Lyon, où nous arrivâmes le lendemain (mardi 2 U), à midi. 98 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS / HERBORISATION EN SUISSE, 1830 Mercredi ii août : Bords de VArveyron : Trifolium saxatile. Jeudi 12 : Mont Brevent. Silene rupestris, Sibbaldia procumbens, Gentiana campèstris fl. albo, Alchemilla pentaphylla, Sempervivum montanum, Arenaria laricifolia, Poa elegans (?), Avena versicolor, Epilobium alpinum, Eu- phrasia minima, Potentilla Halleri (Prodr.), Melamipyrum sylvati- cum. Vendredi i3 : Au col de Balme. Gentiana purpurea, Allium Schœnoprasum 6 alpinum. Samedi i 4 : En descendant du col de Balme à la Tête-Noire. Carex nigra. Dimanche i 5 : De Vallorsine à Chamonix. Hordeum vulgare, Bupleurum stellatum, Melampyrum pratense, Rosa villosa, Gentaurea phrygia, Lycopodium alpinum, Hieracium sylvaticum. Lundi 16 : Bords de VArveyron. Gerastium strictum var. a, suffruticosum. Mardi 17 : Forêt au-dessus des Ouches. Lycopodium helveticum, Pyrola uniflora en fruit, Campanula ro- tundi folia var. Mercredi 18 : Forêt à gauche du glacier des Bossons , dite du Pèlerin. Melampyrum sylvaticum (forme haute?), Hieracium prenanthoi- des, Scabiosa sylvatica, Galium rotundifolium, Phyteuma betonicæ- folia. LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS 99 MICHELET HISTOIRE DE MADAME LORTET (Extrait de Michelet. Lu Femme , Paris, 1860; Livre III, § V.-) Tout le monde connaît à Lyon mon bon et savant ami le docteur Lortet, le plus riche cœur de la terre pour l’énergie dans le bien. Sa mère, au fond, en est cause. Tel il est, tel elle le fit. Cette dame est restée en légende pour la science et la charité. Le père de Mme Lortet, Richard, ouvrier de Lyon, grena¬ dier, et qui ne fut rien autre chose, s’avisa, au régiment, d’ap¬ prendre les mathématiques, et bientôt en donna des leçons à ses officiers et à tous. Rentré à Lyon et marié, il donna à sa fille cette éducation. Elle commença justement, comme les bambins de Frœbel, par une étude qui charme les enfants, la géométrie (l’arithmétique, au contraire, les fatigue extrême¬ ment). Femme d’un industriel, vivant en plein monde ouvrier, dans les convulsions de Lyon, elle se hasarda pour tous, sau¬ vant tantôt des royalistes et tantôt des jacobins, forçant intré¬ pidement la porte des autorités et leur arrachant des grâces. On sait l’épuisement terrible qui suivit ces agitations. Vers 1800, il semblait que Je monde défaillît. Senancour écrivit son livre désespéré de VAmour, et Grainville le Dernier Homme. Mme Lortet elle-même, quel que fût son grand courage, sur tant de ruines, faiblit. Une maladie nerveuse la prit, qui sem¬ blait incurable. Elle avait trente ans. Le très habile Gilibert, qu’elle consulta, lui dit : « Vous n’avez rien du tout. Demain, avec votre enfant, vous irez, aux portes de Lyon, me cueillir telle et telle plante. Rien de plus. » Elle ne pouvait pas marcher, le fît à grand peine. Le surlendemain, autres plantes qu’il l’en¬ voya cueillir à un quart de lieue. Chaque jour il augmentait. 100 LES LORTET, BOTANISTES LYONNAIS Avant un an, la malade devenue botaniste, avec son garçon de douze ans, faisait ses huit lieues par jour. Elle apprit le latin pour lire les botanistes et pour enseigner son fils. Pour lui encore, elle suivait des cours de chimie, d’as¬ tronomie et de physique. Elle le prépara ainsi aux études médicales, l’envoya étudier à Paris et en Allemagne. Elle en fut bien récompensée. D’un même cœur, le fils et la mère, à toutes les batailles de Lyon, pansèrent, cachèrent et sauvèrent des blessés de tous les partis. Elle fut en tout associée à la générosité avantureuse du jeune docteur. Si elle eût vécu avec lui, dans un grand centre médical, elle aurait étendu de ce côté ses études, elle les aurait moins circonscrites dans la botanique. Elle fut l’herboriste des pauvres. Elle en aurait été le médecin. BIBLIOGRAPHIE 101 BIBLIOGRAPHIE i° Clémence Lortet. Gilibert. Le Calendrier de Flore, 1809, p. vi, vu. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, C. B ., 1809, p. 32 . Société d’Agriculture de Lyon, C. R., 1809, p. 46 . Balbis. Flore lyonnaise, 1827, t. I, préf., p. xii ; p. 64 , x 1 3 , 122 , t8o, 197, 2i5, 45o, 45i, 594, 697, 848 . Grognier. Société d'Agriculture de Lyon, C. B., 1828-1831, p. r 36 . Id. Notice de Balbis dans Arch. histor. du Rhône, i83i, t. XIV, p. i 35 , 1 [\ 2 , i 43 . Roffavier. Supplément à la Flore de Balbis, i 835 , p. 35 . Id. Notice de Mme Lortet dans Soc. Linnéenne de Lyon, i 836 . Société Linnéenne de Lyon, i 836 , t. I, p. 27. Chirat. Etude des fleurs (i re édit.), i 84 i, t. II, p. 58 i. Seringe. Flore des Jardins, 1847, t. II, p. 147 (note). Cariot. Etude des fleurs, 2 e édit., t. II, i 854 , p. 283 ; 3 e édit., t86o, p. 365 , etc. Boreau. Flore du Centre, 2 e édit., 1857, t. II, p. 4 oi. Michelet. La Femme, 1860 : Livre III, S V. Magnin. Session de la Société Botanique de France, à Lyon, en 1876, dans Bull. Soc. Bot. Fr., t. XXIII, p. cxcvm. Dériard. Biogr. lyonn., 1890, p. 3 i 4 - Vingtrinier. Mme Lortet botaniste, 1896. Rouy. Flore de France, 1905, t. IX, p. 359. Magnin. Prodrome des Botanistes lyonnais, 1906, p. 75, n° i 36 (Soc. Bot. de Lyon, 1907, t. XXXII, p. 2) ; Add., 1907, t. XXXII, p. io 3 - i 4 i. Autres sources. Papiers, manuscrits, renseignements inédits commu¬ niqués par le D r L. Lortet ; —t- Notes prises dans l’Herbier de la Société Linnéenne de Lyon, et communications diverses de M. H. Du val. 2 0 D r Pierre Lortet. Procès-verbaux et mémoires de la Société d’Agriculture et de l’Aca¬ démie de Lyon, de i 843 à 1860. 102 LES LORTET BOTANISTES LYONNAIS Michelet. Ouvrage cité plus haut. Fournet. Notice sur P. Lortet, dans Courrier de Lyon du 2 avril 1868. [Mme Hénon]. Notice sur M. Hénon , 1874, p. 17. Vapereau. Dictionn. des Contemporains, édit. 1 à 4 - [Ixe] dans Courrier de Lyon du 22 février 1881. Vingtrinier. Mme Lortet botaniste, 1896, p. 17. Dériard. Biogr. lyonn., 1890, p. 3 i 5 . Leistenschneider (Chanoine A.). Un petit séminaire du diocèse de Lyon. UArgentière, 1905, p. 201. Magnin. Prodr. des Bot. lyonnais, 1906, n° i 5 o, p. 83 (Soc. Bot. Lyon, 1907, t. XXXII, p. 11) et Add. Westphal. Lettres inédites d’Edgar Quinet [1907]. Paris, Stock, p. xv-xxxv (notice sur le D r P. Lortet). Notre notice était rédigée quand l’ouvrage de M. Westphal nous est parvenu ; nous n’avons donc pas pu l’utiliser comme nous l’eussions désiré. Autres sources. Notice biographique manuscrite communiquée par le D r L. Lortet ; — Collection des opuscules et tirés à part reliés en 1 vol. in- 4 ° (Bibliothèque L. Lortet) ; plusieurs de ces opuscules, sans indication d’origine, ont été mentionnés dans notre notice d’après cette collection ; communications diverses de M. CL Roux. 3° D r Louis Lortet. Vapereau. Dictionn. des Contemporains, 5 e édit., 1880 et suiv. Magnin. Bull. Soc. Botan. de France, 1876, t. XXITT, session de Lyon, p. LXXXII, CLXXXVII. Td. Soc. Botan. de Lyon, 23 janvier 1894, p. i 4 , 4 ^, 79. Id. Prodr. d’une Hist. des Botan. lyonnais, 1911, add., 2 e série, p. 21 et 36 , n° 278 (Soc. Botan. Lyon., 1910, t. XXXV). Discours prononcés à ses funérailles par MM. Joubin, Bull. Soc. Amis de l’Univ., mars 1910, p. 96 ; — Guiart, Id., p. 98 ; — Caillemer, Id., p. io 4 ; — Lacassagne, Id., p. 107 ; — Gaillard, Id., p. 107. Notices de MM. Leclerc, Lyon Médical, n° 3 , janvier 1910 ; —- Cher- vin, L’Homme préhistorique, février 1910 ; — A. Benoist, Revue alpine, février 1910, p. 44 ; — Jarricot, Soc. des Sc. natur. de Tarare, mai 1910 ; — Caillemer, C. R. Acad, des sciences de Lyon, 1910 ; — Cl. Gaillard, Arch. du Mus. d’Hist. nat. de Lyon, t. XT, I 9 I2 ‘ BIBLIOGRAPHIE 103 4 ° Roffavier. Balbis. Flore lyonnaise, 1827, préf. p. xii ; I, p. 45 1, 853 ; II, p. 3 ii. Revue du Lyonnais, 1 834 , II, p. 276. Supplément à la Flore lyonnaise, i 835 . Société Linnéenne de Lyon, j 836 , t. I, p. 27 ; 1 845 , t. III. Cariot. Etude des fleurs, 1860, 3 e édit., t. II, p. 371 et édit. suiv. ; i 865 , 4 e édit., t. II, p. 677. Rouy. Flore de France, 1905, t. IX, p. 3 go. Magnin. Notice sur Therry (Soc. Botan. Lyon, 1906, t. XXXI, p. 107). Id. Prodr. des Botan. lyonnais, 1906, p. 79, n° i 4 o (Soc. Botan. Lyon., 1907, t. XXXII, p. 7). Autres sources. Notice manuscrite par le D r L. Lortel ; notes de son herbier ; communications de M. H. Duval. Iconographie Portraits : Cf. Audin. Bibl. iconogr. lyonn., t. I, 1909. Clémence Lortet. Lithographie de la notice de Roffavier dans Ann. de la Soc. Linn. de Lyon, I, i 836 ; Bull, de la Segusia, 1908, fasc. 6, p. 23 . Pierre Lortet. Photographie de PAlbum de Y Académie de Lyon reproduite dans Westphal, Lettres inédites d'Edgar Quinet [1907]. Mme P. Lortet. Cabinet des estampes de la Biblioth. Nation. (Cf. Audin). Leberecht Lortet. Lyon-Salon, 1901, fasc. 3 i 5 . Louis Lortet. Journaux de Lyon, fin décembre 1909 ; Notices Jar- ricot 1910, Gaillard 1912, etc. (Voy. plus haut.) Roffavier. Portrait chez M. Dumenge, à Saint-Genis-Laval. Bustes. Clémence Lortet. Médaillon en plâtre à la Faculté de médecine de Lyon. Pierre Lortet. Buste par Pagny, au Palais des Arts (1881). Les portraits de Clémence, Pierre et Louis Lortet, ainsi que celui de Roffavier, ont été reproduits d’après les clichés pris par MM. Per- rigot et L. Guillin, préparateurs de physique aux Facultés des Sciences de Lyon et de Besançon. TABLES ALPHABETIQUES 1° Table des matières moins les noms propres et les noms de plantes. Académie des Sciences de Lyon, p. 52 , 53 ; — de Paris, 62; Aix-les- Bains, 38 , 46 ; Argentière (glacier de P), 96; — (Séminaire de P), 34, 3 p, 44 , 45 , 54 ; Arveyron, .96, 97, 98; Autographes de Clémentine L., 48 ; — Pierre L., 57; — Louis L., 65 ; — Roffavier, 72; Auvergne, 38 . Bactéries, 64 ; Balme (col de), 46 , 67, 95, 98; Balmes viennoises, 78; Barol- lière (la), 76; Beaunant, 74; Bibliographie, ioi-io3 ; Bossons (les), 98; Boussière, 76; Brévent (le), 46 , 67, 95, 98; Brignais, 75; Brotteaux (les), 78; Bugey, 37; Bussolin, 81, 90; Bustes, 108. Cadière (la), 34 , 46 , 54 , 58 ; Calendrier de Flore, 33 , 34 ; Caluire, 77; Carette (la), 34 , 77; Cenis (Mont), voy. Mont Cenis ; Censeur (le), 53 , 54 ; Chamounix, 46 , 67, g 4 , 96; Champagneux, 78; Chaponost, 75; Charbonnières, 75; Chartreux (les), 73 ; Chirats, 80; Col de Balme, 46 , 67, g 5 , 98; Combe d’Ambin, 92; Commission hydrométrique, 54 ; Corne-Rousse, 87, 92; Courrier de Lyon (le), 5 i, 55 ; Couzon, 76; Cra- ponne, 74, 75 . Darmstadt, 3 i, 38 , 49; Dédicaces à Clémence L., 4 o, 4 i, 42; — à Louis L., 61 ; — à Roffavier, 71 ; Duchère (la), 75. Echets (les), 77; Ecully, 75; Embryon des Corydales, 4 o ; Etroits (les), 74 ; Etude des fleurs, 34 , 44 , 59, 71. Fécondation des Marchandées, 62; Ferrandière (la), 78; Flore lyonnaise, 39, 67; — Supplément, 68; Fontaines, 76; Forêt-Noire, 38 , 67; Fran- cheville, 74; Fréta (la), 76. Garon (le), 75; Généalogie des Lortet, 3 i ; Genève, 38 , 46 , 67, 94, 97; Glé- nans (Iles), 58 ; Grande-Chartreuse, 37, 49 ; Grand-Colombier, 37, 67; Gorge-de-Loup, 75; Granité, 80; Grézieux, 78, 79; Guillotière (la), 78. TABLES ALPHABÉTIQUES 105 Heidelberg, 38 , 53 ; Herbiers de l’Argentière, 3 g, 54 ; — de Clémence L., 39 ; — de Louis L., 63 ; — de Roffavier, 66 ; — de la Société Linnéenne, 89; Herborisations de Clémence L., 35 ; — de Louis L., 58 , 59; — de Roffavier, 67 ; Hérédité, 3 o, 56 . Iconographie, io 3 ; Indépendant ( 1 ’), 54 ; Irigny, 74. Lac du Mont-Cenis, 87, 90; Limonest, 76; Localités nouvelles dues à Clé¬ mence L., 44 ; — à Louis L., 5 g; — à Roffavier, 70; Loup (étang du), 75. Monstruosités, 59, 62; Mont Cenis, 37, 39, 67, 81; Mont Cindre, 76; Mont- luel, 77; Montoux, 76; Montribloud, 76; Mouche ( 1 ), 74; Mula- tière (la), 74. Neuville, 76 ; Normandie, 38 . Oberland, 67; Oisans, 37; Ouches (les), 97, 98; Oullins, 74. Pape (la), 77; Paris, 37; Part-Dieu (la), 73; Patta-Creuse, 87, 91, 92; Pèle¬ rin (Forêt du), 97, 98; Perrache, 74; Pierre-Bénite, 74; Pierre-Scize, 73 ; Pilât (Mont), 37, 49, 79; Pilata (Maison), 32 ; Plantes d’Europe (Histoire des), 35 ; Plantes nouvelles dues à Clémence L., 44 ; — à Louis L., 61; — à Roffavier, 69; Pollionay, 78; Pont-d’Alaï, 75; Pont Morand, 73, 78; Portraits (en regard du titre); Précurseur (le), 54 ; Promenades botaniques (les), 35 , 73; Provence, 38 . Ramasse (la), 88, 90, 93; Reboisement, 5 i ; Revue du Lyonnais, 53 ; Rhône (Bords, îles du), 73, 77, 78; Rochecardon, 76; Ronches, 87, 91; Roye (Ile de), 77. Sain-Bel, 78 ; Saint-Bonnet-le-Froid, 78, 79 ; Saint-Clair, 77 ; Sainte-Croix, 77; Saint-Fons, 78; Saint-Fortunat, 76; Saint-Just, 73, 74; Saint- Romain, 76; Saint-Symphorien-d’Ozon, 78; Salève, 38 , 46 , 67, 94; Salvan, 46 ; Sérézin, 78; Serin, 73, 76; Session de Lyon (Soc. bot. de France), 60 ; Société d’Agriculture de Lyon, 52 ; — Botanique de France, 5 g; — de Lyon, 60; — Linnéenne de Lyon, 37, 43 , 67; — de Paris, 43 ; — Philosophique Pilata, 32 ; — Protectrice des animaux, 54 ; Sœur Vially (vallon de), 77; Souzy, 44 , 45 , 5 o ; Supplément à la Flore lyonnaise, 68; Suze, 83 , 90. Tables alphabétiques, io 4 ; — analytiques, 108; Tapis (les), 73; Tassin, 75; Tête-d’Or (la), 73; Tête-Noire, 96, 98; Thèses de Louis L., 60; — de Pierre L., 49; Thil, 77; Trient, 95. Vaise, 76; Vallorsine, 46 , 67, 96, 98; Vassieux, 77; Vaux, 78; Vernai- son, 74; Vibrioniens, 64 ; Villeurbanne, 78; Viticulture, 52 ; Voirons (les), 58 . Yvour, 74; Yzeron, 74. 106 TABLES ALPHABÉTIQUES 2° Table des noms propres. Ampère, 54 ; Anthelme, 68 ; Audin, 45 , io 3 ; Aunier, 37, 43 , 68 . Balbis, 37, 81; Benoit, 68; Bertolus, 62; Bischoff, 38 ; Blanc de Saint- Bonnet, 80; Boissieu (de), 29; Bonpland (de), 37, 46 ; Boreau, 42; Bouiller, 53 ; Boullu, 71; Bravais, 29; Brongniart, 62; Bronn, 38 . Candolle (de), 46 , 94, 97 ; Cap, 43 ; Cariot, 42, 5 g, 71; Carrier, 97; Cham- pagneux, 43 , 70; Chantre, 64 ; Charnier, 68; Chirat (Caroline), 37, 44 , 45 , 5 o ; Chirat (Abbé Ludovic), 34 , 44 ; Colla, 87. Dejean, 37; Dériard, 43 , 73 ; Dierbach, 38 ; Duby, 70; Dumenge, 71; Duval (H.), 52 . Faivre, 62; Faisan, 5 g; Foudras, 43 ; Fournet, 5 i, 55 , 62. Gaillard, 61, 64 ; Gérard, 47; Gilibert, 33 , 99; Gondret, 3 i ; Grognier, 43 ; Guillin, io 3 . Hénon, 29, 3 o, 58 ; Hess, 38 . Jambon, 74; Jordan, 61; Joséphine (Impératrice), 46 ; Jourdan, 55 , 62; Jussieu (de), 29, 3 o, 37, 39, 4 o, 46 . Klebs, 38 . Lacène, 74 ; Latil de Thimécourt, 67; Leistenschneider, 45 ; Lortetj 29, 3 o ; Clémence L., 3 i, 32, 70, 94, 97, 99; Clémentine L., 3 i, 5 o, 56; Jean- Pierre L., 81; Leberecht L., 56; Louis L., 3 o, 3 i, 58; Pierre L., 3 o, 3 i, 32 , 43 , 49, 99. Magnin, 63 , 64 ; Massas (A. de), 4 i, 42; Mattirolo, 87; Méhu, 34 ; Miche¬ let, 33 , 99; Montagne, 68, 70; Müller (Nettschen), 3 i, 49. Oberkampf (M me ), 3 i. Pagès, 43 ; Perrigot, io 3 ; Poivre, 76. Quinet (Edg.), 53 . Richard (bot. Paris), 46 ; Richard Clémence, 3 i ; Richard Pierre, 3 i, 32 , 99; Rigottier (M me ), 3 i ; Ritter, 5 i, 53 ; Roffavier, 3 i, 36 , 37, 43 , 46 , 58 , 66; Rollet, 68; Rosenberg, g 4 , 97; Rousseau (J.-J.), 76; Rous- set, 5 o ; Rouy, 43 , 71; Roux (Claud.), 52 , 71; Roux (Niz.), 42. Saporta (de), 59, 65 ; Schenck, 38 ; Schimper, 5 g; Schnittspahn, 38 ; Se- ringe, 45 , 46 , 67, 68, 94, 97 ; Sionest, 68; Sudre, 42, 71. Tabareau, 54 ; Therry, 70; Thouin, 37, 46 ; Timeroy, 68; Tisseur, 45 ; Tremezaygues, 53 . Vaivolet, 77; Vingtrinier, 32 , 55 ; Vitet, 74. Westphal, 49 , 102. TABLES^ALPHABÉTIQUES 107 3 u Table des noms de plantes. Acer monspessulanum, 69; Allium intermedium, 69; Anona Lorteti, 61; Arenaria mucronata, 44 ; Arum sp., 70. Barbarea præcox, 70; Bromus pratensis, 69. Calamagrostis sp., 69; Centaurea aspera, 69; C. maculosa, 69; Gerastium aquaticum, 69; Chara sp., 44 , 60; Cirsium pratense, 70; Corydalis solida, 39, 4 o ; Cycadites Lorteti, 61. Drosera anglica, 70. Elatine sp., 44 ; Epilobium sp., 69, 70; Equisetum ramosum, 68; Erica multiflora, 5 q, 62; Erigeron graveolens, 69; Erucastrum sp., 70; Ervurn Ervilia, 44 ; Erysimum perfoliatum, 44 - Fumaria bulbosa, 4 o ; F. parviflora, 77. Helianthemum sp., 69, 70; Hieracium Lortetiæ, 4 o, 4 i, 44 ; H. Roffavieri, 71 ; H. succisæfolium, 44 , 68. Iberis amara, 70; I. umbellata, 70; Iris Lorteti, 61. Juncus tenageia, 69. Lathyrus palustris, 69; Lorteti (Anona, Cycadites, Iris, Tulipa), 61; Lor- tetia, 4 o ; Lortetiæ (Hieracium), 4 o, 4 i, 42, 44 ; Lotus diffusus, 44 ; Luzula Forsteri, 70; L. multiflora, 69. Malaxis Lœselii, 70; Marchantiées, 62; Medicago apiculata, 44 ; Microbes, 63 , 64 . Narcissus reflexus, 58 . Orchis monorchis, 44 ; O. odoratissima, 69. Peziza limosa, 68; Phascum sp., 69; Pistacia Terebinthus, 70; Plantago minima, 44 ; Plantes nouvelles dues à Clémence L., 44 ; — à Louis L., 61 ; —-à Roffavier, 69 ; Polypodium Dryopteris, 70 ; P. Thelypteris, 70 ; Polypogon monspeliense, 69; Potamogeton sp., 60, 69; Pressia com- mutata, 60, 62. Ranunculus peltatus, 59; Rhamnus saxatilis, 70; Rhynchospora alba, 69; Riccia bifurca, 69; Roffavieri (Hieracium, Rosa), 71 ; Rosa Roffavieri, 71. Sagina apetala, 69; Scirpus pauciflorus, 69; Sc. triqueter, 69; Soldanella alpina, 5 i ; Sonchus Plumieri, 69; Stellaria aquatica, 70; Symphytum luberosum, 69. Trifolium Lagopus, 68 ; T. Savianum, 59, 62; T. saxatile, 96, 98; Triticum glaucum, 5 i ; Tulipa Lorteti, 61. Valerianella sp., 70; Veratrum album, 69; Veronica montana, 44 ; Vibrio- niens, 64 ; Vicia hybrida, 58 , 59; V. Orobus, 69. Weisia curvirostra, 69. TABLE ANALYTIQUE Frontispice : Portraits de Clémence, Pierre et Louis Lortet, de G. Rof- favier. Introduction : Les familles de botanistes à Lyon.29 Tableau généalogique de la famille Lortet ... ..... 3 i Chapitre premier. — Clémence Lortet (1772-1835). 32 Collaboration à l’enseignement de Gilibert. 33 Le Calendrier de Flore . 34 Herborisations aux environs de Lyon : les Promenades bota¬ niques . 35 Autres herborisations (Pilât, Bugev, Alpes, Allemagne, etc.), particulièrement au mont Cenis (1826).37 Herbiers : recherches diverses de botanique, l’embryon mono- cotylédone des Corydales . . >.39 Dédicaces : le genre Lortetia (Seringe), YHieracium Lortetiæ (Balbis) avec 1 planche. 4 ° Fondation de la Société Linnéenne; collaboration à la Flore Lyon¬ naise de Balbis; plantes et localités nouvelles. 43 Ses élèves, Caroline Chirat et l’abbé Lud. Chirat . 44 Son rôle dans la nomination de Seringe à la direction du Jardin des Plantes de Lyon. 4 ^ Résumé des services rendus à la botanique lyonnaise.46 Autographe.48 Chapitre II. — Le Dr Pierre Lqrtet (1792-1868). 49 Ses explorations et publications géologiques et géographiques . 5 o Ses recherches botaniques et agronomiques. 5 i Ses publications littéraires. 52 Création delà Faculté des Sciences et autres services rendus aux institutions scientifiques de Lyon. 53 Son rôle politique et social, sa philanthropie.54 HH table analytique 109 Leberecht Lortet. 56 Clémentine Lortet. 56 L'Hérédité dans la famille Lortet.56 Autographe du D r P. Lortet.57 Chapitre III. —Le D 1 ’ Louis Lortet (1836-1909). 58 Ses recherches botaniques, notamment dans le Lyonnais ... 58 Sa collaboration à la Soc. Botan , de France , à la Flore de Cariot, à la Session de Lyon (1876).5q Plantes dédiées : Iris , Tulipa , Anona, Cycadites Lorteti ; autres dédicaces.61 Analyse de ses publications botaniques, particulièrement de ses Recherches sur la fécondation des Marchanlia .62 Autres recherches scientifiques.63 Autographe.65 Chapitre IV. — G. Roffavier (1775-1866).66 Recherches et collections botaniques.66 Herborisations.67 Intérim à la Direction du Jardin des Plantes.67 Collaboration à la Flore lyonnaise de Balbis.67 Son Supplément à cette Flore : plantes et localités nouvelles. . 68 Dédicaces : Hieracium Roffavieri (Jord.), Rosa Roffavieri (Chab.).71 Autographe.72 Appendice. 73 Clémence Lortet. — I. Promenades botaniques aux environs de Lyon (Résumé).73 Id. — IL Promenade à Saint-Bonnet-le-Froid.79 Id. — III. Voyage au mont Genis, en août 1826.81 Roffavier. — Voyage et herborisation en Suisse, en i83o. . . 94 Michelet. — Histoire de M me Lortet.99 Bibliographie, sources diverses et collaborateurs.101 CONO GRAPHIE...io3 Tables alphabétiques.104 Table analytique.108 Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. 10 EXCURSION BOTANIQUE AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER PAR M. ABRIAL Tous les ans, en été, MM. Beney, Viviand-Morel et quelques botanistes et horticulteurs ont coutume d’entreprendre une grande excursion botanique dans les Alpes. C’est donc avec empressement et plaisir — comme d’ailleurs en 1911 — que je me rendis à leur aimable invitation et me joignis à leur groupe, qui compta ainsi MM. Beney père, Beney Benoît, Viviand-Morel et moi. L’été particulièrement frais et humide de 1912 avait incité nos amis à modifier leur itinéraire habituel et à abandonner l’excursion classique des grandes Alpes. Les nouvelles reçues de ces régions étaient, en effet, décou¬ rageantes, la pluie et le froid sévissaient de manière constante. Ils pensèrent donc avec juste raison que le temps nous serait plus favorable dans les montagnes méridionales moins élevées et plus chaudes, et jetèrent leur dévolu sur les Alpines. Les Alpines ou Alpilles sont constituées par une chaîne de petites montagnes calcaires, qui s’étend entre le Rhône et la Durance, au nord de la Grau. Elles furent le témoin de l’activité orogénique qui se manifesta dans cette région au début des temps tertiaires, et, plus anciennes que les Alpes, représentent le prolongement provençal de la chaîne pyrénéenne. Toutes dorées et roussies par le soleil, parfumées de lavande, de marjolaine et de farigoule (thym), caressées par le grand et impétueux mistral, ce ne sont pas de terribles montagnes, % mais des « montagnettes » plutôt (comme on dirait là-bas), HZ EXCURSION BOTANIQUE puisqu’elles n’ont guère que 2 à 3 oo mètres d’altitude et que leurs plus hauts sommets ne dépassent pas 492 mètres. Cette chaîne curieuse et fantastique, escarpée, dénudée, démantelée, hérissée de blocs bizarement découpés en dents, en pointes, en tours, plus ou moins ravinés par les torrents et désagrégés par les pluies, est assez peu connue des botanistes. Ceux qui ont fait des excursions dans cette montagne sont peu nom¬ breux, et ceux-là même n’ont fait que de la traverser du nord au midi. En consultant les Annales de la Société Botanique de Lyon , nous trouvons le compte rendu de deux excursions dans les Alpines. La première excursion a été faite, le 17 mai 1880, par MM. le D r Perroud, le D r Saint-Lager et son fils Emile Saint- Lager. Les excursionnistes, partis de Saint-Rémy, traversèrent la montagne du nord au sud en passant par les Baux. La liste des plantes récoltées dans cette excursion est très incomplète ; quelques-unes, très communes, manquent, comme Daphné Gnidium, Lavandula Spica , cette dernière étant, avec le Thym commun, le fond même de la végétation, tandis que nous y voyons figurer le Lavandula vera, que nous n’y avons pas ren¬ contré. Cette espèce, du reste, se trouve dans les montagnes plus élevées et remonte même jusqu’à Lyon (à Couzon, Mont- d’Or lyonnais). La seconde a été faite, quelques années plus tard, le 16 mai 1891, par MM. Roux et Lardière. Dans le compte rendu de leur excursion, on ne trouve pas de liste de plantes, ils renvoient le lecteur à celle de M. le D r Perroud. Dans les Flores de France que nous avons consultées, nous n’avons pas trouvé de renseignements précis sur les localités. Les Alpines font partie de la Provence, les plantes qui y pous¬ sent sont indiquées par la mention : Provence. Cependant, dans la Flore Française de Grenier et Godron, nous trouvons des localités précises pour certaines plantes. Beaucoup sont indi¬ quées à Arles ou à Avignon, mais aucune ne porte la mention : les Alpines ou les Baux. Dans le Catalogue des plantes des Bouches-du-Rhône , par Castagne, sur lequel les stations sont assez bien indiquées, nous trouvons seulement une dizaine d’espèces portant la mention : Alpines, et une seule : les Baux. AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 113 Il est dit dans la préface de ce catalogue : « Assurément, tous les points du département que nous avons cités peuvent encore offrir des découvertes à faire ; mais il est des parties où les explorations ont à peu près fait complètement défaut ; il en est d’autres qui n’ont été visitées, pour ainsi dire, qu’à la dérobée ; c’est dans celles-ci qu’il y a surtout espoir de faire de nouvelles trouvailles : toute la Camargue et ses nombreux étangs, les bords du canal de Fos à Arles, les diverses oasis de la Crau, les marais des Baux, la chaîne des Alpines et toute la région Nord de celle-ci, les bords de la Durance et surtout les collines qui les dominent. » Comme on le voit, cette montagne n’a jamais été explorée dans toute son étendue ni fouillée dans ses replis, pour recher¬ cher les richesses botaniques qui garnissent ses flancs, ses rochers et leurs fissures. Il serait donc intéressant de faire plusieurs excursions en tous sens et à plusieurs époques pour dresser le catalogue botanique de cette chaîne. Dans notre excursion projetée, nous explorerons et récolte¬ rons les mêmes plantes que nos prédécesseurs, sauf cependant des espèces plus tardives, abondantes en été et manquantes au printemps. Par contre, nous ne trouverons pas une seule plante printanière. M. Beney connaît bien ce joli coin de Provence tant chanté par Mistral. Il s’y rend chaque année. C’est lui qui a bien voulu tracer notre itinéraire. Nul autre n’était plus qualifié que lui pour le faire. Il s’en est tiré à merveille, et nous ne pourrons que l’en remercier et lui en exprimer toute notre gratitude. Voici notre programme dans ses grandes lignes : Visite de la ville et des jardins d’Avignon. Visite de la ville de Saint-Rémy, de ses monuments, des Baux. Visite d’Arles et de ses ruines romaines, et, pour terminer, excursions aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Nous partons de Lyon le mardi 20 août, à 8 heures du matin. Une pluie fine tombe, le temps est gris. Mais, à mesure que nous descendons vers le Midi, le soleil reparaît, caché parfois derrière de gros nuages. 114 EXCURSION BOTANIQUE Accalmie de peu de durée, car, à quelques kilomètres d’Avi¬ gnon, le tonnerre gronde et roule, les éclairs flamboient et l’eau tombe avec tant de violence qu’elle envahit les wagons. Tout cela se calme à notre arrivée à n h. 1/2 pour recom¬ mencer en un orage très violent quelques instants à peine après notre arrivée à l’hôtel. Les rues sont transformées en torrents, et tout cela, ne laisse pas que d’être très inquiétant et pourrait bien compromettre notre visite de la ville et des jardins. Mais, décidément, le soleil est avec nous ; il réapparaît dans le ciel, d’où il chasse définitivement les nuages et qu’il embel¬ lira pendant toute notre excursion. Nous nous dirigeons, de suite après le déjeuner, vers le Ch⬠teau des Papes et le jardin des Doms. Le rocher des Doms, sur lequel s’élevait la ville primitive, se termine à pic sur le Rhône au nord et sur la ville à l’est. Le plateau du sommet est arrangé en un parc admirable. On y jouit d’un des plus beaux panoramas du Midi de la France : à nos pieds, le Rhône, l’île de la Rartelasse, les ruines du pont fameux « où tout le monde danse », dit pont de Saint-Renezet, qui date de 1177. Au loin, la haute muraille du mont Ventoux barre l’horizon. En contrebas du rocher, est un parterre à la française auquel on a eu l’heureuse idée de conserver tout son caractère. Les plantes qui le composent sont en nombre réduit, et notre ami, M. Yiviand-Morel, veut bien nous les nommer : Buxus sem- pervirens , var. suffruticosa en est le squelette. Stachys lanata, Salvia officinalis, Sedum spectabile Roreau,en forment le fond. Sur les rochers de ce jardin, nous admirons un très gros exemplaire de Rosa Camélia, accompagné d’un certain nombre d’espèces de plantes sauvages. Le parc des Doms est riche en arbres et arbustes dont beau¬ coup ne supportent pas les hivers du Nord. Nous notons : Pinus halepensis Mill. Quercus llex L. Photinia glabra Decne. Phillyrea intermedia L. Celtis australis L. Pinus Pinea L. Ficus carica L. Abies Pinsapo Boiss, AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET I Ailantus glandulosa Desf. Amygdalus commuais L. Punica granatum L. Magnolia grandiflora L. Platanus orientalis L. Tamarix gallica L. Cedrus Libani Barr. Taxus baccata L. Arbutus Unedo L. Eriobotrya japonica Lindl. Cratægus Pyracantha Pers. Buplevrum fruticosum L. ES SAINTES-MARIES DE LA MER 115 Cercis siliquaslvum L. Eleagnus angustifolius L. Evonymus japonica Thumb. Robinia pseudo-acacia L. Gleditschia triacantha L. Spartium junccum L. Laurus nobilis L. Myrtus commuais L. Sophora japonica L. Viburnum Tinus L. Colutea arborescens L. Vit ex A g nus castus L. On y trouve aussi : VOlea europaea L., si commun dans le Midi de la France, où il paraît avoir été importé par les Phocéens qui fondèrent Mar¬ seille (680 av. J.-C.). Consacré à Minerve, il était sacré chez les Athéniens qui en offraient les rameaux en gage de paix. L’abon¬ dance qu’il apporte aux pays qui le cultivent a pu faire dire à un Italien : Minier a sopra terra , c’est une mine sur la terre. Le Taxas baccata a l’aspect si triste que nos ancêtres le pla¬ çaient dans les cimetières et que les Romains s’en couronnaient en signe de deuil. Les feuilles, les graines et les rameaux sont toxiques, et l’empereur Claude, d’après Suétone, faisait du suc de ses baies un antidote du venin de vipère. Le Vitex Agnas Castus L. passait dans l’antiquité pour chasser les idées impures, si bien qu’aux fêtes de Cérès, les femmes grecques couchaient sur des sacs remplis de son feuil¬ lage. Nous nous bornerons à cette énumération, mais bien d’au très espèces seraient encore à signaler dans ce jardin très riche en espèces ligneuses. Pendant que nos amis parcourent les divers monuments de la ville, le fils Beney et moi visitons le Château des Papes et l’église des Doms, qui font suite au jardin anglais. D’une superficie de i 5 .ooo mètres carrés, le Palais des Papes est un des plus grandioses spécimens de l’architecture militaire du xv e siècle : l’ensemble tient plus de la forteresse que du palais. L’Etat l’a classé comme monument historique. On pro¬ cède en ce moment à sa restauration. De délicats grattages font 116 EXCURSION BOTANIQUE réapparaître sur les murs de nombreuses salles des fresques de toute beauté, attribuées à des artistes italiens du xiv e siècle. Elles sont enfouies sous d’épaisses couches de plâtre et mal¬ heureusement endommagées en grande partie par les troupes qui y furent si longtemps casernées. Dans la cour, on vient de découvrir une citerne qui devait autrefois servir à l’alimentation du palais pendant les sièges. Notre visite terminée, nous rejoignons nos compagnons. Une voiture nous conduit à Saint-Rémy, où nous coucherons et d’où nous repartirons demain pour les Baux. Entre Avignon et Saint-Rémy, le paysage ne présente pas beaucoup d’intérêt pour un botaniste. La plaine est fertile, riche en cultures variées destinées à la récolte des graines. Elle doit sa fertilité à la nature de son sol, formé en grande partie par des terres d’alluvions, et à la facilité qu’on a de l’irriguer. La route est bordée, tout au long et de chaque côté, d’épaisses haies de Canne de Provence (Arundo Donax L.), dont Virgile disait : « Pastor in œquali modulator arrundine carmen », et qui servent plus prosaïquement à faire des quenouilles, des lignes, des nattes, des fonds de chaises et des paniers d’embal¬ lage. Les jeunes rhizomes ont pourtant une saveur douce et sucrée et ses jeunes pousses sont mangées comme des asperges. Ces haies dissimulent à nos regards les riches cultures de légumes et de fleurs variées de la plaine. Cependant, à travers quelques éclaircies, nous apercevons des cultures de Papaver somniferum L., var. album, dont les grosses capsules sont utilisées en matière médicale, et le Char¬ don à foulon (Dipsacus jullonum Mill.) employé pour foulon- ner le drap. Les fortes paillettes terminées en petits crochets qui accompagnent les fleurs sont aptes à saisir la laine, à la peigner, à la carder, et les capitules mûrs sont partagés en deux et placés en rangées parallèles sur les cylindres entre lesquels on fait passer les étoffes de laine. C’est à la famille de Mistral que l’on doit l’introduction et la culture en pays provençal de cette plante originaire d’Espagne. On cultive aussi en abondance la Marjolaine (Origanum Ma- jorana L.), employée comme condimentaire ; on en prépare AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 117 aussi une eau distillée et une teinture, elle entre dans la poudre sternutatoire, l’eau générale, l’eau impériale, le baume tran¬ quille, etc. Le lendemain matin, avant de nous diriger vers les Baux, M. Beney et moi visitons la maison et la fontaine de Nostra- damus, le célèbre astrologue du xvi e siècle, originaire de Saint- Rémy, et aussi « les Antiques », situés à 2 kilomètres de la ville. On appelle ainsi deux monuments : un arc de triomphe et un mausolée, distants l’un de l’autre d’une douzaine de mètres, seuls vestiges de Glanum Livii, la ville romaine que la horde visigothe détruisit en 4$o. Notre visite terminée, le déjeuner est pris en hâte et nous partons en voiture pour les Baux. La route, à la sortie de la ville, est en tous points semblable à celle de la veille et se déroule toujours entre deux haies de Canne de Provence. Mais, après quelques centaines de mètres, les haies s’essaiment pour faire place à des touffes de Grenadiers et de superbes Cupressus sempervirens L., var. fastigiata. Les champs de culture (pour graines) deviennent plus rares et sont remplacés de plus en plus par des terrains incultes et des plantes sauvages. Nous ne tardons pas à nous engager dans le vallon qui conduit aux Baux. Nous sommes en plein massif des Alpines. La route sinueuse s’élève peu à peu et la voiture, ralentissant sa marche, nous permet de descendre et de récolter sur les côtés de la route quelques plantes intéressantes : Kentrophyllum lanatum D. C. Pinus halepensis Mill. Cistus albiclus L. Rosmarinus officinalis L. Quercus coccifera L. Thymus vulgaris L. Lavandula Spica L. Euphorbia Characias L. Daphné Gnidium L. Spartium junceum L. Alyssum maritimun Lam. Psoralea bituminosa L. Pistacia Terebinthus L. Centaurea solstitialis L. Echinops Ritro L. Marrubium vulgare L. Sisymbrum Irio L. Cupressus sempervirens L. Dorycnium suffruticosum Vill. Calamintha nepetoides Jord. Le Pinus halepensis Mill., ou Pin de Jérusalem, et le Daphné Gnidium L. sont très abondants dans cette petite vallée. C’est 118 EXCURSION BOTANIQUE du Pinus lialepemis, dont les cônes sont pendants et sessiles, que l’on retirerait, d’après de Candolle, le plus de térébenthine. On ne le trouve que dans la zone méditerranéenne et il gèle à Paris. Cependant, j’en ai rencontré une plantation de très bonne venue à Saint-Péray, au pied du château de Crussol. Quant au Daphné Gnidium L., dont les Provençaux em¬ ploient les feuilles comme purgatif (Garidel), il fut séparé du genre Daphné par Jules Fourreau, collaborateur de Jordan, qui en fit un genre nouveau en l’honneur de Mistral, sous le nom de Mistralia Gnidium Fourreau. Nous faisons aussi quelques sommaires constatations géolo¬ giques sur cette chaîne des Alpilles : la masse fondamentale qui la constitue est un calcaire dur appartenant au Néocomien. À cette masse est superposée une couche puissante de calcaire plus souvent connu sous le nom de molasse coquillère et uti¬ lisé comme pierre à bâtir. Aussi apercevons-nous de tous côtés des carrières en pleine exploitation. Cette dernière couche a subi des bouleversements, des désagrégations lentes et irrégu¬ lières qui, tantôt sur les crêtes, tantôt au fond des plus étroites vallées, ont dohné aux massifs comme aux blocs détachés les formes bizarres et contournées dont nous parlions plus haut. Il est environ io heures quand nous arrivons au point culmi¬ nant de la route. Nous ne sommes plus qu’à quelques centaines de mètres de cette extraordinaire et ancienne ville deis Baux, qui compait autrefois 4.000 habitants, et qui, actuellement, en possède à peine 3 oo. Le château des Baux fut fondé sur les ruines d’un oppidum gaulois. <( Montagne et forteresse, rocher, tours et château sont à peu près d’une seule pièce. Les princes des Baux ont pris cette montagne, l’ont creusée, fouillée, découpée ; ils en ont fait une immense et extraordinaire citadelle, moitié caverne, moitié palais, certainement la création architecturale la plus fantastique du monde en son temps, et actuellement la plus invraisemblable des grandes ruines du moyen âge. « Au bas des pentes, un champ de pierres tombées de la grande démolition ; plus haut, des lignes de murs écroulés, des portes, des salles, dont il ne reste que l’aire aux dalles boule¬ versées, des trous profonds qui furent des salles basses, un AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 119 vestibule encore en partie couvert de ses voûtes ogivales, des morceaux de tours, des traces de voûtes, d’autres salles encore plus haut, des portes restées à toutes les hauteurs dans la fa¬ laise, des escaliers boisés et, dans la masse, de grandes ouver¬ tures irrégulières laissant voir le ciel à travers le rocher. Enfin, au sommet de cette carcasse géante, des blocs moitié roc, moitié tour, et une espèce de grand donjon, ébréché au som¬ met, taillé aussi dans le roc. » Détruit par Euric, il devint un refuge pendant l’occupa¬ tion de la Provence par les Sarrazins. Démantelé en i 335 par Robert de Duras, puis par Louis XI, il fut rasé définitivement par Louis XIII en i632. De toute cette citadelle, il ne reste rien que des murs démantelés et quelques cavernes de tro¬ glodytes. La ville elle-même n’est plus, comme l’a dit Daudet, « qu’un amas poudreux de ruines, de rochers sauvages, de vieux palais écussonnés s’effritant, branlant au vent comme un nid d’aigles sur la hauteur d’où l’on découvre, après des plaines et des plaines, une ligne d’un bleu étincelant qui est la mer » et qu’un ensemble « de petites ruelles découpées, de murs croulants, de restes d’escaliers et de chapiteaux découronnés ». Nous entrons dans la ville par la porte Mage et la place For¬ tin. Après avoir commandé le déjeuner à l’hôtel de la Reine Jeanne, nous visitons la ville et ses ruines. Les rues sont tortueuses, étroites, montent, descendent. La plupart des maisons sont en ruines ; quelques-unes, cependant, çà et là, sont encore habitées. Nous passons, dans la grande rue, devant les hôtels des principaux princes des Raux. En tournant à droite, au bout de la grande rue, nous arrivons bientôt devant la vieille église Saint-Vincent. Cette église, construite à l’époque carolingienne, est le monu¬ ment le plus ancien et le mieux conservé des Raux. Ce fut pendant des siècles une vaste nécropole, et c’est dans un de ses tombeaux que l’on découvrit la fameuse « chevelure d’or », si longue et si belle que Mistral l’a recueillie pieusement au Mu- seon Arlaten, reste poétique de la jeune et merveilleuse prin¬ cesse, reine de beauté et de grâce, qui mourut à la fleur de son âge. Revenant sur nos pas, nous suivons la rue Trencat, (ancienne 120 EXCURSION BOTANIQUE voie romaine), taillée dans un roc presque entièrement formé de coquillages. Dans la maison de Jean Laugier, nous récoltons : Urtica pilu- lifcra L., Chenopodium urbicum L., Artemisia vulgaris L., Alyssum maritimum Lam., Artemisia cam,pestris L., Hyoscya- mus albus L., var. aurais, etc. En continuant de suivre la voie romaine, nous arrivons sur un plateau qui domine la Provence. A droite, un très grand dallage en pente conduit les eaux de pluie destinées à l’alimen¬ tation des habitants ; à gauche, se trouvent les murs en démo¬ lition de l’ancien hôpital, actuellement transformé en arène. Tout à côté de l’arène, se trouvent les habitations dites des Troglodytes, assez bien conservées. Le bord du plateau est à pic, la vue s’étend jusqu’aux marais d’Aigues-Mortes, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à l’étang de Vaccarès et par dessus la Grande Camargue, jusqu’aux embou¬ chures du Rhône et au golfe de la Cran. A l’est, on aperçoit l’étang de Berre, et, noyée dans les brumes, la chaîne de l’Estaque, le Piton du Roi et les monts de la Sainte-Baume. Nous terminons notre visite par le vieux château, dont les murs démantelés et les tours en ruines se dessinent sur le ciel d’une façon pittoresque et saisissante. Dans ces ruines vraiment extraordinaires, nous récoltons un bon nombre de plantes intéressantes ; quelques-unes sont pres¬ que méconnaissables, tant elles sont petites. Ce sont : Echinops Rilro L., 10 centimètres de hauteur, Lavandula Spica L. ; les tiges, les feuilles et les tiges florales sont très courtes ; Alyssum maritima MilL, de toute petite taille, etc. Sisymbrum Irio L. Cineraria maritima L. Alyssum maritimum Mill. Cephalaria leucantha. Celtis australis L. Hyoscyanus albus L., var. aiireus. Calamintha nepetoides Jord. Teucrium Polium L. Erodium romanum Willd. Verbascum sinuatum L. Hedypnois polymorpha D. C. Centaurea solstitialis L. Vaillantia muralis L. Chenopodium urbicum L. Artemisia campeslris L. Alsine verna G. Urtica pilulifera L. Ceterach officinarum. Willd. Plantago Coronopus L. — Lagopus. Sideritis hirsuta L. — romana L. Euphorbia segetalis L. Euphorbia Characias, L. AVIGNON, LES BAUX, ALLES ET v Caiiina corymbosa L. Scolymus hispanicus L. Pistacia Terebinthus L. Cupularia viscosa Gr. Coronilla scorpioides K. LES SAINTES-MARIES DE LA MER Lepidium Draba L. Adonis autumnalis L. Ulex parviflorus Pourr. Lonicera etrusca Sant. i2i Quoique les Baux soient assez éloignés de la mer, ils con¬ tiennent un grand nombre de plantes maritimes, telles que : Cineraria maritima L., poussant dans les fissures des anciennes habitations, ils semblent être une des plus septentrionales sta¬ tions de cette plante. Cependant, dans la Flore de Carioi, nous la trouvons mentionnée plus au nord, dans le Sud du départe¬ ment de la Drôme ; il en est de même pour le Cupularia vis¬ cosa Gr., que l’on rencontre entre les Baux et Arles, et qui abonde dans l’île de la Camargue. Le Pistacia Terebinthus L., dont les amandes étaient man¬ gées, au dire de Billon, en guise de pain, il y a plus de deux mille ans, en Syrie, Cilicie et en Perse. Piqué par un puceron (VAphis pistaciæ) il peut donner des galles qui s’allongent sous les feuilles comme des cônes et servent à la teinture des soies fines. C’est lui qui fourni la térébenthine de Chio, mais non dans le Midi de la France, où il n’en produit pas. Nous y trouvons aussi le Cupressus sempervirens L., qui peut présenter deux variétés : pyramidalis et horizontales , que cer¬ tains auteurs ont élevées au rang d’espèces. Le Cupressus sempervirens L., var. pyramidalis est généra¬ lement le cyprès des tombeaux, que ses rameaux, étroitement serrés au tronc, font ressembler à de longues colonnes noires d’un aspect sombre et majestueux. Le Cupressus sempervirens L., var. horizontalis atteint une moins grande hauteur et a ses-rameaux latéraux étalés. L’incorruptibilité du bois de cyprès l’avait fait choisir pour ensevelir les momies d’Egypte et les héros d’Athènes, et l’on vit à Borne des portes construites avec cette essence durer plus de onze cents ans. Après le déjeuner fort bien servi à l’hôtel de la Reine Jeanne et ayant encore quelques heures à dépenser avant notre départ pour Arles, nous herborisons aux alentours des Baux, en nous dirigeant vers le Val d’Enfer ; nous rencontrons sur le chemin 122 EXCURSION BOTANIQUE beaucoup de Chênes Kermès (Quercus coccifera L.). La plupart portent des fruits dont la cupule est presque dépourvue d’ai¬ guillons. Nous trouvons cependant plusieurs buissons dont les glands plus courts sont accompagnés d’une cupule toute héris¬ sée d’aiguillons. Dans le Val d’Enfer, nous récoltons : Quercus coccifera L. Dorycnium suffruticosum Vill. Juniperus phœnicea L. Helichrysum Stœchas D. C. Aronia rotundifolia Pers. Ruta angustifolia Pers. Coris jnonspeliensis L. Hedypnois polymorpha D. C. Ononis Columnæ Ail. Coronilla juceum L. Psoralea bituminosa L. Olea europæa L. Fœniculum vulgare Al. Smilax mauritanicu Df. Brachypodium ramosum R. et S. Celtis australis L. Genista scorpius D. C. — candicans L. Nigella damascena L. Osyris alba L. Plumbago europæa L. Clematis Flammula L. Daphné Gnidium L. Rubia peregrina L. Laurus nobilis L. Asparagus acutifolius L. Spartium junceum L. Rubia perigrina L. Ulex parviflorus Pourr. Pallenis spinosa Cs. Linum campanulatum L. Teucrium flavum L. Buxus sempervirens L. Pistacia Terebinthus L. Cephalaria leucantha. Pinus halepensis Mill. Le Laurus nobilis L. perpétue la gracieuse légende de Daphné, « l’éternelle fugitive » poursuivie par Apollon et chan¬ gée en laurier. La plante fut dès lors consacrée au dieu solaire et, sur les chemins de Grèce, on voyait les pèlerins retour de Delphes s’en couronner lorsque l’oracle rendu par la pythie avait été favorable. Ce modeste arbuste eut dès lors une desti¬ née triomphale et servit à couronner les poètes et les héros ; on le vit sur le front des Césars et Pline le nomma « portier et gardien de leurs palais ». De nos jours, il est bien déchu de son antique gloire, les couronnes qu’on en tresse sont plutôt virtuelles et on le relègue à la cuisine, où il sert surtout à aro¬ matiser les sauces et parfumer les mets. Pendant notre herborisation, M. Beney assiste à la pesée des feuilles sèches d’olivier et apprend des ouvriers occupés à cette besogne que ces feuilles, vendues à raison de 4 francs les ioo ki¬ logrammes, sont employées dans presque tout le Midi, mélan¬ gées à du tourteau, pour la nourriture des bêtes à cornes. Elles AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 123 passent pour augmenter d’une façon notable la sécrétion lactée chez les femelles. Nous quittons les Baux à 4 heures du soir pour regagner Arles, emportant le regret de n’avoir pu visiter la fameuse grotte des Fées, long couloir de 206 mètres creusé tout entier dans la molasse marine helvétienne. Pendant le trajet des Baux à Arles, nous récoltons quelques plantes lorsque la voiture ralentit. Asphodelus fistulosus L. Camphorosma monspeliaca L. Pinus Pinea L. Osyris alba L. (en fruits). Echinops Ritro L. Pinus halepensis Mill. Tamarix gallica L. Satureia montana L. ( 1 ). Nous traversons la ville de Fontvieille, qui tire son nom d’une source d’eau chaude située à l’est du village, près d’im¬ portantes carrières d’où l’on extrait la « pierre d’Arles ». Non loin de Fontvieille, on voit encore sur le coteau le fameux moulin à vent de Daudet : vous vous rappelez la pré¬ face des Lettres de mon Moulin : « Un moulin à vent et à farine, sis dans la vallée du Rhône, au plein cœur de Provence, sur une côte boisée de pins et de chênes-verts, moulin abandonné depuis plus de vingt années et hors d’état de moudre, comme il appert des vignes sauvages, mousses, romarins et autres verdures parasites qui lui grimpent jusqu’au bout des ailes. » Nous passons aussi sans nous y arrêter, car le temps nous presse, devant l’abbaye de Montmajour. Sous les arbrisseaux qui l’entourent, nous apercevons ÏAnagyris fætida L. Arrivés à Arles, nous descendons place du Forum, à l’hôtel du même nom. En face de nous s’érige le monument de ( 1 ) En collaboration avec Jordan, Fourreau a démembré le Satureia mon- tana en plusieurs formes, qu’il a élevé au rang d’espèces. Ce sont, pour le Midi : Satureia brevis Jordan et Fourreau, Rochers à Dignes (Basses-Alpes) ; Satureia petraea Jordan et Fourreau, Saint-Rémy (Bouches-du-Rhône) ; Satureia provincialis Jordan et Fourreau, Collobrières (Yar) ; Satureia flexuosa Jordan et Fourreau, Laragne (Basses-Alpes) ; Satureia rigidula Jordan et Fourreau, Aix (Bouches-du-Rhône). Ces espèces ont été décrites dans le Breviarum Plantarum Novarum de Jordan et Fourreau, fasc. 1 , p. 44, 45 et 46, 1866 , et figurées dans les Icônes de Jordan, t I er , 1867 . iH EXCURSION BOTANIQUE Mistral, le grand félibre « immortalisé avant sa mort » comme l’écrivait M. Yiviand-Morel. Le lendemain, nous prenons, à la gare de Trainquetaille, sur la rive gauche du Rhône, le premier train en partance pour les Saintes-Maries-de-la-Mer. Nous traversons ainsi la Camargue du nord au sud. A 7 kilo¬ mètres d’Arles, près de la station de Bouchaud, réside M. le comte de Bouchaud, ex-président de la Société Française des Rosiéristes, grand amateur d’horticulture. Du wagon, il ne nous est pas permis d’admirer les collections variées de plantes vivaces, d’arbres et d’arbustes entourant son habitation. Nous ne voyons que les plus grands arbres, en particulier de magni¬ fiques Pins Parasols ou Pins Pignons (Pinus Pinea L.). La plaine se fait ensuite déserte ; la végétation arborescente cède le pas à la flore sauvage et rabougrie des marécages et des champs incultes. Le train lile au milieu des marais et des étangs couverts de Phragmites communis et de Juncus mari- timus. Ce sont ces tiges de Phragmites qui serviront, transformées en toitures et en paillassons, pour ombrager les châssis et les serres. Les champs incultes sont recouverts par le Statice Limo- nium L., var. serotinum et le Statice bellidifolium Gouan, qui leur font, par la multiplicité de leurs frêles et vaporeuses inflorescences de petites fleurs, un tapis délicatement bleu. On aperçoit aussi le Cupulavia viscosa Gr., le Suaeda fruti- cosa Forsh., YAvundo Donax L., YArtemisia gallica W. et quel¬ ques arbres : Pinus halepensis Mill., Eleagnus angustifolius L., Tarnarix gallica L. et le Populus alba L. dont Hercule se cou¬ ronna pour descendre aux enfers, si bien que le dessous des feuilles touchant son front resta blanc, tandis que le dessus fut noirci par les vapeurs du « Noir Erèbe », et qui inspira les jolis vers d’Horace : Qua pinus nigens Albaque populus Umbram hospitalem consociale amant Ramis et obliqua laborat Lympha fugax trepidare vivo. AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 125 De temps en temps, de belles propriétés couvertes d’arbres, des prairies d’un vert émeraude, des vignes chargées de lourdes et abondantes grappes rompent la monotonie du paysage. La Camargue deviendrait, à notre avis, très fertile, si on y amenait de l’eau douce pour lessiver la terre toute imprégnée de sel (chlorure de sodium et de magnésium). Le niveau géné¬ ral de la Camargue n’étant que de 2 à 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, cette imprégnation est due à la submersion du sol à certaines époques de l’année. Or, partout où l’on voit de belles propriétés, on constate un ou plusieurs canaux ser¬ vant à l’irrigation par l’eau douce. Ces chlorures ne semblent pas nuire absolument à la végéta¬ tion, car certaines espèces y poussent vigoureusement. Beaucoup même ne se développeraient pas sans cette pré¬ sence de sel. Certaines, préférant les terrains salés, peuvent néanmoins se développer dans d’autres milieux. Nous avons récolté à Avignon, aux Baux et à Arles des espèces que nous rencontrerons aux Saintes-Maries-de-la-Mer dans les terrains fortement salés. Les unes peuvent être exclusives de ces terrains ; d’autres, au contraire, en font leur habitat préféré. Beaucoup, indifférentes, végètent aussi bien en terrains salés qu’en terrains non salés. Exemples : Laurus nobilis, Viburnum Tinus, Laurier rose, Phœnix daciylifera, Phœnix canariensis, Pélargonium zonale , Cynara Scolymus, Mirabilis Jalapa, Allium Porrum, qui s’accommodent aussi bien d’un arrosage d’eau douce que d’eau saumâtre. Le Buplevrum fruticosum L., rencontré dans le massif des Alpines, se trouve dans toute la Provence, ainsi que le Tamarix gallica L. Us peuvent prospérer dans un sol contenant 5 pour 1.000 de chlorure, et arrosés d’eaux saumâtres dosant 5 pour 1.000 de sel de cuisine. Le Lyon Horticole du i 5 octobre 1912 a publié un article de M. J. Brichet très intéressant sur la résistance que peuvent présenter certaines plantes à l’action du sel. Les chlorures ont une action nocive sur la plupart des végétaux dont ils modifient les tissus et en détruisent toute la vitalité. Ils Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912 . 11 EXCURSION BOTANIQUE .126 agissent d’une façon indirecte sur les plantes en entravant les fonc¬ tions de nutrition. Des expériences ont, en effet, démontré que le ferment nitrique, organe de la transformation de l’azote organique en azote assimilable avait son activité diminuée par la présence des chlorures et qu’il s’éteignait progressivement au fur et à mesure que la proportion de sel augmentait. Le ferment nitrique ne peut plus vivre dans un milieu renfermant 5 pour 1.000 de ces chlo¬ rures... Toutes les plantes ne sont pas également sensibles à l’action des chlorures. Il en est qu’une légère quantité de sel dans le sol leur est profitable : Artichaut, Asperge, Grenadier, Figuier. D’autres ne peuvent vivre normalement si le sel n’entre pas dans une certaine proportion dans les éléments constitutifs, ce sont : Salsola, Salicornia, Atriplex, Eryngium maritimum, Cakile mari - tima, etc. D’autres, sans avoir besoin de sel pour la constitution de leurs Iissus, ont besoin pour vivre des bords de la mer et embouchures des Ileuves encombrés de vase salée. Ex. : Quelques plantes intertropicales telles que : Nipa fructi - cans, Lodoicea Seychellarum, dont les graines de ce dernier tombent à la mer souvent germées, sont transportées pendant longtemps, jusqua ce qu’une vague les ramène sur la rive propice où elles s’accrochent et s’y développent. D’autres plantes « Marines », telles que les Algues, ne peuvent vivre que dans les eaux salées de la mer ne contenant que 21/2 à 3 1/2 pour 1.000 de sel. Les Algues périssent au-dessus de 3 1/2 pour 1.000. C’est ce qui se produit dans les lacs de Tunis par suite de l’évaporation très intense pendant l’été. D’autres ne demandant pas de sel pour prospérer, sont suscep¬ tibles de vivre dans les sols fortement salés ou de supporter les arro¬ sages aux eaux saumâtres. Ex. : Laurier-rose, Phœnix, etc. Celles qui ne peuvent pas supporter la moindre quantité de sel sont : Haricot, Violette, Fraisier, Néflier du Japon. La dose mortelle de sel pour les plantes est donc très variable. Elle varie avec la condition physique et chimique du sol et les condi¬ tions climatériques locales. Plantes pouvant supporter les eaux d’arrosage contenant 1 à 1 1/2 pour 1.000 de sels : Anthémis, Pélargonium, Amarante, Soleil, Zinnia, Ail, Artichaut, Choux, Céleri, Epinard, Piment, Pomme de terre, Prunier, Amandier, Poirier, Vigne, Olivier, Luzerne, Coton, AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 127 Tabac, Maïs, Laurier-sauce, Laurier-tin, Ligustrum ovalifolium. Plantes résistant dans des sols contrenant 4 à 5 pour i.ooo de chlorures : Acacia cyanophylla, Ailantus glandulosa , Ceratonia sili- qua, Cupressus funebris, Ficus carica, Pistacia Terebinthus, Punica granatum. Plantes pouvant résister en terrains salés littoraliens renfermant 5 pour i.ooo de chlorures et pouvant être arrosées par des eaux saumâtres contenant 5 pour i.ooo de sels. Ex. : Agave americana, Atriplex halimus, Buplevrum fruticosum, Phœnix canariensis et Phœnix dactylifera , etc. Dans cette liste de plantes pouvant résister dans des sols conte¬ nant de i à i 1/2 pour 1.000, à 4 pour 1.000, à 5 pour 1.000 de sel, nous trouvons beaucoup d’espèces se développant normalement dans les sols non salés. Ex. : Anthémis, Pélargonium, Pomme de terre, Ligustrum ovalifolium, Luzerne, Vigne, Pistacia Terebinthus, Cupressus funebris, Ficus carica, Phœnix canariensis, Buplevrum frut., etc. Cela nous explique pourquoi les Acacias de la Nouvelle-Hollande, dont les fleurs sont connues sous le nom de Mimosa, se développent de préférence sur les bords de la mer. On trouve quelquefois aux environs des villes quelques espèces de terrains salés, ces espèces se développent toujours dans les champs où Ton a déposé des ordures ménagères contenant du sel de cuisine. A la gare d’eau de Perrache, on rencontrait autrefois trois plantes des terrains salés : Salsola Kali, Chenopodium Botrys, Glaucum fla- vum. Depuis quelques années, le dépôt des ordures ménagères ne se faisant plus, le sel de cuisine a été lavé par l’eau de pluie, le Salsola Kali ne trouvant plus suffisamment de chlorure, s’est raréfié peu à peu, puis a disparu complètement. Cette digression nous a entraîné loin de notre voyage. Et, cependant, après une heure et demie de trajet, nous sommes arrivés aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Voici, à notre droite, une station de télégraphie sans fil, et, devant nous, à i 5 o mètres, la mer immense, la « Grande Bleue ». Nous nous dirigeons aussitôt vers la plage où nous allons sans doute trouver un grand nombre d’espèces des terrains salés. Mais nos recherches sont vaines et nous sommes vérita¬ blement déçus par le petit nombre d’espèces que l’on y ren¬ contre. EXCURSION BOTANIQUE 128 Voici celles que nous y avons trouvées : Statice Limonium , var. serotlnum, Statice bellidifolium et Suaeda fruticosa forment le fond de la végétation. On les ren¬ contre en abondance dans toute la Camargue. Les Statices sont en pleine floraison, aussi les et nuageux bouquets. Nous notons en outre : Cakile maritima. P sam ma arenaria. Elymus arenarius. Artemisia gallica. Echinophora spinosa. Euphorbia Peplus. — segetalis. — chamæsyce. Salicornia fruticosa. Suæda fruticosa. Obione portulacoides. Atriplex halimus. — hastata. baigneurs en cueillent d’énormes Salsola Kali. Inula crithmoides. Juncus maritimus. Eryngium maritimum. Alyssum maritimum. Chcnopodium Botrys. Malva rotundifolia. — sylvestris. Piubia tinctoria. Tribulus terrestris. Cupularia viscosa. Conysa ambigua. Brachypodium ramosum. Après le déjeuner, nous nous dirigeons à l’ouest de la ville, vers l’étang des Laumes, espérant y faire une meilleure récolte. Nous ne sommes pas plus heureux que le matin et nous y ren¬ controns, à peu de chose près, les mêmes plantes. Avant de retourner à Arles, nous utilisons nos dernières mi¬ nutes à visiter la ville. C’est sur cette pointe de terre que, suivant l’archaïque lé¬ gende, débarquèrent, fuyant la persécution et venant de Judée, Marie Jacobée, propre sœur de la Vierge, Marie Salomé, la mère des apôtres, et Marie la Magdaléenne : les «Tremaïé», ainsi que leur servante noire Sara, Marthe, Lazare, Jacques le Majeur, Jean et saint Maximin. L’église, qui date du x e siècle, est crénelée et fortifiée comme un fort : elle a des échauguettes, un chemin de ronde, des m⬠chicoulis. — Sentinelle avancée sur la mer, construite sur l’em¬ placement d’un temple élevé par Auguste et détruit par les Sar¬ rasins, elle devait défendre ses richesses contre les pirates bar- baresques qui écumaient la Méditerranée. Aussi, la ville, abritée de la mer par les dunes où croissent les Tamarix et les Salicornes, voit-elle chaque année deux pèle- AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 129 rinages l’envahir. L’un surtout est important : celui du 24 mai. Obéissant au mot d’ordre donné et aux traditions séculaires, les Bohémiens « aux yeux de velours et à la peau de cuivre » vien¬ nent par toutes les routes d’Europe convergeant vers ce village lointain, élire leur reine annuelle autour du tombeau de « Sara la Noire », leur sainte patronne, qui est inhumée dans la crypte. Au centre de l’église est un puits qui, creusé autrefois pour l’approvisionnement des défenseurs en cas de siège, est doué maintenant de la miraculeuse propriété de guérir la rage. A 5 heures du soir, nous revenons à Arles. La matinée du lendemain est consacrée tout entière à la visite des monuments et des musées. Le Musée lapidaire contient de véritables merveilles : de nom¬ breux tombeaux ramenés des Aliscamps, portant en bas-reliefs des sujets et des scènes de la Bible et des Evangiles : le tombeau d’Hydria ; des tombeaux païens ; de nombreuses urnes funé¬ raires, et enfin un beau moulage de la Vénus d’Arles, dont l’original est au Louvre, les bourgeois d’Arles l’ayant offert à Louis XIV. Comme notre ami Viviand-Morel le regrettait à voix haute, la gardienne répondit : « C’est vrai, Monsieur, mais nous, au moins, nous avons la véritable et la bonne, puisque, là-bas, les gens de la Cour l’ont fait retoucher par un maladroit qui l’a tout abîmée. » Sur la place, devant le Musée, est un obélisque antique de i 5 mètres de haut, taillé en plein granit de l’Esterel et décou¬ vert en 1389 sur remplacement du Spina du Cirque. Sur cette même place est l’hôtel de ville, dont la bibliothèque possède de précieux manuscrits et d’inestimables bibles des xn e , xiii 0 et xv e siècles, et aussi Sainte-Trophime, jadis primatiale d’Arles, la plus belle cathédrale romane de Provence. Attenant à l’église est le cloître, dont les pilastres cannelés, les colonnettes gémellées supportent de riches chapiteaux où les ciseaux des sculpteurs ont retracé les scènes de l’Ancien Testament et des légendes chrétiennes. Un peu plus loin, dans la rue de la République, nous visitons le « Museon Arlaten », Palais du Félibrige, que Mistral créa et installa dans l’ancien hôtel de Castellanne-Laval, et qui est le véritable musée ethnographique de la Provence, 130 EXCURSION BOTANIQUE Puis, par les Aliscamps, nous nous rendons aux ruines de Saint-Honorat. A l’heure actuelle, les Aliscamps morcelés sont réduits à une seule allée servant de promenade : l’allée des tombeaux, que bordent encore quelques sarcophages vides et sans ornements, les plus beaux ayant été dispersés à partir du xvi e siècle un peu partout : à Rome, à Lyon, à Marseille. Plu¬ sieurs navires que Charles IX en avait fait remplir sombrèrent même sous leur poids aux environs de Pont-Saint-Esprit. Et pourtant, quelles n’avaient pas été la richesse et la gloire et le faste de cet ancien cimetière romain, que saint Trophime avait consacré aux sépultures chrétiennes ! L’inhumation de la dépouille du saint en fit une terre mira¬ culeuse et presque sacrée. Aussi, dès le iv e siècle, princes, sei¬ gneurs et évêques s’y faisaient-ils inhumer et les villes rive¬ raines du Rhône livraient-elles au fleuve les cercueils des riches et pieux défunts, portant avec le corps le prix des frais funé¬ raires, qui abordaient miraculeusement aux Aliscamps, selon la légende. Les églises et les chapelles y florissaient jusqu’à ce que la translation des cendres de saint Trophime, en ii 52 , dans la cathédrale Saint-Etienne, en diminuât le prestige et'la célé¬ brité. Dans une propriété voisine des Aliscamps, nous remarquons un Platane dont le tronc, à hauteur d’homme, mesure 5 m. 5 o de circonférence. C’est une fort belle dimension, qui ne rap¬ pelle cependant que de loin celle du fameux Platane de Lycie dont parle . Pline, dont la cavité creusée dans le tronc mesu¬ rait 27 mètres de circonférence, et où le gouverneur de la province festoya avec dix-huit de ses amis. C’était l’époque alors où le Platane, importé d’Orient, était dédié aux génies tutélaires que l’on couronnait de ses feuilles et de ses fruits. Et, pour mieux le faire prospérer, on répandait à son pied du vin en libations rituelles. Nous visitons ensuite le musée Reatu, contenant beaucoup de tableaux de peintres arlésiens ; les vestiges du Palais de Cons¬ tantin ; les arènes, mieux conservées que celles de Nîmes, et où 26.000 spectateurs peuvent encore trouver place pour les courses de taureaux. Par contre, le théâtre antique est en moins bon état de conser- AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 131 vation que les arènes, et, du portique de la scène, il n’est resté debout que deux colonnes corinthiennes portant encore leur entablement. Pendant notre promenade, nous rencontrons, au voisinage du théâtre antique, un petit square très agréable où les Arté¬ siens viennent de grand matin se promener, prendre le frais et se reposer à l’ombre des grands arbres. Nous y notons un exemplaire de forte taille de Magnolia gran- diflora, qui atteint les proportions d’un véritable arbre ; le Bibacier du Japon (Eriobotrya japonica) portant quelques fruits ; Viburnum odoratissima Ker ou Viburnum Awajushi Miq., Asimina triloba , Pittosporum Tobira, Lagoerstremia in- dica, Pinus austriaca nigra, Séquoia gigantea, ainsi qu’un Cè¬ dre du Liban dont la grandeur, la beauté, le port majestueux et aussi l’odeur suave et l’incorruptibilité de son bois, avaient fait un arbre si célèbre dans l’antiquité, que Salomon en demanda à Hiram, roi de Tyr, pour la construction du temple de Jérusalem et de son propre palais. Au milieu du jardin, un bassin est orné d’une Niobé doulou¬ reuse, « malheureuse fille de Tantale destinée à représenter l’angoisse maternelle jusqu’à la fin du monde ». La route de Lyon à Marseille, sur laquelle ce petit parc est placé, est ombragée par quatre rangées d’énormes Celtis aus- tralis. En face de ce square, bien abrité contre un mur, dans le jardin d’un horticulteur, pousse en pleine terre un Poivrier d’Amérique (Schinus Molle), ainsi qu’un Opuntia très vigou¬ reux et tout chargé de fruits. C’est là que se termine, après quatre belles journées, notre excursion, fertile en enseignements de toutes sortes, et accom¬ plie avec des amis agréables et bien documentés, et nous ren¬ trons à Lyon à 7 heures du soir, avec une ample moisson de plantes et de souvenirs. 132 EXCURSION BOTANIQUE ADDENDA Nous croyons utile d’ajouter à ce compte rendu, à titre docu¬ mentaire, les listes de plantes récoltées de Saint-Rémy aux Baux par les D rs Perroud et Saint-Lager en 1880 et signalées à Alais, à Avignon et dans les Alpilles par Castagne, qui pour¬ ront servir de comparaison avec celle de notre herborisation. LISTE DES PLANTES RÉCOLTÉES DE SAINT-RÉMY AUX BAUX Par les D rs Perroud et Saint-Lager en 18S0 Sur les antiques de la ville de Glanum, à Saint-Rémy : Osyris alba. De la ville de Glanum au pied des Alpines : Sur la route : Bromus rubens. Ægilops ovata. — truncialis. Cynoglossum pictum. Trifolium stellatum. Carduus pycnocephalus. Dans les champs voisins : Sherardia arvensis. Malcomin maritima. Linaria simplex. Euphorbia Gerardiana. Podospertnum laciniatum. Pterotheca nemausensis. Sisymbrium Columntv. A lyssum maritimum. Papaver hybridum. Senecio gallicus. Anacyclus radiatus. Specularia hybrida. Fumaria parviflora. Saponaria Vaccaria. Vicia hybrida. Sisymbrium Irio. Lathyrus aphaca. Galium tricorne. Tragopogon crocifolius. Au pied des Alpines : Quercus coccifera. Cistus albidus. Carex setifolia. — Ilex. Jasminum fruticans. Rosmarinus officinalis. Thymus vulgaris. Lathyrus setifolius. Euphorbia purpurea. Lavandula vera. AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES DE LA MER 13 Osyris alba. Scleropoa rigida. Daphné Gnidium. Brachypodium ramosum. Dans les vallons (gaudres ou torrents à sec) : Hyoseris radiata. Lavandula vera. Cistus albidus. Fumana procumbens. Galiüm vertitillât uni. — cor rudifolium. Juniperus phœnicea. Aronia rotundifolia. Stipa peiinata. Rosmarinus officinalis. Vinca major. Asphodelus microcarpus. Iris lutea. Seseli montanum. Stipa tortilis. Buxas sempervirens. Aphyllanthes monspeliensis. Genista scorpius. Sur les rochers : Cynoglossum cheirifolium. Thymus vulgaris. Smilax aspera. Asparagus acutifolius. Alsine mucronata. Ruta angustifolia. Melica minuta. Teucrium Polium. Lonicera elrusca. Arabis muralis. Ilypecoum procumbens. Vicia sativa. — hvbrida. V — peregrina. Buplevrum aristalum. Neslia paniculala. Jonthlaspi clypeatum. Thesium divaricatum. Arabis muralis. Pimpinella leucocarpa. Ononis Columnæ. Ætheonema saxatile. Jonthlaspi clypeatum. Echium vulgare. Coris monspeliensis. Verbdscum australe. Jasminus fruticans. Osyris alba. Rhamnus Alaternus. Trigonella monspeliaca. Ulex parviflorus. Hutchinsia petræa. Spartium junceum. Glaucium flavum. Cirsium eriophorum. Lonicera implexa. Sur les rochers de grès blanchâtres dominant les Baux : Melilotus parviflorus. Lathyrus annuus. Ornithogalum narbonense. Adonis autumnalis. Urtica pilulifera. Coronilla scorpioides. Caucalis daucoides. Gladiolus segetalis. Lepidium Draba. Cineraria maritima. Dans le village des Baux : j “ . Urtica pilulifera. Cineraria maritima. Sur la route des Baux à Fontvielle : 134 EXCURSION BOTANIQUE Pinus Pinea. Fumaria spicata. — muralis. — spicata. Cynoglossum pictum. Silybum Marianum. Onopordon Acanthium. Cupularia viscosa. Centaurea aspera. Dans la gare d’Arles, croît abondamment le Sisymbrium lrio. * t * * Plantes signalées à Arles par Castagne : Clematis maritima. Aster Amellus. Aldrovanda vesiculosa. Senecio sarracenicus. Passerina Tarton-raira. Artemisia glutinosa. AUium Chamaemolly. Inula britannica. Smilax aspera. Cirsium bulbosum. — aspera, var. mauritanica. Xanthium macrocarpum. Vallisneria spiralis. Pinguicula vulgaris. Stipa aristellata. Utricularia vulgaris. Biscutella. lævigata. Cynanchum acutum. Cucubalas baccifer. Cressa cretica. Lavatera olbia. Cuscuta Trifolii. — maritima. Asperugo procumbens. liypericum Androsæmum. Lycium barbarum. Lathyrus palustre. Hyocyamus major. Epilobium spicatum. Vcrbascum thapsiforme. Myriophyllam spicatum. — phlomoides. Hippuris vulgaris. Preslia cervina. Ceratophyllum demersum. Calamintha officinalis. Telephium Imperati. Ajuga pseudo Iva. Œnanthe Phellandrium. Statice confusa. — fistulosa. Corispermum hyssopifolium. Dipsacus ferox. Salsola Tragus. Ranunculus Lingua. Phalaris arundinacea. Nymphéa alba. Erianthus Ravennæ. Hydrocharis Morsus Ranæ. Calamagrostis arundinacea. LymnantJiem um nymphoides. Eragrostis pilosa. Nuphar luteum. Polysticum Thelypteris. Potamogeton natans. Salvinia natans. — luscens. AUium paniculatum. Butomus umbellatus. Urtica membranacea. Ranunculus ophioglossifolius. Ephedra Villarsii. Nasturtium anceps. Iris fœtidissima. Cneorum tricoccum. Leucoium æstivum. Anagyris fætida. Cypripedium calceolus. Sarothamnus vulgaris. Orchis palusris. Trifolium maritimum. Triglochin Barrelieri. Petasites officinalis. Potamogeton pusillus. Phagnalon saxatile. Nayas major . AVIGNON, LES BAUX, ARLES ET LES SAINTES-MARIES UE LA MER 135 Arum Arisarum. Ægilops triaristata. Typha minima. — ovala. Juncus paniculatus (Saint-Raphaël, — triticoides. près Arles). Equisetum limosum. — pygmeus. Tanacetum annuum. Cyperus Monti. Achillea agératum. Scirpus pauciflorus. Plantes signalées à Avignon : Ajuga Iva. Euphorbia biumbellata. Narcissus incomparabilis. Ægilops triaristata. — ovata. — triticoides. Cuscuta monogyna. Onosna arenarium. Lavandula Spica. Preslia cervina. Juniperus phœnicea. Lithospermum fruticosum. Clematis Flammula. Rhæmeria hybrida. Cistus laurifolius. Astragalus Stella. — hamosus. Lathyrus setifolius. Buplevrum rigidum. Senecio Doria. Salsola Tragus. Euphorbia flavicoma. Crozophora tinctoria. Seseli elatum. Hyocyamus albus. Plantes signalées dans les Alpines et aux Baux par Castagne : Ephedra Villarsii. Antirrhinum latifolium. Atropa Belladona. Genista scorpius. Telephium Imperati. Buplevrum rigidum. Pimpinella saxifraga. —■= Tragium. Galium setaceum. Dictamnus albus (entre Saint-Remy et Eyguières). Erodium pallidiflorum Jord. (Saint- Remy). Centaurea paniculata. Genista candicans (les Baux). Linosyris vulgaris. Iris lutescens. Plantes signalées dans la Althenia filiformis. Pinus Pinea. Juniperus phœnicea. Tamarix gallica. Onopordon tauricum. Camargue par Castagne : Erianthus Ravennæ. Onothera biennis. Preslia cervina. Myriophyllum verticillatum. Pinus halepensis. Plantes signalées de Saint-Remy à Arles par Viviand-Morel et Abrial (20 août 1912) : Kentrophyllum lanatum. Rosmarinus officinalis. Pinus halepensis. Quercus coccifera. I EXCURSION BOTANIQUE J 36 Cistus albidus. Thymus vulgaris. Lavandula Spica. Centaurea solstitialis. Euphorbia Characias. Echinops Ritro. Daphné Gnidium. Marrubium vulgare. Spartium junceum. Sisymbrum lrio. Alyssum maritimum. Euphorbia segetum. Sideritis romana. — liirsuta. Plantago Lagopus. Coris monspeliensis. Hedypnois polymorpha. Ononis Columnæ. Vaillantia muralis. Cineraria maritima. Chenopodium urbicum. Artemisia campestris. Cephalaria leucantha. Cupressus sempervirens. Celtis australis. Alsine verna. Hyoscyamus albus, var. aureus. Urtica pilulifera. Pistacia Terebinthus. Ceterach officinarum. Calamintha nepetoides. Arundo Donax. Scolymus hispanicus. Lepidium Draba. Adonis autumnalis. Aspliodelus fistulosus. Camphorosma monspeliaca. Satureia montana. Plantago coronopus. Carlina corymbosa. Coronilla juncea. Psoralea bituminosa. Olea, europæa. Asparagus acutifolius. Brachypodium ramosum. Genista Scorpius. Nigella damascena. Ruscus aculeatus. Pallenis spinosa. Plumbago europæa. Clematis Flammula. Teucrium polium. Erodium romanum. Fœniculum vulgare. Smilax mauritanica. Rubia peregrina. Ulex parviflorus. Osyris alba. Verbascum sinuatum. Dorycnium suffruticosum. Juniperus phœnicea. Helichrysum Stœchas . A ronia rotu,ndijolia. Ruta angustifolia. Coronilla Emerus. Linum campanulatum. Teucrium Polium. Artemisia vulgaris. Cupularia viscosa. Coronilla scorpioides. Lonicera etrusca. Genista candicans. Laurus nobilis. Pinus Pinea. Anagyris fœtida. ROUILLE DU BLÉ ET ÉPINE-VINETTE CURIEUSES OBSERVATIONS DU LYONNAIS CLAUDE IMBERT en 1769 PAR Glaudius ROU3t Docteur es Sciences. On divise aujourd’hui les parasites en deux catégories : i° les parasites autoïques ou homoïques, qui passent toute leur exis¬ tence sur le même hôte, ou du moins qui n’exigent qu’un hôte pour accomplir leur cycle entier de développement ; 2° les para¬ sites hétéroïques (1), qui doivent, ou tout au moins qui peu¬ vent, passer par deux ou plusieurs hôtes successifs et plus ou moins déterminés, au cours de leur existence. Beaucoup de Champignons du groupe des Urédinées, notamment dans la famille des Pucciniacées (qui causent aux végétaux les mala¬ dies vulgairement appelées rouilles), sont dans ce dernier cas. La rouille des Céréales, celle du Blé en particulier, est connue pour ainsi dire de toute antiquité, puisque, dans la Bible, nous lisons que les Prophètes en menaçaient les Juifs comme d’une punition divine. Mais c’est seulement depuis le xvn° et le xviii 6 siècles que les agriculteurs ont commencé à soupçonner les relations qui peuvent exister entre la rouille des Céréales et certaines plantes toutes différentes de ces dernières. C’est ainsi qu’on crut s’apercevoir que le Genévrier Sabine (Juniperus Sabina) , planté dans un verger, rend malades les Poiriers de ce verger ; que la Bourrache (Borrago officinalis) communique le charbon aux champs d’Avoine situés à proximité ; enfin, que, ( 1 ) Autoïque, homoïque, hétéroïque, du grec autos, même, homos , sem¬ blable, hétéros, différent, et oikos, maison, habitat, hôte. Soc. Bot* Lyon, t. X&XVÎI, 1912. 12 138 HOUILLE DU BLÉ ET ÉPINE-VINETTE près des haies d’Epine-Vinette (Berberis vulgaris), le Blé est sujet à la rouille. Ces relations furent d’abord discutées, consi¬ dérées comme mystérieuses, comme de simples coïncidences ou rangées dans la catégorie des sorts et des maléfices. Et, comme toujours dans les sciences naturelles et agronomiques, il faut arriver au xix e siècle pour trouver la démonstration expé¬ rimentale et l’explication scientifique de ces anciennes observa¬ tions empiriques. Les recherches de l’instituteur danois Schoe- ler (1813-1817), puis*celles des frères Tulasne (vers i 85 o) et de de Bary, établirent définitivement l’hétérœcie habituelle, sinon absolue, de la rouille du Blé, causée par un Champignon (Puccinia graminis) qui passe une partie de son existence sur l’Epine-Vinette et une autre partie sur le Blé. D’où cette con¬ clusion, déjà proposée au xvm e siècle (arrêt du Parlement de Rouen, prescrivant la destruction des buissons d’Epine-Vinette), qu’il suffit de supprimer l’un des deux hôtes pour empêcher le parasite de vivre et de causer des dégâts à l’hôte qu’on veut conserver et protéger contre l’invasion. Ajoutons, pour être exact, que la rouille du Blé peut appa¬ raître et se transmettre en dehors de tout voisinage et de tout concours de l’Epine-Vinette ; l’hétérœcie du Champignon para¬ site serait donc seulement habituelle, sans être toujours néces¬ saire et indispensable. Mais il n’en est pas moins vrai qu’ « il est certain que l’Epine-Vinette favorise le développement de la rouille noire, qui apparaît surtout au voisinage des buissons attaqués par l’æcidium ». (Delacroix et Maublanc, Maladies des plantes cultivées , t. II, Paris, 1909, p. i 58 ) (1). (1) Ceux de nos lecteurs qui désirent étudier en détail les caractères et les mœurs du Champignon de la rouille du Blé pourront encore consulter : Ed. Pmllieux, Maladies des plantes agricoles, t. I, Paris, i 8 g 5 ; D r Ant. Magnin, les Rouilles des Céréales et leur développement dans ses rapports avec les conditions extérieures et la réceptivité, 1 broch., Besançon, igo 5 (Extr. des Mém. de la Soc. d’Emulation du Doubs, 7 e s., t. VIII, 1903-1904) ; J. Beauverie, Etal actuel de la question des Rouilles (Revue générale des Sciences, Paris, 1912). D’ailleurs, notre collègue et ami Beauverie, récemment nommé maître de conférences de botanique à la Faculté des Sciences de Nancy, ne tardera pas, croyons-nous, à publier des documents tout nouveaux sur la question des rouilles (note ajoutée pendant l’impression). ROUILLE DU BLÉ ET ÉPINE-VINETTE 139 * * * Or, parmi les agriculteurs du xviii® siècle qui furent assez perspicaces pour observer l’hétérœcie de la rouille du Blé, nous tenons à signaler un Lyonnais, Claude Imbert, négociant, naturaliste et agronome distingué, qui alla s’établir à Mont¬ brison, où il fut membre du Bureau d’Agriculture de 1761 à 1786 environ, et où il ne cessa d’enrichir son cabinet et sa bibliothèque d’histoire naturelle. Dès 1769, et sans avoir con¬ naissance d’observations du même genre qui avaient été faites ailleurs, notamment en Italie, sans connaître même le nom de l’Epine-Vinette, Imbert découvrit en quelque sorte le danger que fait courir aux champs de Blé le voisinage du Vinettier. Voici, en effet, ce que nous avons relevé dans les registres des procès-verbaux de la Société d’Agriculture de Lyon : Du vendredy i4 juillet 1769. La Société a tenu son assemblée dans laquelle étoient M. Daudé, directeur, MM. de La Tourette (sic), Brisson, Delglat, De Chêne- lette, et Noyel de Belleroche, secrétaire-perpétuel. M. de Belleroche fait lecture d’une lettre ecritte le huit de ce mois, par M. Imbert, l’un de nos associés, lequel mande qu’informé de la préparation de semence publiée par M. Sarcey de Sutières (r), il en fit l’essay lors des dernières semailles pour prévenir les effets de la nielle (2) dont ses grains étoient plus ou moins attaqués, depuis huit années ; ayant dernièrement appris que des paroisses, dans le voisinage de ses domaines, étoient affligées de ce fléau, ses premiers soins en arrivant sur les lieux furent de veriffier l’état de ses bleds ; il commença par une terre d’environ huit bicherées (3) dans laquelle neuf à dix pas de terrein étoient totallement niellés. Il observa (1) Nous n’avons pu retrouver la publication dont il est question, ni, par conséquent, connaître ce mode de préparation de semence (chaulage ?). Peut-être, cependant, s’agit-il de VAgriculture expérimentale à Vusage des agriculteurs, fermiers et laboureurs, publiée en 1765, à Paris, par ledit Sarcey de Sutières, « ancien gentilhomme servant chez le Roy » ? (2) A cette époque on désignait sous le nom de nielle les maladies de l’intérieur des grains, appelées aujourd’hui charbons (g. Ustilago) et carie (g. Tilletia). ( 3 ) La bicherée lyonnaise, comme la métérée forézienne, est d'envirop 1.000 mètres carrés. 140 ROUILLE DU BLÉ ET ÉPINE-VINETTE que, joignant la portion des bleds gates, il se trouvoit dans le buis¬ son beaucoup de plantes d’un arbrisseau garni depines, dont il ignore le nom ; ayant suivi la même terre environ trente pas, il y rencontra des bleds égallement niellés, et de pareilles plantes au buisson qui les joignoit ; voyant ensuitte au bout de cette haye une grosse touffe de ces mêmes arbrisseaux, il voulut s’y transporter et trouva des bleds semblablement niellés, à la distance d’environ dix pas de la clôture ; passant ensuitte sur un autre terrein de plus de soixante bicherées, et fort satisfait de la beauté du produit, il apperçut vers sa droite une de ces plantes, et son bled qui le joignoit à côté pareillement endommagé ; enfin, dans une troisième terre, ensemencée par son granger, conformément à la méthode que pres¬ crit M. de Sutières, il ne peut appercevoir un seul épi de gâté, tan dis qu’un fond voisin, emblavé sans préparations, étoit niellé d’un bout à l’autre. M. Imbert a fait parvenir quelques plantes de l’ar¬ brisseau qu’il soupçonne occasionner la nielle, et joint à cet envoy plusieurs épis de ses bleds, tant de ceux qui sont niellés que des autres qui ne l’ont point été ; par l’examen présentement fait de l’arbrisseau dont il s’agit, on a reconnu qu’il pousse du pied plu¬ sieurs rejetions comme le coudrier ; ces jets sont assez longs, droits et branchus : l’écorce blanchâtre, mince et polie ; les feuilles nais¬ sent alternativement le long des tiges et sont presque semblables à celles du grenadier ; enfin, vers leur naissance, il croît de longues épines dont la couleur est d’un jaune pâle. Touttes ces circonstances ont fait aisément reconnoître cette plante pour être l’Epine-vinette qui croît facillement partout au bord des bois et dans les hayes, et dont on se sert avec avantage pour greffer quelques espèces d’arbres fruitiers ; on n’a voit pas encore présumé que lepine-vinette fut nui¬ sible aux bleds, ni qu’elle occasionnât la nielle dans les grains qui viennent aux environs ; cependant, comme elle est fort commune dans certains cantons, particulièrement en Bourgogne, où l’on voit des hayes vives entierrement composées de cet arbrisseau, il est bien vraisemblable qu’on se seroit apperçu depuis bien longtemps du dommage qu’elle causoit aux récoltes ; d’ailleurs, par l’inspection des épis envoyés, on a veriffié que la maladie dont ils sont attaqués n’est pas véritablement la nielle, mais une espèce de rouille. Lorsque les grains sont affectés de la nielle, leur farine se trouve corrompüe étant réduitte en une substance noire et calcinée ; c’est pourquoi dans plusieurs pays on dit alors que les bleds sont char- bonnés ; les épis envoyés ne sont point dans cet état, leurs grains paroissent seulement avoir été privés de nourriture, et n’être point ROUILLE DU BLÉ ET ÉPINE-VINETTE 14:1 parvenus à leur grosseur habituelle, c’est l’effet ordinaire de la rouille. M. de La Tourette a représenté que la maladie dont on parle est celle que l’on croit avoir occasionné les dernières disettes en Italie, ce fléau détermina quelques agriculteurs d’examiner avec plus d’attention qu’auparavant la nature de la rouille ; et plusieurs se sont crus bien fondés à soutenir que les petites taches noires, répan- dües sur le tuyaux (sic) de l’épi, sont des plantes parasites, lesquelles s’attachant à la paille, interceptent la substance qui doit nourrir les grains, et cette idée qui paroit assez vraisemblable pourroit peut- être conduire un jour à trouver le vray remède contre le mal que l’on attribue communément aux impressions d’un brouillard hu¬ mide, chargé de vapeurs corrosives dont l’ardeur du soleil augmente l’effet en les desséchant. Du vendredy 28 juillet 1769. La Société a tenu son assemblée dans laquelle étoient M. Daudk, directeur, MM. Genève, Gacon, Guyraudet, De Ciiênelette, et Noyel de Bellerociie, secrétaire perpétuel, M. Imbert survenu. On a continué de parler sur la rouille des bleds, et sur les brouil¬ lards qui l’occasionnent... Sur ce qu’on a rappellé, que dans la séance du i 4 de ce mois, plusieurs naturalistes en Italie présume- roient que la rouille sur les bleds pou voit être l’effet de quelques plantes parasites qui s’attachoient à la tige et pompoient la sub¬ stance destinée pour la nature des grains, il a été remarqué par M. Gacon que les taches sur la paille des bleds étoient peut-être des essaims de petits animaux imperceptibles et que ce ne seroit pas la première fois qu’on auroit donné dans l’erreur à égard, en les pre¬ nant pour des plantes, comme il est arrivé bien longtems par rap¬ port aux polipes. * * * De ces intéressants extraits, il appert notamment : i° Que le Lyonnais Cl. Imbert a parfaitement découvert et reconnu les rapports du Blé avec l’Epine-Vinette en ce qui con¬ cerne la propagation de la rouille ; 2 0 Que les autres membres de la Société d’Agriculture de Lyon et des diverses Sociétés d’agriculture qui venaient d’être créées un peu partout en France, ne connaissaient pas cette relation avant les remarques d’ÏMBERT ; 3 ° Que les descriptions détaillées reproduites par Noyel de 1 142 ROUILLE DU BLÉ ET ÉPINE-VINETTE Belleroche, rédacteur des procès-verbaux cités, montrent qu’il s’agit bien réellement de la rouille et de l’Epine-Vinette ; 4 ° Que, par défaut d’observations microscopiques, on ne connaissait pas, à cette époque, le Champignon qui cause la rouille du Blé, puisqu’on incriminait, soit de petits animaux imperceptibles, soit, avec plus de raison, les brouillards hu¬ mides suivis d’ardeurs solaires, brouillards et ardeurs qui sont bien des agents favorisant l’explosion de la maladie, sans en être la cause directe et réelle. En foi de quoi, dirons-nous en terminant selon la formule classique, nous avons dressé la présente note pour valoir ce que de droit, et pour montrer, par ce nouvel exemple, le rôle important, prépondérant même, joué par les savants lyonnais dans l’étude de la plupart des questions scientifiques au xvm 0 et au xix e siècles (i). (i) Rappelons pour mémoire, et au hasard, les noms de l’abbé Bertholon, l’un des inventeurs des paragrêles, de J.-Pierre Christin, l’un des inven¬ teurs du thermomètre centigrade à mercure, Jacquart, inventeur d’un métier à tisser, Thimonnier, inventeur de la machine à coudre, etc., etc. SUR LA SUPERPOSITION CONCORDANTE DES DEUX CARTES BOTANICO-FORESTIÈRE ET AGRONOMIQUE d’une même région Application à la région Rhône-Loire-Puy-de-Dôme PAR Glaudius HOUX Docteur ès Sciences. M. le professeur Ch. Flahault, l’éminent directeur de l’Institut botanique de l’Université de Montpellier, avait entre¬ pris, il y a quelques années, une Carte botanique, forestière et agricole de la France au 1/200.000 e , travail qui n’est malheu¬ reusement pas achevé (i). L’énoncé du titre de cette carte indique bien que, « dans la mesure où on le juge utile », la carte botanico-forestière d’une région peut servir en même temps de carte agricole, et réci¬ proquement. Cela est surtout vrai pour les cartes à petite échelle, t/ 320 . 000 e , i/ 5 oo.ooo e , 1/1. 000.000 e , par exemple, qui ne sont et ne peuvent être que des cartes de synthèse plus ou moins schématiques, des cartes d’enseignement. Il 11’en serait plus de même, évidemment, en ce qui concerne les cartes à grande échelle, 1/80.000 e , i/ 5 o.ooo e et au-dessus, qui sont plutôt des cartes d’analyse où l’on peut et où l’on doit consigner tous les détails. La carte coloriée que nous avons l’honneur de présenter aujourd’hui à la Société Botanique de Lyon est établie à l’échelle du i/4oo.ooo e environ, et embrasse les trois dépar¬ tements du Rhône, de la Loire et du Puy-de-Dôme ; les don¬ nées botaniques et agronomiques s’y superposent en concor¬ dance suffisante pour qu’elle puisse servir à la fois et indiffé¬ remment de carte botanico-forestière et de carte agricole d’en¬ seignement. (1) Ch. Flahault : Au sujet de la Carte botanique, forestière et agricole de la France (Annales de Géographie, 1896) ; Essai d’une Carte botanique, forestière et agricole de la France (Id., 1897). Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. 13 144 SUR LA SUPERPOSITION CONCORDANTE Une telle carte, ou toute autre analogue, qui serait étendue et généralisée à tout le reste du territoire français, avec les va¬ riantes nécessaires dans les teintes et dans les subdivisions selon les régions naturelles, pourrait rendre de réels services au point de vue de l’enseignement de la géographie botanico- forestière et de la géographie agricole, dans les Universités, dans les Instituts forestiers et agronomiques, et même, jusqu’à un certain point, dans les Ecoles normales et primaires. * * * Dans la région considérée, Rhône-Loire-Puy-de-Dôme, nous pouvons distinguer nettement, depuis les plaines jusqu’aux sommets, cinq horizons successifs de végétation spontanée et cultivée. Remarquons tout d’abord que ces horizons ne sont pas de simples zones ou tranches altitudinales, en vertu de ce prin¬ cipe général, tout aussi vrai en géographie agricole qu’en géographie botanique, que la distribution et l’association des végétaux spontanés ou cultivés sont déterminées, non par l’alti¬ tude, mais surtout par les conditions climatériques (tempéra¬ ture, humidité) et édaphiques (relief, exposition, constitution physico-chimique du sol), qui varient localement dans des limites parfois très grandes. Les cinq horizons successifs que nous venons d’annoncer sont exposés comparativement ci-après, en deux colonnes, pour bien montrer leur concordance aux deux points de vue bota- nico-forestier et agricole. Horizons botamco-forestiers I. — Horizon des plaines et bassins Flore spontanée toujours plus ou moins halicole et calcicole, toute différente de celle des montagnes et des coteaux périphériques. Au point de vue forestier, asso¬ ciation des taillis sous futaie de feuil¬ lus mélangés. Horizons agricoles d'alluvions tertiaires et quaternaires. Terres arables, en général fortes et profondes, plus ou moins perméa¬ bles, calcaires ou argilo-calcaires (ra¬ rement argilo-siliceuses et imperméa¬ bles : étangs), convenant bien aux céréales de choix, aux plantes sar¬ clées, potagères et industrielles, aux légumineuses ; grands domaines, cul¬ tivés mécaniquement. DES DEUX CARTES B0TANIC0-F0REST1ÈRE ET AGRONONIQUE 145 • II. — Horizon des coteaux périphériques, chauds et rocheux. Flore essentiellement thermophile et xérophile : genêts, Sedum, Sera- pervivum, Ceteroch , etc. ; Cistes, Cactus et autres plantes méridio¬ nales. Pas de forêts, mais des pieds iso¬ lés ou des petits bosquets de Quer- cus pubescens, de Pins rabou¬ gris, etc. Exemple de paysage botanique : Garnasse. Les sols de coteaux sont rocheux, maigres, secs. La Vigne est la culture de choix, presque exclusive, avec çà et là des Pêchers et Amandiers en plein vent. III. — Horizon des basses et moyennes montagnes. Flore plus ou moins gélicole ou calcifuge. C’est par excellence le pays du Pin silvestre, avec Châtai¬ gnier, Noyer, Chêne rouvre, plus communs dans le bas, Frêne et Ver¬ ne, plus communs dans le haut, où se montrent aussi le Hêtre et les premiers Sapins. Exemples de paysages botaniques : Rouvraie, châtaigneraie, etc. Sols en général assez maigres, peu profonds, imperméables, siliceux, convenant bien aux céréales de se¬ cond choix (seigle, avoine, sarrasin), aux pommes de terre, au trèfle, et surtout aux prairies naturelles : d’où régime semi-pastoral des exploita¬ tions ; domaines très morcelés. IV. — Horizon de densité maximum des forêts. C’est le domaine du Sapin spon¬ tané (1.000 à i. 3 oo m. environ). Flore silvatique : dans le bas, as¬ sociation du Hêtre, avec Airelle, Houx, Noisetier comme réactifs et succédanés; dans le haut, associa¬ tion du Sapin pectiné, avec Sorbier des Oiseaux et Sycomore comme succédanés. Exemples de paysages botaniques : Hêtraie, Sapinière. Herbages et pâturages hors des forêts. Régime pastoral et d’élevage à peu près exclusif. Vers i.ioo m., limites des dernières cultures (sei¬ gle et pommes de terre) et des der¬ nières habitations permanentes. V. — Horizon des bruyères et hautes-chaumes. Landes, hauts herbages, avec çà et là des tourbières, et, sur les som¬ mets, des rochers et des pelouses à espèces subalpines. Paysages botaniques : Bruyère, Chaume, Tourbière, Rochers. Séjour estival des troupeaux. Burons ou cabanes au Mont-Dore, jasseries ou loges à Pierre-sur-Haute et au Pilât. 146 SUR LA SUPERPOSITION CONCORDANTE * * * Conclusion. — Par ce simple aperçu (i) comparatif, nous con¬ statons que, si l’on dresse séparément la carte botanico-fores- tière et la carte agronomique de la région Rhône-Loire-Puy- de-Dôme, ces deux cartes se ressemblent beaucoup, au point qu’il est possible, à petite échelle, de les superposer sans grand inconvénient et de les confondre en une seule. Et ainsi pour¬ rait-on faire, comme nous le disions au début de cette notice, pour tout le reste de la France, en tant que carte synthétique d’enseignement. (i) Pour les détails, nous renvoyons aux mémoires ci-après: D r Ant. Magmn, ses divers travaux sur la Géographie botanique : la Végé¬ tation de la région lyonnaise, Lyon, 1886; l'Edaphisme chimique, Besan¬ çon, igo 3 , etc. A. d’Alverny: Géographie botanique des Monts du Forez, in Etude bota¬ nique de CI. Roux (Ann. Soc. botan. de Lyon, 1910). Cl. Roux, divers travaux: le Problème de l'Edaphisme (Ann. Soc. Linn. de Lyon, 1911); Géographie agricole de la région Rhône-Loire-Puy-de-Dôme (Ann. Soc. d’Agriculture de Lyon, 1911), etc. CARTE AGRONOMIQUE' ET BOTANIQUE DE LA RÉGION RHONE, LOIRE, PUY-DE-DOME Par Cl. ROUX Hwimww F . olicllo Mot r i quel ïhlLk «MS AwjU NAnriuwEs nl/uil,. mm. mugi iRlfeopi tmti7Je fmmeane \ t Si^OirÆgT^je C '!>/*<’ q.ntrf (UitlaÜi' S\Ch£f <£?>' a 1 Kï Æ//i..^T iiAmrs> i o\ cm Hautes-Chaumes et Hauts-IIerbages Bruyères Traces subalpines O Stations connues du Pin à crochets (Pierre-sur-Haute et Mont-Dore) Domaine du Sapin spontané, horizon de densité maximum des forêts. Limite inférieure du Ilètre en Forez, d’après M. d*AIverny. Cultures - Vignobles des basses et et des moyennes stations xérophiles montagnes. Pays du Pin silvestre Plaines et bassins d’alluvions tertiaires et quaternaires. Cultures intensives et pays d'étangs. REMARQUES A PROPOS DE L’INDIGÉNAT DU SAPIN EN NORMANDIE PA II Claudius ROUX Docteur ès-Sciences. Les comptes rendus du Congrès des Sociétés savantes tenu à Caen en 1911 contiennent, entre autres, trois notes de MM. l’abbé Letacq, René Maire et Robert Hickel, relatives à l’indigénat du Sapin en Normandie. Nié par de Rrébisson, Morière, Corbière, Mathieu, etc., cet indigénat est admis, au contraire, par E. Maire (in Revue des Eaux et Forêts, 1904), et par les auteurs des trois notes en question. Les raisons sur lesquelles ces derniers auteurs basent leur opinion affirmative sont : i° Des textes anciens, tels que celui d’ORDÉRic Vital, moine de Saint-Evroult (xn e siècle) et des actes notariés du xvi e siècle faisant mention expresse du sapin, des <( sapaies » et des « bois de sap » dans les arrondissements de Mortagne, Argentan et Evreux. 2 0 De nombreux lieux dits « Le Sapin, Le Petit-Sapin, La Sapaie, La Sapinière, La Sapée, Le Sap, Le Sapitel », etc., dans les départements de l’Orne, de l’Eure et du Calvados, et jusque dans la Mayenne et dans l’Eure-et-Loir. 3 ° Le Sapin pectiné est encore désigné dans les Flores sous les noms de Sapin de, Normandie, Sapin de Laigle, et les mas¬ sifs encore existants dans la région normande y sont commu¬ nément appelés des sapaies. 4 ° Les conditions écologiques favorables au Sapin, sauf la condition d’altitude qui, en effet, n’est pas toujours rigoureu¬ sement indispensable, sont bien réalisées en Normandie, où Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. 14 148 REMARQUES A PROPOS DE L’iNDIGÉNAT l’essence trouve notamment les conditions d’humidité et de température qu’elle affectionne ; on en trouve la preuve dans ce fait que le Sapin se reproduit naturellement et abondam¬ ment en Normandie, où il deviendrait très envahissant sans l’action de l’homme et sans la concurrence du Hêtre. 5 ° On trouve en Normandie toute une flore d’affinités mon¬ tagnardes et boréales, nettement commensale du Sapin et carac¬ térisant avec lui le paysage botanique de certaines régions des Vosges, du Jura et du Massif central, notamment Pirola minor, Aconitum napellus, et surtout Vaccinium myrtillus. A quelle époque le Sapin s’est-il introduit naturellement en Normandie, où il est ensuite devenu endémique et indigène ? Pour M. René Maire, « cet arbre a dû envahir la Norman¬ die lors du refroidissement glaciaire, puis en être chassé posté¬ rieurement par les feuillus, mieux adaptés au climat normand. Il a dû persister en quelques coins privilégiés de la région de Laigle, où l’homme, s’étant rendu compte de sa valeur comme bois d’industrie, l’a protégé contre l’extinction totale. Le Sapin de Laigle serait donc une relique, artificiellement conservée, de l’ancienne végétation du pays ». * * * Ces assertions ne sont pas exemptes d’objections, et parais- * sent même venir à l’encontre de la thèse de l’auteur, qui admet l’indigénat du Sapin en Normandie. Nous tenons seulement à faire remarquer que ce n’est pas « lors du refroidissement gla¬ ciaire » que YAbies pectinata a dû envahir la Normandie, mais • qu’il y existait déjà auparavant. Dans notre étude sur « Le Domaine et la Vie du Sapin » (Ann. de la Soc. Botanique de Lyon, igo 5 ), nous avons montré que le Sapin existait déjà dès le début du Tertiaire, et même dès le Crétacé, dans toute l’Eu¬ rope moyenne et septentrionale, et notamment en Normandie. Au Pliocène, de vastes forêts de Conifères couvraient l’Angle¬ terre et l’Armorique ; leurs débris, où l’on reconnaît le Sapin, l’Epicéa, le Pin silvestre, l’If, etc., montrent qu’il s’agit de formes semblables aux types actuels (Saporta) et constituent le for est bed des géologues anglais. Puis vinrent les glaciations successives, au cours desquelles une foule de végétaux dispa- DU SAPIN EN NORMANDIE 149 purent ou émigrèrent de nos régions. Or, précisément, la Nor¬ mandie ne fut pas recouverte par les glaces, et le Sapin put s’y maintenir, sans pouvoir ensuite reprendre son ancien domaine septentrional, à cause de la formation de la Manche et de la mer du Nord ; en sorte que, en définitive, l’aire actuelle de dispei'- siort du Sapin, Normandie y comprise, ne représente que la partie Sud de son domaine primitif, qui était beaucoup plus étendu vers le Nord. Et le véritable centre de création du Sapin et de tous les Conifères de notre hémisphère, comme aussi de nombreuses plantes herbacées dites alpines ou subalpines, doit être cherché non dans les Alpes ou le Plateau Central, mais dans l’Europe septentrionale, d’où toutes ces plantes ont émigré peu à peu vers le Sud, au fur et à mesure du refroidissement progressif de la température. Cette thèse, que nous avons défendue dans notre note sur le Sapin à crochets (Ann. de la Soc. Botanique de Lyon, 1908), est de plus en plus confirmée par les études des paléontologistes de l’Europe et de l’Amérique du Nord, et nous nous réservons de la reprendre et de la développer dans un travail ultérieur. TRIFOLIUM REPENS L TRÈFLE RAMPANT, TRÈFLE BLANC PETIT TRÈFLE DE HOLLANDE VULGAIREMENT TRIOLET PAR Cl. ABRI AL Le Trèfle rampant possède une variété dont les sépales sont transformés en folioles végétatives. Cette variété a été décrite et nommée par Seringe : Trifolium repens L., var. phyllan- thuîn. Des échantillons de cette variété furent récoltés dans un champ de Luzerne à Décines. Nous n’avons pas trouvé dans ce champ de plaque de Trèfle rampant sans rencontrer quelques échantillons de cette variété. D’après les caractères que nous avons observés, il semble bien que cette plante, décrite par Seringe, ne soit pas une variété à proprement parler, car les organes reproducteurs mâles et femelles sont stériles. Il est plus vraisemblable, sans qu’il nous soit permis de l’af¬ firmer, que cette transformation des pièces florales soit due à un parasite animal ou végétal, c’est-à-dire à un Champignon ou bien à la piqûre d’un insecte. Nous nous proposons d’étudier plus tard ce cas tératologique. La plante ne semble pas souffrir de cette transformation : les tiges, les feuilles et les inflorescences sont normales. Les fleurs présentent les modifications suivantes : calice gamosépale tubuleux à la base, terminé par cinq lobes. Les deux lobes postérieurs sont très grancfs, foliacés et dentés comme les folioles végétatives, les trois lobes antérieurs plus petits, pointus, sans dents. Corolle dialypétale à cinq pièces, pétale postérieur ou éten- Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. 15 152 TRIFOLIUM REPEINS L. dard très grand, tronqué au sommet, recouvre les quatre autres plus petits ; les deux latéraux ou ailes sont asymétriques, possé¬ dant chacun une oreillette à la base, du côté de l’étendard ; les deux antérieurs ou carène sont réguliers et légèrement connés par leurs bords adjacents. L’androcée est composé de dix étamines libres stériles à blets plus ou moins tortueux. Gynécée stérile, formé d’un seul carpelle transformé en une feuille végétative. Cette feuille est constituée à la base par une gaine à bords rapprochés simulant l’ovaire. La gaine se termine par un limbe bilobé et denté, muni à sa base de deux appen¬ dices üliformes. L’ensemble de ce limbe peut être comparé à une feuille composée trifoliolée dont les deux folioles latérale seraient réduites, ou bien à une feuille possédant une gaine dé¬ chirée au sommet en deux stipules. Les fleurs normales du Trifolium repens présentent un calice tubuleux à la base, terminé par cinq lobes étroits plus ou moins irréguliers; une corolle ordinairement gamopétale, un androcée diadelphe et un gynécée formé d’un seul carpelle contenant deux ou trois ovules campylotropes. * DAPHNE CAUCASICA PALE. PAR Cl. ABRI AL Arbrisseau pouvant atteindre 2 à 3 mètres de hauteur. Ra¬ meaux brunâtres, légèrement purpurescents et glabres. Feuilles alternes caduques à limbe sessile ou subpétiolé, lancéolé, aigu, ordinairement mucroné. En avril-mai, au sommet de chaque rameau jeune de l’année, portant cinq à huit feuilles, se développe une inflorescence de cinq à douze fleurs blanches odorantes, courtement pédicellées, disposées en ombelle simple. Fleurs apétales à calice pétaloïde hypocratérimorphe, tétramère. Le tube cylindrique, pubescent à l’extérieur et glabre à l’intérieur, se termine par quatre lobes ovales lancéolés aigus, moitié plus courts que le tube. Préflo¬ raison alternative. Les lobes, d’abprd incurvés dans le bouton, sont récurvés à l’épanouissement et légèrement rabattus au sommet. A l’intérieur du calice, huit étamines en deux verti- cilles tétramères, incluses et concrescentes avec le tube du calice et à filets très courts. Les quatre étamines du verticille externe plus longues, montrent le sommet de leur anthère à la gorge du tube. Les quatre du verticille interne sont plus courtes : leur sommet ne dépasse pas les deux tiers de la hauteur du tube. L’ovaire supère, ovoïde, pubescent, uniloculaire, contient un seul ovule anatrope pendant. Style terminal très court, terminé par un stigmate en tête volumineuse. Le fruit est une drupe molle, noire, à noyau crustacé rnonosperme. D’après les auteurs consultés, il semble bien qu’il soit très difficile de déterminer les espèces de ce genre ; très souvent 154 DAPHNE CAUCASICA PALL. même, les figures ne se rapportent que peu ou pas à la descrip¬ tion du même auteur. Voici ce que nous trouvons dans le Bot. Mag. : <( Les Daphné sont difficiles à décrire et à reconnaître. Le Dapline Caucasica Pall. ne serait qu’une forme du Daphné Altaica Pall. D’après les caractères donnés par Meissner de ces deux espèces, le Daphné Caucasica Pall. diffère du second par ses feuilles lancéolées, par ses inflorescences en ombelle de deux à cinq fleurs courtement pédicellées. Ovaire glabre. Le Daphné Altaica possède des feuilles lancéolées, oblongues, des inflo- rescenses en ombelle de deux à vingt fleurs. Ovaire poilu. D’après cet auteur, le caractère des fleurs et des feuilles n’est d’aucun secours pour la détermination de ces deux espèces. » (Bot. Mag., tab. 7388). L’ovaire ne ressemble à aucun de ceux des espèces précé¬ dentes. Si l’on s’en rapporte aux échantillons d’herbier, nous ne trouvons aucune différence entre les espèces du Caucase et de l’Altaï. On serait donc en droit de supposer que ces deux espèces peuvent étendre leur aire de dispersion du Caucase à l’Altaï, comme le Daphné oleoides s’étend de l’Espagne à l’Himalaya. S’il en est ainsi, il y a lieu de choisir un des deux noms pu¬ bliés dans le même livre de Pallas. De ces deux espèces, le Daphné Altaica est le plus connu. Sa forme à feuilles larges a été reproduite dans le Bot. Mag., tab. 1875, d’après un plant cultivé au jardin de Cambridge en 1817. Ce dernier a été décrit comme n’étant pas odorant, bien que le Daphné Caucasica Pall. le soit réellement. D’autre part, la planche de Pallas représentant le Daphné Altaica Pall. est complètement erronée ; elle figure les inflo¬ rescences en ombelle longuement pédonculées, tandis qu’il les décrit très exactement sessiles ou subsessiles. Les jardins royaux de Londres possèdent le Daphné Cauca¬ sica Pall. depuis 1893. Cette espèce a supporté l’hiver rigoureux de 1893-1894. Elle a fleuri en mai 1894, mais n’a pas donné de fruits. Description du Daphné Caucasica Pall. (Bot. Mag., an- DAPHNE CAUCASICA PALL. 155 née 1894, tab. 7388) : « Arbuste nain, glabre, sauf le périanthe. Feuilles alternes, longues de 4 à 5 centimètres, caduques, li¬ néaires, lancéolées, aiguës ou obtuses, souvent apiculées, vert pâle en dessus, glaucescentes en dessous. Fleurs courtement pé- dicellées réunies en petites ombelles sans bractées à la base, de deux à vingt fleurs blanches odorantes. Galice formé d’un tube cylindrique de 1 centimètre à 1 cm. 5 de longueur, soyeux ou pubescent .à l’extérieur, terminé par quatre lobes ovales ou presque orbiculaires atteignant environ la moitié de la longueur du tube. Les bords des lobes sont d’abord involutés, puis revo- lutés. Etamines incluses, excepté le sommet des quatre anthères supérieures. Ovaire obovoïde à poils épars. Style court, stig¬ mate large, hémisphérique. » Description de Boissier (Fl. Orient., t. IY, p. 1047) : « Arbris¬ seau à rameaux érigés. Rameaux âgés dénudés, purpurescents, les nouveaux courts, à feuilles serrées. Les feuilles au voisinage des fleurs sont oblongues, lancéolées, obtuses, apiculées, lon¬ guement atténuées à la base, sessiles et glabres. Fleurs en ombelle de cinq à dix, au milieu de feuilles supérieures subses- siles sans involucre. Périgone blanc, extérieurement poilu, lobes oblongs deux fois plus courts que le tube. Fruit noir. <( Daphné Caucasica Pall. « Daphné salicifolia Lamk. » Nous trouvons, dans le Traité des arbustes de Mouillefert, la note suivante : « On cultive parfois dans les jardins et les collections le Daphné Caucasica Pall. (Boissier, Fl. Orient., p. 1047) de l’Ukraine, à rameaux purpurescents velus, à feuilles fasciculées, oblongues, lancéolées, glabres, caduques. Fleurs blanches par cinq à dix en fascicules terminaux. Périanthe poilu. Baie noire. « Dans le Bot. Mag., la description paraît être erronée, si on la compare à la figure qui reproduit très fidèlement la plante que nous vous présentons. Les caractères énoncés pour le Daphné Altaica se rapportent plus à la figure du Daphné Cau¬ casica, tandis que les caractères du Daphné Caucasica se rap¬ portent h la figure du Daphné Altaica. » 156 DAPHNE CAUCASICA PALL. La description donnée par Mouillefert ressemble beaucoup aux précédentes. Elle en diffère par les caractères des tiges, velues au lieu d’être glabres. La description du Bot. Mag. nous indique que la plante est naine, tandis que celte espèce est peut-être la plus grande du genre. DESCRIPTION DU DAPHNE CNEORUM DU “ MONT ” AU-DESSUS DE N ANTI V PAR Cl. ABRI AL Arbrisseau rampant de 3 o à 4 o centimètres de longueur, ne dépassant pas le gazon de la prairie. Chaque année, les rameaux de l’année précédente donnent naissance h deux ou trois rameaux, le plus souvent deux par atrophie du troisième, ce qui donne à l’arbuste l’apparence d’une ramification dichotomique. Ce mode de ramification tient à la disposition des fleurs sur les tiges. Les inflorescences sont de petites ombelles terminales accompagnées d’un certain nombre de feuilles à entre-nœuds très courts. L’année suivante, à l’aisselle de cette rosette termi¬ nale de feuilles, se développent deux ou trois bourgeons : deux seulement persistent et s’allongent pour porter des feuilles et se terminent par une petite inflorescence en ombelle. La ramifi¬ cation du Daphné Cneorum est donc une ramification sympo- dique. Quelques rameaux peuvent ne pas se terminer par une inflorescence ; dans ce cas, le rameau s’allonge par son bour¬ geon terminal. Les rameaux sont d’un brun rougeâtre, pubes- cents quand ils sont jeunes et glabres âgés. Les rameaux âgés sont couverts de cicatrices de feuilles tombées. Les cicatrices persistent pendant plusieurs années, tandis que les jeunes rameaux portent des feuilles alternes persistantes. Feuilles alternes pennées, réduites au limbe, à bords entiers, lancéolées, spathulées, terminées au sommet par une petite pointe qui peut manquer quelquefois ; la base du limbe est atténuée. 158 DESCRIPTION DU DAPHNE CNEORUM Les feuilles mesurent 12 à 18 millimètres de longueur et 4 à 5 millimètres de largeur. Elles présentent une seule nervure bien développée. A la loupe, on distingue un certain nombre de nervures secondaires disposées comme les barbes d’une plume, formant un angle aigu avec la nervure médiane qui leur donne insertion. Les feuilles de cet arbrisseau ne persistent pas longtemps, tout au plus deux ans, quelquefois moins ; par conséquent, les rameaux âgés en sont toujours dépourvus. Inflorescences. — Les inflorescences sont désignées tantôt comme une tête ou capitule, tantôt comme une petite ombelle simple. C’est à cette dernière opinion que nous nous rangeons pour la description de cette espèce. Fleurs. — Les fleurs sont d’un beau rouge carminé, très odo¬ rantes, disposées en ombelle terminale à pédicelles très courts mesurant environ 2 à 3 millimètres. Chaque fleur est formée d’un réceptacle convexe, à la base duquel s’insère un calice tétramère d’un rose carminé vers le sommet, qui s’atténue graduellement vers la base. Le calice hypocratérimorphe est formé d’un tube étroit de 2 à 3 millimètres de diamètre et long de 10 à 12 millimètres. Le tube se termine par quatre lobes libres étalés, lancéolés, aigus, légèrement fendus au sommet, disposés en préfloraison alternative, pubescents, avec deux lignes sinueuses et inter¬ rompues à la face inférieure, plus pâles et glabres à la face supérieure. Androcée. — L’androcée est formé de huit étamines à an¬ thères biloculaires et introrses, incluses dans le tube pubescent. Les étamines sont concrescentes par leur filet avec le calice sur pesque toute leur longueur, sauf l’anthère, qui est libre. Quatre étamines longues arrivent jusqu’au sommet du tube, elles sont visibles par la gorge où l’on n’aperçoit que le sommet des quatre anthères, quatre plus petites occupent les deux tiers de la hauteur du tube. Ovaire. — Ovaire supère stipité, ovoïde, recouvert de poils, terminé par un stigmate sessile discoïde volumineux. Cet ovaire est constitué par un seul carpelle contenant un seul ovule anatrope. A maturité, le fruit est une baie. DU “ MONT ” AU-DESSUS DE NANTUA 159 Cet arbrisseau fleurit du i5 au 3o mai, dans sa station du « Mont », au-dessus de Nantua.. D’après certains, on rencontrerait à Cize-Bolozon une forme de cette espèce, plus grande, à rameaux érigés. Nous nous y sommes rendu pour contrôler cette assertion. Nous avons trouvé la même plante, aussi rampante que celle du « Mont ». Nous avons cependant constaté que les rameaux paraissaient plus élevés : cela tient au gazon qui l’entoure, gazon formé de Genista pilosa atteignant 3o à 4o centimètres de hauteur. Le gazon du « Mont », au contraire, est formé de végétaux plus courts. M. Lavenir nous assure que la plante de Cize- Bolozon est plus vigoureuse et se laisse plus volontiers cultiver. Cette dernière station se trouve sur la rive gauche de la rivière d’Ain et à environ /joo mètres du Pont (i). (i) Voici l’itinéraire à suivre pour parvenir à cette station: A 28 mètres en aval du pont, prendre un sentier légèrement tracé qui débute au pied d’un poteau télégraphique. Traverser un pré de 78 mètres de long, puis un champ en friche # de 85 mètres où pousse un certain nom¬ bre de Juniperus communis. A la suite de ce terrain en friche, traverser deux autres prés mesurant respectivement 82 et 68 mètres, et séparés par quelques fils de fer ronce. Ces deux prés traversés, on trouve un nouveau champ en friche. Continuer à suivre le sentier pendant 60 à 70 mètres. On se trouve alors en face d’une ligne de i3 peupliers blancs, distante de 6 à 7 mètres de la rivière. Les 7 premiers arbres sont isolés. Les 6 autres sont en groupe. 5 de ces derniers ont péri lors de la grande sécheresse de l’an dernier. Face à ces peupliers on aperçoit sur l’autre rive la bifurcation de la route de Cize-Bolozon. En descendant la rive, au niveau du quatrième peuplier, entre celui-ci et un fort sujet de Juniperus communis, commence la station du Daphné Cneorum. Elle s’étend sur 4o mètres environ. Le Dapline Cneorum y vit en compagnie du Genista pilosa, avec lequel il offre une grande ressemblance. Ici, le Genêt poilu atteint 3o à 4o centimètres, et au-dessus de ses tiges obliques s’élève le Daphné Cneorum, afin de n’être pas étouffé par lui. C’est ce qui fait dire à quelques-uns que le Daphné de Cize-Bolozon était une forme dressée du Daphné Cneorum. ÉTUDE DES CARACTÈRES DISTINCTIFS ENTRE LES SALYIA OFFICINALIS ET LE SALVIA CRETICA PAR Cl. ABRIAL Il y a quelques années de cela, notre collègue, M. Viviand- Morel, a présenté à une de nos séances de la Société Botanique des rameaux feuillés et fleuris du Salvia officinalis et du Salvia cretica, provenant des cultures de M. Jordan. M. Viviand-Morel nous a indiqué les principaux caractères distinctifs qui séparent nettement ces deux espèces. Cependant, ces deux plantes sont souvent confondues Pline et l’autre dans assez bon nombre de jardins. Le Salvia officinalis se rencontre à l’état sauvage dans le Midi de la France, d’où il peut remonter jusqu’à Lyon, tandis que le Salvia cretica , originaire de la Crète et de l’Espagne, ne se rencontre jamais à l’état sauvage en France, où il n’a jamais été signalé comme subspontané. Depuis la communication de M. Viviand-Morel, je cultive côte à côte ces deux espèces au jardin botanique de la Faculté de médecine de Lyon. Le Salvia officinalis a donné dans les cultures un certain nombre de variétés intéressantes, dont les deux plus remar¬ quables sont : Salvia officinalis tricolor et Salvia officinalis tenuior. Du Salvia cretica , on ne connaît guère que la variété à fleurs blanches. Voici les caractères que nous avons remarqués chez ces deux espèces : Salvia officinalis L. (Région méditerranéenne). — Petit sous- 162 LES SALVIA OFFICINALIS ET LE SALVIA CRETICA arbrisseau très ramifié, à rameaux ligneux généralement cou¬ chés, sauf ceux de l’année, qui sont dressés. Les tiges peuvent atteindre 5o à 80 centimètres de longueur, mais l’ensemble du sous-arbrisseau ne dépasse pas 3o à 4o centi¬ mètres de hauteur. Les feuilles sont opposées, sans stipules, pétiolécs, sauf la paire placée au voisinage des fleurs, qui sont sessiles. Le limbe est bulleux, blanchâtre et laineux sur les deux faces, les bords sont finement crénelés. Inflorescences terminales en épis de glomérules triflores ordi¬ nairement, réduits quelquefois à deux ou à une seule fleur. A chaque nœud d’inflorescence, deux bractées caduques per¬ sistent cependant jusqu’à l’épanouissement des fleurs. Les brac¬ tées sont vertes à la base de l’inflorescence et d’une teinte légè¬ rement plus claire vers le sommet de celle-ci. Fleur. — Calice bilabié à quinze nervures. Il y a quelquefois fusion de deux ou de quatre nervures deux à deux en face des échancrures qui séparent les lèvres. Les deux lèvres sont peu distinctes et les lobes sont subégaux, terminés en pointe. Corolle bilabiée, avec tube assez long, d’abord étroit à la base, puis s’élargissant graduellement de la base jusqu’à la gorge pour se terminer par deux lèvres : une antérieure à trois lobes, le lobe médian est très grand, les deux latéraux plus petits, ovales, aigus. La lèvre postérieure est bilobée. Salvia cretica L. (Crète, Espagne). — Sous-arbrisseau de 5o à 80 centimètres de hauteur, à rameaux dressés. Feuilles oppo¬ sées ovales, lancéolées, de 4 à 5 centimètres de long et 20 à a5 millimètres de large. Les feuilles de cette espèce présentent souvent à la base du limbe un ou deux lobes plus ou moins développés. Inflorescences terminales, en épis de glomérules triflores, accompagnées de bractées assez grandes, très caduques, tom¬ bant avant l’épanouissement, des fleurs. Fleur. — Calice bilabié, à lèvres écartées : lèvre antérieure à deux lobes latéraux allongés et subulés ; lèvre postérieure à trois dents courtes. Corolle bilabiée, en tube allongé, d’abord étroit à la base, s’élargissant graduellement ensuite de la base au sommet pour se terminer par deux lèvres très grandes : lèvre postérieure en LES SALVIA 0FFIC1NALIS ET LE SALVIA CRETICA 163 casque, légèrement bilobée, lèvre antérieure trilobée, à lobe médian très grand, bilobé, à lobes latéraux plus petits, entiers, ovales et mucronés. Il résulte de cette étude que ces deux espèces diffèrent l’une de l’autre par les caractères suivants : Tableau des caractères distinctifs entre les Salvia officinalis et Salvia cretica. Salvia officinalis L. i° Rameaux ligneux couchés ou lé¬ gèrement ascendants ; 2° Feuilles de 2 à 4 centimètres de long et io à i 5 millimètres de large ; 3 ° Limbe lancéolé, non muni de lobe à la base; 4 s Inflorescences pourvues de brac¬ tées à l’épanouissement des fleurs ; 5 ° Calice bilabié à lèvres peu dis¬ tinctes et non écartées. 6 ° Lèvre antérieure de la corolle à lobes latéraux non mucronés. Salvia cretica L. i° Rameaux ligneux dressés; 2° Feuilles de 4 à 5 centimètres de long et 20 à 25 millimètres de large ; 3 ° Limbe ovale, ordinairement muni de i ou 2 lobes à la base. 4 ° Inflorescences dépourvues de bractées à l’épanouissement des fleurs ; 5 ° Calice bilabié à lèvres très dis¬ tinctes et écartées ; 6 ° Lèvre antérieure de la corolle à lobes latéraux mucronés. A PROPOS DES PROJETS D’UNIFICATTON DE LA NOMENOALTURE BOTANIQUE PAR Claudius ROUX Docteur ès Sciences. Les expressions de Sapciie et Sapinaie, par lesquelles on dé¬ signe, en Normandie, les bois de Sapins, dénommés ailleurs Sapinières, montrent une fois de plus Futilité d’une nomen¬ clature botanique uniforme. Depuis longtemps, les botanistes cherchent à se mettre d’ac¬ cord à ce sujet ; ils n’v sont pas encore parvenus. Y parvien¬ dront-ils un jour ? Des efforts louables et énergiques sont faits cependant de toutes parts en ce sens (i). Mais, avant d’avoir une nomenclature universelle et internationale, ne pourrait-on pas, en attendant, rechercher, en France, une série de terminologies univoques adaptées conventionnellement aux divers points de vue de la biologie végétale ? Sans avoir d’autre prétention que celle d’attirer à nouveau l’attention de nos collègues sur ce sujet, nous nous permettons d’exposer ci-après un essai, ou plutôt un embryon de projet d’unification des terminologies françaises. (i) Ou cherche aussi, en anatomie et physiologie humaines et animales, à créer, dans chaque subdivision ou chapitre, des graphies à terminologie univoque. Nous citerons notamment les travaux de M. le professeur Lesbre, de l’Ecole vétérinaire de Lyon, sur la nomenclature myologique. Chose très curieuse, la tératologie humaine et animale possède déjà son vocabulaire à peu près fixé, dont la plupart des termes ont une terminologie uniforme. Soc. Bot., t. XXXVII, 1912. 10 166 A PROPOS DES PROJETS D’UNIFICATION I. — Au point de vue anatomique. i° Anatomie descriptive, terminologie graphie. Exemples : Phytographie, or g ano graphie, rhizo graphie, carpographie, anthographie, embryographie, etc. e° Anatomie structurale, terminologie tomie. Exemples : Phytotomie, organotomie, rhizotomie, carpoto- mie, embryotomie, etc. 3° Développement et filiation, terminologie génie. Exemples : Phytogénie, organogénie, rhizogénie, carpogé- nie, ovogénie, embryogénie, philogénie, ontogénie, etc. 4° Tératologie, terminologie ie. Exemples : Fascie, syncarpie, synstylie, polycarpie, ascidie, synanthie, syncarpie, etc. II. — Au point de vue taxonomique. Terminologie taxie. Exemples : Phytotaxie, organotaxie, phyllotaxie, histotaxie, morphotaxie, carpotaxie, etc. III. — 4 u point de vue physiologique. i° Physiologie normale, fonctions, terminologie isme. Exemples : Edaphisme, mutualisme, symbiosisme, tro- phisme, tropisme, géotropisme, héliotropisme, atavisme, etc. 2 ° Répartition géographique, groupements ou associations biologi¬ ques, terminologie aie. Exemples : Aunaie, cerisaie, châtaigneraie, chênaie, cou- draie, frênaie, fougeraie, fongeraie, rouvraie, oseraie, sau¬ laie, pinaie, sapinaie ou sapaie, cariçaie, scirpaie, phragmitaie, nupharaie, charaçaie, musçaie, sphagnaie, etc. 3° Pathologie, terminologie ose. Exemple : Chlorose, parasitose, traumatose, anthracnose, gommose, mycose, dystrophose, nanose, atrophose, éda- pliose, etc. 4° Economie ou technique végétale, usages et exploitation des plan¬ tes, terminologie iére. Exemples : Cressonnière, houblonnière, luzernière, melon- nière, oignonière, pépinière, rizière, sapinière, tourbière, truf¬ fière, pommière, etc. 167 DE LA NOMENCLATURE BOTANIQUE On remarquera que ces terminologies sont déjà partielle¬ ment usitées ; il ne s’agirait donc que de les compléter et d’en généraliser l’emploi. D’autres terminologies, pour des subdivisions différentes de celles que nous venons d’indiquer, pourraient être adoptées ou sont en voie de l’être. Ainsi, pour les grands embranchements du règne végétal, on tend aujour’hui à dire Spermaphytes, Ptéridophytes, Bryophytes, Thallophytes, etc., au lieu de Pha¬ nérogames, Fougères, Mousses, etc. (i). De même, les noms des familles prennent conventionnellement la terminologie acée, par exemple Renonculacées, Papavéracées, Fumariacées , Papilionacées , etc. Il suffirait donc de généraliser le système et de s’entendre une fois pour toutes ; pour cela, il faudrait qu’un maître incontesté en prît l’initiative et que les auteurs d’ouvrages didactiques veuillent bien adopter les terminologies uniformes d’après un vocabulaire qui serait dressé, adopté et publié. La nomenclature unitaire est-elle donc plus difficile à trouver et à appliquer que la nomenclature binaire ? Et quel sera le Linné de cette nomenclature biologique unitaire ? Car, avant de simplifier l’orthographie, il faut commencer par sim¬ plifier la graphie ! (i) Dans son récent tableau de CAassification naturelle du Règne végétal en divisions et sous-divisions , M. le professeur R. Gérard a fait un louable effort dans ce sens. Les divisions (ou embranchements) ont la terminologie phyte, et les sous-divisions (ou sous-embranchements) ont la terminologie ée. Ainsi la division des Spermaphytes est subdivisée en Angiospermées et Gym- nospermées ; la division des Ptéridophytes est subdivisée en Lépidoptéridées, Calamoptéridées et Phylloptéridées ; la division des Bryophytes est subdi¬ visée en Phyllobryées et Thallobryées ; la division des Thallophytes est sub¬ divisée en Chlorothallées , lnothallées et Schizothallées ; enfin la division des Myxophytes n’a pas de subdivisions. HERBORISATION AU MONT CENIS PAR Cl. ABRIAL Pour la première fois, il m’a été permis de faire une excur¬ sion botanique vraiment alpine, d’atteindre les neiges éternelles et de toucher les moraines des mers de glace qui alimentent par leur fonte les petits ruisseaux, et ensuite les rivières et les fleuves en été. Les glaciers des hautes montagnes jouent un rôle très im¬ portant de régulateur du débit de l’eau en été, comparable à celui du régime des forêts dans les montagnes subalpines. Le mont Genis avait été choisi comme point d’excursion ; notre caravane se composait de six personnes : MM. Viviand- Morel, Goujon, Beney, ses fils Jean et Benoît, et moi. M. Goujon nous avait devancé de quelques jours, il était à Lanslebourg depuis une semaine. Le io août, nous partions de Lyon à 5 h. 3o du soir, munis de la traditionelle boîte de Dillenius. Le trajet se fait rapide¬ ment de Lyon à Saint-André-le-Gaz. A Saint-André-le-Gaz, changement de train pour Chambéry, le train va moins vite et nous arrivons à Chambéry à la grande nuit. Il est trop tard pour continuer notre route, nous nous arrê¬ tons à Chambéry pour y passer la nuit ; le lendemain, levés de bonne heure, nous visitons la ville ; notre visite terminée, nous regagnons la gare pour nous diriger sur Modane, nous franchissons très rapidement les 99 kilomètres qui nous sépa¬ rent de cette ville. A Modane, nous nous hâtons vers l’autobus qui fait le ser¬ vice entre Modane et le mont Cenis, car il n’y a pas de temps Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. 17 [70 HERBORISATION AU MONT CEN1S à perdre si nous voulons avoir une place. A io h. 1/2, le mo¬ teur de l’autobus commence à ronfler, le lourd véhicule se met en route à une vive allure, nous traversons successivement plusieurs villages flanqués au pied de grandes montagnes, dont quelques sommets encore recouverts de neige dépassent 3 .ooo mètres. A midi, nous arrivons à Lanslebourg, où M. Goujon nous attend. Il nous a fait préparer à déjeuner et des chambres pour y passer la nuit, car, à ce moment, et surtout avec la chaleur exceptionnelle que nous avons cette année, les chambres sont rares dans les hôtels, par raffluence de voyageurs venant cher¬ cher dans ces lieux un peu de fraîcheur qu’ils ne peuvent trou¬ ver dans la plaine. Après le déjeuner, nous herborison saux alentours de Lans¬ lebourg, M. Goujon dirige nos pas vers les stations de plantes rares qu’il a découvertes l’année dernière et cette année depuis qu’il est arrivé. Nous récoltons : Gentiana asclepiadea. Alnus viridis. Arlostaphylos uva ursi. Parnassia palustris. Canipanula th.yrsoidea. Pirola secunda. Viola biflara. Rhamnus alpinus. Pirola uniflora. Rubus Ideus. — chlorantha. Buplevrum l'anunculoides. Ononis cenisia. Lonicera cærulea. Ainelanchier vulgaris. Lappa major. Lonicera nigra. Bellidiastrum Michelii. Cirsium spinosissimum. Soldanella alpina. Anlennaria diæca. Hieracium aurantiaaum. Homogyne alpina. Campanula Sçhwchzeri. Cacalia albifrons. Gentiana campestris. Campanula linifolia. Cerinthe minor. Gentiana lutea. Nepeta lanceolata. — acaulis. Primula faririosa. Pinguicula vulgaris. Alchemilla alpina. Brunella grandiflora. Colchicum alpinum. Polygonum viviparum. Tofielda calyculata. Juniper us nana. Triglochin palustris. Veratrum album. Poa distichophylla. Swertia perennis. Lasiogrostis calamagrostis. Campanula barbata. Artemisia absinthium. Le lendemain, nous partons en voiture de Lanslebourg a 7 heures du matin pour le mont Genis, La route du mont Cenis, HERBORISATION AU MONT CENlS 17 i 1 racée par Napoléon (1), (*sl excellente ; c’est par de nombreux lacets que nous arrivons au col du mont Cenis, à 52.08/1. mètres, rendant le trajet, qui 11c dure pas moins de deux heures, nous admirons les montagnes voisines, nous découvrons de plus en plus le grand glacier de la Yanoise que nous apercevions à peine de la vallée de Lanslebourg ; il se montre comme un grand linceul blanc ou déjà un certain nombre d’alpinistes ont perdu la vie dans ses flancs. En dessous de la route que nous suivons, la route de Bonneval, serpentant le long de la rivière du Drac, s’élève graduellement au fond de la vallée. Durant le trajet, la voiture marche au pas, nous descendons pour récolter quelques plantes : Campanula thyrsoideu. A Inus vendis. Rhododendron ferragineum. A spidium lonçhitis . Asplénium viride. Carlina acaulis. Vaccinium Vitis Idaea. Géranium aconitifolium, Saxifraga azoides. Gentiana asclepiadea. Hypericum quadrangulum. Polygala chamæbuxus. Carlina acaulis, var. caulescens. Cacalia albifrons. Homogyne alpina. Leontodon autumnale. Juniperus nana. Valeriana montana. Centaurea montana. Bellidiastrum Michelii. Larix europaea. Rhamnus alpinus. Au col du mont Cenis, se trouve la frontière franco-italienne, d’un côté la gendarmerie italienne et de l’autre la gendarmerie française, dont les acteurs semblent bien fraterniser. Un fort français à 3 .000 mètres d’altitude domine le col ; il est construit dans le rocher, il est à peine visible par les voya¬ geurs du col ; nous apercevons, avec la bonne jumelle de notre ami Goujon, les bouches de canon creusées dans le rocher, qui sont les meilleurs gardes de notre frontière. A partir du col, la route descend légèrement; à 3 kilomètres de là, se trouve le lac italien du mont Cenis (Laco Morde Ccnisio). De la frontière au lac, nous avons été arrêtés par les soldais italiens disposés en sentinelles sur la route et les champs voi¬ sins pour protéger le public contre un exercice de tir au canon (1) La route du mont Cenis a été construite de i 8 o 3 à 1810, par ordre de Napoléon I er * ïi y a 37 kilomètres de Lanslebourg à Suze. m HERBORISATION AU MONT CENIS que l’artillerie italienne était en train de faire dans la montagne. Notre halte a été de courte durée, car le tir a cessé quelques minutes plus tard. Devant le lac, deux hôtels : l’un l’hôtel de la Poste, l’autre l’hôtel du Lac. C’est ce dernier que nous avons choisi pour y séjourner pendant deux jours, ou du moins c’est dans celui-ci que nous avons trouvé de la place, grâce à l’intervention de notre cocher, qui connaît l’hôtel depuis longtemps. Avant le déjeuner, nous herborisons sur de petits monticules qui dominent le lac de quelques mètres. Chose curieuse, ces monticules sont creusés de trous plus ou moins profonds en forme d’entonnoir. D’après ce que nous avons remarqué, il semble bien que ces trous se creusent chaque année de plus en plus. La roche qui forme les monticules est composée de sulfate de chaux (ou plâtre). Cette roche est peut-être dissoute par l’eau qui arrive des sommets, ou bien simplement par la nappe d’eau souter¬ raine du lac, ce qui amène petit à petit des excavations dans lesquelles s’effondre la partie supérieure. Cette remarque, nous l’avons faite aussi le lendemain, plus haut, en montant à Ronche, nous avons rencontré de grandes excavations où, dans chacune d’elles, arrivaient un ou plusieurs ruisseaux. Ces monticules creusés de trous en forme d’entonnoir sont très riches en plantes. Nous y avons récolté un très grand nombre de bonnes espèces: Botrychium Lunaria. Festuca violacea. Poa distichophylla. Bartsia alpina. Rhododendron ferrugineum. Arctostaphyllos alpina. Hutchinsia alpina. Lychnis sylvestris. Linum alpinum. Buplevrum ranunculoides. Centaurea uniflora. Hieracium aurantiacum. Asperugo procumbens. Scutellaria alpina. Salix retusa. — reticula. — herbacea. — serpyllifolia. Daphné Mezereum. Atragene alpina. Hugueninia tanacetifolia. Viola arenaria. Gypsophila repens. Dryas octopetala. Ptychotis heterophylla. Erigeron alpinus. Azalea procumbens . Calamintha alpina. -b Polystichum lonchitis. HERBORISATION AU MONT CENIS 173 Ap rès le déjeuner, nous herborisons le long du lac en nous dirigeant du côté ouest, pour aller à la recherche du Cortusa Mathioli, qui se trouve dans un petit bois d ’Alnus viridis, au sud-ouest du lac, le long d’un petit ruisseau. Comme nous ne marchons pas vite, pour herboriser avec soin et pour ne pas nous séparer de notre ami Viviand-Morel, qui a quelque difficulé à marcher grâce à sa mauvaise vue, nous ne pouvons pas arriver jusqu’à la station. Un fervent botaniste, que nous avions rencontré la veille dans l’autobus, nous a assuré que cette plante avait été semée par le botaniste Bonjean, de Chambéry. Si nous n’avons pas eu la bonne fortune de rapporter dans nos boîtes le Cortusa Mathioli, nous avons du moins récolté un très grand nombre de bonnes espèces, pour la plupart incon¬ nues pour moi : Molinia cærulea. Avena distichophylla. — sempervirens. Juncus triglumis. — trifida. A Ilium fallax. — Schænoprasum. Salix cæsia. — daphnoides. — nigricans. — ret usa. — serpyllifolia. — reticulata. Daphné Mezereum. Anemone alpina. Bartsia alpina. Vcronica, Allioni. Polygala austriaca. Gentiana luteo-punctata. — pneumonanthe. Rhododendrum ferrugineum. Phyteuma betonicæfolium. Crépis aurea. Aster alpinus. Avec une telles moisson, nos boîtes sont pleines, la nuit s’avance, nous nous dirigeons vers l’hôtel, nous vidons nos boîtes, les plantes sont mises en parquets placés au frais en Erigeron acris. Arnica montana. Centaurea uniflora. Rosa pimpinellifolia. Dryas octopetala. Oxytropis campestris. Phaca alpina. Trifolium alpinum. Dianthus negletus. Biscutella lævigata. Scabiosa lacida. Sambucus racemosa. Astrantia major. 1 1e um athaman t icum. Laserpitium hirsutum. Saxifraga azoides. S e mperv ivum monta n u m. — arachnoideum. — tectorum. — tect. glaucum. Vicia Gerardi. Arbutus alpina. — uva ursi. N HERBORISATION Al' MONT GENïS TA attendanl noire départ. Après le souper, nous regagnons notre chambre,, car l’hôtelier n’a pu nous donner qu’une chambre contenant cinq lits. C’est dans des lits de fortune que nous passons la nuit ; notre ami Viviand-Morel, plein d’humour, se trouve très bien dans son lit, qu’il dénomme pétrin, à cause de sa forme. Le lendemain dimanche, de très bonne heure, M. Goujon, les fils Beney et moi, nous montons au glacier de Ronche. M. Viviand-Morel ne se sentant pas la force de pouvoir faire cette course, M. Bene\ reste pour lui tenir compagnie,,et ils en profitent pour explorer les bords du lac (côté est). Pour monter au glacier de Ronche, nous nous élevons succes¬ sivement au-dessus du lac, puis au-dessus du fort italien de Ronche,. dans lequel avaient lieu la veille des exercices de tir au canon contre une montagne placée de l’autre côté du lac. Après quatre heures de marche, nous arrivons au pied de la moraine du glacier, au-dessus du lac Blanc ou du lac Clair de Ronche. Nous récoltons sur notre chemin : Erysim uni och roleucum. C ardam i ne resed ifo lia. Iberis rotundifolia. Viola cenisia. Dianthus neglectus. Arabis alpina. Draba pyrenaica (Pelrocalix pyve- naica). ÏI ut ch insia alp i na. Silene alpina. /Usine verna à lleurs pleines en compagnie de l’espèce type. Cerastium alpinnm . Potentilla aurca. Saxifraga retusa. — androsacea. Aniennaria diæca. A riant i.sia Mutellina. Aster alpinus. Campanula cenisia. Azalea procumbetts. Calamintha alpina. Soldanella alpina. Senecio incanus. Geum reptans. Hcrniaria alpina. Saxifraga muscoides. Gnaphalinm norvegicum. Leoniopodium alpinuni. Erigeron alpinus. Phyteuma hemisphæricum. Campanula Allionii. Veronica Allionii. Gregoria vilaliana. S (dix hcrbacea. L’après-midi, après avoir pris quelques minutes de repos, nous nous dirq jfeons vers l’Hospice du mont Ccnis, construi! sous Napoléon 1 er . Cet hospice est occupé actuellement par l’ar¬ mée italienne, par un hôtel ci un bureau de poste. HERBORISATION Al MONT CENIS 175 Au delà de l’hospice, serpente urt petit ruisseau venant de Ronche. Dans son lit, très large à cet endroit et inoccupé pour le moment, nous récoltons presque toutes les plantes cueillies le matin, ainsi que quelques Epilobium Fleisôheri ou E. < folium. Draba pyranaicu. Petrocalix pyrenaica. Trifolium spadiceum. Gregoria vitaliana. Salix retusa. — serpyllifolia. I Ilium Schænoprasum. Juncus triglumis. espèces spéciales à cet endroit. ''assi- Alragene alpina. Sisymbrium auslriacum. Hugueninia tùnaceiifolia, Helianthemum canum. Gypsophila repens. Linum alpinum. Astragalus aristatus. Triglochin palustre. Car ex fœtida. Avenu distichophylla. En continuant la route, à 3 kilomètres de l’hospice, la route fait de nombreux lacets, descend rapidement au fond de la vallée qui se continue vers Suze. C’est à cet endroit pittoresque que se trouve la chute du ruisseau de Ronche et du déversoir du lac, qui tombe d’une très grande hauteur. On voit du sommet des lacets de la route au fond de la vallée une usine en construction qui va utiliser cette chute pour trans¬ former sa force en électricité. La nuit s’approche, nous regagnons l’hôtel pour y prendre un repos bien mérité, car la journée a été longue et pénible. Le lendemain matin, nous herborisons autour du lac sans -grand intérêt, nous récoltons des plantes vues précédemment , une seule est nouvelle pour nous, Arctostaphylos alpina, es¬ pèce à feuilles caduques, non signalée au mont Cenis ; nous > n’en trouvons qu’une seule touffe, mesurant environ i mètre carré de surface, tandis que sa sœur, le Raisin d’ours, tapisse tous les rochers. Après le déjeuner, M. Goujon, les fils Reney et moi, nous gagnons le col du mont Cenis pour redescendre à pied à Lans- ! (‘bourg, tandis que MM. Reney et Vi viand-Morel attendent l’autobus pour redescendre. Sur la frontière franco-italienne, nous récoltons le Doronicum scorpioides. A ce point commence le vallon de la Ramasse, do¬ miné par le fort français do la Tura ( 3 .ooo m.). 176 HERBORISATION AU MONT CENIS Au sommet de la Ramasse, nous récoltons un certain nombre de plantes rares : Ranunculus rutifolius. Atragene alpina. Trifolium alpinum. Cirsium spinosissimum. Mulgedium alpinum. Rhododendron ferrugineum. Swertia perennis. Thesium alpinum. Juncus trifidus. Asplénium viride. Euphrasia minima. Géranium aconitifolium. Centaurea uniflora. Achillea macrophylla. Campanula thyrsoidea. Gentiana asclepiadea. Primula farinosa. A Ilium fallax. Aspidium lonchitis. Achillea millefol. à fleurs rouges. Nous cherchons sans trouver YErica carnea , qui est signalée au sommet de la Ramasse, plante que nous avons trouvée en¬ suite en très grande quantité entre le village de Termignon et Modane. En descendant la Ramasse jusqu’à Lanslebourg, nous récol¬ tons : Lonicera cærulea. — nigra. — alpigena. Samhucus racemosus. Polygala chamæbuxus. Thalictrum aquilegifolium. Ilepatica triloba. Parnassia palustris. Ononis campestris. — cenisia. Pirola secundo. — uniflora. — chlorantha. Hypericum quadrangulum. Impatiens noli langere. Oxalis acetosella. Monotropa hypopitys. Rhamnus alpinus. Lathyrus pratense. Rubus saxatilis. Rosa alpina. Sorbus Aucuparia. Saxifraga rotundifolia. Valeriana montana. Cirsium acaule. Lappa major. Ariemisia absinthium. Arnica montana. Cacalia albifrons. Hieracium aurantiacum. Vaccinium vitis Idaea. Gentiana luteo- punctata. Pedicularis rostrata. Bartsia alpina. Plantago alpina. Polygonum viviparum. Alnus viridis. Abies pectinata. Juniperus nana. Tofielda calyculata. Sesleria cærulea. Aspidium, filix mas. Rosa pimpinellifolia. — pomifera. Saxifraga azoides. Cirsium eriophorum. Centaurea montana. Carlina acaulis. — acaulis var. caulescens. Homogyne alpina. Leontodon autumnalis. Campanula barbata. Arbutus uva ursi. Veronica urticæfolia. HERBORISATION AU 3IONT CENIS 177 Pinguicula vulgaris. Mentha sylvestris var. canescens. Rumex arifolius. Betula alba. Pinus sylvestris. Larix europuea. Juniperus communis. Polygonatum verticillatum. Athyrium filix fæmina. Aspidium lonchitis. Nous arrivons à Lanslebourg vers 5 heures du soir, où nous devons trouver nos amis, MM. Beney et Yiviand-Morel, qui sont descendus par l’autobus. L’autobus n’est pas encore arrivé, tout le monde est inquiet, beaucoup de personnes attendent pour descendre à Modane. Enfin, après un quart d’heure d’attente, nous apprenons qu’il est arrivé un accident à l’autobus, mais que les voyageurs sont sains et saufs. Nos collègues, malgré la distance qui séparait l’endroit où est arrivé l’accident de Lanslebourg, ne tardent pas à arriver, il est environ 6 heures du soir. Le lendemain matin, mardi, nous descendons à Modane en voiture, au delà de Lanslebourg, nous apercevons sur le talus quelques plantes intéressantes que nous notons à la hâte : Nepeta lanceolata. Astragalus monspeliacus. Hyssopus officinalis. Dracocephalum Ruyschianum. L’Arbutus urva ursi formant de larges plaques vertes sur tous les rochers. M. Goujon nous signale qu’il a récolté YErica carnea dans les bois au-dessus de Termignon, où elle est en très grande abon¬ dance. Nos yeux quittent peu souvent les talus de la route, sur les¬ quels nous reconnaissons un très grand nombre d’espèces vues plus haut ou des espèces communes. Après avoir dépassé le fort de l’Esseillon, construit par Victor-Emmanuel, nous apercevons, sur le talus de la route, en face de la cascade Saint- Benoît, YErica carnea tant cherchée la veille au sommet de la Bamasse. Ce petit arbrisseau est très commun dans les bois qui bordent la route, nous le voyons jusqu’à Modane. Nous partons de Modane à midi et nous arrivons à Lyon à 7 heures du soir. SUR LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D B GOLA ÀU PROBLÈME DE L’ÉDAPHISME PAR Claudius ROUX Docteur ès Sciences. On sait que, depuis quelques années surtout, les botanistes italiens ont porté leur attention sur l’important problème bio¬ logique de l’édaphisme, qui a pour objet les rapports trophi¬ ques et géographiques des plantes du sol. L’année dernière, nous avons mis nos collègues français au courant de ces récents travaux parus en Italie, et notamment des belles études du D r Giuseppe Gola, de l’Institut royal de Botanique de Turin (i) : Ricerche sui rapporti ira i tegumenti seminali e le soluziorte saline, i broch. in-8° de 4 o p. (Extr. des Annali di Botanica del prof. Pirotta, vol. III, fasc. 2 e , iqo 5 ) ; Studi di rapporti tra la disiribuzione delle piaule e la costi- iuzione fisico-chimica del suolo, i broch. in-8° de 07 p. avec un tableau h. texte (Extr. des mêmes Annali di Botanica, vol. III, fasc. 3 e , 1906) ; Saggio di una teoria osmotica delVedafismo, 1 vol. in-8° de 280 p. avec 2 pl. hors texte (Extr. des mêmes Annali di Bota¬ nica, t. VIII, fasc. 3 e , 1910). (1) Le Problème de VEdaphisme, par Cl. Roux, 1 broch. in-8° de 82 p. (Extr. des Annales de la Société Linnéenne de Lyon, t. LVII 1 , 1911). Voyez aussi notre Traité historique, critique et expérimental des Rapports des Plantes avec le Sol et de la Chlorose végétale, avec préface du D r Ant. Magnin, doyen de la Faculté des Sciences et directeur du Jardin botanique de Besançon, 1 vol. in-8° de xxn-469 pp. avec 1 tableau et 21 planches hors texte, Paris et Montpellier, 1900. Soc. Bot. Lyoit, t. XXXVII, 191a. 18 180 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D r GOLA À ces trois importants mémoires, le D r Gola en a, depuis, ajouté trois autres, qui ont pour titre : Osservazioni sopra i liquicli circolanti nel tcrreno agrario , i broch. in-S° de 37 p. (Extr. des Annali de l’Académie d’Agri- culture de Tyrin, t. LIV, 1911) ; Il terreno forestale, 1 broch. in-8° de i(> p. (Extr. du Gior- nalc di Geologia pralica, anno X, 1913, fascicolo II III) ; La Vegetazione delVAppennino piemontese, 1 vol. in-8° de i 5 o p., 1913 (Extr. des Annali di Botanica, vol. X, fasc. 3 e , T913). Par l’originalité el la valeur de ses recherches, le D r G. Gola est incontestablement, à l’heure actuelle, le botaniste qui s’est le plus approché de la solution du problème de l’édaphisme ; telle qu’elle est, et sans préjudice de son perfectionnement ulté¬ rieur, l’œuvre de ce savant, jointe à celle des Français Tiiur- mann, Conte jean, Saint-Lager, Magmn, Flaiiault, etc., forme une base solide et capitale sur laquelle viendront s’appuyer, et comme se greffer, en quelque sorte, toutes les recherches fu¬ tures relatives à l’édaphisme et à la géographie botanique. I. _ CONCLUSIONS DES TRAVAUX ANTÉRIEURS DE MM. GOLA ET NEGR1 Avant d’analyser les nouveaux mémoires du D r Gola, il n’est peut-être pas sans intérêt et sans utilité de reproduire, dans les Annales de la Société Botanique de Lyon, où elles n’ont pas encore figuré, les principales conclusions des travaux anté¬ rieurs de MM. Negri et Gola. A. Répartition édaphique des plantes d’une région donnée, d’après G. Negri. * Dans son intéressant travail sur la Vegetazione délie Colline di Créa, 1 broch. in- 4 ° de 5 /j p. (Extr. des rném. de l’Accad. reale di Scienze di Torino, 1906), le D r Negri a réparti les plantes de celte région en 18 associations ou stations, selon le tableau ci-après : AU PROBLÈME DE L’EDAPHISME . 181 Associations éta-/ blies sur les ter-1 rains influencés \ d’une manières continue, direc-l te ou indirecte,[ par l'homme. \ Associations éta¬ blies sur les ter¬ rains à l’état na¬ turel et consti¬ tuées par la plus grande partie des espèces qui ne sont pas d’in¬ troduction ré¬ cente. Stations culturales. Association des plantes : 1. 2 . 3. 4. Stations rudérales. ) g* Association des plantes : ^ ( 8 . Stations à sols secs oc¬ cupées par les asso¬ ciations des plantes xérophiles. Association des plantes : 9* io 11 . 12 . Stations à sols frais oc-[ cupées par les associa-l i 3 . tions des plantes mi-J 14. crothermes. Association des plantes : Stations à sol humide occupées par les asso¬ ciations des hygro- phytes. Association des plantes : Stations à sol constanw ment recouvert d’eau. 5 Association des plantes : ( Des champs cultivés. Des moissons. Des prairies. Des haies. Des rues et chemins. Des murailles. Des décombres Ombrophobes revêtant discon- tinuellement un terrain sa¬ bleux. Revêtant un terrain argileux. Des prés secs. Des buissons et bruyères xéro¬ philes. Des bois à feuilles xérophiles. Des broussailles à mésophytes. Des bois à feuillus méso¬ phytes. Des prés marécageux. Des bords des étangs. Immergées. Nageantes. El, mettant en application cette classification biologique, il a marqué chacune des espèces spontanées et subspon- tanées des collines de Gréa, dont il a donné la liste, d’un signe correspondant à celle des 18 associations ci-dessus à laquelle chaque plante appartient. C’est là une méthode claire, simple et pratique qui mériterait d’être appliquée à toutes les flores et florules (1). B. Conclusions des études de Cola sur les rapports entre la dis¬ tribution des plantes et la constitution physico-chimi¬ que du sol (loc. cil., iqo 5 ) : Tous les agents externes qui exercent une influence sur la dégradation des roches, la composition chimique et les carac¬ tères physiques de ces roches elles-mêmes, les phénomènes dépendant de l’activité vitale des plantes et des animaux, con- (1) Voir plus loin l’indication d’un travail plus récent du D r Negri et un tableau synoptique de sa classification écologique des associations. Soc. Bot. Lyon, t. XXXVII, 1912. 1 S. 182 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D r GOLA stituent autant de facteurs dont le mutuel contraste donne lieu à la formation des terrains qui constituent le substratum de Ja vie végétale. Par prédominance de tel ou tel facteur* ces terrains peuvent prendre des caractères très différents. C’est d’après ces caractères que l’on peut diviser les terrains en deux grands groupes. Dans les terrains du premier groupe, les solutions qui les imbibent sont pourvues d’une minéralisation relativement grande et la concentration de ces solutions peut varier souvent dans des limites assez étendues ; dans ceux du deuxième, la minéralisation est très faible et varie dans des limites très rap¬ prochées. Les racines et les divers organes des plantes qui se trouvent en rapport avec des solutions du premier groupe sont soumis à une pression osmotique élevée ; de plus, cette pression est très variable et les plantes doivent utiliser les moyens de régu¬ larisation dont elles disposent, pour obvier aux différences de tonicité des solutions externes par rapport au système absor¬ bant. Dans les plantes du second groupe, la pression osmotique qui agit sur le système absorbant est très basse, et sa constance relative permet à ces plantes de pouvoir se passer des disposi¬ tions régulatrices qui sont nécessaires aux premières. Dans les premières, le phénomène d’absorption s’accomplit régulière¬ ment, quelle que soit (entre certaines limites) la concentration des liqu ides du sol ; dans les autres, les fortes variations de tonicité du liquide extérieur occasionnent des troubles, spécia¬ lement dans l’ascension des éléments minéraux, ainsi que l’ont observé tous ceux qui se sont occupés de la chlorose des plantes pour cause édaphique ou qui ont modifié expérimentalement les liquides du sol (i). Les plantes arborescentes sont, pour la plupart (excepté Cas- tanea vulgaris, Pinus silvestris , Betula alba , B. pubescens , etc., qui sont silicicoles, et Y Acer opulifolium, ainsi que le Prunus Mahaleb qui sont calcicoles), considérées comme indifférentes, (x) Roux (CL), op. cil.; Ciiarabot et Hébert (Bull, scientif. de la Maison Rome-Bertrand fils, de Grasse, i rc série, n° 5 , 190a). AU PROBLÈME DE L’EDAPHISME 183 et il est facile de s’en rendre compte quand on pense que, par suite de la profondeur à laquelle elles enfoncent leurs racines, elles sont moins exposées aux variations de concentration dépendant des facteurs climatériques, et si on réfléchit aux réserves abondantes qu’elles ont dans leurs tissus et qui con- slituent une condition essentielle pour expliquer les phéno¬ mènes de régularisation dans les plantes. On sait, du reste, que la vigne peut résister pendant long- temps avant de succomber à la chlorose et que, en général, les causes pathogènes n’exercent pas sur les plantes arborescentes des effets aussi rapides que ceux qu’on observe fréquemment chez les plantes herbacées. Il en résulte que les conditions d’équilibre entre les plantes et le sol, qui s’expliquent par la distribution de celles-là sur celui-ci, peuvent être déterminées, soit par les plantes lors¬ qu’elles sont susceptibles de pouvoir s’adapter à la tonicité variable des solutions qui les baignent, soit par le sol lorsque les propriétés absorbantes y sont aptes à maintenir un tel équi¬ libre. (( Les colloïdes sont, comme dit Gautier, lentement perméables aux réactifs, et leurs molécules servent d’intermé¬ diaires perpétuels, et comme d’amortisseurs, aux actions phy¬ sico-chimiques les plus délicates. Grâce à cette propriété, le temps devient une des conditions des réactions qui se produi¬ sent et qui se continuent régulièrement, sans secousses, lente¬ ment, assurant ainsi aux fonctions des organes une progressive et incessante production d’énergie provenant de ces réactions faibles, mais continues. » La division des plantes, d’après le substratum sur lequel elles croissent, en psammophiles, hygrophiles, xérophiles, cal- cicoles, calcifuges, silicicoles, humicoles, etc., n’a plus, comme je crois l’avoir démontré, une signification correspondant aux conditions qui président aux rapports entre elles et le sol ; si, dans beaucoup de cas, ces rapports dépendent étroitement, soit de la structure physique, soit de la nature chimique du sol, dans beaucoup d’autres cas ils sont la résultante de nombreux facteurs très complexes. Puisque la caractéristique principale des terrains imprégnés de solutions très diluées consiste dans les propriétés colloïdales de quelques-uns de leurs éléments 184 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D r COLA constitutifs, tandis que, dans les terrains à solutions fortement concentrées, les propriétés cristalloïdes des autres composants exercent une influence prépondérante, je propose le nom de plantes gélicoles pour celles qui habitent les terrains du pre¬ mier type, et le nom de plantes halicoles pour celles des autres terrains ; et, dans les cas où le caractère colloïde ou cristalloïde se manifeste d’une manière plus intense, je propose les noms de pergélicoles et perhalicoles. Naturellement, il n’est pas possible de tracer une limite nette entre les groupes désignés par ces quatre noms ; toutefois, en attendant qu’on connaisse mieux les concentrations molécu¬ laires optima et maxima propres à chaque plante, il convient de se limiter à comprendre parmi les perhalicoles les plantes des lieux salés et les rudérales ; parmi les halicoles, celles des terrains calcaires, des lieux incultes, des champs, etc. ; parmi les gélicoles, les plantes des terrains siliceux, et, parmi les per¬ gélicoles, les plantes qui croissent dans les terrains siliceux riches en humus et dans les sols formés d’humus pur. A ces quatre grands groupes font pendant quatre autres groupes, dans lesquels les propriétés du substratum ne dépen¬ dent pas des conditions physiques, chimiques ou biologiques absolument locales, mais proviennent des conditions existani parfois à de très grandes distances (salure des eaux provoquée par la décomposition des roches, minéralisation des sources), ou quelquefois, au contraire, existant dans le voisinage immé¬ diat (déminéralisation des eaux des sphagnaies par action des résidus de la végétation des ériophoraies ou phragmitaies envi¬ ronnantes). Ainsi, aux espèces perhalicoles correspondent les espèces des eaux marines ou fortement salées (qu’elles soient à concentration constante ou variable) ; aux halicoles, celles des eaux saumâtres ou riches en sels alcalino-terreux , aux géli¬ coles, celles à minéralisation moyenne (5 à a5 degrés français de dureté), et, enfin, aux pergélicoles, les espèces habitant les eaux très faiblement minéralisées, comme celles des. spha- gnaies. AU PROBLÈME DE L’EDAPHISME 185 C. Lois de la distribution édaphique des plantes, formulées en 1910 dans l’Essai d’une théorie osmotique de Véda- phisme (toc. cit.) : 1. Les relations entre le terrain et le système absorbant des plantes sont réglées par la pression osmotique que les solutions du terrain peuvent exercer sur les éléments absorbants. 9. Les pressions osmotiques des solutions du terrain sont déterminées par les concentrations de ces solutions, et ces concentrations, à leur tour, sont déterminées par un complexe de facteurs, parmi lesquels ni les facteurs chimiques, ni les facteurs physiques du sol, ni les facteurs climatériques, ni les facteurs biologiques du revêtement végétal présent ou absent, vivant ou mort, n’ont une action toujours prépondérante. Le mutuel contraste de ces facteurs détermine la formation des diverses concentrations, parfois stables pour toute la période végétative annuelle des plantes, parfois instables. 3 . De toutes ces combinaisons qui peuvent prendre nais¬ sance par l’influence prépondérante de l’un ou l’autre facteur, dérivent les caractères édaphiques des stations. 4 ° Les concentrations élevées, et surtout les variations brus¬ ques qu’elles peuvent subir (anastatisme), exercent dans la plante une action nocive ; c’est pourquoi toutes les espèces ne peuvent pas supporter une telle ambiance osmotiquement hy¬ pertonique ; au contraire, presque toutes les plantes peuvent parfaitement vivre dans une ambiance hypotonique par rap¬ port aux concentrations normales pour elles. 5 . L’action des solutions hypertoniques s’explique d’une ma¬ nière particulière sur l’appareil absorbant, au travers duquel ne peut pénétrer en quantité suffisante l’eau nécessaire aux besoins vitaux, et, dans ce cas, il y a diminution de la transpi¬ ration, ou bien, ce qui est plus fréquent, arrêt de l’absorption des sels nécessaires à la nutrition. 6. Sous l’influence de ces perturbations entrent dans les plantes non seulement des sels utiles à la nutrition, mais aussi d’autres corps dissous. La présence de ces derniers n’est pas indispensable, attendu qu’il ne sont pas appelés à faire partie 186 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D l GOLA du plasma fonctionnant le plus activement ; mais ils agissent en créant dans l’intérieur des cellules (soit tels, soit après une élaboration sommaire) des solutions (i) capables, soit d’équi¬ librer les conditions osmotiques du sol ambiant, soit d’être utilisées pour compenser la diminution de l’afflux d’eau pro¬ voquée par l’hypertomie des liquides du sol ou pour compenser directement les conditions défavorables provenant de divers facteurs climatiques : sécheresse, insolation, etc. 7. II importe donc de séparer les corps solubles existant dans le sol en deux groupes : les substances osmotiques , capa¬ bles de créer l’ambiance osmotique hors de la plante et parfois même dans les tissus de la plante, et les substances plastiques, auxquelles est due la véritable et propre fonction de l’échange nutritif dans l’organisme végétal. 8. La présence dans le sol, en quantité excessive, des sub¬ stances osmotiques comparativement aux plastiques, déter¬ mine des désordres de nutrition qui s’expliquent dans une dif¬ férente composition élémentaire des cendres, et cela est, pour quelques plantes, démontré être en rapport avec les phéno¬ mènes de chlorose. 9. Si l’on procède à une sériation (mise en série) des carac¬ tères déterminant l’appétence édaphique des plantes, il faut placer au premier rang ceux qui dépendent du degré de eon- centration des liquides ambiants des plantes, et, au second rang, les caractères chimiques. Tandis que les premiers sont communs à des groupes systématiques assez étendus, et peu¬ vent être déterminés par des composés de différente nature chimique, pourvu qu’ils soient solubles, les seconds sont limi¬ tés à des groupes très restreints et le plus souvent exclusifs seulement de forme ou de variété, les types auxquels appar¬ tiennent ces formes ou variétés restant indifférents en ce qui concerne l’appétence chimique. Naturellement sont exclus du nombre les faits d’appétence pour quelques composés chimiques qui sont indispensables pour le métabolisme d’organismes végétaux déterminés (H 2 S (1) Voir la noie de M. Jean Beauverie, parue aux C. R. de VA Cad. des Sciences, en 1900. AU PROBLÈME DE L'EDAPHISME 187 pour les thio-bactéries, les composés du fer pour les ferro-bac- téries, C 0 3 Ca pour les algues incrustantes, etc.). 10. En tenant compte des concentrations et de la propriété osmotique des solutions du terrain, les stations peuvent se classer en perhalbïdes, haloïdes, géloïdes et pcrgéloïdes, selon que les concentrations sont plus ou moins élevées ; et chacune d’elles en anastatiques et eustatiques , selon que le degré de concentration varie ou reste constant durant la période d’acti- \ilé végétative de la plante. Les espèces hébergées dans ces stations seront dites perhati - cotes , halicoles , gélicoles et pergélicoles , respectivement anas¬ tatiques ou eustatiques. 11. - ANALYSE DES NOUVEAUX TRAVAUX DU IP G. GOLA i° Observations sur les liquides circuiant dans le terrain agraire, 1911 (Gola, toc. cit.). — Dans cette note, rédigée avec la méthode et la clarté habituelles à l’auteur, le D r Gola, après d’intéressantes considérations générales, étudie successivement la technique de l’étude des liquides du terrain (liquides qu’il distingue en liquides pédoliiiques et liquides pédopiéziques) (1), les caractéristiques principales des liquides du terrain agraire, et, enfin, il montre que la vie des plantes est en relation avec la concentration des liquides du terrain. La place nous manque malheureusement pour exposer comme il conviendrait cet excellent mémoire, écrit surtout au point de vue agronomique ; et il est à désirer qu’une des grandes revues agricoles françaises en publie bientôt une tra¬ duction. (1) Pédolitiques (de pedon, sol, et lusis, solution), liquides ou solutions résultant du simple délavage du sol par l’eau de pluie qui passe à travers le terrain ; pédopiéziques (de pedon , sol, et piezos, presser, comprimer, ex¬ primer), liquides ou solutions obtenus par le passage d’un courant d’eau sous pression au travers du sol, ou en comprimant le terrain. 188 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D r COLA 2° Le terrain forestier, 1912 (Gola, toc. cit.). — Le D r Gol\ distingue, dans le sol des forets, quatre couches ou strates superposées, qu’il étudie successivement : a) La couverture morte ou couche de débris organiques, for¬ mée des détritus végétaux (feuilles et branches mortes, etc.) fraîchement tombés, et des petits animaux morts et en voie de décomposition. Moelleuse, poreuse, à haute capacité hydri¬ que et thermique, mauvaise conductrice de la chaleur, elle a une influence prédominante comme protection du terrain dans ses rapports avec la pluie, en ce sens qu’elle régularise les oscillations thermiques et l’évaporation, et favorise, en outre, la distribution uniforme de l’eau dans les couches sous-jacen¬ tes. Son influence chimique est non moins grande : la quan¬ tité notable de substances organiques résultant de la décom¬ position des végétaux et des animaux exerce une action active sur la dégradation des couches profondes, et rend possible la formation de la terre végétale ; en outre, ces matières organi¬ ques sont des matériaux nutritifs pour beaucoup d’organismes fondamentaux de la végétation forestière, et les substances minérales que contiennent les détritus de la couverture morte sont utilisées aussi pour la nutrition minérale des plantes arborescentes. Par l’accumulation d’azote résultant des cham¬ pignons vivant dans cette couverture morte, se trouve favo¬ risée la nutrition azotée des plantes silvicoles. Cette couverture est généralement moins importante dans l’Europe méridio¬ nale que dans l’Europe centrale et septentrionale. b) La couche riche en humus , où se plaisent les racines superficielles. La couverture morte subit peu à peu des altéra¬ tions profondes qui la transforment en humus, par ce fait que les débris qui la constituent perdent les caractères propres aux tissus organisés et donnent des matières moins légères, qui sont en grande partie des matières minérales, provenant des substances organiques. La formation de l’humus est démon¬ trée être un phénomène biologique dû à l’activité de nom¬ breuses espèces de microorganismes et de champignons. La formation d’acide humique est parfois faible, quand est plus intense l’oxydation, qui a comme produit ultime le CO 2 ; mais, si l’afflux de l’oxygène de l’air n’a pas lieu en quantité suffi- AU PROBLÈME DE L'EDAPIIISME 189 santé, par exemple quand l’humidité excessive de la couver¬ ture morte ne permet pas un échangé suffisant des gaz, ou quand la température basse ne permet pas une activité suffi¬ sante des microorganismes, l’acide humique se forme alors en quantité plus considérable. Etc. c) Le terrain minéral désagrégé. — Les composés humiques qui se forment normalement dans les terrains forestiers, et le CO 2 en partie libre, en partie combiné aux ions alcalins et alcalino-terreux, s’en vont, avec l’eau, à travers les fissures des strates superficielles, dans les couches profondes supérieure¬ ment minéralisées, pour y déterminer de nombreuses réac¬ tions : kaolinisation, solutions, etc. Une partie des composés humiques, par l’alcalinité plus grande du milieu ambiant, due à l’abondance des ions alcalins, sont destinés à être oxydés et détruits. Il en résulte une dégradation ultérieure des roches et, tandis que l’eau d’infiltration emporte les produits solubles, carbonates, bicarbonates alcalino-terreux, il reste des composés nouveaux colloïdaux, kaolin, argile, zéolitoïdes, qui donnent au terrain des propriétés spéciales physiques et mécaniques. d) Les strates rocheuses sous-jacentes reçoivent les liquides que les couches supérieures ont élaborés et laissé partir, et à leur tour commencent à se désagréger. De tout ceci résulte que le terrain forestier est caractérisé par une grande constance des conditions édaphiques à tous les points de vue : insolation, température, ventilation, irradia¬ tion nocturne, humidité, régularisation de la pluviosité même excessive, etc. Et, en passant, le D r Gola combat les assertions émises par le Prof De Angelis d’Ossat dans ses récentes publications : la Geologia e la foresla (Boll. Soc. Geol. Ital., vol. XXX, 1911) et Applicazioni délia Geologia , J1I. Nuove redute in mater ia for esta,le (Ann. Soc. Ingegneri e Archit. ital ., Borna, t 9n). Toute la brochure du D r Gola serait à traduire, car elle est intéressante et très instructive, comme la précédente, d’ail¬ leurs ; mais le peu d’espace et de temps dont nous disposons ne nous permettent malheureusement pas de le faire, et nous ne pouvons que conseiller aux forestiers et aux biologistes de s’v reporter directement, pour plus amples détails, 190 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU D r GOLA 3° La Végétation de l’Appennin piémontais, 1913 (Gola, loc. c-it.). — Cet important mémoire, très méthodiquement conçu, très scientifiquement et très complètement développé, est une excellente contribution à la géographie botanique de la région subalpine ou préalpine, et peut servir de type et de méthode pour toutes les monographies régionales du même genre. Toutefois, il nous sera permis de regretter que Fauteur ait cru devoir adopter la dénomination Appennin piémontais , qui, à notre humble avis, n’est pas très exacte, puisque la région étudiée comprend plutôt le versant nord de la partie septen¬ trionale et terminale de l’Appennin ligure comprise entre les vallées du Tanaro et de la Staffora ; d’ailleurs, cette expression d’Àppennin piémontais est tellement inusitée qu’elle paraît presque un néologisme dont la nécessité ne se faisait pas vive¬ ment sentir. Ajoutons que la région étudiée par le D 1 Gola ne se présente pas non plus, en soi, avec les caractères de région naturelle bien nette, et l’auteur lui-même a de la peine à la définir exactement et doit reconnaître que les limites qu’il adopte sont plutôt incertaines et conventionnelles ; il faut ajou¬ ter, cependant, à sa décharge, que les géologues ne sont pas d’accord non plus sur les limites et les divisions de F Appennin, ni sur ses rapports de continuité ou seulement de contiguïté avec les Alpes. L’auteur divise son travail en deux parties : d’abord, une étude phyto-géographique dans laquelle il fait une application pratique des principes édaphologiques exposés dans ses travaux et dans ceux du F) r Negri ; puis un catalogue des espèces crois¬ sant dans F Appennin piémontais. Ce catalogue ayant peu d’in¬ térêt pour nous, nous n’en dirons rien de plus dans cette note, sinon pour regretter infiniment que Fauteur n’ait pas jugé à propos, à l’instar du D r Negri, d’accompagner chaque espèce citée d’une brève définition, ou même seulement de l’indica¬ tion, par un simple signe conventionnel, de ses affinités éda¬ phiques. Nous allons donc analyser seulement la première partie, pu¬ rement biologique, du travail de Gola. A. Dans une sorte d’introduction générale, Fauteur donne AU PROBLÈME DE L EDÀPHISME 191 d’une manière concise la description géographique, climatologi¬ que, géologique, agrologique, etc., de l’Appennin piémontais. B. Dans un paragraphe spécial, il expose Y influence de l'homme et, à ce point de vue, il distingue les ! naturelles, complètement indépendantes de (toute action directe ou indirecte de l’homme. Associations ( des délaissés (i), soumises indirectement ou I très faiblement à l’influence de l’homme. I culturales, soumises à l’action active et con¬ tinue de l’homme. En passant, Gola rappelle l’importance des phénomènes osmotiques dans la vie des plantes et dans leurs rapports avec le terrain, et, par conséquent, l’importance de la variabilité (anastatisme) ou de la constance (eustatisme) de la concentra¬ tion des solutions, qui est sous la dépendance de nombreux facteurs : facteurs physiques du sol, facteurs biologiques, cli¬ matiques, topographiques, cinétiques ou mécaniques, etc. ; mais il reconnaît qu’une méthode vraiment exacte de mesure absolue de cette concentration n’existe pas encore. G. Vient ensuite la classification écologique des associations. À la suite de toutes ses recherches sur l’édaphisme, Gola est arrivé, en définitive, à subdiviser les stations végétales en groupes, sous-groupes et subdivisions indiquées dans le tableau ci-après (p. i4). Dan s ce tableau, a) et b) du paragraphe y sont des subdi¬ visions des associations de A, B, C, D du paragraphe a ; de meme, A, B, C, D du paragraphe (3 sont des subdivisions de T, 11 , HT. IV du paragraphe qu’on appelle, chez nous, les communaux? (i) Quelque chose comme ce Tableau de la classification écologique des Associations végétales d’après le D 1 ' Gola. a. Groupes ou Stations Plantes des Terrains à excès d’eau. Plantes des Terrains sans excès d'eau. I. PÉDOHYDROPIIYTES. II. PÉDOHYGROPHYTES ou PÉDOHÉLOPIIYTES. III. PEDOMESOPHYTES. IV. PEDOXEROPIIYTES. Plantes ayant toutes leurs parties, sans exception, en contact avec l’eau libre ou mobile. Plantes dont seules les parties absor¬ bantes sont en contact avec l’eau libre ou mobile. / Plantes vivant dans un terrain qui est 1 plus ou moins humide, parfois même . , très humide, mais qui renferme tou- f jours des pores remplis d’air et non exclusivement remplis d’eau. /Plantes vivant dans les terrains secs, l c’est-à-dire dans les terrains dont les . i pores sont occupés exclusivement par f de l’air, sauf lorsque la pluie survient avec abondance. Plantes halicoles ou des terrains h a loi des. 3. Sous-groupes ou Sous-stations Plantes terrestres A. Perh alicoles ou des / Associât i o n des terrains pcrhaloïdesi P lantes , des ,cr - (terrain» dont les li- ) rams salcs - quides ont plus de 1 2 °/oo de cristalloïdes r Association des dissous). plantes rudérales. Assoc iation des plantes des lieux incultes, des bords des che¬ mins et des champs. B. IIai.icoles propre-1 ment dites ou des ter¬ rains haloïdes (ayant' plus de o ,5 »/ 00 de cristalloïdes dissous).! Plantes gélicoles'ou des terrains géloïdes I G. Gélicoles ou desj terrains géloïdes (ayant plus de 0,20 °/ 00 1 de cristalloïdes dis¬ sous) . D. Pergélicoles ou desl terrains pergéloïdes (ayant moins de< 0,20 «/oo de cristal¬ loïdes dissous) . . . , Association des plantes calcicoles. Association des plantes silicicoles ou calcifuges. Association des plantes saprophy¬ tes,* humicoles et épiphytes. Plantes aquatiques Association des plantes des eaux marines ou forte¬ ment salées (eaux minérales). Association des plantes des eaux saumâtres ou cal¬ caires,c’est-à-dire titrant plus de s 5 degrés hydro- ti métriques. Associati on des plantes des eaux assez pures, ti¬ trant de 5 à 25 de¬ grés hydrotimé- triques. Association des plantes des eaux très pures, ti¬ trant moins de 5 degrés hydro- timétriques. V i Variétés des sous-groi pes Dans chaque sous-groupe indiqué ci-dessus, on peut avoir des stations a) custatiques ou b) anastatiques, selon que la concentration des liquides y est presque constante (à faibles variations) ou inconstante (à grandes variations)- AU PROBLÈME DE L’EDAPHISME 193 La classification écologique de G. Gola se rapproche beau¬ coup de celle donnée par G. Negri dans son récent travail sur la Vegetazione del Bosco Lucedio (Trino Vercellese) (Mém. R. Àccad. Scienze Torino, s. Il, t. LXII, 1911) et qui esl la sui¬ vante : Tableau des Associations végétales d’après le D r Negri. i° Hydrophytes (Pédohydro- phytes de Gola).i 2 * Hélophytes (Pédo- hygrophytes ou Pédohélophytes de Gola). 3° Mésophïtes ( Pédomésophy tes de Gola, qui fait remarquer que les deux subdi¬ visions de Negri n’ont pas de rap¬ port avec l’éda- phisme, puis¬ qu’elles sont dé¬ terminées par des conditions de l’ambiance épi- g«e). 4° Xéhophytes (Pédoxérophytes de Gola). Plantes immergées ou submergées, pourvues de tissus aéri- fères pour la flottaison ou la respiration. A. Clizophytes 1 B. Spnngophyles' / Plantes immergées par la partie t inférieure et pourvues au moins ) dans cette partie de tissus aéri- ieres. Terrain minéral, sableux ou argileux ; aération faible ou nulle. Plantes vivant dans un substratum constamment mouillé mais non inondé, et pourvues, dans leur partie inférienre seulement, de tissus aérifères plus ou moins développés. Terrain tourhenxpar une couverture végétale, vivante ou morte; aération faible. Plantes vivant dans un terrain humide mais léger et aéré, pri¬ vées de tissus aérifères. Appareil aérien dépourvu de dispositions défensives contre l'excès de trans¬ piration. Plantes vivant dans des conditions d’ambiance qui ne sont jamais extrêmes en ce qui concerne l’in¬ solation, la température et l’humi¬ dité du sol. Celui-ci est aéré et conserve un certain degré d’humi¬ dité, indépendamment de sa struc¬ ture mécanique. I Plantes vivant dans des conditions extrêmes par rapport à l’insolation, la température, et à la siccité physique de l’air et physique et physiologique du terrain. Ce der¬ nier est constamment aéré et peut être par périodes assez longues absolument sec, indépendamment de sa structure mécanique. A. Sciaphyles :î . B. Pholophyles (1) Du grec cluson, baigné, inondé. (2) Du grec spoggos, spongieux. ( 3 ) Du grec scm, ombre. 194 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS DU I) 1 ’ COLA Naturellement, dans les formations végétales comprises dans ces catégories, Faction des multiples facteurs écologiques (v. le tableau de Gola), morphologiques et historiques, déterminent la constitution d’associations particulières. D. Gola décrit ensuite les zones superposées cle végétation, variables d’ailleurs pour chaque plante selon l’exposition, la quantité de pluie, la température, la configuration, etc. On peut distinguer, dans l’Appennin piémontais : une zone subalpine, au-dessus de i. 3 oo mètres en moyenne d’altitude ; une zone des bois, ou zone du Hêtre et du Châtaignier ; enfin, une zone des cultures, ou zone du Chêne ou zone inférieure. E. Vient alors l’étude détaillée des formations naturelles et semi-naturelles : i° Formation des Mésophytes, comprenant : a) Associations silvestres, dont les principales sont : L''association du hêtre, essence absolument domi¬ nante entre 800 et 1.200 mètres ; L’association du châtaignier ; L’association des chênes (Quercus sessiliflora pré¬ dominant ; Q. pubescens et Q. cerris moins fré¬ quents) ; L’association des gymnospermes (Pinus pinaster et surtout P. silvestris, qui est le seul autochtone, avec quelques Larix) ; L’association du robinier ; L’association des bords des cours d’eau (Salix, Po~ pulus, Alnus, etc.) ; b) Association des bois et des bruyères caractérisée, dans la partie la plus élevée et la plus orientale de l’Ap- pennin piémontais, par le Gcnista radiata, qui semble remplacer là le Rhododendron qui man¬ que dans l’Appennin, et dans les autres parties, par la Bruyère commune. c) Association des prés et des pâturages, différentes suivant qu’on considère la zone supérieure à r. 3 oo mètres (très réduite dans l’Appennin), la zone médiane et la zone inférieure. AU PROBLÈME DE L’EDAPHISME 2 0 Formation des Xérophytcs , comprenant : 195 a) Association des bois et des plantes sous-frutescentes, avec Quercus sessiliflora, Spartium junceum, Juniperus , Cratægus, Aronia, Fraxinus, Liniim salsoloides, Euphorbia spinosa, etc. b) Associations rupestres f avec Centranthus, Teucrium, Ononis, Potentilla, Artemisia, Ilelichrysum, etc. c) Associations des rives des torrents, et des précipices et éboulements ; sur les rives des torrents, on voit surtout Epilobium, Hippophae, Polychnemum, Althæa, Cynoglossum, Echium, Inula, Senecio ; tandis que sur les éboulements prédominent : Helianthemum, Dorycnium, Pyrus, Herniaria, Cerastium, etc. 3 ° Formation des Spongophytes, assez rare dans l’Appennin, avec Carex, Juncus, Scirpus, Eriophorum, Dro- sera, Chlora perfoliata, etc., etc. \° Formation des Clizophytes, très rare dans l’Appennin : elle s’observe seulement en quelques points où l’eau séjourne à proximité des torrents, et où s’instal¬ lent de petites phragmitaies avec Typha, Spar- ganium, Mentha aquatica, Alisma, Carex, Jun- cus, etc. Il y a, d’ailleurs, toutes les transitions entre les deux formations des spongophytes et des clizophytes. 5 ° Formation des Hydrophytes, à peu près nulle dans l’Appen- nin piémontais. F. Après les formations naturelles, Gola étudie la formation culturale, qui est sous l’influence plus ou moins complète de l’homme, et qui comprend les trois Î des prairies semées (artificielles). des cultures non sarclées, des cultures sarclées. 196 LES NOUVELLES CONTRIBUTIONS OU D r GOLA G. Puis il étudie la formation des terrains abandonnés ou incultes, comprenant : a) Association des plantes arvales, où abondent les Composées, Scrophulariées, Ombellifères, Chenopodium, Polygo- num, etc. b) Association des plantes sépiales, avec Cratægus , Rubus, Cornus, Prunus, Clematis, Evonymus, Lonicera, Rubia, Solarium, etc. c) Association des plantes rupestres et murales, qui comprend trois types : Le premier, éminemment perhalicole (Parietaria, Che- lidonium, Chenopodium) ; Le second, halicole (Cetera,ch, Umbiliçus , Crassula, Sedum , Antirrhinum) ; Le troisième, peu halicole et même à tendances géli- coles (Asplénium divers et hybrides, Cystopteris , Lina¬ ria cymbalaria ). d) Association des décombres, de type perhalicole (Urtica, Pa¬ rietaria, Chenopodium, Lappa, Euphorbia, Réséda, et VArtemisia Verlotorum, plante qui, tout en étant très clairsemée, semble avoir une très large aire de diffusion). e) Association des bords des chemins, assez difficile à définir, avec nombreuses Graminées et plantes de familles mul¬ tiples. f) Association des bois défrichés et coupés, à végétation riche et variée où précisément ne dominent plus les plantes des sous-bois. H. Dans un autre chapitre, Gola étudie les allures annuelles, c’est-à-dire les changements saisonniers de la végétation et leurs types biologiques (i). I. Enfin, vient une étude des affinités de la flore de VAppen- nin piémontais avec celle des régions voisines : (i) V. aussi, à ce sujet, Raunkiaer (C.) : Types biologiques pour la Géo¬ graphie botanique (Oversigt over d. Kgl. Danske Videnskabernes selskabs Forhandlinger, Copenhague, igo 5 ). AU PROBLÈME DE L EDAPHISME 107 a) La zone des pâturages offre de grandes relations avec la zone subalpine des Alpes, par la présence de : Homogync alpina, Alchemilla alpina, Arnica montana, Ranunculus alpestris, Viola calcarata, etc. b) La zone des bois est caractérisée par la prédominance abso¬ lue, dans toutes les associations de cette zone, des élé¬ ments silvatico-montagnards, parmi lesquels ont trouve des espèces à distribution eurasico-nord-américaines, d’autres du sud et du centre de l’Europe et aussi des espèces, soit purement alpines, soit pyrénéo-alpines (Ra¬ nunculus pyrenæus, Crépis blattaroides, Homogync al¬ pina). Il y a aussi quelques éléments atlantiques (Fagus, Calluna, Erica cinerea, Anarrhinum, Laserpitium galli- cum, Teucrium scorodinia, Cytisus sessiliflorus, Saro- thamnus scoparius, Luzula nivea), des éléments sud- occidentaux (Crocus médius, Allium suaveolens, Briza minor, Genista cinerea, Astragalus purpureus, Linum salsoloides, Anagallis ienella) , des éléments méditerra¬ néens (qui sont des espèces thermophiles, localisées dans les stations les mieux exposées), enfin, des éléments orientaux (Orchis pallens, Dentaria enneaphyllos, An- chusa Barrelieri, Stachys italica, Pimpinella Tragium, Evonymus laiifolius ). c) La zone des cultures, comprenant des éléments centro-euro- péens (Anemone hepatica, Acer campestre, Pimpinella saxifraga, Fraxinus, Jasiorie montana, etc.), méditerra¬ néens (Ægylops, Sisymbrium, Glaucium, Umbilicus, Heliclirysum, etc.), etc. Souhaitons, en terminant, que le l) r Gola ne s’arrête pas en si bon chemin, et qu’il continue à enrichir la biologie végétale et la géographie botanique de nouveaux travaux aussi inté¬ ressants et aussi originaux que ceux dont nous sommes heu¬ reux d’avoir rendu compte à nos collègues français. I/ABBÉ l'ÜOST DE GRANGE-BLANCHE Agronome et Botaniste Lyonnais du xvm* siècle PAR Claudius ROUX Docteur es Sciences. Le bi-centenaire de la naissance de Jean-Jacques Rous¬ seau (i), que l’on vient de célébrer, a rappelé l’attention sur les nombreux séjours de ce philosophe à Lyon, en 1781, 1732, 1735, 1740, 1741, 1743 et 1744, 1754 à 1766, enfin et surtout de 1768 à 1770. On a pu reconstituer aussi les multiples herborisations que fit le célèbre Genevois dans notre région au cours de ces deux dernières années : d’abord, dans les environs immédiats de Lyon, du 18 juin au 6 juillet 1768 avec La Tourrette (2) et l’abbé Rozier ( 3 ), puis à la Grande-Chartreuse du 7 au 10 juil¬ let de la meme année en compagnie de La Tourrette, de 1 abbé Rozier et de l’abbé Prost de Grange-Blanche, ensuite aux environs de Bourgoin en août 1768 et de mars 1769 à mars 1770, au mont Pilât en août 1769 avec Borin de Sérézin et le médecin Meynier de Bourgoin, enfin, et de nouveau, aux environs immédiats de Lyon en avril et mai 1770 avec La Tourrette, Mme et Mlle Boy de Latour ( 4 ), etc. (1) Rousseau (Jean-Jacques), né à Genève en 1712, mort ù Ermenonville près Paris en 1778; ne s’est adonné à la botanique qu’à partir de 176/1, pen¬ dant son séjour dans le Val-Travers. (2) La Tourrette (Marc-Antoine Louis Claret de), Lyon, 11 août 1729- aoùt 1793, conseiller à la Cour des Monnaies, secrétaire-perpétuel de l’Aca¬ démie de Lyon depuis 1767, naturaliste distingué, organisateur du jardin botanique de l’Ecole vétérinaire, etc. ( 3 ) Rozier (l’abbé François), Lyon, 23 janvier 1734-29 septembre 1793; agronome et botaniste; organisa, avec La Tourrette, l’enseignement de la botanique à l’Ecole vétérinaire de Lyon, lors de sa fondation par Bourgelat en 1763; devint directeur de cette Ecole (1765-1766) au départ de ce der¬ nier, etc. ( 4 ) Jean-Jacques herborisa fréquemment, en 1770, dans la propriété de Soc. Bot. Lto*, t. XXXVII, 1912. 19 200 L’ABBÉ PROST DE GRANGE-BLANCHE Parmi tous ces compagnons d’excursions, le moins connu, et le moins assidu, est sans contredit l’abbé Prost de Grange- Blanche, sur qui n’a été publiée, jusqu’ici, aucune notice bio¬ graphique. Grâce à plusieurs érudits qui ont bien voulu nous aider dans nos longues et ingrates recherches, nous avons pu recueillir, sur l’abbé Barthélemy Prost, des renseignements bien incomplets encore, mais néanmoins suffisants pour essayer de combler cette petite lacune. Barthélemy Prost naquit à l’Hôtel-de-Ville de Lyon, le a 4 août 17/12 (1). Il lit ses études classiques et cléricales à Paris, au séminaire de Saint-Louis, rue d’Enfer, dans la pa¬ roisse de Saint-Sulpice. C’est là qu’il se trouvait lorsque, le 9 septembre 1762, n’étant encore que clerc tonsuré, il fut nommé, à l’âge de vingt ans, chanoine du chapitre de l’église collégiale de Saint-Paul de Lyon, en remplacement de Messire Claude-César Riverieulx de Saint-Nizier, démissionnaire. L’acte de nomination, que nous avons pu, grâce à l’obligeance de M. Guigue, retrouver dans les registres ecclésiastiques conservées aux Archives dépar¬ tementales du Rhône, porte que Noble Barthélemy Prost de Grange-Blanche entrera en possession de ses canonicat et pré¬ bende lorsqu'il aura obtenu le sous-diaconat et satisfait à toutes les conditions de stage, serment, droit de chape, etc., usitées en pareil cas. C’est pourquoi, le 2 novembre suivant, n’étant pas encore sous-diacre, il donna procuration à Pierre Boyer, prêtre per¬ pétuel de l’église Saint-Paul, pour prendre, en ses nom et Mme veuve Boy de Latour, à Rochecardon ; Mlle Boy de Latour épousa quelque temps après un banquier, Etienne Delessert, et un de leurs en¬ fants, Benjamin, devint le botaniste éminent, le Mécène de la botanique française, auteur des Icônes selectœ planlarum... (5 vol. in- 4 ° avec 5 oo pi., Paris, 1820-1846). (1) Pour plus de renseignements sur la famille Prost et sur Grange- Blanche, nom d’une seigneurie que son père aliéna et qui se trouvait sur le territoire de l’ancienne commune d’Ecully (avant son démembrement, car aujourd’hui la terre de Grange-Blanche, d’ailleurs divisée en parcelles, appartient à la commune de Tassin-la-Dcmi-Lune), on pourra consulter notre Notice historique sur la famille Prost de Grange-Blanche (Mémoires de l’Aca¬ démie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, t. XIV, 1914, et tir. à part, I9i3). AGRONOME ET BOTANISTE LYONNAIS DU XVIII e SIÈCLE 201 place, possession de son canonicat ; et c’est seulement en mai 1763 qu’il put venir à Lyon pour siéger lui-même au chapitre. Le 7 avril 1764, il fut promu au diaconat, puis ordonné prê¬ tre quelques mois plus tard. Le jeune chanoine occupa bientôt ses loisirs à l’étude des sciences naturelles et de l’agriculture et, par l’intermédiaire de son oncle, Claude Bourgelat, fondateur de l’Ecole vétéri¬ naire, il ne tarda pas à faire la connaissance de l’abbé Rozier, le « Columelle français » qui, au moment du départ pour Âlfort de Bourgelat, venait d’être nommé, sur la proposition même de ce dernier, directeur de cette Ecole dont il avait organisé et dirigé l’enseignement de la botanique depuis l’ori¬ gine (1763). Ce fut donc l’abbé Rozier qui proposa, le i 5 jan¬ vier 1768, à la Société d’Agriculture de Lyon d’admettre, au nombre de ses membres associés, notre abbé Prost de Grange- Blanche, lequel, disait Rozier à ses collègues, « s’applique avec succès aux différents objets de nos travaux » (1). A la séance suivante, le 22 du même mois de janvier, Bar¬ thélemy Prost fut élu, et dès le 5 février, il assista d’une ma¬ nière assez suivie aux assemblées de cette Compagnie. L’abbé Rozier enseigna aussi les éléments de la botanique au chanoine Barthélemy Prost, qui dut évidemment à ses relations avec La Totjrrette et Rozier l’occasion de prendre part à l’herborisation de Jean-Jacques Rousseau à la Grande- Chartreuse. La veille du départ, qui eut lieu le 7 juillet 1768, Rousseau écrivait à Du Peyrou : « ... Prêt à partir pour aller herboriser à la Grande-Chartreuse, avec belle et bonne compagnie bota¬ niste que j’ai trouvée et recrutée en ce pays, je n’ai que le temps de vous envoyer un petit bonjour. Que n’êtes-vous des nôtres? Vous trouveriez dans notre guide et chef, M. de la Tou- rette (sic, l’orthographe vraie est La Tourrette), un bota¬ niste aussi savant qu’aimable, qui vous ferait aimer les sciences qu’il cultive. J’en dis autant de M. l’abbé Rozier, et vous trou¬ veriez dans M. l’abbé de Grange-Blanche et dans votre hôte, (1) L’abbé Rozier avait été lui-même nommé membre associé de la Société (l’Agriculture de Lyon, le 97 mars 1765, sur la proposition de l’abbé de Lacroix, alors directeur. 202 L’ABBE PROST DE GRANGE-BLANCHE deux condisciples plus zélés qu’instruits, dont l’ignorance au¬ près de leurs maîtres mettrait souvent à l’aise votre amour- propre. Adieu, mon cher hôte, nous partons demain dans le même carrosse tous les quatre et nous n’avons pas plus de temps qu’il nous en faut, le reste de la journée, pour rassem¬ bler assez de portefeuilles et de papiers pour l’immense collec¬ tion que nous allons faire. Nous ne laisserons rien à moisson¬ ner après nous ; je vous rendrai compte de nos travaux... » El, plus tard, dans plusieurs de ses lettres, Jean-Jacques revint sur cette excursion et sur le souvenir agréable qu’il en avait con servé. Par le passage que nous venons de citer, il est clair que le Genevois ne paraissait pas avoir notre abbé Barthélemy en très haute estime scientifique, ni même nourrir pour lui une bien vive sympathie. De fait, tandis que La Tourrette entretint loujours avec Rousseau, comme avec Voltaire, d’excellentes relations et réussit, dit le D r Magnix, à garder l’amitié de ces deux ombrageux esprits, il ne semble pas que l’abbé Prost ait conservé des rapports suivis avec Jean-Jacques. Il ne semble pas non plus qu'il ait entretenu longtemps des relations bien cordiales avec l’abbé Rozier, sans doute par incompatibilité d’opinions sociales ou politiques. On sait, en effet, que Rozier professait des théories assez avancées pour l’époque, qu’il était vénérable de la loge maçonnique dite des Vrais Amis, et que. d’ailleurs, il quitta Lyon pendant quinze ans, de 1771 à 1780, Barthélemy Prost de Grange-Blanche continua toutefois à fréquenter de temps à autre les séances de la Société d’Agri¬ culture, y prenant même une part active par des communi¬ cations variées. C’est ainsi que, le 17 février 1769, il lut des Observations sur le Ray-Grass , herbe fourragère du genre Ivraie, nouvellement cultivée en France. Le 12 mai suivant, il lut la traduction d’un Mémoire sur les Abeilles, dont l’auteur était M. Shirac, mem¬ bre de la Société physico-œconomique de la Haute-Lusace ; le 3 o juin de la même année, il présenta aussi la traduction d’un Mémoire du gouvernement de Parme sur la Silla, plante four¬ ragère usitée à Malte et qu’on voulait introduire en France (il s’agit, sous ce nom de Silla, du sainfoin d’Espagne), AGRONOME ET BOTANISTE LYONNAIS DE XVIII e SIÈCLE 203 Le procès-verbal de la séance du 4 mars 1774 mentionne tex¬ tuellement que « l’on a nommé M. de Chênelette et M. l’abbé Prost commissaires pour donner leur avis sur l’utilité ou les inconvénients de l’engrais tiré des fosses d’aisances, ensemble sur la manière de l’enlever et de s’en servir » (1) ! Nos recherches sont malheureusement restées infructueuses sur le point de savoir où et quand Barthélemy Prost termina sa vie. Cependant, nous pouvons dire qu’il fut syndic du cha¬ pitre de Saint-Paul depuis 1777 jusqu'à 1781 ; qu’en 1789, d’après Monfalcon (Histoire monumentale de Lyon , t. V, 2 0 partie, p. 92), et même en 1790, d’après les Almanachs de Lyon, il faisait encore partie de ce chapitre, dont il était alors l’un des doyens. Peut-être, au moment de la tourmente révolutionnaire, le chanoine Barthélemy Prost se cacha-t-il sous un pseudonyme, et même s’enfuit-t-il à l’étranger, où il mourut dans l’oubli et le dénument? Peut-être, au contraire, prêta-t-il serment, comme firent la * plupart de ses collègues du chapitre de Saint-Paul, et put-il, en conséquence, rester tranquillement à Lyon? Nous ne sa¬ vons ; mais, dans ce dernier cas, il a dû mourir certainement avant 1802, puisqu’on ne trouve pas son nom sur les listes des prêtres assermentés dressées à cette époque. (1) C’est dans la terre de Grange-Blanche, possédée alors par un Desfours, que, vers 1770, la Société d’Agriculturc de Lyon fil procéder à des expé¬ riences sur la meilleure manière de semer les céréales. RECTIFICATION A u PRODROME D’UNE HISTOIRE DES BOTANISTES LYONNAIS Add. et Corr. 2° série (1910, i. XXNV, p. i 3 - 8 o). N° 151 bis. Mme Hénon (née Aurélie Favre). Par une inadvertance malheureuse, on a attribué à Mme Hé¬ non, la femme du botaniste et ancien député du Rhône, les indications biographiques de naissance et de décès qui con¬ cernent sa fille, Aurélie Hénon, devenue Mme Sisley. Mme Hénon (Aurélie Favre) est née à Genève le 16 juin 1S1 4 , et décédée dans la propriété paternelle de Cornières (Haute- Savoie), près Genève, le 19 septembre 1889. N° 303 . Henonia Dombey in litt. (pour le Genista horrida) ; Henoni (Ervum, Picris) ? ; Hénon, I, n° 86 ; — Henonia Moq.- Tand. (Amarantacées) : Hénon II, n° i 5 i ; — Henoniella Duby ; Mousses ; D r Augustin Hénon, Fils du précédent. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON TOME XXXVII (1912) COMPTES RENDUS DES SÉANCES NOTES ET MÉMOIRES TABLE DES MATIÈRES Bureau pour l’année 1912. v Membres titulaires. — Membres honoraires. ix Membres correspondants. x Sociétés correspondantes. ...... xi Publications échangées. xm COMPTES RENDUS DES SÉANCES Installation du Bureau pour 1912. xv MM. Beauverie, Etude biographique sur Sir Joseph Hooker Dation xvi Viviand-Morel, Sur le Cissus Capensis Harv. et Soud. . . xix Abrial, Recherche d’un albumen résiduel chez les graines d’amandier.; . . xx Viviand-Morel, Présentation de plantes fleuries. xxi M Ue Renard, Sur les champignons à acide cyanhydrique. . . . xxm MM. Abrial, Herborisation au mont Cenis. xxiv Beauverie, Sur les œuvres de Ch. de l’Ecluse. xxv Dijval, l 'Histoire des drogues d’Antoine Colin. . . . xxvi Lavenir, Présentation d’un Morisia hypogea en fleurs. . . — Bretin, Origine botanique d’une « poudre à priser ». . . xxvu Laurent, Présentation d’échantillons de primevères hybrides et de Prunus spinosa à fleurs anormales. xxix — Dissymétrie du Vinca minor . — V 208 TABLE DES MATIÈRES MM. Bugnon, Dissymétrie de VOxalis floribunda . xxx Abrial, Stations du Doronicum Pardalianches . — Meyran, Môme sujet. xxxi Bugnon, Sur la structure de la moelle de Daphné Laureola. Duval, Notice sur Wegel. Bugnon, Nouvelle remarque sur la dissymétrie de VOxalis floribunda . — Abriau, Observations sur Asclépios carassavica, Daphné Cau- casica et Calepina Corvini . xxxn Viviand-Morel, Présentation de plantes. xxxiii — Sur le Brassica insularis Moris. xxxiv Roux (Cl.), Présentation du Tableau de classification du règne végétal de M. R. Gérard. — Duval, Présentation de VAtlas des arbres de M. Ph. Guinier. xxxv Roux (Nis.), la Session annuelle de la Société Botanique de France en 1912. — — Remarques sur le Brassica insularis . — Viviand-Morel, Sur le Typha gracilis Jord. xxxvi Abrial, Description du Daphné Cneorum . — Viviand-Morel, Nouveau renseignement sur le Typha gra¬ cilis Jord. — Roux (Nis.), Lettre de M. Lutz. xxxvn — Sur le Narcissus Bernardi Hénon. — — Présentation cl’un plant d'Alissum corsicum. ... — — Plantes de Corse. — Abrial, Urtica, diœca , à stipules concrescentcs.xxxvm — Qucrcus pedunculata à trois cotylédons. — Prudent, Mort de M. de Boissieu. xxxix Roux (Nis.) et Viviand-Morel signalent les travaux botani¬ ques de M. de Boissieu. — Roux (CL), Sur l’indigénat du Sapin pectiné en Normandie. — — Sur l’hybridation. — Denizot, Observations sur les Asplénium Halleri du Lyonnais. xl Ciiifflot, Chimiotropisme des champignons. xli Lavenir, Présentation de Dracunculus vulgaris . — Abrial, Caractères distinctifs des Salvia officinalis et cretica. xlii — Déformation des fleurs du Trifolium repens. ... — — Sur Althaea hirsuta . . . — Lavenir, Présentation d’échantillons fleuris du Genista hor- rida . xliii Roux (Nis.), Fasciation de Rosa Weihuriana x multiflora. — Roux (Cl.) et Denizot, Observations sur le môme sujet. . . — Roux (Nis.), Plantes pyrénéennes. — Meyran et Abrial, Sur les envahissements de VImpatiens parviflora . xliv Viviand-Morel, VAdianthum Capillus-Veneris dans la grotte de J.-J. Rousseau aux Etroits. -— Rociielandet, Compte rendu financier. Abrial, Distribution géographique du Nymphæa alba . . . xlv Roux (Cl.), Carte botanico-forestière et agronomique . . . TABLE DES MATIÈRES 200 MM. Doux (CL), Nomenclature botanique. xlv — Rouille du Blé et Epine-Vinette. — — Prost de Grande-Blanche. — Magnin (Ant.), Sur les Taxies blanches d 'Ononis vulgaris , var. campestris et de Calamintha ru pela . xlvï Viviand-Morel, Taxie de Ballota fœtida . — Laurent, Taxie de Bourrache. — Magnin (Ant.), Notices biographiques et documents inédits sur les familles Lortet et Hénon. xlvji Viviand-Morel et D r Ant. Magnin. Nouveaux renseignements sur les Taxies de Ballota fœtida et d 'Origanum vul- gare . xlvji Bretin, Ovaires concrescents dans une grappe de raisin. . xlviti Laurent, Présentation de Spartium junceum en fleurs et de Diplotaxis tennifolia à fleurs virescentes. — Abrial et Viviand-Morel, Observations sur la virescence. . — Duval, Notice sur Philippe-Sylvcstre Dufour. xlix Roux (Nis.), Sur une station artificielle de Cyclamen curo- pæum . — Duval Note sur le Genisla rcfracla Bravais. — Laurent, Primevères à fleurs hétérostyles. — Stations d’Asplénium germanicum . — Ciiifflot, Sur une inflorescence bulbillifère de Bromelia fas- tuosa . — Roux, Nouvelles observations sur l’édaphisme . t.i Elections. — NOTES ET MÉMOIRES MM. Ciiifflot (J.), Contribution à l’étude du chimiotropisme des champignons. i Duval (IL), Note sur les diverses éditions du Traité de Philippc- Sylvestre Dufour, de l'Usage du café, du thé et du cho¬ colat . 7 Ciiifflot (J.), Une inflorescence bulbillifère chez Bromelia fas- tuosa Ldi.i5 Bugnon (P.), Observations relatives à un groupe d’anomalies pré¬ sentées par deux espèces de Lolium .19 Magnin (Ant.), les Lortet, botanistes lyonnais, particulièrement Clémence, Pierre et Louis Lortet, et le botaniste Rof- favier. ?.q Abrial, Excursion botanique: Avignon, les Baux, Arles et les Saintes-Maries de la Mer.ni Roux (CL), Rouille du Blé et Epine-Vinette; curieuses observations du Lyonnais Claude Imbert en 1769.107 — Sur la superposition concordante des deux cartes botanico- 10 TABLE DES MATIÈRES forestière et agronomique d’une même région. Applica¬ tion à la région Rhône-Loire-Puy-de-Dôme.i 4 ‘> Roux (CL), Remarques à propos de l’indigénat du Sapin en Nor¬ mandie .147 Abriai,, Trifolium repens L. Trèfle rampant, trèfle blanc, petit trèfle de Hollande, vulgairement Triolet.1 5 r — Daphrie caucasien Pâli.i 53 — Description du Daphné en coru m du « mont » au-dessus de Nantua.,.167 — Etude des caractères distinctifs entre les Salvia officinalis et Salvia cretica .1G1 Roux (CL), A propos des projets dTinillcation de la nomencla¬ ture botanique. 16:» Abriai/ 1 , Herborisation au mont Cenis.16S Roux (CL), Nouvelles contributions du l) r Cola au problème de l’édaphisme.. . 179 — L’Abbé Prost de Grangcblanche, agronome et botaniste lyonnais du xvm e siècle. 199 Lyon. — Imprimerie A. R*r, 4, rue Gentil. — G16ôi \ *> M JL